Troublante et mystérieuse… l’Initiative “Monnaie Pleine” !  (Projet 08/04/2018… Travaux en cours… Commentaires Bienvenus !)
 
Dans 63 jours, les citoyens Suisses se prononceront sur une initiative citoyenne née en 2014, qui a réussi à franchir tous les obstacles destinés à écarter les propositions fantaisistes, sans intérêt, ou contraires aux droits humains:
après avoir recueilli plus de cent mille signatures déclarées valides par l’autorité de contrôle, l’initiative Monnaie Pleine (“l’I-M.P.”, dans la suite de ce texte ), a été reconnue conforme à la constitution de la Confédération Helvétique.
De la sorte, en dépit du scepticisme ou de l’hostilité des principaux partis, du Conseil Fédéral, de la presse, et bien sûr… du secteur professionnel directement concerné par la mesure proposée, l’establishment suisse n’a pu empêcher qu’une date soit fixée pour cette votation: ce sera le 10 juin 2018 ! L’I-M.P. est l’initiative de tous les paradoxes: 

– certes, elle n’est pas sans intérêt, mais d’une certaine manière… elle est aussi “sans intérêts” ! (Détails ci dessous.)
– Tandis que les “1%” y sont largement opposés, les citoyens assez informés pour pouvoir apprécier son potentiel d’émancipation, (en dépit de la complexité du sujet… réelle ou entretenue !), y semblaient, ce 26 mars, favorables à près de 70 % !
Un certain nombre de faits justifient de soutenir cette initiative, même si elle dérange pas mal d’économistes, (orthodoxes ou… non !), ignorant sans doute, qu’en cas de succès, les pouvoirs publics suisses auront 2 ans pour la mettre en oeuvre. (Ceci ménage la possibilité de régler divers détails laissés ouverts à la discussion, dans le texte soumis à la votation du 10 Juin.)

Le défaut d’information des citoyens sur ces questions, en Suisse ou ailleurs… est le principal risque d’échec: les faits qui posent problème, (ceux que l’I-M.P. corrigerait enfin), sont méconnus de la plupart d’entre nous ! (Une liste des connaissances pré-requises pour pouvoir juger la proposition est fournie ci dessous.)
Au sein de l’UE de Lisbonne par exemple, (“L’Europe“… c’est un continent !), qui connaît la BRRD ? (Bank Recovery and Resolution Directive). Pour ceux qui l’ignorent, la BRRD constitue la réalisation d’un rêve de parieurs (“PIle, je gagne, Face tu perds“!), c. à d. un… cauchemar pour nous:
la BRRD prévoit en effet que notre argent participera désormais au renflouement d’une banque ayant fait de mauvaises opérations: un quart de siècle après la rupture du cordon sanitaire entre banques de dépôts et banques d’affaires, il est logique que la BRRD vienne entériner la disparition d’un bien commun: la sécurité des encaisses des ménages et des entreprises.

Cette disposition léonine fait partie des dégâts de la dernière décennie, (caractérisée par une hypertrophie de la finance internationale pour ne pas dire… apatride), que l’I-M.P. propose de réparer: elle mettrait l’argent des Suisses à l’abri des crises financières. Elle est également susceptible de réduire les inégalités. (Selon la redistribution de la rente de la création monétaire.) Il ne faut pas perdre de vue l’aspect moral: tirer profit d’une ressource qu’on ne possède pas, (comme le font les banques), c’est une source d’enrichissement sans cause ! (“Ungerechtfertigte Bereicherung“… dans la langue de Goethe !)
C’est pour cela que l’on dit que les banques disposent d’un privilège. L’I-M.P. ne vise pas seulement à rétablir la sécurité des encaisses des ménages et des entreprises, elle vise aussi à mettre fin à la spoliation, au détriment des des finances publiques, que constitue le privilège bancaire, c à d la captation par quelques uns du bénéfice du “seigneuriage“, (c. à d. du pouvoir de créer de la monnaie).
L’I-M.P. mettrait ainsi un terme à un privilège de fait, (non de droit), devenu incontrôlable et excessif, avec la disparition en cours des espèces (et l’hypertrophie de la Finance globalisée): la création monétaire par les crédits (que les banques peuvent octroyer sans posséder l’argent correspondant.) L’intérêt d’une telle initiative populaire est double:
– d’une part, elle peut contribuer à faire émerger la véritable nature (numérique) de la monnaie, qui en l’état échappe à la presque totalité des individus, y compris les politiciens, les banquiers centraux et les économistes les plus influents au monde.
– d’autre part, elle a le potentiel de contribuer à définir les contenus d’une réforme structurelle du système monétaire et financier qui est urgente et nécessaire afin d’éviter de nouvelles crises systémiques. 
(D’après le Pr. Sergio Rossi.)

Plus de détails dans ces pages web:

https://www.tdg.ch/video/?video_id=331454

http://www.initiative-monnaie-pleine.ch/ (Notamment : http://www.initiative-monnaie-pleine.ch/avantages/#c928 )
https://www.youtube.com/watch?v=u3q065WUO3w&feature=youtu.be#t=1m10s

https://www.letemps.ch/economie/reforme-monnaie-pleine-estelle-un-risque-une-opportunite

https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2015/11/06/monnaie-pleine-aux-urnes/

https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/initiative-monnaie-lltuellelent pleine-tous-pouvoirs-a-la-bns?id=9432259&station=a83f29dee7a5d0d3f9fccdb9c92161b1afb512db 

https://www.7sky.life/fr/wanted-affiche-officielle-de-linitiative-monnaie-pleine-qui-se-vote-le-10-juin-2018-en-suisse/
Pour ceux, qui n’etant pas citoyens Suisses, n’ont pas le choix, (de se prémunir contre les dégâts possibles de la “Finance Casino”…), voir aussi cet article de Romaric Godin.  (Pour ceux qui croient que “la monnaie est neutre“… voir Ici !)
Liste, (non exhaustive !), de connaissances pré-requises:  (Voir aussi le No114 de la revue Nexus.)  (Retour haut de page…)
– Parmi les diverses activités du secteur bancaire, il existe 2 fonctions vitales pour les agents non bancaires, (c. à d. les ménages et les entreprises): assurer le financement des investissements et faire fonctionner le système de paiement. (La première fonction n’est pas exclusive: d’autres acteurs que les banques peuvent intervenir.)    
– Sans y prendre garde, nous utilisons 2 sortes de monnaies.
L’une est garantie par la collectivité nationale: les pièces et les billets. L’autre, (la monnaie scripturale), ne l’est pas.  Depuis la rupture du cordon sanitaire entre banques de dépôts et banques d’affaires, la part de la monnaie fiduciaire, (celle qui est garantie), déjà < 20% il y a plus de 20 ans, n’a cessé de diminuer. Cette évolution se traduit par la disparition d’un  bien commun: la sécurité des encaisses des ménages et des entreprises. 
N.B. En Suisse comme dans d’autres pays, il existe certes des garanties, (partielles et limitées), pour l’argent que nous confions aux banques. Cependant, les fonds affectés à ces garanties sont souvent < à 5% de la masse des dépôts bancaires concernés: elles pourraient pallier une défaillance isolée, mais seraient totalement insuffisantes en cas de concrétisation du risque dit “systémique” de crise financière globale.
– Le système monétaire en usage dans tous les pays du monde est l’héritier de celui né il y a 5 siècles, lorsque les orfèvres de la Renaissance, après avoir imaginé d’établir des reçus pour les pièces d’or et d’argent qui leurs étaient confiées, permirent une multiplication par ~3 des moyens de paiement existants (limités par le nombre de galions espagnols qui revenaient d’Amérique du Sud, chargés de métaux précieux.)
Le système dit à réserves fractionnaires a rendu possible la multiplication des échanges commerciaux. Il permet aux banques, (considérées globalement), de consentir un volume de crédits 3 ou 4 fois supérieur, (selon leur part de marché et la conjoncture), aux fonds dont elles disposent: le privilège bancairequi leur est accordé par la puissance publique, permet de tirer profit de ressources qu’on ne possède pas.
Cette situation d’enrichissement sans cause, (elle résulte de la privatisation du bien public qu’est la création monétaire), est amplifiée par la quasi disparition de la monnaie fiduciaire. Il s’agit d’une survivance historique qui n’a plus de justification depuis le 15 Août 1971, (le jour du “Nixon choc”…), c. à d. depuis la rupture du lien entre 35 $ et une once d’or.
NB Le système à réserves fractionnaires, (qui a pu rendre service jusqu’à l’abandon des monnaies métalliques, il y a ~47 ans), est intrinsèquement instable: il expose nos dépôts aux conséquences d’opérations spéculatives ratées que les banques “universelles“… sont désormais autorisées à effectuer. En cas de succès, l’I-M.P. mettrait les Suisses à l’abri de ce risque systémique. 
– La banque centrale d’une zone monétaire dont l’économie est robuste, (comme c’est le cas de la BNS), est aussi appelée “Institut d’émission“, ou encore “Prêteur en dernier ressort“… C’est la seule qui ne puisse faire faillite. Lorsque certains économistes inquiètent les contribuables allemands en prétendant qu’ils seront obligés de recapitaliser la BCE, si elle poursuit sa politique accommodante, (le fameux “QE”: Quantitative Easing), ils témoignent de leur ignorance. (Ou… de leur mauvaise foi !)
– Lorsqu’une banque commerciale octroie un crédit de 100 000 CHF, il y a augmentation de la quantité de moyens de paiements. (Car l’emprunteur dispose de 100 000 de plus, tandis que personne n’a 100 000 de moins). Ainsi, les banques créent “ex nihilo” (à partir de rien), cette monnaie scripturale privée (non garantie…)
Cette particularité implique une contrepartie largement ignorée: lorsque les emprunteurs remboursent la banque, la masse monétaire diminue ! (La monnaie créée lors de l’octroi du crédit retourne au néant dont la banque l’avait tiré.)
Pour conserver une quantité suffisante de moyens de paiement, il est obligatoire que les banques mettent sans cesse de nouveaux crédits en place, pour permettre le remboursement des plus anciens !  L’I-M.Pprévoit de réserver la création monétaire en CHF à la Banque Centrale, ce qui revient à remplacer de la monnaie éphémère, payante, et fragile par de la monnaie permanente, gratuite, et solide.  

– En cas de succès de l’Initiative Monnaie Pleine, le mode de financement des investissements deviendrait le même pour les banques et pour les institutions non bancaires: toutes devraient récolter l’épargne disponible avant de réaliser des prêts cohérents avec le volume et la durée des placements financiers choisis par les épargnants.
– Les craintes sur la raréfaction du crédit, souvent exprimées à propos de l’I-M.P, sont dénuées de fondement, notamment parce que la BNS, (la banque centrale Suisse), a le mandat explicite de surveiller ce risque, et aussi parce qu’une partie du bénéfice de la création monétaire sera redistribué aux cantons et aux citoyens par la BNS; ces derniers pourront, s’ils le souhaitent, confier leurs disponibilités aux banques, afin qu’elles puissent exercer, entre autres, leur métier de “transformation“. (Il consiste à accorder la “longueur” des ressources récoltées et celle des prêts attribués.)
– En cas de succès, l’I-M.P. aura également pour effet de permettre un réel contrôle de la croissance de la masse monétaire par la Banque Centrale, en cohérence, bien entendu, avec la politique budgétaire et fiscale des responsables politiques.
Ce n’est hélas pas le cas dans la situation actuelle, ainsi que le montre l’histoire des débuts de la zone Euro: alors que la BCE recommandait une progression de 4,5% / an, (adaptée à une croissance en termes réels comprise entre 2 & 2,5%), les banques ont utilisé leur pouvoir de création monétaire à hauteur de +10% /an… dont la majeure partie allait dans les bulles spéculatives !
En 2008, les autorités monétaires ont ainsi été mises devant le fait accompli, et n’ont pu qu’accompagner le mouvement, par crainte de déclencher le fameux risque systémique; (lorsqu’une première banque “pachyderme” en faillite, menace d’entraîner toutes les autres.)  Même si la crise a pu être enrayée, (pour un coût économique et social énorme), cette situation de “non contrôle” de la masse monétaire n’est toujours pas corrigée.

– En cas de succès de l’I-M.P, la banque centrale, (la “BNS”), disposera des moyens de mener une politique adaptée aux besoins de l’économie et aux choix politiques sortis des urnes. Ce progrès en faveur d’un meilleur fonctionnement des institutions démocratiques de la Suisse, implique que les dirigeants de la BNS se mettent à la hauteur de leurs nouvelles responsabilités. (Ou… qu’ils s’en aillent pour laisser la place à des personnes plus compétentes !)
Dans le système actuel, l’émission de monnaie est pro-cyclique, (du fait de son lien consubstantiel avec le crédit bancaire.) Avec l’I-M.P. le contrôle de la masse monétaire permettrait d’assurer la régularité de la croissance des revenus, tandis que l’injection de monnaie, (c. à d. de pouvoir d’achat), via les dépenses publiques serait mieux répartie: elle ne profiterait plus aussi largement à l’immobilier et aux actifs financiers.
Enfin, la création monétaire est un privilège qui confère une rente à celui qui l’exerce. Il est normal que ce soit la collectivité qui en profite et non des intérêts privés.

– Les banques commerciales continueront de fournir tous les services actuels tel que les comptes d’épargne, le circuit des paiements, l’octroi de prêts, la gestion de patrimoine, Etc.

– L’initiative Monnaie Pleine ne retire aucun des droits légaux attribués aux banques commerciales. Elle n’a pas pour vocation de lutter contre la spéculation.

http://www.france-alter.info/Initiative_Monnaie_Pleine.htm

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