Victoire en Auvergne pour les opposants à l’incinération

Illustration : Victoire en Auvergne pour les opposants à l’incinération Développement durable
Développement durable

Le pôle de traitement des déchets Vernéa, prévu à Clermont-Ferrand, ne verra pas le jour. Mais si l’action locale a porté ses fruits, la politique nationale en matière d’alternatives à l’incinération reste bien frileuse, après un Grenelle de l’environnement qui a sévèrement déçu les partisans du recyclage.
Clermont-Ferrand, le 18 juin 2008. Le préfet d’Auvergne, Dominique Schmitt, rend public un avis défavorable au projet Vernéa. Le pôle de traitement et de valorisation des déchets ménagers du Puy-de-Dôme tombe aux oubliettes, et avec lui, l’incinérateur conçu pour accueillir 170 000 tonnes de déchets par an. Un projet à l’initiative du Valtom, syndicat pour la valorisation et le traitement des déchets du Puy-de-Dôme, remporté en janvier 2003 par Novergie (filiale de Suez), qui n’aura donc pas résisté aux assauts des ONG locales. Parmi elles, un collectif de 531 médecins a pointé du doigt en octobre 2007 l’augmentation significative de certains types de cancers chez les riverains d’un incinérateur. Le Dr Jean Michel Calut, porte parole du collectif, regrette l’attitude des professionnels de l’incinération, qui jugent ces données obsolètes. « Certes l’étude de l’Institut de veille sanitaire (InVS) ne permet pas d’incriminer un polluant particulier car elle porte sur des incinérateurs répondant aux anciennes normes. Mais garantir qu’en ayant réduit les dioxines, il n’y a plus de risque, cela relève de l’imposture médicale et scientifique.» D’autant que les fameuses dioxines ne sont pas les seules molécules à inquiéter les médecins. Et pour cause : sur les 2000 composés volatiles émis pendant la combustion, seuls 50 sont retenus par les filtres d’un incinérateur. Reste alors un cocktail de substances dispersées dans la nature, dont on connaît mal les effets potentiels.
Risques sanitaires, localisation du site aberrante (au point le plus bas de la cuvette clermontoise), budget faramineux du projet (les 82 millions d’euros annoncés en 2003 auraient quasiment doublé en 5 ans)… Les arguments scandés par les pourfendeurs de Vérnea ont visiblement convaincu le préfet Schmitt.

 LA DIRECTIVE SUR LES DÉCHETS DÉÇOIT


« Les eurodéputés ont oublié un point essentiel aux yeux des associations environnementales : la stabilisation de la production de déchets d’ici 2012, puis une réduction significative à l’horizon 2020. »Nathalie Cliquot, chargée de la politique sur les déchets au Bureau Européen de l’Environnement, n’est pas la seule à être déçue. La révision de la directive-cadre sur les déchets, approuvée le 17 juin par le Parlement européen, était en discussion depuis janvier 2005. Pour Sébastien Lapeyre, du CNIID, « le premier texte était lamentable, sans considération environnementale. Forcément, après ça, ils ne pouvaient faire que mieux. » La révision permet désormais aux incinérateurs au rendement énergétique supérieur à 0,6 de voir leur activité qualifiée de « valorisation énergétique » (le seuil est de 0,65 pour les nouvelles installations), avec, à la clé, des tarifs préférentiels sur la revente de l’électricité produite. Outre un manque d’ambition, le CNIID dénonce également un conflit d’intérêt qui n’a pas fait grand bruit : la rapporteure de la directive au Parlement, Caroline Jackson, est membre du conseil d’administration de Shanks, groupe privé britannique de traitement des déchets …

Le préfet crée la surprise en refusant de signer le permis d’exploiter Convaincu ou contraint ? Joël Fouilloux, président de l’Association contre l’implantation de l’incinérateur à proximité de l’agglomération clermontoise (ACIIPAC), rappelle que « la veille de la décision du préfet, le ministre Brice Hortefeux, (conseiller régional d’Auvergne) avait pris position contre l’incinérateur… ».
Par ailleurs, le Grenelle de l’environnement requiert l’incinération comme dernier recours au traitement des déchets. Or, Clermont Communauté a proposé en août 2007, le projet Ophrys, basé essentiellement sur le tri, comme alternative à Vernéa. Avec un budget de 31 millions d’euros, Ophrys semble le candidat idéal pour préserver la santé et le portefeuille des contribuables. Le conseil général du Puy-de-Dôme a mis en place une commission qui doit désormais statuer sur l’avenir du traitement des déchets.
Chez Vernéa, évidemment, c’est la consternation. Le directeur,  Bruno Turrier, regrette amèrement que l’incinérateur ait fait tellement d’ombre à un projet bien plus global, « un pôle de traitement complet, avec notamment une filière de traitement bio. » La décision du préfet, dont il attend toujours la formalisation, le laisse perplexe : « Il refuse le projet pour des raisons soi-disant techniques, ce que nous ne comprenons pas. Le projet n’est ni surdimensionné, ni contraire aux orientations du Grenelle. Et en termes d’efficacité énergétique nous sommes conformes à la directive-cadre européenne, qui requiert un coefficient d’efficacité supérieur à 0,65, alors que le notre est de 0,7. »
Une politique nationale peu engagée dans la voie du recyclage Une sentence similaire pourrait bien tomber sur les projets d’incinérateurs d'Arques (Pas de Calais), de Ponte Leccia (Haute-Corse), ou de Fos sur Mer (Bouches du Rhône), en proie eux aussi à de vives actions locales. Nombreux sont ceux qui ont noté avec soin les paroles du Président de la république, prononcées en octobre dernier : « notre ambition c'est d'être en avance, d'être exemplaire. […] La priorité ne sera plus à l'incinération mais au recyclage des déchets ». Pourtant, le Grenelle de l’environnement a rejeté tout moratoire éventuel concernant la construction d’incinérateurs. Sébastien Lapeyre, chargé de mission « Incinération » au Centre National d'Information Indépendante sur les Déchets (CNIID) ne l’imaginait d’ailleurs pas autrement : « c’était un peu utopique de croire en un moratoire, face au lobbying industriel de l’incinération. Mais malgré tout, le mouvement anti-incinération a gagné en crédibilité. Il a été soutenu par beaucoup d’ONG et nous avons su montrer que l’argument des dioxines est loin d’être le seul. » A la question « pourquoi la France est-elle moins bonne recycleuse que ses pays voisins ? », le CNIID répond sur son site que non seulement la collecte sélective ne date que de 1992 dans notre pays, mais qu’également « la très grande majorité des installations d'élimination des déchets est gérée par deux multinationales qui se sont " partagées le marché en deux ". La puissance du lobby de l'incinération est telle que les gouvernements successifs n'ont jamais impulsé une vraie dynamique pour le recyclage. » Pourtant, les incinérateurs sont loin d’être appréciés par les populations locales, à l’image du mouvement Nimby (Not in my back yard), que l’on pourrait traduire par « pas à côté de chez moi ».

Anne Farthouat
Mis en ligne le : 27/06/2008

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Victoire en Auvergne pour les opposants à l’incinération
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Mais garantir qu’en ayant réduit les dioxines, il n’ya plus de risque, cela relève de l’imposture médicale et scientifique.» D’autant que les fameuses
 


Avec mes meilleures salutations.

François de Siebenthal
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