Au cœur de l’hydre financière: la Banque des Règlements Internationaux de Bâle… L’institution la plus secrète au monde

Petit rappel avant de lire cet excellent article de Durden: ce qui est appelé banques centrales: la BCE, la Bundesbank, la Banque d’Angleterre, la Banque de France, la Banque de la Réserve Fédérale des Etats-Unis etc… sont des consortiums de BANQUES PRIVÉES, qui sont gérées par des hauts fonctionnaires d’état, payés grassement des deniers publics. Ces gens s’enferment tous les deux mois dans des réunions secrètes à Bâle donc pour y décider en privé du sort économique du monde, le tout pour le profit d’intérêts banquiers PRIVÉS… et tout le monde trouve çà normal ? Ah oui c’est vrai, on est pas censé le savoir !!

Qu’est-ce qu’une trahison déjà ?

A lire impérativement en complément de cet article: notre traduction du livre de l’historien Antony Sutton: « Wall Street et la montée d’Hitler », qui parle dès le premier chapitre de la collusion de Wall Street, de Schacht et de la BRI/BIS comme étant le cœur même avec JP Morgan et Rockefeller du financement de l’Allemagne nazie sous couvert des plans Dawes et Young de l’après 1ère guerre mondiale…

— Résistance 71 —

A la rencontre du groupe secret qui dirige le monde

Tyler Durden

12 Avril 2015

url de l’article original:

http://www.zerohedge.com/news/2015-04-11/meet-secretive-group-runs-world

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Depuis des siècles, il y a eu bien des histoires, certaines basées sur des faits incertains, d’autres basées sur le ouïe-dire, la conjecture, la spéculation ou carrément le mensonge, au sujet de groupes de gens qui “contrôlent le monde”. Certaines sont partiellement vraies, d’autres largement hyperboliques, mais quand il s’agit d’archive historique, rien ne s’approche de plus près du stéréotype du groupe secret déterminant la destinée de 7 milliards d’individus que la Banque des Règlements Internationaux ou Bank for International Settlements (BRI/BIS), qui se cache tellement à la vue de tous, que très peu de personnes s’en sont jamais occupées.

Ce qui suit est un extrait de TOWER OF BASEL: The Shadowy History of the Secret Bank that Runs the World by Adam LeBor.

Le club le plus exclusif au monde a juste dix-huit membres. Ils se réunissent tous les deux mois un dimanche soir à 19:00 dans la salle de conférence E d’une tour circulaire dont les vitres teintées dominent la gare centrale de la ville de Bâle en Suisse.
Leur discussion dure une heure, parfois une heure et demie. Certains de ceux présents amènent un collègue avec eux, mais les aides parlent rarement durant ces conclaves des plus confidentiels. La réunion se termine, les aides s’en vont et ceux qui demeurent se retirent pour dîner dans la salle à manger du 18ème étage avec la confiance affirmée que le repas et les vins seront somptueux. Le repas qui dure jusqu’à 23:00 ou minuit est là où le vrai travail est effectué. Le protocole et l’hospitalité, peaufinés depuis plus de huit décennies, sont sans faute. Tout ce qui est dit à la table ne doit pas être répété ailleurs, c’est la règle.

Très peu de ceux qui jouissent de cette haute cuisine et de ces grands crus classés, parmi les meilleurs que la Suisse puisse offrir, seraient reconnus par des passants dans la rue, mais ils incluent un grand nombre des gens les plus puissants du monde. Ces hommes, car ce sont presque tous exclusivement des hommes, sont de banquiers centraux. Ils sont venus à Bâle pour assister à la réunion de l’Economic Consultative Committee (ECC) de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), qui est la banque des banques centrales. Ses membres actuels (en 2013) incluent: Ben Bernanke, le président de la banque de la réserve fédérale américaine, Sir Mervyn King le gouverneur de la banque d’Angleterre, Mario Draghi, de la Banque Centrale Européenne (BCE), Zhou Xiaochuan de la Banque de Chine et les gouverneurs des banques centrales d’Allemagne, de France, d’Italie, de Suède, du Canada, d’Inde, du Brésil. Jaime Caruana, un ancien gouverneur de la banque d’Espagne et maintenant le General Manager de la BRI, se joint à eux. (NdT: Notons au passage que le patron de la banque de chine est présent… pas celui de la Russie, ce qui en suffisamment dit long à notre sens…)

Début 2013, lorsque ce livre fut mis sous presse, King, qui devait quiter la Banque d’Angleterre en Juin 2013, présidait l’ECC. L’ECC, qui était auparavant connu sous le nom de réunion des gouverneurs G-10, est la plus influente des nombreuses réunions se déroulant sous l’égide de la BRI, ouverte seulement à un petit groupe sélectionné de banquiers centraux des économies avancées. L’ECC fait des recommandations sur le membership et l’organisation des trois comités de la BRI qui gèrent le système financier mondial, les systèmes de paiement et les marchés internationaux. Le comité prépare aussi des propositions pour la réunion sur l‘économie mondiale et guide son agenda.

La réunion commence à 09:30 du matin le Lundi dans la salle B et dure trois heures. Là, King préside sur les gouverneurs des banques centrales de trente pays jugés les plus importants de l’économie mondiale. En plus de ceux qui étaient présents au dîner de la veille au soir, la réunion du Lundi inclut des représentants de pays comme par exemple la Pologne, l’indonésie, l’Afrique du Sud, l’Espagne, la Turquie. Les gouverneurs des quinze banques centrales de pays plus petits comme la Hongrie, Israël et la Nouvelle-Zélande sont autorisés à y assister en tant qu’observateurs, mais ne parlent généralement pas. Les gouverneurs de tierces banques comme la Macédoine ou la Slovaquie ne sont pas autorisés à assister à la réunion. Ils doivent se contenter de dénicher des informations lors des pauses café et pauses repas.

Les gouverneurs de toutes les 60 banques centrales membres de la BRI se joignent ensuite à un buffet-déjeuner dans la salle à manger du 18ème étage. Conçue par Herzog & Meuron, l’entreprise d’architecture suisse qui créa le stade “nid d’oiseau” pour les JO de Pékin, la salle à manger a des murs blancs, un plafond noir et une vue spectaculaire sur 3 pays: la Suisse, la France et l’Allemagne. A 14:00 les banquiers centraux et leurs aides-de-camp retournent dans la salle B pour la réunion des gouverneurs afin de discuter de sujets d’intérêt jusqu’à la fin de la réunion à 17:00

King a une approche différente de son prédécesseur Jean-claude Trichet, l’ancien président de la BCE, dans sa façon de présider la réunion sur l’économie mondiale. D’après un ancien banquier central, Trichet était très gaulois dans son style: un protocolaire qui appelait les banquiers centraux à parler par ordre décroissant d’importance en commençant avec le gouverneur de la Fed américaine, puis celui de la banque d’Angleterre et celui de la Bundesbank allemande, puis progressivement en descendant la hiérarchie. King, lui par contraste, adopte une approche plus égalitaire et thématique: il ouvre la réunion et annonce que chacun peut particper à sa guise en invitant les discussions et les contributions en provenance de tous ceux présents.

Les conclaves des gouverneurs ont joué un rôle crucial pour déterminer la réponse du monde à la crise financière globale.
“La BRI a été un point de rencontre très important pour les banquiers centraux depuis le début de la crise et la logique pour son existence s’est développée plus encore”, a dit King. “Nous avons eu à faire face à des défis que nous n’avions jamais vu auparavant. Nous avons dû travailler pour comprendre ce qui se passait, quels instruments nous devions utiliser lorsque les taux d’intérêt sont si proche de zéro, comment communique t’on une politique financière. On en disctute à la maison avec nos personnels, mais il est très utile que les gouverneurs se rencontrent et en parlent entre eux.”

Ces discussions, disent les banquiers centraux, doivent être confidentielles. Quand vous êtes au top, au poste #1, on peut parfois se sentir bien solitaire. Cela aide grandement de rencontrer d’autres #1 et de dire: “Ok, voilà mon problème, comment faites-vous pour le gérer ?” continua King. “Etre capable de parler de manière informelle et ouvertement au sujet de nos expériences a été quelque chose de grande valeur. Nous ne parlons pas dans des forum publics, alors nous pouvons vraiment dire ce que nous pensons et croyons, nous posons des questions et demandons des réponses, nous profitons de l’expérience des autres.”

Les gestionnaires de la BRI travaillent très dur pour assurer que l’atmosphère soit amicale et conviviale durant tout le week-end, cela semble être efficace. La banque organise une véritable flottille de limousines qui vont chercher les gouverneurs à leur arrivée à l’aéroport de Zürich et les amène directement à Bâle. Des petits déjeuners, déjeuners et dîners séparés sont arrangés pour les gouverneurs des banques nationales qui supervisent des économies nationales de types et de tailles différents, ainsi personne ne se sent exclut. “Les banquiers centraux sont plus relax et se sentent plus à la maison avec leurs collègues banquiers centraux qu’au sein de leur propre gouvernement”, se rappelle Paul Volcker, ancien président de la Fed américaine, qui s’est rendu aux week-ends de Bàle à plusieurs reprises. La qualité exceptionnelle de la nourriture et des vins servis facilitent l’esprit de camaraderie, dit Peter Akos Bod, un ancien gouverneur de la banque centrale de Hongrie. “Les sujets de discussions principaux étaient les vins et la stupidité des ministres des finances. Si vous n’aviez pas une bonne connaissance des vins, vous ne pouviez pas vous joindre aux conversations.”

La conversation est généralement stimulante et agréable, disent les banquiers centraux. Le contraste entre le comité fédéral des marchés libres à la Fed et les dîners du dimanche soir du G-10 des gouverneurs était notoire, se rappelle Laurence Meyer, qui fut un membre du comité des gouverneurs de la Fed entre 1996 et 2002. Le président de la Fed ne représentait pas toujours la banque aux réunions de Bâle, ainsi Meyer s’y rendit de temps en temps. Les discussions de la BRI étaient toujours très vivantes, focalisées et ingénieuses. Aux réunions de la Fed, du moins lorsque j’y participais, les membres ne faisaient que lire des déclarations qui avaient été préparées à l’avance. Ils se ne se référaient que très rarement à des déclarations d’autres membres et il n’y avait pratiquement jamais d’échanges verbaux entre deux membres ou une discussion ouverte au sujet d’options possibles sur des politiques financières. Aux dîners de la BRI, les gens se parlent et les discussions sont toujours stimulantes, interactives et focalisées sur des problèmes sérieux auxquels doit faire face l’économie mondiale.”

Tous les gouverneurs présents à la réunion de deux jours sont assurés d’une confidentialité totale, d’une discrétion et du plus haut niveau de sécurité. Les réunions se tiennent sur plusieurs étages qui ne sont utilisés que quand les gouverneurs sont là. On donne aux gouverneurs un bureau et tout le soutien logistique et personnel possible, incluant des secrétaires. Les autorités suisses n’ont absolument aucune jurisdiction sur les lieux de la BRI. Fondé par un traité international et encore plus protégé par l’accord de QG avec le gouvernement suisse en 1987, la BRI possède le même type de protections que celles garanties au QG de l’ONU, du FMI et des ambassades diplomatiques. Les autorités suisses ont besoin de l’autorisation express de la direction de la BRI pour entrer dans les bâtiments de la banque, qui sont décrits comme étant “inviolables”.

La BRI a le droit de communiquer en code, d’envoyer et de recevoir de la correspondance dans des sacs scellés, couverts par la même protection que les valises diplomatiques ce qui veut dire que les sacs ne peuvent pas être ouverts par quiconque.
La BRI est exempte d’impôts en Suisse, ses employés ne doivent pas payer d’impôts sur leur salaire, salaires en général très généreux et qui sont faits pour être compétitifs avec le secteur privé. En 2011, le salaire du General Manager était de 763 930 FS, tandis que les chefs de départements étaient rémunérés 587 640 FS par an (exonérés d’impôts !!), à cela s’ajoutent de très généreuses primes et facilités. Les privilèges légaux de la banque sont aussi étendus à son personnel et à ses directeurs. Les Senior Managers bénéficient d’un statut à part très similaire à celui de diplomates, lorsqu’ils sont en service commandé sur le territoire suisse, c’est à dire qu’ils ne peuent pas être arrêtés, ni fouillés, sauf s’il y a évidence d’un acte criminel direct et leurs papiers et documentations sont inviolables. Les gouverneurs de banques centrales voyageant à Bâle tous les deux mois pour la réunion de la BRI bénéficient des mêmes status lorsqu’ils sont sur le territoire suisse. Tous les personnels de banque ont une immunité légale devant la loi suisse, à vie et pour tous les actes commis et perpétrés dans le cours de leur vie professionnelle. La banque est un endroit très demandé pour y travailler, pas seulement pour les salaires. La BRI compte 600 employés venant de 50 pays différents. L’atmosphère y est cosmopolite et multi-nationale, bien que très suisse dans son fonctionnement, mettant une grande emphase sur la hiérarchie bancaire. Comme bien des gens travaillant pour l’ONU ou le FMI, les gens travaillant pour la BRI se sentent investis d’une sorte de mission, ils pensent travaller pour des intérêts supérieurs, quasi divins et sont donc immunisés contre toutes formes de considérations normales de responsabilité et de transparence.

La direction de la banque a essayé de planifier toute éventualité de façon à ce que la police suisse ne soit jamais appelée. Le QG de la BRI possède des systèmes de sécurité et anti-incendie ayant plusieurs niveaux de fonctionalité, il y a une clinique interne et elle a son propre abri anti-bombe et cas d’attaque terroriste ou de conflagration armée. Les biens de la BRI échappent à tout contrôle civil et public sous la loi suisse et ne peuvent JAMAIS être saisis.

La BRI garde un secret bancaire des plus stricts. Les minutes, agenda et la liste de participants des réunions sur l’économie mondiale ou l’ECC ne sont divulgués sous aucun format, pour la simple et bonne raison, que tout cela n’existe pas, il n’y a pas d’archives tenues des réunions, bien que certains banquiers gribouillent parfois leurs propres notes. Parfois, la banque se fendra d’une très brève conférence de presse ou d’une déclaration ennuyeuse après coup, mais jamais rien ne sera détaillé. Cette tradition de confidentalité privilégiée remonte à la création même de la banque.

“La tranquilité de Bâle et sa caractéristique absolument non-politique fournit un environnment parfait pour ces réunions tout aussi tranquille et non-politiques”, écrivit un officiel américain en 1935. “La régularité des réunions et leur quasi perpétuelle existence et attendance par presque tous les membres du comité font qu’elles n’attirent qu’une très faible attention de la part des médias et de la presse. “Très peu a changé en plus de 40 ans”, dit Charles Coombs, un ancien directeur des changes à la Fed américaine de New York et qui a participé aux réunions des gouverneurs entre 1960 et 1975. Les banquiers qui étaient admis dans le cercle intérieur des réunions des gouverneurs avaient une confiance absolue les uns envers les autres, se rappele t’il dans ses mémoires. “Quelques soient les sommes d’argent impliquées, aucun accord ou memo n’était jamais signé ou des compromis initialisés, La parole de chaque officiel était suffisante et il n’y a jamais de déceptions.”

Qu’est-ce que cela peut donc bien faire pour le reste d’entre nous ? Les banquiers ont rassemblé la confidentialité depuis que l’argent a été inventé. Les banquiers centraux aiment à se considérer comme les grands prêtres de la finance, comme des technocrates supervisant les rituels de l’arcane monnétaire et d’une liturgie financière comprise seulement par une toute petite élite auto-sélectionnée.

Mais les gouverneurs qui se réunissent tous les deux mois à Bâle sont des fonctionnaires. Leurs salaires, leur billets d’avion, leurs facture d’hôtels et leurs fonds de retraites lucratifs lorsqu’ils prennent leur retraite sont payés des deniers publics. Les réserves nationales détenues par les banques centrales sont de l’argent public, la richesse des nations. Les discussions des banquiers centraux à la BRI, l’information qu’ils partagent, les politiques qu’ils évaluent, les opinions qu’ils échangent et les décisions subséquentes qu’ils prennent, sont profondément politiques. Les banquiers centraux, dont l’indépencance est protégée constitutionnellement, contrôlent la politique monnétaire du monde développé. Ils gèrent les réserves monnétaires des économies nationales. Ils décident des taux d’intérêts ainsi décidant de la valeur même de nos économies et de nos investissements. Ils décident de se focaliser sur l’austérité ou la croissance. Leurs décisions ont un impact direct sur nos vies.

La tradition du secret de la BRI remonte à des décennies. Pendant les années 1960 par exemple, la banque abritait la London Gold Pool. Huit pays entreprirent de manipuler le marché de l’or afin de maintenir le cours de l’or aux environs de 35 US$ l’once, en ligne avec les prévisions de l’accord de Bretton Woods qui dirigeait le système financier internatinal dans l’après seconde guerre mondiale.
Bien que Le London Gold Pool n’existe plus, son successeur est le comité des marchés de la BRI, qui se réunit tous les deux mois à l’occasion de la réunion des gouverneurs afin de discuter des tendances des marchés financiers. Des officiels de 21 banques centrales y participent. Le comité publie de temps en temps un article, mais son agenda et ses discussions demeurent secrets.

De nos jours, les pays représentés dans les réunions de l’économie mondiale comptent ensemble pour les 4/5 du PIB mondial, la plus grande partie de la richesse produite dans le monde, d’après les statistiques de la BRI elle-même. Les banquiers centraux maintenant “semblent plus puissants que les politiciens”, a écrit le magazine The Economist, “ils tiennent l’économie du monde entre leurs mains.” Comment cela s’est-il produit ? La BRI, l’institution la plus secrète au monde peut en clâmer la plus grande partie de la responsabilité.Du premier jour de son existence, la BRI a dédié son action à développer toujours plus avant les intérêts des banques centrales et à construire la nouvelle architecture de la finance transnationale. Ce faisant, elle a généré une nouvelle classe de technocrates dont les membres planent entre des positions hautement payées à la BRI, le FMI et les banques centrales et commerciales.

Le fondateur de cette cabale technocrate fut Per Jacobssen, l’économiste suédois qui servit comme conseiller à la BRI de 1931 à 1956. Le titre, en apparence si fade, est trompeur et cache bien son pouvoir et son amplitude. Très influent, très très bien connecté et très respecté par ses pairs, Jacobsen écrivit les tous premiers rapports annuels de la BRI, qui furent, et demeurent toujours, des lectures essentielles dans le monde des trésoreries. Jacobssen fut un supporteur de la première heure d’un fédéralisme européen. Il argumentait sans cesse contre l’inflation, les dépenses excessives des gouvernements et l’intervention de l’état dans l’économie. Jacobssen quitta la BRI en 1956 pour prendre en charge le FMI. Son héritage façonne toujours le monde actuel. Les conséquences de ses mélanges de libéralisme économique, d’obsession des prix et du démantèlement des souverainetés nationales, se jouent aujourd’hui tous les soirs sur nos écrans de télévision dans les JT.

Les défenseurs de la BRI défendent le fait qu’elle n’est pas secrète. Les archives de la banque sont ouvertes et les chercheurs peuvent consulter presque tous les documents qui ont plus de 30 ans. Les archivistes de la BRI sont en effet très cordiaux et professionnels, toujours prêts à aider. Le site internet de la banque inclut ses rapports annuels que l’on peut télécharger, ainsi que de nombreux articles ou documents concernant la politique financière produits par le prestigieux service de recherche de la banque. La BRI publie des comptes détaillés de ses sécurities et marchés dérivatifs ainsi que des statistiques bancaires internationales. Mais tout ceci n’est largement que compilation et analyses d’information qui sont déjà dans le domaine public. Les détails des activités internes de la banque, incluant la vaste majorité de ses opérations financières pour ses clients, les banques centrales et les organisations internationales, demeure secret. Les réunions sur l’économie mondiale et les autres réunions financières cruciales prenant place à Bâle comme celle de comité des marchés, demeurent fermées à tout non-membre du cercle fermé. Des personnes privées ne peuvent pas avoir de compte à la BRI à moins qu’elles ne travaillent pour la banque. L’Opacité de la banque, son manque total à rendre compte et son influence toujours croissante lèvent d’importantes questions, pas seulement sur la politique monnétaire, mais sur la transparence, la responsabilité et comment le pouvoir est vraiment exercé dans nos démocraties.

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Quand j’ai expliqué à des amis et relations que j’écrivais un livre sur la Banque des Règlements Internationaux, la réponse habituelle fut celle d’un regard décontenancé suivi de la question: “la banque de quoi ?” Mes interlocuteurs étaient des gens intelligents, éduqués qui suivent les affaires courantes. Bon nombre d’entre eux avaient un intérêt à vouloir comprendre l’économie mondiale et la crise financière. Et pourtant, seule une petit poignée avait entendu parler de la BRI. Ceci est très étrange, car la BRI est la banque la plus importante du monde et elle a été créée avant le FMI et la Banque Mondiale. Pendant des décennies, elle s’est tenue au centre du réseau global de l’argent, du pouvoir et de l’influence mondiale secrète.

La BRI a été créée en 1930. Elle fut créée ostenciblement comme partie du plan Young pour la gestion de l’administration du paiement de la dette allemande résultant de la première guerre mondiale. L’architecte clef de la banque fut Montagu Norman, qui était alors le gouverneur de la banque d’Angleterre et Hjalmar Schacht, le président de la Reichsbank, qui décrivait la BRI comme “ma banque”. Les membres fondateurs de la BRI étaient les banques centrales de GB, de France, d’Allemagne, d’Italie, de Belgique et un consortium de banques japonaises. Des parts furent aussi offertes à la réserve fédérale américaine, mais les Etats-Unis, suspicieux de quoi que ce soit qui puisse empiéter sur sa souveraineté nationale, refusa. A sa place, un consortium de banques commerciales prit les parts offertes: la JP Morgan, la First National Bank de New York (NdT: Rockefeller) et la First National Bank de Chicago (NdT: Rockefeller).

Le véritable but de la BRI était détaillé dans ses statuts: “promouvoir la coopération entre les banques centrales et fournir une aide additionnelle pour les opérations financières internationales”. Ce fut le point culminant des décennies de rêve des banquiers centraux, d’avoir leur propre banque, d’être puissants, indépendants et libres de l’interférence des politiciens et des journalistes fouineurs. Le mieux était que la BRI s’auto-finançait et existerait à perpétuité. Ses clients étaient en fait ses propres fondateurs et actionnaires: les banques centrales. Pendant les années 30, la BRI fut le centre de réunion de la cabale des banquiers centraux, dominée par Norman et Schacht. Ce groupe aida à reconstruire l’Allemagne. Le New York Times décrivit Schacht, largement connu pour être le génie derriere la résurgence de l’économie allemande, comme le “pilote de fer de la finance nazie”.Pendant la guerre, la BRI devint le de facto bras de la Reichsbank, acceptant l’or volé par les nazis et pratiquant des opérations de changes pour l’allemagne nazie.

L’alliance de la banque avec Berlin était bien connue à Washington D.C et Londres. Mais le besoin de maintenir la BRI fonctionnelle, de maintenir les couloirs nouveaux de la finance transnationale ouverts, fut ce sur quoi les deux côtés tombèrent d’accord. Bâle était l’endroit idéal, car perché sur le côté nord de la Suisse, pratiquement sur la frontière avec l’Allemagne et la France. Quelques kilomètres plus loin, des soldats allemands et alliés mourraient à la guerre. Rien de tout cela ne comptait pour la BRI. Les réunions furent suspendues, mais les relations entre la banque et tous les belligérents demeurèrent cordiales, professionnelles et productives. Les nationalités n’avaient aucune espèce d’importance. La loyauté essentielle était à la finance internationale. Le président de la banque, Thomas McKittrick était américain. Le General Manager, Roger Aubouin, français, son assistant, Paul Hechler était allemand et membre du parti nazi et signait ses correspondances d’un “Heil Hitler!”. Le secrétaire général, Rafaelle Pilotti était italien. Per Jacobssen, le conseiller de la banque était suédois. Ses assistants ainsi que ceux de Pilotti étaient britanniques.

Après 1945, cinq directeurs de la BRI, incluant Hjalmar Schacht, furent accusés de crimes de guerre. L’Allemagne perdit la guerre mais gagna la paix économique, grâce en très grande partie à la BRI. La scène internationale, les contacts, les réseaux bancaires, et la légitimité que fournissait la BRI, d’abord à la Reichsbank puis aux banques qui lui succédèrent, tout ceci a aidé à assurer la continuité des énormes intérêts économiques puissants de l’Allemagne nazie vers le présent.

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Durant les premières 47 années de son existence, de 1930 à 1977, la BRI était logée dans un ancien hôtel, près de la gare centrale de Bâle. L’entrée de la banque était cachée par un chocolatier et seulement une petite annonce confirmait que l’entrée très étroite menait bien à la BRI. Les directeurs de la banque pensaient que ceux qui devaient savoir où était la banque le sauraient et que le reste du monde n’avait certainement pas besoin de le savoir. L’intérieur du bâtiment ne changea que très peu au fil des décennies, se rappellent Charles Coombs. La BRI avait “l’apparence spartiate d’un ancien hôtel de style victorien dont les chambres simples et doubles avaient été transformées en bureaux simplement en enlevant les lits et en y mettant les bureaux.”

La banque a bougé dans son QG actuel au 2 Centralbhanhofplatz en 1977. Elle n’a pas bougé bien loin et surplombe maintenant la gare centrale de Bâle. De nos jours, la BRI a trois missions, de ses propres mots: “servir les banques centrales dans leur quête de stabilité financière et monnétaire, de développer une coopération internationale dans ces domaines et d’agir de banque centrale pour les banques centrales.” La BRI accueille aussi la plupart de l’infrastructure pratique et technique dont le réseau mondial des banques centrales et leurs contre-parties commerciales ont besoin pour fonctionner gentiment et efficacement. Elle a deux pièces d’échanges commerciaux liées entre elles: une au QG de Bâle et une au bureau régional de Hong Kong. La BRI achète et vend de l’or et des monnaies étrangères pour ses clients. Elle fournit de la gestion de biens et arrange le crédit à court-terme pour les banques centrales quand elles en ont besoin.

La BRI est une institution unique: une organisation ingernationale, une banque extrêment profitable et un institut de recherche fondé et protégé par les traités internationaux. La BRI est redevable et responsable devant ses clients et ses actionnaires, les banques centrales, mais elle guide également leurs opérations. La tâche principale d’une banque centrale, argumente la BRI, est de contrôler le flot des crédits et le volume de monnaie en circulation, ce qui assurera un climat d’affaires stable et maintiendra les taux de changes dans une fourchette gérable afin d’assurer la valeur de la monnaie et ainsi adoucir les mouvements de capitaux et le commerce international. Ceci est crucial, spécifiquement dans une économie mondialisée ou les marchés réagissent dans la micro-seconde et où les perceptions de stabilité économique et de la valeur sont presque aussi importantes que la réalité elle-même

La BRI aide aussi à superviser les banques commerciales, bien qu’elle n’ait pas de pouvoir légal sur elles. Le comité de Bâle sur la supervision bancaire, logé à la BRI, régule le capital et les demandes de liquidités des banques commerciales. Ceci demande que les banques aient un capital minimum de 8% à risques, des biens mesurés à au moins 100 millions de dollars et maintiennent au moins 8 millions de dollars de capital. Le comité n’a aucun pouvoir coercitif, mais il a une énorme force morale. “cette réglementation est si forte que le principe des 8% a été mis sous forme de loi nationale”, a dit Peter Akos Bod. “C’est comme le voltage, Le Voltage a été établi à 220V. Vous pouvez décider 90V mais çà ne marchera pas.” En théorie, des mesures de gardiennage et de coopération supervisées par la BRI, maintiendront le bon fonctionnement du système financier mondial. En théorie.

La réalité est que nous sommes passés de la dépression profonde à un stade de crise structurelle profonde, qui prend son origine dans la rapacité et la veulerie des banques, qui menace toute notre sécurité financière. Comme dans les années 1930, une partie de l’Europe doit faire face à un effondrement total potentiel. La Bundesbank et la BCE, deux des membres les plus puissants de la BRI, ont monté la folie de l’austérité, qui a déjà menée des pays comme la Grèce au bord du gouffre, aidé en cela par la corruption et la veulerie des classes dirigeantes. D’autres pourraient bien suivre bientôt. Le vieil ordre craque et fait eau de toutes parts, ses institutions politiques et financières le corrodant de l’intérieur. D’Oslo à Athènes, l’extrême droite est résurgente, nourrit en partie par la croissance de la pauvreté et du chômage. La colère et le cynisme corrodent la foi des citoyens en la démocratie et la règle de la loi. Une fois de plus, la valeur de la propriété et des biens s’évaporent devant les yeux des propriétaires. La monnaie européenne est menacée d’effondrement, tandis que ceux qui ont de l’argent cherchent des valeurs refuge dans le Franc Suisse ou l’or. Les jeunes, les talentueux et les mobiles, une fois de plus fuient leurs pays d’origine pour vivre de nouvelles vies à l’étranger. Les forces puissantes du capital international qui ont amenées la BRI à la vie et qui donnèrent à la banque sa puissance et son influence, sont de nouveraux triomphantes.

La BRI est au cœur même d’un système financier international qui part en vrille, mais ses officiels argumentent qu’ils n’ont pas le pouvoir d’agir comme régulateur financier international. Et pourtant la BRI ne peut pas échapper à ses responsabilités pour la crise de la zone euro. Des premiers accord à la fin des années 1940 sur les paiements multilatéraux jusqu’à l’établissement de la BCE en 1998, la BRI a été au cœur du projet d’intégration de l’Europe, fournissant une expertise technique et les mécanismes financiers pour une harmonisation monnétaire. Pendant les années 1950, elle géra les European Payments Union, qui internationalisa les systèmes de paiements du continent. La BRI hébergea le comité des gouverneurs des banquiers centraux de la CEE en 1964, qui coordonna la politique monnétaire trans-européenne. Pendant les années 1970, la BRI géra le “serpent monnétaire”, le mécanisme qui fixait le taux de change des monnaies dans une fourchette standardisée. Durant les années 1980, la BRI hébergea le comité Delors dont le rapport de 1988 mena à la création d’une monnaie unique européenne. La BRI mit au monde l’Institut Monnétaire Européen (IME), le précurseur de la BCE. Le président de l’IME était un des économistes les plus influents: Alexandre Lamfalussy, connu pour être le “père de l’Euro”. Avant de rejoindre l’IME en 1994, Lamfalussy avait travaillé à la BRI pendant 17 ans, d’abord comme conseiller économique, puis comme le General Manager/Fondé de Pouvoir de la banque.

Pour une organisation secrète et au profil bas, la BRI a prouvé être particulièrement rapide et agile. Elle a survécu la première grande dépression, la fin des paiements des réparations et du standard or (deux des principales raisons de son existence…), la montée du nazisme, la seconde guerre mondiale, l’accord de Bretton Woods, la guerre froide, les crises financières des années 1980 et 1990, la naissance du FMI et de la BM et la fin du communisme et de la guerre froide. Comme le nota Malcolm Knight, gérant à la banque de 2003 à 2008:”Il est encourageant de constater qu’en demeurant petite, flexible et libre d’interférences politiques, la banque a, au cours de son histoire, eu un succès remarquable en s’adaptant aux ciconstances changeantes.”

La banque s’est rendue pilier du système financier international. Aussi bien avec les réunions de l’économie mondiale, la BRI héberge 4 des plus importants comités gérant les affaires bancaires du monde: le comité de Bâle sur la supervision bancaire, le comité sur le système financier global, le comité sur les systèmes de paiement et de réglement et le comité Irving Fisher, qui s’occupe des statistiques des banques centrales. La banque héberge également trois organisations indépendantes: deux groupes s’occupant d’assurance et un Financial Stability Board (FSB). Le FSB, qui coordonne les autorités financières nationales et les politiques régulatrices, est déjà considéré comme le 4ème pilier du système financier global après la BRI, le FMI et les banques commerciales.

La BRI est maintenant la 30ème plus grosse réserve d’or mondiale avec 119 tonnes, plus que le Qatar, le Brésil ou le Canada. Être membre de la BRI demeure un privilège plus qu’un droit. Le comité des directeurs est responsable de l’admission des banques centrales jugées “donner une contribution substantielle à la coopération monnétaire internationale et aux activités de la banque”. La Chine, l’Inde, la Russie, et l’Arabie saoudite ne rejoignirent la BRI qu’en 1996. La banque a ouvert des bureaux au Mexique et à Hong Kong mais demeure très eurocentrique. Les pays baltes, la Macédoine et la Slovénie ont été acceptés mais pas le Pakistan, ni le Kazakhstan qui est pourtant une des grosses nations de l’Eurasie. Pour l’Afrique, seule l’Algérie et l’Afrique du Sud sont membres. Le Nigéria, qui a la plus grosse population du continent n’a pas été admis.

Considérant le rôle pivot de la BRI dans l’économie transnationale, son profil bas est assez remarquable. En 1930, un journaliste du New York Times nota que la culture du secret à la BRI était si forte qu’il n’était même pas permis de regarder à l’intérieur de la salle de direction, même lorsque les directeurs l’avaient quitté. Peu de changement en ce domaine. Les journalistes ne sont pas admis dans l’enceinte du QG lorsque les réunions sont en cours. Les officiels de la BRI parlent très rarement aux membres de la presse et quand ils le font, c’est avec grande réticence. La stratégie semble marcher. Le mouvement Occupy Wall Street, les mouvements anti-mondialisation, les réseaux de protestation, ont tous ignoré la BRI. Centralbahnpaltz 2 à Bâle est tranquille. Il n’y a aucun manifestant devant le bâtiment, personne ne campe sur les trottoirs devant la place ou dans les parcs environnants, pas de comités de réceptions animés pour les banquiers centraux mondiaux.

Alors que l’économie mondiale saute de crise en crise, les institutions financières sont passées à la loupe comme jamais auparavant. Des légions de journalistes, de blogueurs et de journalistes d’enquête épient les mouvements de chaque banque et pourtant, à part quelques brèves mentions sur les pages financières des journaux, la Banque des Règlements Internationaux a largement réussi à éviter d’attirer une quelconque attention sur elle. Enfin, jusqu’ici…

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