Le Pape devant l’Assemblée générale de l’ONU

Notre résumé…
… Cela aidera à limiter tout genre d’abus et d’usure surtout par rapport aux pays en voie de développement. Les organismes financiers Internationaux doivent veiller au développement durable des pays, et à ce qu’ils ne soient pas soumis, de façon asphyxiante, à des systèmes de crédits qui, loin de promouvoir le progrès, assujettissent les populations à des mécanismes de plus grande pauvreté, d’exclusion et de dépendance”….


L’usure, exemples http://desiebenthal.blogspot.ch/2012/05/lusure-tue-autres-exemples.html
Cité du Vatican, 26 septembre (VIS). Hier à New York, le Saint-Père a prononcé un discours devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations-Unies. Le Saint-Siège y est Observateur permanent depuis 1964 et le Pape François est le quatrième à s’y rendre Avant d’être introduit dans l’hémicycle. Après un entretien en privé avec le Secrétaire Général Ban-Ki-Moon, il a salué le personnel du siège central de l’ONU, “hommes et femmes qui sont, de maintes manières, la colonne vertébrale” de l’institution internationale. Le travail que vous accomplissez est largement inconnu du grand public. Or “vos efforts quotidiens rendent possibles beaucoup d’initiatives diplomatiques, culturelles, économiques et politiques… Vous êtes des experts et des personnes de terrain expérimentées, des cadres et des secrétaires, des traducteurs et des interprètes, des agents d’entretien et des cuisiniers, personnel de maintenance et de sécurité. Merci pour tout ce que vous faites”. Venus de pays très divers, “vous constituez un microcosme des peuples que l’ONU représente et cherche à servir… Soyez proches les uns des autres, respectez-vous les uns les autres, et donnez ainsi corps entre vous à l’idéal de cette organisation d’une famille humaine unie, vivant en harmonie, travaillant non seulement pour la paix, mais dans la paix, travaillant non seulement pour la justice, mais dans un esprit de justice”. Le Pape a ensuite rencontré en forme privée les Présidents des 69 et 70 sessions de l’Assemblée et le Président du Conseil de sécurité. Puis il est monté à la tribune de l’Assemblée générale pour prononcer le discours suivant:
C’est donc la cinquième fois qu’un Pape fait une visite au siège des Nations-Unies: Paul VI en 1965, Jean-Paul II en 1979 et en 1995, et Benoît XVI en 2008. “Aucun d’eux n’a été avare d’expressions de reconnaissance pour l’organisation, la considérant comme la réponse juridique et politique appropriée au moment historique caractérisé par le dépassement technologique des distances et des frontières et, apparemment, par le dépassement de toute limite naturelle de l’affirmation du pouvoir. Une réponse indispensable puisque le pouvoir technologique, aux mains d’idéologies nationalistes et faussement universalistes, est capable de provoquer de terribles atrocités. Je ne peux que m’associer à l’appréciation de mes prédécesseurs, en réaffirmant l’importance que l’Eglise catholique accorde à cette institution et l’espérance qu’elle met dans son action. L’histoire de la communauté organisée des Etats…qui célèbre ces jours-ci son 70 anniversaire, est faite d’importants succès communs, dans une période d’accélération inhabituelle des événements. Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut mentionner la codification et le développement du droit international, la construction de la législation internationale des droits humains, le perfectionnement du droit humanitaire, la résolution de nombreux conflits ainsi que des opérations de paix et de réconciliation, et tant d’autres acquis dans tous les domaines de portée internationale de l’activité humaine. Toutes ces réalisations sont des lumières en contraste avec l’obscurité du désordre causé par les ambitions incontrôlées et par les égoïsmes collectifs. Certes, les graves problèmes non résolus sont encore nombreux, mais il est évident que si toute cette activité internationale avait manqué, l’humanité pourrait n’avoir pas survécu à l’utilisation incontrôlée de ses propres potentialités. Chacun de ces progrès politiques, juridiques et techniques est un chemin d’accomplissement de l’idéal de fraternité humaine et un moyen pour sa plus grande réalisation…Au-delà de tous les acquis, l’expérience de ces 70 années montre que la réforme et l’adaptation aux temps est toujours nécessaire, progressant vers l’objectif ultime d’accorder à tous les peuples, sans exception, une participation et une incidence réelle et équitable dans les décisions. Cette nécessité de plus d’équité vaut en particulier pour les corps dotés d’une capacité d’exécution effective, comme c’est le cas du Conseil de sécurité, des organismes financiers et des groupes ou mécanismes spécialement créés pour affronter les crises économiques. Cela aidera à limiter tout genre d’abus et d’usure surtout par rapport aux pays en voie de développement. Les organismes financiers Internationaux doivent veiller au développement durable des pays, et à ce qu’ils ne soient pas soumis, de façon asphyxiante, à des systèmes de crédits qui, loin de promouvoir le progrès, assujettissent les populations à des mécanismes de plus grande pauvreté, d’exclusion et de dépendance”.
“Le travail des Nations-Unies, à partir des postulats du préambule et des premiers articles de sa Charte constitutionnelle, peut être considéré comme le développement et la promotion de la primauté du droit, étant entendu que la justice est une condition indispensable pour atteindre l’idéal de la fraternité universelle. Dans ce contexte, il faut rappeler que la limitation du pouvoir est une idée implicite du concept de droit. Donner à chacun ce qui lui revient, en suivant la définition classique de la justice, signifie qu’aucun individu ou groupe humain ne peut se considérer tout-puissant, autorisé à passer par-dessus la dignité et les droits des autres personnes physiques ou de leurs regroupements sociaux. La distribution de fait du pouvoir, qu’il soit politique, économique, sécuritaire, technologique, ou autre, entre une pluralité de sujets ainsi que la création d’un système juridique de régulation des prétentions et des intérêts, concrétise sa limitation. Le panorama mondial présente cependant aujourd’hui beaucoup de faux droits, et à la fois de grands secteurs démunis, victimes d’un mauvais exercice du pouvoir. Je pense à l’environnement ainsi qu’au le vaste monde des exclus. Ce sont deux secteurs intimement liés entre eux, que les relations politiques et économiques prépondérantes ont fragilisés. Voilà pourquoi il faut affirmer avec force leurs droits, en renforçant la protection de l’environnement et en mettant un terme à l’exclusion. Avant tout, il faut affirmer qu’il existe un vrai droit de l’environnement pour un double motif. En premier lieu, parce que nous, les êtres humains, nous faisons partie de l’environnement. Nous vivons en communion avec lui, car l’environnement comporte des limites éthiques que l’action humaine doit reconnaître et respecter. L’homme, même s’il est doté de capacités inédites qui montrent une singularité qui transcende le domaine physique et biologique, est en même temps une portion de cet environnement. Il a un corps composé d’éléments physiques, chimiques et biologiques, et il peut survivre et se développer seulement si l’environnement écologique lui est favorable. Toute atteinte à l’environnement, par conséquent, est une atteinte à l’humanité. En second lieu, parce que chacune des créatures, surtout les créatures vivantes, a une valeur en soi, d’existence, de vie, de beauté et d’interdépendance avec les autres créatures. Nous les chrétiens, avec les autres religions monothéistes, nous croyons que l’Univers provient d’une décision d’amour du Créateur, qui permet à l’homme de se servir, avec respect, de la création pour le bien de ses semblables et pour la gloire du Créateur. Mais l’homme ne peut abuser de la création et encore moins n’est autorisé à la détruire. Pour toutes les croyances religieuses l’environnement est un bien fondamental. La surexploitation et la destruction de l’environnement sont en même temps accompagnés par un processus implacable d’exclusion. En effet, la soif égoïste et illimitée de pouvoir et de bien-être matériel conduit autant à abuser des ressources matérielles disponibles qu’à exclure les faibles et les personnes ayant moins de capacités, soit parce que dotées de capacités différentes (les handicapés), soit parce que privées des connaissances et des instruments techniques adéquats, ou encore parce qu’ayant une capacité insuffisante de décision politique. L’exclusion économique et sociale est une négation totale de la fraternité humaine et une très grave atteinte aux droits humains et à l’environnement. Les plus pauvres sont ceux qui souffrent le plus de ces atteintes pour un triple motif grave. Ils sont marginalisés par la société, ils sont en même temps obligés de vivre des restes, et ils doivent subir injustement les conséquences des abus sur l’environnement. Ces phénomènes constituent la culture de déchet aujourd’hui si répandue et inconsciemment renforcée. Le drame de l’exclusion et de l’injustice, avec toute ses conséquences, me conduit, avec tout le peuple chrétien et avec tant d’autres, à prendre conscience aussi de ma grave responsabilité. Pour cette raison, je me joins à tous ceux qui souhaitent des solutions urgentes et efficaces. L’adoption de l’Agenda 2030 pour le développement durable au Sommet mondial, qui commence aujourd’hui, est un signe important d’espérance. J’espère que la Conférence de Paris sur le changement climatique aboutira à des accords fondamentaux et efficaces”.
“Ceci dit, les engagements assumés solennellement ne suffisent pas, même s’ils constituent un pas nécessaire aux solutions. La définition classique de la justice, à laquelle je me suis référé plus haut, contient comme élément essentiel une volonté constante et permanente. Le monde réclame de tous les gouvernants une volonté effective, pratique, constante, des pas concrets et des mesures immédiates, pour préserver et améliorer l’environnement naturel et vaincre le plus tôt possible le phénomène de l’exclusion sociale et économique, avec ses tristes conséquences de traites d’êtres humains, de commerce d’organes et de tissus humains, d’exploitation sexuelle d’enfants, de travail esclave, y compris la prostitution, de trafic de drogues et d’armes, de terrorisme et de crime international organisé. L’ampleur de ces situations et le nombre de vies innocentes qu’elles sacrifient sont tels que nous devons éviter toute tentation de tomber dans un nominalisme de déclarations à effet tranquillisant sur les consciences. Nous devons veiller à ce que nos institutions soient réellement efficaces dans la lutte contre tous ces fléaux. La multiplicité et la complexité des problèmes exigent de compter sur des instruments techniques de mesure. Cela, cependant, comporte un double danger: Se limiter au travail bureaucratique consistant à rédiger de longues listes de bonnes intentions, objectifs et statistiques, ou bien croire qu’une unique solution théorique et aprioriste donnera une réponse à tous les défis. A aucun moment, il ne faut oublier que l’action politique et économique est efficace seulement lorsqu’on l’entend comme une activité prudentielle, guidée par un concept immuable de justice, et qui ne perd jamais de vue, qu’avant et au-delà des plans comme des programmes il y a des femmes et des hommes concrets, égaux aux gouvernants, qui vivent, luttent et souffrent, et qui bien des fois se voient obligés de vivre dans la misère, privés de tout droit. Pour que tant de personnes concrètes puissent échapper à l’extrême pauvreté, il faut leur permettre d’être de dignes acteurs de leur propre destin. Le développement humain intégral et le plein exercice de la dignité humaine ne peuvent être imposés. Ils doivent être édifiés et déployés par chacun, par chaque famille, en communion avec les autres hommes, et dans une juste relation avec tous les cercles où se développe la société humaine, amis et communautés, villages et communes, écoles, entreprises et syndicats, etc… Cela suppose et exige le droit à l’éducation, également pour les filles qui en sont exclues dans certains pays), droit qui est assuré en premier lieu par le respect et le renforcement du droit primordial de la famille à éduquer, et le droit des Eglises comme des regroupements sociaux à soutenir et à collaborer avec les familles dans la formation de leurs filles et de leurs fils. L’éducation, ainsi conçue, est la base pour la réalisation de l’Agenda 2030 et pour sauver l’environnement”.
“En même temps, les gouvernants doivent faire tout leur possible afin que tous puissent avoir les conditions matérielles et spirituelles minimum pour exercer leur dignité, comme pour fonder et entretenir une famille qui est la cellule de base de tout développement social. Ce minimum absolu a, sur le plan matériel, trois noms: Toit, travail et terre, et un autre sur le plan spirituel: Liberté de pensée, qui comprend la liberté religieuse, le droit à l’éducation et les autres droits civiques. Pour toutes ces raisons, la mesure et l’indicateur les plus simples et les plus adéquats de l’exécution du nouvel Agenda pour le développement seront l’accès effectif, pratique et immédiat, de tous, aux biens matériels et spirituels indispensables que sont le logement, un travail digne et convenablement rémunéré, une alimentation adéquate et l’accès à l’eau potable, mais aussi la liberté religieuse, la liberté de pensée et éducation. Ces piliers du développement humain intégral ont un fondement commun, qui est le droit à la vie, et, plus généralement, ce que nous pourrions appeler le droit à l’existence de la nature humaine elle-même”.
“La crise écologique, avec la destruction d’une bonne partie de la biodiversité, peut mettre en péril l’existence même de l’espèce humaine. Les conséquences néfastes d’une mauvaise gestion irresponsable de l’économie mondiale, guidée seulement par l’ambition du profit et du pouvoir, doivent être un appel à une sérieuse réflexion sur l’homme: Lhomme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi. L’homme ne se crée pas lui-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature. La création subit des préjudices là où nous-mêmes sommes les dernières instances. Le gaspillage des ressources de la création commence là où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne voyons plus que nous-mêmes. C’est pourquoi, la défense de l’environnement et la lutte contre l’exclusion exigent la reconnaissance d’une loi morale inscrite dans la nature humaine elle-même, qui comprend la distinction naturelle entre homme et femme, et le respect absolu de la vie à toutes ses étapes et dans toutes ses dimensions. Sans la reconnaissance de certaines limites éthiques naturelles à ne pas franchir, et sans la concrétisation immédiate de ces piliers du développement humain intégral, l’idéal de préserver les générations futures du fléau de la guerre et de favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande court le risque de se transformer en un mirage inaccessible ou, pire encore, en paroles vides qui servent d’excuse à tous les abus et à toutes les corruptions, ou pour promouvoir une colonisation idéologique à travers l’imposition de modèles et de styles de vie anormaux, étrangers à l’identité des peuples et, en dernier ressort, irresponsables. La guerre est la négation de tous les droits et une agression dramatique contre l’environnement. Si l’on veut un vrai développement humain intégral pour tous, on doit poursuivre inlassablement l’effort pour éviter la guerre entre les nations et entre les peuples. A cette fin, il faut assurer l’incontestable état de droit et le recours inlassable à la négociation, aux bons offices et à l’arbitrage, comme proposé par la Charte des Nations-Unies, vraie norme juridique fondamentale. L’expérience des 70 ans d’existence des Nations Unies, en général, et en particulier l’expérience des 15 premières années du troisième millénaire montrent aussi bien l’efficacité de la pleine application des normes internationales que l’inefficacité de leur inobservance. Si l’on respecte et applique la Charte dans la transparence et en toute sincérité, sans arrière-pensées, comme point de référence obligatoire de justice et non comme instrument pour masquer des intentions inavouées, on obtient des résultats de paix. En revanche, lorsqu’on confond la norme avec un simple instrument, à utiliser quand cela convient et à éviter dans le cas contraire, on ouvre une véritable boîte de Pandore de forces incontrôlables, qui nuisent gravement aux populations démunies, à l’environnement culturel, voire à l’environnement biologique. Le préambule et le premier article de la Charte montrent quels sont les ciments de la construction juridique internationale: La paix, la résolution pacifique des conflits et le développement de relations d’amitié entre les nations. La tendance toujours actuelle à la prolifération des armes, spécialement les armes de destruction massive comme les armes nucléaires, contraste fortement avec ces affirmations et les nie dans la pratique. Une éthique et un droit fondés sur la menace de destruction mutuelle et probablement de toute l’humanité sont contradictoires et constituent une manipulation de toute la construction des Nations-Unies, qui finiraient par être des nations unies par la peur et la méfiance. Il faut œuvrer pour un monde sans armes nucléaires, en appliquant pleinement l’esprit et la lettre du Traité de non-prolifération, en vue d’une prohibition totale de ces instruments. Le récent accord sur la question nucléaire dans une région sensible de l’Asie et du Moyen Orient est une preuve des possibilités d’une bonne volonté politique et du droit, exercés de façon sincère, patiente et constante. Je forme le voeu que cet accord soit durable et efficace, et qu’il porte les fruits désirés avec la collaboration de toutes les parties impliquées”.
“En ce sens, ne manquent pas de rudes épreuves liées aux conséquences négatives des interventions politiques et militaires qui n’ont pas été coordonnées entre les membres de la communauté internationale. C’est pourquoi, tout en souhaitant ne pas avoir besoin de le faire, je ne peux m’empêcher de réitérer mes appels incessants concernant la douloureuse situation de tout le Moyen Orient, du nord de l’Afrique et d’autres pays africains, où les chrétiens, avec d’autres groupes culturels ou ethniques, y compris avec les membres de la religion majoritaire qui ne veulent pas se laisser gagner par la haine et la folie, ont été forcés à être témoins de la destruction de leurs lieux de culte, de leur patrimoine culturel et religieux, de leurs maisons comme de leurs propriétés, et ont été mis devant l’alternative de fuir ou bien de payer de leur propre vie, ou encore par l’esclavage, leur adhésion au bien et à la paix. Ces réalités doivent constituer un sérieux appel à un examen de conscience de la part de ceux qui sont en charge de la conduite des affaires internationales. Non seulement dans les cas de persécution religieuse ou culturelle, mais aussi dans chaque situation de conflit, comme en Ukraine, en Syrie, en Irak, en Libye, au Sud Soudan et dans la région des grands lacs, avant les intérêts partisans, aussi légitimes soient-ils, il y a des visages concrets. Dans les guerres et les conflits, il y a des êtres humains concrets, des frères et des sœurs qui sont nôtres, des hommes et des femmes, des jeunes et des personnes âgées, des enfants qui pleurent, souffrent et meurent, des êtres humains transformés en objet mis au rebut alors qu’on ne fait que s’évertuer à énumérer des problèmes, des stratégies et des discussions… La compréhension la plus élémentaire de la dignité humaine contraint la communauté internationale, en particulier en vertu des normes et des mécanismes du droit international, à faire tout ce qui est en son pouvoir pour arrêter et prévenir d’ultérieures violences systématiques contre les minorités ethniques et religieuses et pour protéger les populations innocentes. Dans cette même ligne, je voudrais faire mention d’un autre genre de conflit pas toujours clairement déclaré mais qui, en silence, provoque la mort de millions de personnes. Un autre genre de guerre que vivent beaucoup de nos sociétés à travers le phénomène du narcotrafic. Une guerre ‘‘assumée’’ et faiblement combattue. Le narcotrafic, de par sa propre dynamique, est accompagné par la traite des personnes, le blanchiment des actifs, le trafic des armes, l’exploitation des enfants et par d’autres formes de corruption. Corruption qui a infiltré les divers niveaux de la vie sociale, politique, militaire, artistique et religieuse, en générant, dans beaucoup de cas, une structure parallèle qui met en péril la crédibilité de nos institutions”. Je voudrais conclure dans le prolongement “du discours de Paul VI, prononcées il y a exactement 50 ans, mais qui sont d’une valeur perpétuelle: Voici arrivée l’heure, disait-il, où s’impose une halte, un moment de recueillement, de réflexion, quasi de prière. Nous devons repenser à notre commune origine, à notre histoire, à notre destin commun. Jamais comme aujourd’hui n’a été aussi nécessaire l’appel à la conscience morale de l’homme. Car le péril ne vient, ni du progrès, ni de la science, qui, bien utilisés, pourront résoudre un grand nombre des graves problèmes qui assaillent l’humanité. Entre autres, sans doute, le génie humain, bien utilisé, aidera à affronter les graves défis de la dégradation écologique et de l’exclusion. Paul VI avait également affirmé que le vrai péril se trouvait dans l’homme, qui dispose d’instruments toujours plus puissants, aptes aussi bien à la ruine qu’aux plus hautes conquêtes. La maison commune de tous les hommes doit continuer de s’élever sur une juste compréhension de la fraternité universelle et sur le respect de la sacralité de chaque vie humaine, des pauvres, des malades et des personnes âgées, des enfants et des enfants à naître, des chômeurs et des abandonnés, de ceux qui sont jugés bons à exclure, parce qu’on ne les perçoit plus que comme des chiffres de l’une ou l’autre statistique. La maison commune de tous les hommes doit aussi s’édifier sur la compréhension d’une certaine sacralité de la nature créée. Cette compréhension et ce respect exigent un niveau supérieur de sagesse, qui accepte la transcendance, renonce à la construction d’une élite toute puissante, et comprenne que le sens plénier de la vie individuelle et collective se révèle dans le service dévoué des autres et dans la prudente et respectueuse utilisation de la création, pour le bien commun. Pour reprendre les paroles de Paul VI, l’édifice de la civilisation moderne doit se construire sur des principes spirituels, les seuls capables non seulement de le soutenir, mais aussi de l’éclairer… Le monde contemporain, apparemment relié, expérimente une fragmentation sociale, croissante et soutenue, qui met en danger tout fondement de la vie sociale et par conséquent finit par nous opposer les uns autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts. Le temps présent nous invite à privilégier des actions qui créent de nouveaux dynamismes dans la société jusqu’à ce qu’ils fructifient en événements historiques importants et positifs. Nous ne pouvons pas nous permettre de reporter pour plus tard certains agendas. L’avenir exige de nous des décisions critiques et globales face aux conflits mondiaux qui augmentent le nombre des exclus et de ceux qui sont dans le besoin.
La louable construction juridique internationale de l’Organisation des Nations-Unies et de toutes ses réalisations, perfectible comme toute œuvre humaine et, en même temps, nécessaire, peut être le gage d’un avenir sûr et heureux pour les futures générations. Elle le sera si les représentants des Etats sauront laisser de côté des intérêts sectoriels et idéologiques, et chercher sincèrement le service du bien commun. Je demande à Dieu Tout-Puissant qu’il en soit ainsi, et je vous assure de mon soutien, de ma prière ainsi que du soutien et des prières de tous les fidèles de l’Eglise catholique, pour que cette institution, tous ses Etats membres et chacun de ses fonctionnaires rendent toujours un service efficace à l’humanité, un service respectueux de la diversité et qu’ils sachent renforcer, pour le bien commun, le meilleur de chaque peuple et de tout citoyen”.

Discours devant le Congrès américain

Notre résumé:
…Cette année marque le 150 anniversaire de l’assassinat du Président Abraham Lincoln, le gardien de la liberté, qui a travaillé sans relâche en sorte que cette nation, sous le regard de Dieu, puisse renaître dans la liberté. Bâtir un avenir de liberté implique avoir l’amour du bien commun et la coopération dans un esprit de subsidiarité et de solidarité…
La lutte contre la pauvreté et la faim doit être menée constamment et sur plusieurs fronts, spécialement en prenant en considération leurs causes. Je sais qu’aujourd’hui beaucoup d’Américains, comme par le passé, travaillent pour résoudre ce problème. Il va de soi qu’une part de ce grand effort est la création et la distribution de la richesse. La juste utilisation des ressources naturelles, la convenable application de la technologie et l’exploitation de l’esprit d’entreprise sont des éléments essentiels d’une économie qui vise à être moderne, inclusive et durable. L’activité d’entreprise, qui est une vocation noble orientée à produire de la richesse et à améliorer le monde pour tous, peut être une manière très féconde de promouvoir la région où elle installe ses projets, surtout si on comprend que la création d’emplois est incontournable….

Cité du Vatican, 25 septembre (VIS). Hier à Washington, le Saint-Père a prononcé un discours devant la Session conjointe du Congrès des Etats-Unis (Sénat et Chambre des représentants). Il est le premier Pape à s’exprimer sous la coupole du Capitole, où il a été accueilli par les plus hautes autorités du pays, dont le Vice Président des Etats-Unis et le Président exécutif du Sénat, mais aussi le Secrétaire d’Etat, les membres du Cabinet présidentiel et de la Cour suprême. Après avoir remercié l’assemblée de son invitation et dit que les Etats-Unis sont “le pays des hommes libres et la maison des hommes courageux”, le Pape François a dit être lui aussi, “un fils de ce grand continent, dont nous avons tous tant reçu et vis-à-vis duquel nous avons une responsabilité commune”.
“Dans un pays, chacun a une mission, une responsabilité personnelle et sociale. Votre responsabilité en tant que membres du Congrès est de permettre à ce pays de prospérer par le biais de l’activité législative. Visage de ce peuple…vous êtes appelés à défendre et à préserver la dignité de vos concitoyens dans la recherche inlassable et exigeante du bien commun… Une société politique perdure, si elle cherche, comme vocation, à satisfaire les besoins communs en stimulant la croissance de tous ses membres, spécialement ceux qui sont en situation de plus grande vulnérabilité ou de risque. L’activité législative est toujours fondée sur la protection du peuple. C’est à cela que vous avez été invités, appelés et convoqués par ceux qui vous ont élus. Votre travail m’inspire une double réflexion sur la figure de Moïse. D’une part, le patriarche et législateur du peuple d’Israël symbolise le besoin des peuples de maintenir vivant leur sens d’unité au moyen d’une juste législation. D’autre part, la figure de Moïse nous conduit directement à Dieu et ainsi à la dignité transcendante de l’être humain”. A la suite de Moïse “vous êtes chargés de protéger, à travers la loi, l’image et la ressemblance de Dieu façonnées en chaque être humain. A travers vous je voudrais m’adresser au peuple des Etats-Unis tout entier. Ici, avec ses représentants, je voudrais saisir cette occasion pour dialoguer avec les milliers d’hommes et de femmes qui s’efforcent chaque jour d’accomplir un honnête travail, pour apporter à la maison le pain quotidien, pour épargner de l’argent et – étape par étape – bâtir une vie meilleure pour leurs familles. Ce sont des hommes et des femmes qui ne sont pas concernés simplement par le paiement de leurs impôts, mais qui, individuellement et de façon discrète, soutiennent la vie de la société. Ils génèrent la solidarité par leurs actions, et ils créent des organisations qui tendent une main secourable à ceux qui sont le plus dans le besoin. Je voudrais aussi engager un dialogue avec les nombreuses personnes âgées qui représentent un patrimoine de sagesse forgée par l’expérience, et qui cherchent de diverses façons, spécialement à travers le travail bénévole, à partager leurs histoires et leurs savoirs. Je sais que beaucoup d’entre elles, bien qu’étant à la retraite, sont encore actives et continuent d’oeuvrer pour le bien du pays. Je voudrais aussi dialoguer avec tous les jeunes qui travaillent pour réaliser leurs grandes et nobles aspirations, et qui ne se laissent pas séduire par la facilité. Ces jeunes affrontent des situations difficiles, résultant souvent de l’immaturité de beaucoup d’adultes. Je voudrais dialoguer avec vous tous, et je voudrais le faire à travers la mémoire historique de votre peuple”.
Ma visite coïncide avec les anniversaires de plusieurs illustres Américains: “Malgré les complexités de l’histoire et la réalité de la faiblesse humaine, ces hommes et ces femmes, au-delà de leurs nombreuses différences et limites, parfois au prix de leur vie, ont oeuvré à bâtir un avenir meilleur. Ils ont forgé des valeurs fondamentales qui vont perdurer dans l’esprit du peuple américain. Un peuple doté de cet esprit peut traverser beaucoup de crises, de tensions et de conflits, tout en trouvant toujours des ressources pour avancer, et pour le faire dans la dignité. Ces hommes et ces femmes nous offrent une façon de voir et d’interpréter la réalité. En honorant leur mémoire, nous entendons puiser…aux réserves culturelles les plus profondes. Je veux mentionner Abraham Lincoln, Martin Luther King, Dorothy Day et Thomas Merton. Cette année marque le 150 anniversaire de l’assassinat du Président Abraham Lincoln, le gardien de la liberté, qui a travaillé sans relâche en sorte que cette nation, sous le regard de Dieu, puisse renaître dans la liberté. Bâtir un avenir de liberté implique avoir l’amour du bien commun et la coopération dans un esprit de subsidiarité et de solidarité. Nous sommes tous conscients de l’inquiétante situation sociale et politique du monde aujourd’hui, et nous en sommes préoccupés. Notre monde…est de plus en plus violent et conflictuel, rempli de haine et d’atrocités, perpétrées même au nom de Dieu et de la religion. Nous savons qu’aucune religion n’est exempte de formes d’illusion individuelle ou d’extrémisme idéologique. Cela signifie que nous devons faire tout spécialement attention à tout type de fondamentalisme, qu’il soit religieux ou de n’importe quel autre genre. Un équilibre délicat est nécessaire pour combattre la violence perpétrée au nom d’une religion, d’une idéologie ou d’un système économique, tout en sauvegardant aussi la liberté religieuse, la liberté intellectuelle et les libertés individuelles”.
“Mais il y a une autre tentation dont nous devons nous prémunir, le réductionnisme simpliste qui voit seulement le bien ou le mal ou, si vous voulez, les justes et les pécheurs. Le monde contemporain, avec ses blessures ouvertes…exige que nous affrontions toute forme de polarisation qui le diviserait en deux camps. Nous savons qu’en nous efforçant de nous libérer de l’ennemi extérieur, nous pouvons être tentés de nourrir l’ennemi intérieur. Imiter la haine et la violence des tyrans et des meurtriers est la meilleure façon de prendre leur place. C’est quelque chose qu’en tant que peuple vous rejetez. Notre réponse doit au contraire être faite d’espérance et de guérison, de paix et de justice. Nous sommes appelés à unir le courage et l’intelligence pour résoudre les nombreuses crises géopolitiques et économiques actuelles. Même dans le monde développé, les effets de structures et d’actions injustes sont trop visibles. Nos efforts doivent viser à restaurer l’espérance, à corriger ce qui va mal, à maintenir les engagements, et ainsi promouvoir le bien-être des individus et des peuples. Nous devons aller de l’avant ensemble, unis, dans un esprit renouvelé de fraternité et de solidarité, en coopérant généreusement pour le bien commun. Les défis qui nous attendent appellent un renouvellement de cet esprit de coopération, qui a accompli tant de bien tout au long de l’histoire des Etats-Unis. La complexité, la gravité et l’urgence de ces défis exigent que nous mettions en commun nos ressources ainsi que nos talents et que nous essayions de nous soutenir les uns les autres, dans le respect de nos différences et de nos convictions dictées par la conscience”.
“Dans ce pays, les diverses dénominations religieuses ont énormément contribué à construire et à renforcer la société. Il est important qu’aujourd’hui, comme par le passé, la voix de la foi continue d’être entendue, car c’est une voix de fraternité et d’amour, qui essaie d’exprimer le meilleur dans chaque personne et dans chaque société. Une telle coopération est une ressource puissante dans le combat pour éliminer les nouvelles formes d’esclavage, nées de graves injustices qui peuvent être vaincues seulement grâce à de nouvelles politiques et de nouvelles formes de consensus social. Je pense à l’histoire politique des Etats-Unis, où la démocratie est profondément enraciné… Toute activité politique doit servir et promouvoir le bien de la personne et être fondée sur le respect de sa dignité… Si la politique doit vraiment être au service de la personne, il en découle qu’elle ne peut être asservie à l’économie et aux finances. La politique est, en effet, une expression de notre impérieux besoin de vivre unis, en vue de bâtir…une communauté qui écarte les intérêts particuliers au bénéfice général… Je ne sous-estime pas la difficulté que cela implique, mais je vous encourage dans cet effort. Je pense à la marche que Martin Luther King conduite…il y a cinquante ans, dans le cadre de la campagne pour la réalisation des pleins droits civils et politiques des afro-américains. Son rêve continue de nous inspirer tous et je suis heureux que l’Amérique continue d’être, pour beaucoup, un pays de rêves. Des rêves qui conduisent à l’action, à la participation, à l’engagement. Des rêves qui réveillent ce qu’il y a de plus profond et de plus vrai dans la vie d’un peuple”.
“Au cours des derniers siècles, des millions de gens sont venus dans ce pays pour poursuivre leur rêve de bâtir un avenir de liberté. Nous, le peuple de ce continent, nous n’avons pas peur des étrangers, parce que la plupart d’entre nous était autrefois des étrangers. Je vous le dis en tant que fils d’immigrés, sachant que beaucoup d’entre vous sont aussi des descendants d’immigrés. Tragiquement, les droits de ceux qui étaient ici longtemps avant nous n’ont pas été toujours respectés. À ces peuples et à leurs nations, du cœur de la démocratie américaine, je souhaite réaffirmer ma plus haute estime et mon appréciation. Ces premiers contacts ont été souvent mouvementés et violents, mais il est difficile de juger le passé avec les critères du présent. Cependant, quand l’étranger parmi nous nous sollicite, nous ne devons pas répéter les péchés et les erreurs du passé. Nous devons nous résoudre à présent à vivre de manière aussi noble et aussi juste que possible, alors que nous éduquons les nouvelles générations à ne pas tourner le dos à nos ‘‘voisins’’, ni à rien autour de nous. Bâtir une nation nous demande de reconnaître que nous devons constamment nous mettre en relation avec les autres, en rejetant l’esprit d’hostilité en vue d’adopter un esprit de subsidiarité réciproque, dans un constant effort pour faire de notre mieux. Je suis confiant que nous pouvons le faire. Le monde est confronté à une crise de réfugiés d’une ampleur inconnue depuis la seconde guerre mondiale, qui nous place devant de grands défis et des décisions difficiles”. Ici comme en Europe, “des milliers de personnes sont portées à voyager vers le Nord à la recherche d’une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leurs proches, à la recherche de plus grandes opportunités. N’est-ce pas ce que nous voulons pour nos propres enfants? Nous ne devons pas reculer devant leur nombre, mais plutôt les voir comme des personnes, en les regardant en face et en écoutant leurs histoires, en essayant de répondre le mieux possible à leur situation, de répondre d’une manière toujours humaine, juste et fraternelle. Il nous faut éviter la tentation fréquente de nos jours, qui est d’écarter tout ce qui s’avère difficile”. La règle d’or, Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour les autres aussi, “indique une direction claire. Traitons les autres avec la même passion et compassion avec lesquelles nous voulons être traités. Cherchons pour les autres les mêmes possibilités que nous cherchons pour nous-mêmes. Aidons les autres à prospérer, comme nous… En un mot, si nous voulons la sécurité, donnons la sécurité. Si nous voulons la vie, donnons la vie. Si nous voulons des opportunités, offrons des opportunités. La mesure que nous utilisons pour les autres sera la mesure que le temps utilisera pour nous. Cette règle d’or nous rappelle également notre responsabilité de protéger et de défendre la vie humaine à chaque étape de son développement. C’est cette conviction qui m’a conduit, dès le début de mon ministère, à défendre la cause de l’abolition totale de la peine de mort. Je suis convaincu que ce chemin est le meilleur, puisque chaque vie est sacrée, chaque personne humaine est dotée d’une dignité inaliénable, et la société ne peut que bénéficier de la réhabilitation de ceux qui sont reconnus coupables de crimes. Récemment, mes frères évêques des Etats-Unis ont renouvelé leur appel pour l’abolition de la peine de mort. Non seulement je les soutiens, mais aussi j’apporte mes encouragements à tous ceux qui sont convaincus qu’une juste et nécessaire punition ne doit jamais exclure la dimension de l’espérance et l’objectif de la réhabilitation”.
“En ces temps où des préoccupations sociales sont si importantes, je ne peux pas ne pas mentionner la servante de Dieu Dorothy Day, qui a fondé le Mouvement des travailleurs catholiques. Son activisme social, sa passion pour la justice et pour la cause des opprimés étaient inspirés par l’Evangile, par sa foi et par l’exemple des saints. Que de progrès ont été réalisés dans ce domaine dans de nombreuses parties du monde! Que de choses accomplies durant ces premières années du troisième millénaire pour sortir les peuples de l’extrême pauvreté ! Je sais que vous partagez ma conviction que beaucoup reste encore à faire, et qu’en temps de crise et de difficultés économiques, l’esprit de solidarité globale ne doit pas se perdre. En même temps, je voudrais vous encourager à vous souvenir de tous ces peuples autour de nous, enlisés dans le cycle de la pauvreté. Ils ont besoin eux aussi qu’on leur donne l’espérance. La lutte contre la pauvreté et la faim doit être menée constamment et sur plusieurs fronts, spécialement en prenant en considération leurs causes. Je sais qu’aujourd’hui beaucoup d’Américains, comme par le passé, travaillent pour résoudre ce problème. Il va de soi qu’une part de ce grand effort est la création et la distribution de la richesse. La juste utilisation des ressources naturelles, la convenable application de la technologie et l’exploitation de l’esprit d’entreprise sont des éléments essentiels d’une économie qui vise à être moderne, inclusive et durable. L’activité d’entreprise, qui est une vocation noble orientée à produire de la richesse et à améliorer le monde pour tous, peut être une manière très féconde de promouvoir la région où elle installe ses projets, surtout si on comprend que la création d’emplois est incontournable. Le bien commun inclut aussi la terre, un thème central de ma récente encyclique, qui tend à faire dialoguer” sur tout ce qui touche à l’avenir de la terre et de l’humanité. “Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. Dans Laudato Si’, j’ai invité au courage et à la responsabilité” en vue de redresser la barre “et d’inverser les effets les plus graves de la détérioration environnementale causée par l’activité humaine. Je suis certain que nous pouvons faire la différence et je n’ai aucun doute que les Etats-Unis ont un rôle important à jouer. C’est le moment d’actions et de stratégies courageuses, visant à mettre en œuvre une culture de protection et une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. La liberté humaine est capable de limiter la technique, de l’orienter”. Elle interpelle notre intelligence et nous dit comment cultiver et limiter notre pouvoir, comment mettre la technologie “au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral A ce sujet, je suis confiant que les remarquables institutions académiques et de recherches américaines peuvent apporter une contribution vitale dans les années à venir”.
“Il y a un siècle, au début de la Grande Guerre, que Benoît XV a qualifiée de massacre inutile, naissait un autre illustre américain le cistercien Thomas Merton. Il demeure la source d’une inspiration spirituelle et un guide pour beaucoup de personnes. Il a dit être né libre par nature, à l’image de Dieu, mais avoir été prisonnier de sa propre violence et de son propre égoïsme, à l’image du monde dans lequel il était né. C’était avant tout un homme de prière, un penseur qui a défié les certitudes de son temps et ouvert de nouveaux horizons pour les âmes et pour l’Eglise. Il était aussi un homme de dialogue, un promoteur de paix entre les peuples et les religions. Dans cette perspective de dialogue, je voudrais reconnaître les efforts réalisés au cours des derniers mois pour aider à surmonter les différences historiques liées à de déplorables épisodes du passé. C’est mon devoir de bâtir des ponts et d’aider tous les hommes et toutes les femmes, de toutes les manières possibles, à faire de même. Lorsque des pays qui avaient été en désaccord reprennent le chemin du dialogue…de nouvelles opportunités s’offrent pour tous. Cela a demandé, et demande, courage et hardiesse, qui ne sont pas synonymes d’irresponsabilité. Un bon dirigeant politique a à l’esprit les intérêts de tous. Il saisit le moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme. Il choisit toujours d’initier des processus plutôt que d’occuper des espaces. Etre au service du dialogue et de la paix signifie aussi être vraiment déterminé à réduire et, sur le long terme, à mettre fin aux nombreux conflits armés dans le monde. Demandons nous pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à ceux qui planifient d’infliger des souffrances inqualifiables à des individus et à des sociétés? Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est simple: Pour de l’argent taché dans de sang, souvent du sang innocent. Face à ce honteux et coupable silence, il est de notre devoir d’affronter le problème et de mettre fin au commerce des armes. Trois fils et une fille de ce pays” ont eu “la capacité au dialogue et l’ouverture à Dieu. Ils sont de bons représentants du peuple américain”.
“Je terminerai ma visite dans votre pays à Philadelphie, où je prendrai part à la Rencontre mondiale des familles. Je souhaite qu’à travers ma visite la famille puisse être un thème récurrent. Que la famille a été importante pour la construction de ce pays. Et combien elle demeure digne de notre soutien et de notre encouragement. Mais je ne peux cacher ma préoccupation pour la famille, qui est menacée, peut-être comme jamais auparavant, de l’intérieur comme de l’extérieur. Les relations fondamentales sont en train d’être remises en cause, comme l’est la base même du mariage et de la famille. Je peux seulement rappeler l’importance et, par-dessus tout, la richesse et la beauté de la vie familiale. En particulier, je voudrais attirer l’attention sur ces membres les plus vulnérables des familles, les jeunes. Devant beaucoup d’entre eux s’ouvre un avenir plein d’innombrables possibilités, cependant beaucoup d’autres semblent désorientés et sans but, piégés dans les dédales désespérants de la violence, des abus et du désespoir. Leurs problèmes sont nos problèmes. Nous ne pouvons pas les éviter. Il nous faut les affronter ensemble, échanger à ce sujet et chercher des solutions efficaces au lieu de nous enliser dans des discussions. Au risque de simplifier à l’extrême, nous pourrions dire que nous vivons dans une culture qui pousse les jeunes à ne pas fonder une famille, parce qu’il n’y a pas de perspectives d’avenir. Par ailleurs, la même culture offre à d’autres tant d’options qu’ils sont aussi dissuadés de créer une famille. Une nation peut être considérée comme grande quand elle défend la liberté comme Lincoln l’a fait, quand elle promeut une culture qui permet aux personnes de rêver de droits pléniers pour tous leurs frères et sœurs, comme Martin Luther King a cherché à le faire, quand elle consent des efforts pour la justice et la cause des opprimés, comme Dorothée Day l’a fait par son travail inlassable, fruit d’une foi devenue dialogue et semence de paix dans le style contemplatif de Thomas Merton. A travers ces réflexions, j’ai cherché à présenter quelques-unes des richesses de votre héritage culturel, de l’esprit du peuple américain. Je souhaite que cet esprit continue de se développer et de croître, en sorte que le plus de jeunes possible puissent en hériter et le perpétuer dans un pays qui a inspiré le rêve de tant de personnes. Que Dieu bénisse l’Amérique!”.

Après cette intervention, souvent entrecoupées d’applaudissements, le Pape a été accompagné jusqu’au balcon, où il a salué la foule rassemblée le long de National Mail. Il a tenu à bénir les personnes présentes et en particulier les familles, demandant de prier pour elles et pour lui, et à qui ne croit pas de souhaiter leur bien. En passant, alors qu’il faisait remettre une Bible précieuse à la Bibliothèque du Congrès, il avait pu voir la statue de saint Junípero Serra. Après la visite au Capitole de Washington, le Saint-Père s’est rendu en l’église St.Patrick.

Visite à des sans abris

Cité du Vatican, 25 septembre (VIS). Le Saint-Père s’est ensuite rendu à 11 h (hier 17 h heure de Rome) à l’église St.Patrick, la première paroisse de la ville, fondée en 1794 par les ouvriers irlandais ayant construit la Maison Blanche. Le centre d’accueil et d’assistance de la paroisse est dédié au Cardinal James Hickey, Archevêque de Washington de 1980 à 2000 qui passa la fin de sa vie dans une maison de retraite pour personnes sans revenus. Le Pape s’est adressé à 200 sans abris:
“Chers amis, la première parole que je vous voudrais vous adresser, c’est merci. Merci de me recevoir et de l’effort que vous avez réalisé afin que cette rencontre puisse avoir lieu. Ici, je me rappelle une personne que j’aime, qui est et qui a été très importante tout au long de ma vie. Elle a été un soutien et une source d’inspiration. C’est à elle que je recours lorsque je suis un peu à l’étroit. Vous me rappelez saint Joseph. Vos visages me parlent de son visage. Dans la vie de Joseph, il y a eu des situations difficiles à affronter. L’une d’elles, ce fut quand Marie était sur le point d’accoucher, d’avoir Jésus. La Bible dit: Pendant qu’ils étaient à Bethléem, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né, elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. La Bible est très claire, il n’y avait pas de logement pour eux. J’imagine Joseph, avec son épouse sur le point d’avoir un enfant, sans toit, sans maison, sans logement. Le Fils de Dieu est entré dans ce monde comme quelqu’un qui n’a pas de maison. Le Fils de Dieu a su ce que c’est que de commencer la vie sans un toit. Imaginons les questions de Joseph à ce moment-là. Comment se fait-il que le Fils de Dieu n’ait pas un toit pour vivre? Pourquoi sommes-nous sans foyer, pourquoi sommes-nous sans toit? Ce sont des questions que beaucoup parmi vous peuvent se poser chaque jour. Comme Joseph, vous vous demandez: pourquoi sommes-nous sans toit, sans foyer? Ce sont des questions qu’il nous ferait du bien de nous poser tous: Pourquoi ces frères sont-ils sans foyer, pourquoi ces frères n’ont-ils pas un toit? Actuelles, lLes questions de Joseph habitent tous ceux qui, au long de l’histoire, ont vécu et sont sans un foyer. Joseph était un homme qui se posait des questions, mais surtout, il était un homme de foi. C’est la foi qui a permis à Joseph de trouver la lumière à ce moment qui paraissait tout obscur, c’est la foi qui l’a soutenu dans les difficultés de sa vie. Par la foi, Joseph a su aller de l’avant quand tout paraissait s’arrêter. Face à des situations injustes, douloureuses, la foi nous apporte cette lumière qui dissipe l’obscurité. Tout comme à Joseph, la foi nous ouvre à la présence silencieuse de Dieu dans toute vie, dans toute personne, dans toute situation. Il est présent en chacun de vous, en chacun de nous. Nous ne trouvons aucun genre de justification sociale, morale, ni de n’importe quelle espèce, pour accepter le manque de logement. Ce sont des situations injustes, mais nous savons que Dieu les souffre avec nous, il les vit à nos côtés. Il ne nous laisse pas seuls. Nous savons que Jésus non seulement a voulu se solidariser avec chaque personne, non seulement il n’a voulu que personne se sente ou soit privé de sa compagnie, de son aide, de son amour, mais encore il s’est identifié à ceux qui souffrent, qui pleurent, qui subissent une quelconque forme d’injustice. Il nous le dit clairement: J’avais faim, et vous m’avez donné à manger. J’avais soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli. C’est la foi qui nous fait savoir que Dieu est avec vous, Dieu est parmi nous et sa présence nous incite à la charité. Cette charité qui naît de l’appel d’un Dieu qui continue de frapper à notre porte, à la porte de tous, pour nous inviter à l’amour, à la compassion, au don des uns pour les autres. Jésus continue de frapper à nos portes, aux portes de notre vie. Il ne le fait pas de façon magique, il ne le fait pas avec des attirails, avec des affiches lumineuses ou des feux d’artifice. Jésus continue de frapper à notre porte à travers le visage du frère, à travers le visage du voisin, à travers le visage de celui qui se trouve à nos côtés”.
“Chers amis, l’une des manières les plus efficaces d’aider à notre portée, nous la trouvons dans la prière. La prière nous unit, nous rend frères et sœurs, elle nous ouvre le cœur et nous rappelle une belle vérité que parfois nous oublions. Dans la prière, nous apprenons tous à dire Père, papa, et à travers elle, nous nous rencontrons comme frères. Dans la prière, il n’y a ni riches ni pauvres, il y a des fils et des frères. Dans la prière, il n’y a pas de personnes de première ou de seconde catégorie, il y a la fraternité. C’est dans la prière que notre cœur trouve la force de ne pas devenir insensible, froid devant les situations d’injustice. Dans la prière, Dieu continue d’appeler à la charité et de la susciter. Que cela nous fait du bien de prier ensemble! Que cela nous fait du bien de nous retrouver dans cet espace où nous nous regardons comme frères et où nous reconnaissons avoir besoin les uns de l’appui des autres! Aujourd’hui, je voudrais m’unir à vous, j’ai besoin de votre soutien, de votre proximité. Je voudrais vous inviter à prier ensemble, les uns pour les autres, les uns avec les autres. Ainsi, nous pourrons garder ce soutien qui nous aide à vivre la joie de savoir que Jésus est toujours au milieu de nous”.

Après cette rencontre, le Saint-Père et son entourage ont regagné la nonciature, puis de là l’aéroport d’où ils ont pris l’avion pour New York.

Vêpres en la cathédrale de New York

Cité du Vatican, 25 septembre (VIS). Le Saint-Père et sa suite sont arrivés à New York à 17 h locales d’hier (23 h heure de Rome), accueillis à leur descente d’avion par les autorités civiles et religieuses locales. Un hélicoptère a transporté le Pape jusqu’à Brooklyn. La papamobile a été utilisée enfin de l’héliport à la cathédrale St.Patrick, où le Pape François a présidé les vêpres célébrées avec les prêtres, les religieux et consacrés. Il a introduit son homélie par un salut fraternel aux musulmans qui fêtent l’Aïd al-Kebir, évoquant les nombreux fidèles victimes hier d’une bousculade durant le pèlerinage à La Mecque. Puis, à propos de la “magnifique cathédrale construite grâce aux sacrifices de nombreux hommes et femmes”, il a dit qu’elle peut servir de symbole du travail de générations de prêtres, religieux et laïcs ayant bâti l’Eglise aux Etats-Unis: “Rien que dans le domaine de l’éducation, les prêtres et les religieux ont joué un rôle central, en aidant les parents à donner à leurs enfants l’aliment qui les nourrit pour la vie! Beaucoup l’ont fait au prix d’un sacrifice extraordinaire et avec une charité héroïque. Je pense par exemple à sainte Elisabeth Anne Seton, qui a fondé la première école catholique gratuite pour filles, ou à saint John Neumann, le fondateur du premier système de l’éducation catholique aux Etats-Unis”.
“Ce soir, chers frères et sœurs, je suis venu me joindre à vous pour prier afin que toutes nos vocations continuent de construire le grand édifice du Royaume dans ce pays. Je sais que…vous avez beaucoup souffert dans un passé récent, en prenant sur vous la honte de certains de vos frères qui ont porté préjudice à l’Eglise et l’ont scandalisée dans les plus vulnérables de ses membres…. Je sais que vous venez d’une grande épreuve…et je vous accompagne en ce moment de peine et de difficulté, remerciant Dieu du service fidèle que vous offrez à son peuple. En espérant vous aider à persévérer sur le chemin de la fidélité à Jésus-Christ, je voudrais vous offrir deux brèves réflexions. La première concerne l’esprit de gratitude. La joie des hommes et des femmes qui aiment Dieu attire d’autres. Les prêtres et les religieux sont appelés à trouver et à rayonner d’une satisfaction durable dans leur vocation. La joie jaillit d’un cœur reconnaissant. En vérité, nous avons beaucoup reçu, tant de grâces, tant de bénédictions, et nous nous en réjouissons. Cela nous fera du bien de penser à nos vies avec la grâce de la mémoire. Mémoire du moment où nous avons reçu le premier appel, mémoire du chemin parcouru, mémoire des grâces reçues… Il faut faire mémoire de l’émerveillement que notre rencontre avec Jésus. Chercher la grâce de la mémoire de manière à grandir dans l’esprit de gratitude. Peut-être avons-nous besoin de nous demander si nous sommes bons pour compter les bénédictions reçues? Un second aspect est l’esprit du travail dévoué. Un cœur reconnaissant est spontanément poussé à servir le Seigneur et à s’exprimer dans une vie dévouée au travail. Une fois que nous avons réalisé tout ce que Dieu nous a donné, une vie de sacrifice de soi, de travail pour lui et pour les autres, devient une façon privilégiée de répondre à son grand amour. Cependant, pour êtres honnêtes, nous savons combien l’esprit du sacrifice de soi généreux peut facilement s’atténuer. Cela peut arriver selon deux manifestations de cette mondanité spirituelle qui affaiblit notre engagement à servir, et qui diminue l’émerveillement de notre première rencontre avec le Christ. Nous pouvons être pris à ce piège en mesurant la valeur de nos labeurs apostoliques à l’aune de l’efficacité, du bon management et du succès visible qui régit le monde des affaires. Non pas que ces choses soient sans importance. Nous avons été chargés d’une grande responsabilité, et le peuple de Dieu attend de nous avec raison que nous en répondions. Mais la vraie valeur de notre apostolat est mesurée par celle qu’il a aux yeux de Dieu. Voir et évaluer les choses dans la perspective de Dieu demandent une constante conversion durant les premiers jours et les premières années de notre vocation et, exigent, je dirais, une grande humilité. La croix nous montre une manière différente de mesurer le succès. Il nous revient de semer: Dieu voit les fruits de nos labeurs. Et si parfois nos efforts et notre travail semblent échouer et ne pas porter fruit, nous devons nous souvenir que nous sommes les disciples de Jésus dont la vie, humainement parlant, s’est achevée dans l’échec, l’échec de la croix. Un autre danger survient lorsque nous sommes jaloux de notre temps libre, quand nous pensons que nous entourer du confort mondain nous aidera à mieux servir. Le problème avec ce raisonnement, c’est qu’il peut émousser l’appel de Dieu à la conversion, à le rencontrer. Lentement mais sûrement, il diminue notre esprit de sacrifice, de renoncement et de travail dévoué. Il éloigne aussi les personnes qui souffrent de pauvreté matérielle et qui sont forcées de faire de plus grands sacrifices que nous. Le repos est nécessaire, comme le sont les moments de divertissement et de ressourcement personnel, mais nous avons besoin d’apprendre à nous reposer d’une manière qui approfondisse notre désir de servir avec générosité. La proximité avec les pauvres, les réfugiés, les migrants, les malades, les personnes exploitées, celles qui sont âgées et seules, les prisonniers et tous les autres pauvres de Dieu, nous enseignera une manière différente de nous reposer, une manière qui est plus chrétienne et plus généreuse”.

“La gratitude et le travail dévoué sont les deux piliers de la vie spirituelle que j’ai voulu partager avec vous ce soir. Je vous remercie des prières et du travail, ainsi que des sacrifices quotidiens que vous faites dans les divers domaines de votre apostolat. Nombre de ces sacrifices sont connus de Dieu seul, mais ils portent d’abondants fruits pour la vie de l’Eglise. Je voudrais exprimer mon admiration et ma gratitude aux religieuses des Etats-Unis. Que serait l’Eglise sans vous? Femmes fortes, combatives, armées de cet esprit de courage qui vous place en première ligne dans l’annonce de l’Evangile. A vous, religieuses, sœurs et mères de ce peuple, j’exprime un grand merci… Je vous apprécie beaucoup. Je sais que beaucoup d’entre vous sont sur le front face à la nécessité de s’adapter à un paysage pastoral en évolution. Quelles que soient les difficultés et les épreuves que vous affrontez, je vous demande, à l’instar de saint Pierre, de vous réjouir en elles, de ne pas perdre patience et de répondre comme le Christ l’a fait, en remerciant le Père, prenant sa croix et allant de l’avant”. 

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