Philippines : Une banque fait le pari de la gratuité

Marinella Bandini | 17 avril 2017

Découvrez l’histoire d’un couple, Teresa et Francis Ganzon, qui a décidé de suivre l’un des préceptes de l’Évangile, “Donnez, et l’on vous donnera”,
pour créer une banque, Bangko Kabayan.

Le développement économique des zones rurales est leur mission,

la gratuité et le partage, leurs moyens. Non, il ne s’agit pas d’une ONG, mais d’une banque, la plus grande banque rurale des Phillipines : Bangko Kabayan, dont la base se trouve dans la région rurale au sud de Manille. Ici, l’argent est un moyen, non un but, et le principe fondateur est tiré de l’Évangile :

« Donnez, et l’on vous donnera » (Lc 6, 38).

C’est l’histoire de Teresa et de son mari Francis Ganzon, depuis 1978 à la tête de cette banque. Deux personnes ancrées dans la foi chrétienne, qui cherchent à élaborer leur activité sur les principes évangéliques. Mais c’est seulement lors de leur rencontre avec Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, que s’allume l’étincelle qui fait décoller leur vie et leur entreprise. C’est en 1991, que Chiara, touchée par les grandes inégalités sociales lors d’un voyage au Brésil, lance l’idée d’une économie au service du bien commun. Naît alors le principe de l’Économie de communion (EDC) qui ne repose plus sur la logique du gain et de l’avoir, mais sur celle de la gratuité et du don.

Teresa et Francis sont parmi les premiers à répondre à l’appel de Chiara Lubich. « L’idée nous fascinait de pouvoir vivre la foi, pas seulement dans notre vie privée, mais également en faisant des affaires. » Ils se lancent alors dans l’aventure et très rapidement transforment la banque en une entreprise EDC.

Ce n’est pas une marque, mais un style de vie. Il ne s’agit pas non plus d’un modèle économique, mais d’un risque personnel propre à chaque entrepreneur.

Cette banque d’un nouveau genre respecte des principes tels que la transparence, l’équité, mais surtout le dialogue, la construction de relations profondes et un modèle centré sur la personne.

Le partage des gains se veut solidaire :

un tiers reste dans la société,

un tiers est investi pour la formation,

et enfin un autre tiers est donné à ceux qui sont en difficulté.
« Une culture du don »

Teresa et Francis repensent leur manière de travailler et d’investir, en destinant des ressources pour créer du travail, combattre la pauvreté et bâtir ainsi « une culture du don ». De 1991 à 1996, la banque ouvre huit filiales ; en 1997, le capital est multiplié par vingt et l’entreprise compte 120 employés.

Vers le milieu de l’année 1997, la crise économique asiatique débute et touche aux Philippines beaucoup d’activités financières : les clients se retirent, reprennent leur argent et les organismes financiers commencent à fermer. Teresa et Francis craignent alors le pire, mais c’est à ce moment qu’ils découvrent la force des relations de confiance qu’ils ont construites jusque-là. Certains clients, plus fortunés, mettent à disposition de ceux qui le sont moins leur épargne, et apportent leur appui pour les dépôts plus conséquents. Ainsi un certain nombre de clients, après une première phase de panique, rapportent leurs investissements à la Bangko Kabayan : « Cette crise nous a permis de comprendre plus que jamais ce en quoi nous avions toujours cru, c’est-à-dire que les personnes et les relations (et non l’argent et le profit) pouvaient assurer le succès et la survie d’une entreprise ».

Cette crise représente également une occasion pour Teresa et Francis de découvrir de nouvelles affaires et de défier le système de corruption endémique du pays. Afin de se soustraire à la loi des pots de vin, ceux-ci abandonnent certains projets et approfondissent le thème du micro-crédit. C’est ainsi que naît ce qui aujourd’hui représente la fierté de la banque : une ligne de micro-crédit pour les entreprises.
« Le monde ne deviendra pas meilleur sans économie, mais avec une économie différente »

Le défi est énorme : Bangko Kabayan arrive sur un territoire inexploré,

en dehors du circuit des banques, dans un monde où cette même culture bancaire est quasi-inexistante. Étant fondée sur des relations de confiance, l’entreprise demande en plus un travail de relations personnelles très exigeant, qui requiert beaucoup de temps ainsi qu’un nombre important d’employés.

Aujourd’hui encore, tout cela représente un défi important dans un monde qui produit toujours plus de produits standards et de processus automatisés pour réduire les coûts. La route est encore longue pour Teresa et Francis, mais ils ne sont pas seuls. 25 ans plus tard, plus de 800 entrepreneurs dans le monde entier sont sur le chemin de l’EDC et constituent maintenant un vrai réseau. « Non, à une économie qui exclut, qui tue, qui pollue. Oui, à une économie de communion : le monde ne deviendra pas meilleur sans économie, mais avec une économie différente » synthétise Luigino Bruni, coordinateur mondial de l’EDC. 


Aujourd’hui, cette banque dénombre 23 agences et emploie 350 employés, parmi lesquels un tiers travaille sur le micro-crédit pour aider 11 000 familles, soit 85 % de leurs clients.



Le Système Monétaire Equilibré est un système de comptabilité des transferts économique entre des membres d’une communauté.

Système Monétaire Equilibré

Il s’agit d’un système de comptabilité mutuelle de la même famille que le système des sumériens sur tablette d’argile, dans le même genre que l’ardoise de bistrot ou la comptabilité mutuelle qui se pratique dans certains SEL. (Système d’Echange Locaux)
Cependant nous allons pousser le concept un peu plus loin.
Dans une comptabilité mutuelle, rien n’empêche de consommer à l’infini et de ne jamais contribuer à la collectivité. A quel moment un restaurateur va mettre une limite à une ardoise ouverte ?
Dans le SME, c’est la limite en importation qui définit la limite de consommation à crédit maximale qui est acceptée.
Ainsi une personne qui abuse du système est vite coincée. Mais que faire si ce n’est pas une personne qui abuse du système ? Si c’est une personne qui a des raisons communément acceptées de ne pas contribuer plus qu’elle ne reçoit ? (enfants, vieux, handicapés, malades, les aléas de la vie…)
C’est là que l’on introduit une avance de crédit récurrente qui permet d’aller temporairement au-delà de la limite. C’est le principe d’un revenu de base mensuel qui permet de vivre.
C’est là la raison d’être du principe de la contraction périodique de la courbe du solde: créer le revenu de base. Mais pas seulement. C’est aussi ce qui fait fondre l’ancienne monnaie, ce qui favorise l’échange économique au détriment de la thésaurisation (voir la monnaie fondante de Silvio Gesell). Puis, c’est aussi ce qui réalise une égalité temporelle face à la monnaie.
Une génération n’est pas favorisée par rapport à une autre (contrairement à la monnaie dette qui permet d’obtenir tout de suite de la monnaie en faisant payer le double à la génération suivante!). Ce retour à l’équilibre forcé, c’est la version lente mais certaine, du jubilé pratiqué dans l’antiquité tous les 7x 7ans. L’annulation de toutes les dettes.

Un réseau de monnaie locales individuelles interconnctées par un protocole commun (c’est un peu l’internet de monnaie!)

Dans la pratique, le bon fonctionnement d’un tel système se fait grâce à la vérification mutuelle de la comptabilité de l’autre lors d’une transaction, et à sa validation par une signature. C’est le principe d’un contrat où chaque partie signe le document de l’autre.
Ainsi il est possible de construire une toile de confiance et de réaliser un système totalement décentralisé et fiable.
Le SME permet même d’aller encore beaucoup plus loin. En tant que système par nature sans aucun centre, totalement décentralisé, on peut le voir comme un système dans lequel chaque personne émet et utilise sa propre monnaie !
Ça complique les transactions. Mais tant que les paramètres de base du référentiel utilisé sont connus, il est possible lors d’une transaction de la transposer dans un autre référentiel. C’est ainsi que l’on réalise le change entre des monnaies de zones économiques différentes.
Ainsi chaque personne ajuste les paramètres de son systèmes monétaire à sa guise et peut/doit faire un ajustement d’échelle pour comparer sa monnaie à celle d’une autre personne.
Avec la connaissance d’un tel système nul n’a besoin de se faire escroquer en “achetant” des unités de mesures ou en subissant une dillution de son outil de mesure par une création monétaire qui n’est pas la sienne.

Paramétrage du système monétaire équilibré

La référence du système qui sert d’échelle est toujours le niveau du revenu de base local.
L’autre variable importante pour calibrer le système est le Taux de Retour à l’Equilibre. Ce taux est choisi pour qu’une dette soit annulée (amortie plutôt) au bout de 49 ans (= 7x 7ans comme le jubilé biblique). Ainsi avec un Taux de Retour à l’Equilibre de 1% mensuel, facile à calculer, on obtient qu’une dette est oubliée à 99% au bout de 42 ans.
La limite d’importation, qui est la limite de consommation à crédit, est déterminée par le niveau du Revenu de Base et le Taux de Retour à l’Equilibre.
La limite d’importation =  ((1/ Taux de Retour à l’Equilibre)  * le revenu de base)+ le revenu de base
Les math qui se cachent la derrière ne sont rien d’autre qu’un amortissement du type de celui que l’on trouve en physique avec la décharge d’un condensateur. Une équation du type: y = 1/x (1-e^-x)

Conférences sur le Système Monétaire Equilibré par Bernard Dugas

Références à propos du Système Monétaire Equilibré

Simulation du Système Monétaire Equilibré

Afin de mieux comprendre ce qu’est le Système Monétaire Equilibré, voici 2 résultats de simulation de transferts économiques réalisés avec un tel système.
Voici:

Un jeu pour comprendre le Système Monétaire Equilibré

Le jeu de la monnaie, est un jeu d’éveil de conscience à ce qu’est la monnaie et les systèmes de transfert de biens et de services entre des personnes.
Il se compose de 4 jeux de 12 minutes:
  • le don
  • le troc
  • la monnaie dette (système majoritaire actuel)
  • le SME
Le 4ème jeu est une partie utilisant le Système Monétaire Equilibré. Il est très intéressant de voir l’ambiance en comparaison avec les autres jeu. (à voir direct en vidéo ici….)

Bientôt un logiciel pour mesurer ses transferts économiques avec le SME

Bon… et quand, comment et où peut-on utiliser ce système de comptabilité des transferts économiques ? …
On peut déjà y jouer, là on voit que sur papier c’est simple. Mais il faut que chaque personne comprennent et intègre le protocole, notamment pour les changement de référentiels, c’est pas si simple.
Du coup, un logiciel est le bienvenu pour faciliter l’utilisation.
Un prototype est en cours de développement, il se nomme Equilibra.
Et pour terminer sur une note humouristique, Gérard Foucher nous explique les 3 fonctions de la monnaie… (ce ne sont pas celles qui sont dans les bouquins d’économie) ainsi que sa vion du futur d’un système de transfert de biens et de services qui est “étrangement” très proche du SME…
Martouf: 2 mars 2017 : 09:00
tags: monnaie, SME,

D’autres articles intéressants à lire…


François de Siebenthal: Pour un capital social local. Le Polypoly.

desiebenthal.blogspot.com/2011/05/pour-un-capital-social-local-le.html

10 mai 2011 – Le polypoly (c). Un système simple pour échanger des biens et des services dans le cadre d’un club privé. L’unité de compte est par exemple …

François de Siebenthal: Les banques créent de la monnaie du néant …

desiebenthal.blogspot.ch/2016/05/les-banques-creent-de-la-monnaie-du.html?m=1

12 mai 2016 – Témoignage de François de Siebenthal, banquier suisse selon une nouvelle formule …. François de Siebenthal: Le monopoly ou polypoly ?

François de Siebenthal: Monnaies et comportements

desiebenthal.blogspot.ch/2016/05/monnaies-et-comportements.html?m=1

23 mai 2016 – Le Polypoly. Pour une vraie démocratie économique de base. Cercles de création de capital ( 3C ). Le monde actuel vit dans un vieux système …


Traduction »