Montreux. Exposition temporaire du 2 avril au 7 novembre 2010 – L’Aviation Suisse romande

Frères de Siebenthal, pionniers de l’aviation en 1916.

Clément ( inventeur d’un hélicoptère ), Walter, Arrière Grand-Maman Esther von Grüningen de Gstaad, Daniel, Emmanuel ( notre Grand-Père ), Arrière Grand-Papa Jean de Siebenthal, Benjamin, Elisabeth.
Clement, Walter, Grossmutter Esther von Grüningen, Daniel, Emmanuel, Grossvater Jean ( Johan ) von Siebenthal ( 1832, + 1916) fils de Balthazar Gottlieb avec 16 enfants, Benjamin, Elisabeth.

Article – 05/04/2010
Ces pionniers de l’aviation qui ont marqué une région

MONTREUX – Dans le cadre du 100eanniversaire de l’aviation, une exposition rappelle que la région a entretenu une relation particulière avec le monde de ces fous du ciel qui fascinaient les foules.

KARIM DI MATTEO

Qui se souvient encore de l’Aérodrome de Montreux et de sa tour de contrôle à Rennaz, entre 1960 et 1968? Ou des frères de Siebenthal, des Villeneuvois, qui construisirent en 1916 un avion dans leur menuiserie à la demande de Marcel Lugrin, aviateur et lieutenant à l’armée? C’est pour ces belles histoires, et pour d’autres, que l’exposition «L’aviation suisse romande» du Musée de Montreux (lire ci-dessus) vaut le détour.
Le conservateur, Urs Buff, a voulu rappeler combien la Suisse romande fut à l’avant-garde. «C’était l’influence de la France. Plusieurs Romands sont allés se former à l’école Louis Blériot. En août 1914, à la naissance de l’aviation suisse, le responsable en était le commandant Oscar Bider, un Alémanique, mais les huit pilotes étaient Romands et ils volaient avec leur propre appareil!» explique-t-il, photo à l’appui.
La plupart des pilotes de l’époque y laissaient au mieux leur fortune, mais bien souvent leur vie, dans des débris de bois ou de carlingue fumants. Passionné d’aviation, lui-même petit-neveu d’un de ces héros d’antan, Urs Buff s’est plu à montrer que la Riviera a vu passer quelques-uns de ces pionniers. «Ils organisaient beaucoup de meetings, notamment à Noville. Cela leur permettait de renflouer leurs caisses. Des milliers de personnes se déplaçaient. »
Parmi ces idoles, Théophile Ingold, né en 1892 à Clarens, dont les parents possédaient le Café du Port, finit sa vie dans les cieux de la Première Guerre mondiale au service de l’aviation française. Ou le Veveysan Marius Reynold, «qui a beaucoup travaillé sur la technique des moteurs», et qui alla former en Italie, au vu et au su du Général de l’armée suisse.
Quant au Brésilien d’origine française Alberto Santos Dumont, qui contribua à l’essor de l’aviation au début du XXe siècle, il a toujours une fontaine à son nom à Glion, en mémoire des années qu’il passa sur les hauts de Montreux.
Des pompiers suivaient l’hydravion en 1957 Outre des portraits, quelques superbes photos évoquent des anecdotes mémorables. Sur l’une d’elles, le fameux zeppelin allemand Hindenburg survole Montreux avec ses croix gammées et l’Hôtel National au premier plan.
Une autre photographie rappelle les tentatives de vols commerciaux tentées en hydravion entre Southampton (Angleterre) et Montreux en 1957, pour le plus grand bonheur des centaines d’habitants venus en masse sur les quais pour admirer le spectacle.
«L’histoire dit toutefois que cela n’a duré que trois vols…, sourit Urs Buff. Lorsque l’appareil décollait dans la rade de Territet, des pompiers devaient accompagner l’hydravion aussi loin que possible au cas où un moteur prendrait feu. L’ancre qui permettait d’arrimer l’engin est d’ailleurs restée en souvenir, sur le quai des Fleurs à Montreux. »
ou encore…

En Suisse, la majorité des pionniers de l’aviation étaient Romands. C’est certainement la proximité géographique de la France, où ce nouveau moyen de transport faisait fureur, qui explique cette situation. À l’avant-garde dans ce domaine, nos voisins ont permis à nos premiers pilotes de se former et de découvrir les premières machines volantes, que l’on appelait alors «des aéroplanes». C’est encore à l’étranger, qu’au tout début, des ingénieurs suisses se sont fait connaître par la qualité de leur travail et l’ingéniosité de leurs découvertes.

En 1914, au moment de la mobilisation, l’aviation militaire suisse était inexistante. Sur les neuf pilotes néanmoins appelés à servir, huit étaient Romands et les missions d’observation se faisaient sur leurs machines personnelles. En 1913, c’est une collecte organisée par la Société suisse des officiers qui avait permis de procéder aux premiers essais.

Par la suite, pendant des dizaines d’années, la production indigène d’avions sera importante et n’aura pas grand-chose à envier à ce qui se faisait à l’étranger. C’est avant tout la petitesse du marché intérieur qui sera à l’origine du déclin de cette industrie, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Actuellement, il ne subsiste qu’un seul constructeur d’aéronefs dans notre pays.

Mais revenons un peu en arrière. L’engouement de la population pour les choses de l’air a été prodigieux. Le moindre champ à peu près plat pouvant servir de terrain d’aviation, les «meetings» se sont multipliés un peu partout. Il faut préciser que pour nos premiers pilotes c’était une question de survie économique et le meilleur moyen d’amortir leurs coûteuses acquisitions. La population a ainsi pu découvrir le monde de l’aviation à un prix abordable. Ces mêmes pilotes ont payé un lourd tribut à leur passion. Les accidents avec mort d’homme étaient fréquents car il a fallu tout inventer. C’est à force d’essais et de tâtonnements, et sans l’aide d’ordinateurs, que nos ancêtres ont réussi à construire des engins de plus en plus sûrs jusqu’à ceux que nous connaissons aujourd’hui. C’étaient des génies!

Malheureusement, pratiquement dès le début, l’avion a aussi été un terrible engin de guerre qui a profondément changé la stratégie sur les champs de bataille. Les bombardements meurtriers de populations innocentes ont donné une image hideuse de l’aviation. Il est particulièrement triste de penser que les généraux ont fait s’entretuer des centaines de pilotes partageant une même passion et dont le vol était souvent la principale raison de vivre. Cela dit, parallèlement, l’aviation civile a également progressé rapidement et on ne s’imagine plus un monde sans transports aériens.

Notre exposition, largement inspirée par les deux livres de Philippe Cornaz «L’Aviation Vaudoise» et «L’Aviation Suisse romande», vous fera découvrir les débuts de l’aviation et son histoire dans la région montreusienne.

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