Les quelques 6300 créanciers de 5e classe – soit les épargnants – ont récupéré en tout 346 millions de francs, somme représentant 60,7% de leurs avoirs. Les petits créanciers ont reçu un total de 86 millions tandis que les créanciers privilégiés ont touché 467 millions. Au total, ce sont donc 899 millions qui ont pu être sauvés.
Deux explications à cela. Primo, les instituts qui avaient participé aux emprunts de la SLT auprès de la centrale d’émission des banques régionales ont assumé une part de responsabilité un peu plus grande que prévu (+15,5 millions).
Secundo, l’ensemble des autres banques, par convention passée au sein de l’Association suisse des banquiers (ASB), ont couvert les dépôts d’épargne à hauteur de 30’000 francs, au lieu des 10’000 francs privilégiés. Il en a découlé un surplus de 19,4 millions de francs.
Surendettée suite à sa mauvaise gestion de la flambée immobilière de la fin des années 1980, la SLT avait sombré en octobre 1991. Après analyse des comptes de l’établissement, aucune des grandes banques de l’époque n’avait accepté de le sauver.
Après le dépôt de bilan, les images télévisées des files de petits épargnants devant les guichets fermés de l’établissement avaient fait le tour du monde. Deux mois après la fermeture, 45% des avoirs des créanciers avaient été honorés. Trois acomptes ont ensuite été versés en 1996, 2000 et 2002.
Cette récupération partielle n’a toutefois pas permis d’éviter plusieurs cas sociaux, des personnes se sont retrouvées à charge des communes. Le liquidateur a pensé à eux dans son rapport final: il a réservé les 100’000 à 300’000 francs qui ne seront jamais attribués (26 créanciers restent introuvables) aux collectivités concernées.
Ces fonds ne seront toutefois versés qu’en 2016. Thoune recevra les 5/7e de la somme, Spiez et Saanen chacun 1/7e. Les frais à engager pour la restitution de quelques dizaines de francs à chaque créancier à cette date auraient été disproportionnés, explique le liquidateur pour justifier ce don.
«Les banques ont fait le ménage», explique Hans Geiger, professeur à l’Institut d’économie bancaire suisse de l’Université de Zurich. La grande majorité des établissements régionaux – il en reste quelque 80 contre environ 200 au début des années 1990 – se sont en particulier unis dans le groupe RBA.
Grâce à cette alliance, «une perte de l’ampleur de celle qu’avait essuyé la SLT pourrait aujourd’hui être absorbée», estime Hans Geiger.
Beat Bernet, professeur aux Hautes études commerciales (HEC) à St-Gall, ajoute qu’actuellement la gestion des risques est beaucoup mieux maîtrisée, même dans les petits instituts bancaires.
… actuellement les 3 ou 6 milliards seront balayés en quelques secondes en cas d’une seule faillite d’une seule grande banque systémique http://aaapositifs.ch/mon-compte-en-banque-est-garanti-jusqua-chf-100-000-vraiment/ )
Reste qu’une faillite ne peut jamais être totalement exclue, concède Beat Bernet. …
La faillite qui a ébranlé la Suisse
Thoune En 1991, la Caisse d’épargne et de prêt de Thoune, annonçait sa faillite. Les petits épargnants se pressaient devant les portes fermées.
La déconfiture de la banque régionale avait aussi fait souffler un vent de panique sur certains épargnants lausannois.
Le 3 octobre 1991 est une date qui restera dans la mémoire des Suisses. Les images ont fait le tour du monde. Jusqu’alors, personne ne pouvait concevoir qu’une banque d’un pays aussi riche et solide que la Suisse pouvait s’effondrer.
L’établissement de Thoune avait été trop ambitieux avec les financements immobiliers. L’économie helvétique avait surchauffé à la fin des années 80 et les prix de l’immobilier avaient grimpé en flèche. A l’époque, presque personne ne pouvait ou ne voulait imaginer que cette bulle pourrait éclater.
La chute des prix a touché de plein fouet la Caisse d’épargne et de prêt de Thoune. Elle n’était pas assez bien préparée et avait fait savoir qu’elle se trouvait dans des «difficultés momentanées». Le journal local Thuner Tagblatt n’avait pas caché la situation, titrant: «La Caisse d’épargne et de prêt de Thoune se bat pour sa survie».
Vent de panique
Immédiatement, les petits épargnants et artisans se sont hâtés de se rendre à la banque pour retirer leurs économies. Trop tard: les guichets étaient déjà fermés et les fonds bloqués. La foule en colère se pressait devant les portes fermées de l’établissement. Un homme n’avait pas supporté l’agitation et avait succombé à une crise cardiaque.
Après quelques jours, chaque client avait pu retirer 500 francs. Il fallait attendre durant des heures devant les filiales. Un sauvetage de la banque régionale par les grandes banques n’avait pas eu lieu. La caisse d’épargne n’était pas «too big to fail», un concept qui n’apparaîtra que des années plus tard.
La déconfiture de la banque régionale avait aussi fait souffler un vent de panique sur certains épargnants lausannois. La traduction du nom de cette banque dans la presse par «Caisse d’épargne et de crédit de Thoune» a semé la confusion parmi les clients de la «Caisse d’épargne et de crédit» de Lausanne. Plusieurs clients s’étaient présentés pour retirer leurs économies.
220 millions en fumée
Le crash de la banque thounoise a détruit plus de 220 millions de francs de fortune privée et commerciale. Les clients ont dû attendre des mois, voire des années pour recevoir un versement. Environ 6300 personnes ont perdu plus d’un tiers de leur fortune. Des milliers d’habitants de la région ont été ébranlés par la faillite.
Aujourd’hui encore l’amertume se ressent lorsqu’on aborde le thème avec les personnes touchées ou leurs descendants. L’effondrement de l’établissement n’était que le début d’une crise des établissements régionaux, qui a modifié le paysage des banques en Suisse. Dans les années suivantes, la loi sur les banques a été modifiée. Les milieux bancaires et politiques ont tiré les leçons de ce naufrage retentissant.
La grande majorité des établissements régionaux se sont en particulier unis dans le groupe RBA. Grâce à cette alliance, une perte d’une telle ampleur peut être absorbée. Reste qu’une faillite ne peut jamais être totalement exclue. (ats/nxp)
Créé: 30.09.2016, 10h22
swissinfo et les agences
Faits
Prise dans l’euphorie de la flambée immobilière des années 80, la SLT a prêté plus d’argent que ses fonds propres ne le lui permettaient à des débiteurs à risques.
Les principales victimes de cette faillite sont les quelque 6300 épargnants qui ont confié leurs économies à la SLT. Ils n’en récupéreront finalement qu’un peu plus de 60%. Près de 223 millions de francs sont partis en fumée.
La SLT a été la première victime d’un crise amplifiée par la chute des prix de l’immobilier, qui a fait disparaître en quelques années plus de la moitié des 200 banques régionales de Suisse.
En 1999, la justice acquitte le responsable des crédits de la SLT.
Début 2006, 14 ans après la débâcle, le liquidateur annonce la clôture du dossier.
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