Un spectre hante l’Europe, le vieillissement

Laurent Pinsolle – Blogueur associé | Dimanche 16 Octobre 2011 à 12:02 | Lu 2841 fois


Notre blogueur associé Laurent Pinsolle, proche du parti Debout la République emmené par Nicolas Dupont-Aignan, relaie et analyse un récent article paru dans l’hebdo britannique The Economist sur le vieillissement démographique des pays occidentaux et ses conséquences économiques.



C’est un nouveau papier très intéressant de The Economist sur les conséquences économiques du vieillissement démographique des pays occidentaux, notamment sur le prix des actifs, notamment de l’immobilier. Un constat particulièrement intéressant.


La crise financière du Japon

L’explication traditionnelle de la crise du Japon qui dure depuis vingt ans est que le pays subit le contrecoup d’une énorme bulle économique, comme l’analyse Morad El Hattab dans son dernier livre. Il soulignait que l’inflation des actifs (immobiliers et boursiers) représentait pas moins de trois fois le PIB nippon de 1986 à 1989. Mais l’explosion de la bulle (le Nikkei a perdu plus de 75% de sa valeur en vingt ans) a lourdement pesé sur la croissance pour deux raisons.
 
Tout d’abord, tous les acteurs économiques ont cherché à réduire leur endettement pour compenser l’effondrement de la valeur de leurs actifs. Cela a déprimé la consommation puisque les ménages et les entreprises ont augmenté leur taux d’épargne pour améliorer leur bilan. En outre, le gouvernement a tardé à faire le ménage dans le système bancaire, ce qui a ralenti le redémarrage de l’économie, contrairement à la crise des caisses d’épargne aux Etats-Unis.


Démographie et prix des actifs

Mais l’hebdomadaire britannique apporte le regard d’un économiste de la Banque du Japon qui y voit également le rôle de la démographie particulière du Japon. En effet, le Japon présente un des taux de natalité les plus faibles du monde (il née près de deux fois moins d’enfants qu’au sortir de la guerre ou au début des années 1970) et sa population a commencé à baisser en 2005. Des études annoncent que le pays sera moins peuplé que la France à la fin du siècle  !
 
Les conséquences sont simples : les actifs épargnent pour leur vieux jours et cela contribue à augmenter la demande et donc les prix des différents actifs, notamment immobiliers. En revanche, les retraités ont tendance à vendre pour entretenir leur pouvoir d’achat, ce qui fait baisser les prix. Une étude de la BRI affirme qu’une augmentation d’1% du PIB/ha et de la population provoque une hausse du prix de l’immobilier d’1% quand la hausse du ratio de dépendance les baisse de 0.66%.


Les conséquences pour l’avenir

Un spectre hante l'Europe, le vieillissement

Et il faut dire que ces hypothèses se trouvent confirmées par la stabilité des prix de l’immobilier au Japon, en Allemagne et en Italie depuis dix ans, les trois pays développés qui ont la démographie la plus faible. Au contraire, les bulles ont été fortes dans les pays plus dynamiques démographiquement : Etats-Unis, Grande-Bretagne et France. Le cas espagnol reste à part du fait de la forte immigration (qui augmente la population) et de l’investissement dans le domaine du tourisme.
 
Du coup, il est probable que les marchés immobiliers restent peu dynamiques au Japon, en Allemagne et en Italie. Mais cela pourrait être positif pour l’économie en donnant un avantage comparatif en matière de coût de l’immobilier. Dans les autres pays, l’augmentation du ratio de dépendance des retraites devrait freiner l’augmentation du prix des actifs, étant donné qu’un nombre grandissant de retraités devrait utiliser leurs économies pour soutenir leur pouvoir d’achat.
 
Le vieillissement de nos populations a commencé à peser sur les prix des actifs dans les pays où il est le plus fort (Japon, Allemagne, Italie). Avec le temps, la divergence entre les économies européennes va s’accentuer, renforçant le besoin pour des politiques économiques nationales différentes…

Retrouver Laurent Pinsolle sur son blog.

 

Démographie : la chute a commencé


Courbe sans tenir compte d’une pandémie.
par simple application mathématique des taux de fertilité ( TR, Taux de Renouvelllement en dessous de 2 ) qui sont à la baisse.
[Europe-hiver.jpg]

Gravissime crise en Allemagne:

Depuis 1970, le taux de natalité allemand est passé sous la barre des deux enfants par femme, ce qui ne suffit plus à un renouvellement complet d’une population. En 2007, ce taux était de 1,37 et est attendu autour des 1,4 enfant/femme en 2020. On s’attend ainsi à une diminution de la population allemande de 20% d’ici 2060, ce qui pourrait faire passer son nombre de 82 à 65 millions.

Chute démographique couplée à un vieillissement de la population

Cette chute démographique sera accompagnée d’un phénomène de vieillissement de la population, aggravé par l’allongement de la durée de vie moyenne. Sur les mêmes bases de calcul, 34% de la population aura plus de 65 ans (20% de plus qu’en 2009) et 14% aura plus de 80% (5% de plus qu’en 2009).
« Tandis que la part des personnes âgées augmentera, de moins en moins seront en âge de travailler », explique Roderich Egeler dans le rapport publié par l’institut de statistiques. « Cela aura des conséquences pour le système de sécurité sociale » et notamment pour les pensions, ajoute-t-il. 
Gravissime crise en Italie:

Lu sur le blog de Jeanne Smits une très belle – et très rude – homélie du cardinal Bagnasco, président de la conférence épiscopale italienne, sur le mariage et sur l’hiver démographique qui menace l’Italie (et pas seulement elle):

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