L’INVITÉ Mardi 17 février 2015

Autorisons la BNS à distribuer de l’argent!

Michaël Malquarti*
Afin de combattre efficacement le risque de déflation, je propose d’introduire un nouvel instrument de politique monétaire agissant directement sur la consommation: la distribution d’une ration monétaire individuelle
Depuis la crise de 2008, les banques centrales ont déployé des moyens sans précédent afin d’éviter une crise systémique, puis de combattre la déflation. Si le premier objectif a été atteint, on ne peut pas en dire autant du deuxième. Pourtant, les outils utilisés par les banques centrales à travers le monde se limitent aux champs d’action conventionnels que sont le marché des taux, pour agir sur l’investissement, et éventuellement celui des changes, pour agir sur les exportations nettes. Ce n’est donc pas par leur originalité que ces mesures sont extraordinaires, mais par leur ampleur. Or, ces actions sont controversées à plusieurs titres: elles suscitent des doutes sérieux quant à leur efficacité; elles créent des distorsions au niveau de l’allocation des ressources; enfin, elles nécessitent des mesures macroprudentielles – parfois liberticides et inéquitables – afin d’en atténuer les effets collatéraux indésirables.
L’investissement et les exportations nettes ne représentent généralement qu’une fraction relativement faible du PIB (en Suisse, en 2013, 23% et 12% respectivement). Celui-ci comprend encore deux autres composantes, les dépenses publiques courantes (11% du PIB) et surtout la consommation (54% du PIB), sur lesquelles les banques centrales n’agissent pas directement.
Afin de combattre efficacement le risque de déflation, je propose d’introduire un nouvel instrument de politique monétaire agissant directement sur la consommation: la distribution d’une ration monétaire individuelle. Il s’agit en fait de mettre en application de manière concrète et équitable le fameux hélicoptère de Milton Friedman – dans le cadre d’une expérience de pensée, celui-ci a proposé de combattre la déflation en lâchant des billets de banque depuis un hélicoptère. Si ce concept est parfois évoqué, il prend presque toujours la forme d’une monétisation des dettes publiques. Ici, l’idée est radicalement différente: en pratique, chaque résident reçoit directement de la banque centrale une somme d’argent dont le montant et la fréquence éventuelle de renouvellement sont déterminés indépendamment du gouvernement et purement à des fins de politique monétaire. Il faut souligner qu’il ne s’agit pas de l’introduction d’un revenu inconditionnel, instrument de politique budgétaire dont le but est la redistribution des richesses et dont l’allocation est en principe stable en montant et dans le temps.
Ce nouvel instrument est libéral car chacun décide librement de l’utilisation de la ration reçue. Il est équitable car celle-ci, à défaut d’avoir la même utilité marginale, a le même impact pour tous. En outre, la ration augmente le pouvoir d’achat des ménages et les recettes fiscales sans augmenter le coût du travail ou le taux d’imposition, elle augmente la consommation tout en diminuant l’endettement. Enfin, étant donné que la banque centrale agit en toute indépendance, elle ne comporte pas de risque d’aléa moral particulier et garde intacte la nécessité de la discipline budgétaire.
La question du canal de distribution de cette ration n’est pas anodine et représente vraisemblablement la raison principale qui a empêché l’idée de Milton Friedman de dépasser le stade de l’expérience de pensée, en particulier si l’on veut que cet outil soit un vrai outil de contrôle pour la banque centrale. Or en Suisse, un tel canal existe: il suffirait de passer par l’assurance maladie de base, comme on le fait pour la redistribution du produit de la taxe sur le CO2. C’est simple, éprouvé et peu coûteux.
A titre d’exemple et pour donner un ordre de grandeur, en Suisse cette ration pourrait s’élever dans un premier temps à 100 francs par personne et par mois, c’est-à-dire, en termes annualisés, à environ 1,5% du PIB et, selon l’agrégat utilisé, à 1 ou 2% de la masse monétaire. Les moyens déployés seraient donc bien inférieurs aux achats de devises effectués par la BNS ces dernières années. En partant du principe qu’une grande partie de cette ration serait rapidement consommée, l’impact sur l’inflation devrait être ceteris paribus du même ordre de grandeur. En outre, l’introduction d’une telle ration, ou même la simple allusion à sa possible distribution, pourrait pousser les investisseurs étrangers à vendre la devise helvétique et donc à affaiblir le franc.
La Suisse peut jouer un rôle pionnier dans l’introduction de ce nouvel outil. Comme il comble aussi bien les partisans de la rigueur budgétaire que ceux du soutien au pouvoir d’achat, comme il n’entrave pas la dynamique du libre marché tout en améliorant le sort des plus démunis, il devrait obtenir un large consensus politique. De plus, l’exemple suisse pourrait inspirer le reste du monde, et en particulier nos proches voisins qui en ont encore plus besoin.
(Article paru dans la NZZ 
du lundi 16 février).

Directeur Adjoint, Banque SYZ
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