La réunion de Simpsonwood
Santé publique et enjeux commerciaux
ou
Vaccins et enjeux commerciaux |
article paru dans le n° de juillet 2006 de Réalités & Vaccinations
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Washington influence le CDCIl est de notoriété publique que Wahington protège les
compagnies pharmaceutiques et influence le CDC, mais nous sommes peu
avertis des détails de ces affaires. Ainsi le leader de la majorité au
Sénat, Bill Frist, a reçu 873 000 dollars de l’industrie pharmaceutique
afin de protéger les fabricants de vaccins des 4 200 procès intentés par
des parents d’enfants handicapés.A cinq différentes occasions, Frist a essayé de cacher tous les
documents relatifs aux vaccins – y compris les transcriptions de
Simpsonwood – et de protéger des assignations le laboratoire Eli Lilly,
l’inventeur du thimerosal, dérivé du mercure. En 2002, Frist fit voter
ce qu’on appelle le « Eli Lilly Protection Act ». En
retour, la compagnie contribua à sa campagne électorale pour 10 000
dollars et acheta 5 000 copies de son livre sur le bioterrorisme.Le congrès abrogea le décret en 2003, mais en 2005 Frist présenta un nouveau projet de loi « anti-terroriste » qui déniait toute compensation aux enfants soufffrant de désordres relatifs aux vaccins. « Les
plaintes sont tellement nombreuses qu’elles pourraient mettre au
chômage de nombreux producteurs de vaccins et limiter notre capacité
d’enrayer une attaque biologique d’origine terroriste », a expliqué Dean Rosen, conseiller de Frist pour la politique de santé [cf. Robert F. Kennedy Jr. Deadly Immunity].C’est alors que le Los Angeles Weekly a annoncé : « Les
encouragements de Frist pour les lobbyistes de la vorace industrie
pharmaceutique n’ont pas de limites. Frist n’est pas le sénateur du
Tennessee, il est le sénateur d’un vassal de l’industrie pharmaceutique.
Il possède plus de 2 millions de dollars dans le secteur de la Santé,
ce qui lui confère le privilège douteux de recevoir plus d’argent des
services de santé que 98% de ses collègues ».Nombre de conservateurs ont été choqués par les efforts du gouvernement
pour couvrir les dangers du thimerosal et quelques membres du Congrès
ont soutenu que les conglomérats que sont Merck, GlaxoSmithKline, Wyeth
et Eli Lilly devraient fermer leurs portes s’ils étaient un jour obligés
d’assumer leur responsabilité pour les accidents causés par leurs
produits.
Le républicain David Obey, sénateur du Wisconsin, estime que « la
loi a été adoptée de manière arrogante et unilatérale par un abus de
pouvoir exercé par deux des membres les plus importants du Congrès ».
Le sénateur Ted Kennedy, du Massachusetts, a comparé cette loi à un « chèque en blanc pour l’industrie pharmaceutique », et le sénateur Robert Byrd, doyen du Sénat, a qualifié l’adoption de cette loi de « mascarade ». En
février 2006, Edward Kennedy et dix-neuf autres sénateurs démocrates
ont écrit à Bil Frist pour lui demander de retirer cette loi protégeant
les fabricants de vaccins.
« Le refus des compagnies pharmaceutiques d’assumer la
responsabilité de leur production et la complicité des plus hauts
responsables gouvernementaux vont diminuer la confiance du public de
notre pays dans les programmes de vaccinations. Déjà, nombre de mères, y
compris nos propres filles, craignent de vacciner leurs enfants » ont précisé Lewis Seiler, président de Voice of the Environment, et son directeur exécutif, l’ancien député Dan Hamburg.L’affaire s’est passée aux États-Unis, mais les laboratoires sont
présents partout dans le monde et gèrent notre santé pour leur plus
grand profit et au détriment des citoyens. Peut-on encore avoir une
confiance aveugle dans les marchands de vaccins ?! La politique médicale
d’obligation vaccinale est-elle scientifiquement et humainement
légitime ?
Chapitre VI
LE POINT SUR LES VACCINS POUR LE CONTRÔLE DE LA FERTILITÉ
Dominique Bellet
Introduction
Bien qu’il existe déjà de nombreuses
méthodes contraceptives, celles-ci ne répondent
pas à l’attente de tous les individus qui ont une culture,
une religion ou un mode de vie éminemment variable. De
plus, la plupart des méthodes actuelles procèdent
par action pharmacologique sur une cellule ou un organe impliqué
dans la reproduction. L’altération ou l’inhibition d’une
fonction physiologique provoquée par ces méthodes
aboutit non seulement à un contrôle de la fertilité
mais induit aussi des effets adverses variés et de moins
en moins bien acceptés, en particulier par les femmes les
utilisant pendant plusieurs années. Depuis plus de 150
ans et de façon quasi inespérée, les vaccins
ont démontré leur grande efficacité à
contrôler les maladies infectieuses. Un tel succès
a stimulé les chercheurs à développer de
nouveaux vaccins pour le contrôle de la fertilité
(VCFs) en espérant que ceux-ci seraient efficaces et dénués
d’effets adverses pour venir compléter les méthodes
actuelles.
En théorie, les avantages que devrait avoir
un VCF sur les autres méthodes sont les suivants : (a)
pas d’activité pharmacologique et d’effets adverses associés
; (b) une action prolongée après une à deux
injections ; (c) une réversibilité potentielle ;
(d) un coût de production peu élevé et un
mode de délivrance à travers des structures médicales
existantes. La réalisation de ces objectifs repose d’abord
sur l’identification de molécules impliquées dans
le système de reproduction et dont la neutralisation par
voie immunologique provoque un contrôle de la fertilité
efficace, dénué d’effets adverses et compatible
avec les convictions personnelles de chacun. Le développement
de VCFs implique également le développement de modèles
animaux relevants pour effectuer les études précliniques
d’innocuité et d’efficacité.
Les cibles potentielles des vaccins pour le contrôle
de la fertilité.
La reproduction humaine résulte de mécanismes
très complexes impliquant de nombreuses molécules.
Certaines de ces molécules appartiennent à l’axe
hypothalamo-hypophyso-gonadique et sont la cible d’agents pharmacologiques
conduisant à un contrôle de la fertilité avec
l’induction d’effets adverses parfois mal acceptés. Si
on veut éviter de tels effets, il est alors nécessaire
d’identifier des cibles spécifiques dont l’inhibition immunologique
aura un effet unique sur le contrôle de la fertilité.
Idéalement, de telles cibles doivent avoir les caractéristiques
suivantes : elles doivent correspondre à des molécules
nécessaires à la reproduction ; ces molécules
ne doivent pas être présentes sur des cellules qui
ne sont pas directement impliquées dans la reproduction
; ces cibles doivent être accessibles aux molécules
ou aux cellules effectrices du système immunitaire ; ces
molécules doivent être localisées dans un
site ou une réaction immunologique spécifique et
contrôlée n’aura pas d’effets adverses ; ces molécules
ne devront être présentes que de façon transitoire
ou en faible concentration. Plusieurs molécules correspondent
à ces critères et notamment des protéines
de membranes du sperme, des protéines de la zone pellucide
qui entoure l’ovocyte, des protéines de membrane du trophoblaste.
Ce tissus est un composant du blastocyste au moment de l’implantation
de l’oeuf et du placenta dès le début de la grossesse.
Le trophoblaste sécrète notamment une hormone, l’hormone
chorionique gonadotrope ou hCG qui peut servir de cibles à
un VCF. Des expériences effectuées chez l’animal
ont démontré que ces différentes molécules,
éventuellement modifiées, sont capables d’induire
une réponse immune qui neutralise leur activité
biologique ou détruit leur structure, induisant alors une
réduction ou une inhibition de la fertilité. Les
résultats les plus significatifs obtenus expérimentalement
chez l’animal et dans quelques cas chez l’homme sont présentés
dans le paragraphe suivant.
Les recherches actuelles sur les vaccins pour
le contrôle de la fertilité.
Malgré l’intérêt évident
de VCFs, le nombre d’institutions ou d’équipes travaillant
sur de tels vaccins est encore limité. Avec l’identification
de nouvelles cibles potentielles, ce nombre commence cependant
à augmenter et, observation significative, de puissantes
compagnies pharmaceutiques et de nouvelles sociétés
de biotechnologies travaillent sur le développement de
VCFs. Actuellement, les recherches les plus avancées sont
effectués sur les vaccins dirigés contre l’hCG.
Le développement de vaccins anti-hCG
L’hormone chorionique gonadotrope ou hCG est une
hormone dimérique composée de l’association non
covalente d’une sous-unité alpha (hCGa)
de 92 acides aminés et d’une sous-unité beta (hCGb)
de 145 acides aminés. Cette hormone complexe constitue
une cible privilégiée de VCFs pour plusieurs raisons.
En premier lieu, l’hCG est l’une des premières molécules
produites après la fécondation: en fait, les ARN
messagers correspondant aux sous-unités de l’hCG sont détectables
dans les quelques heures qui suivent l’implantation, dès
le stade 4-8 cellules (1). Cette observation indique qu’un vaccin
anti-hCG agit potentiellement avant l’implantation de l’oeuf fécondé
et donc avant la grossesse qui nécessite une telle implantation.
Par ailleurs, des données récentes suggèrent
que des anticorps anti-hCG sont naturellement produits par certains
sujets (2). Enfin, il a été clairement montré
qu’une interruption du processus de reproduction intervient très
précocement dans 22% des cas de fécondation avant
même l’évidence clinique d’une grossesse (3).
Toutes ces observations suggèrent qu’un vaccin
anti-hCG agissant très précocement mime l’un des
processus naturels employés pour le contrôle de la
fertilité dans l’espèce humaine. A côté
de cet avantage qui n’est pas sans implication sur le plan éthique,
culturel ou religieux, un vaccin anti-hCG présente aussi
l’intérêt majeur de neutraliser une hormone présente
uniquement au cours de la grossesse chez les femmes en âge
de procréer. Le développement de vaccins anti-hCG
présente cependant plusieurs difficultés qui doivent
être résolues. Le premier de ces problèmes
concerne l’efficacité. Comme tout autre vaccin pour le
contrôle de la fertilité, il est souhaitable qu’un
vaccin anti-hCG ait une efficacité chez au moins 95% des
sujets, un pourcentage rarement atteint par les vaccins dirigés
contre les bactéries ou les virus. Le second problème
concerne la spécificité d’un vaccin anti-hCG.
En effet, cette hormone a une structure peptidique
très proche de celle présentée par l’hormone
luteinisante (LH), l’hormone folliculostimulante (FSH) et l’hormone
thyréostimulante (TSH). Ces quatre hormones ont la même
sous-unité alpha et leurs sous-unités alpha présentent
d’étroites homologies. Par exemple, la sous-unité
LHb a une
homologie de 82% avec la sous-unité hCGb.
Par contre, l’hCGb
a une portion carboxyl-terminale ou CTP de 24 acides aminés
qui est absente sur la LHb (4).
Compte-tenu de ces fortes homologies, il est apparu nécessaire
de définir des immunogènes induisant la formation
d’anticorps anti-hCG ne reconnaissant pas la LH.
A partir de 1974, un premier vaccin anti-hCG a été
développé par le groupe de G.P. Talwar qui travaille
à l’Institut National d’Immunologie de New Delhi. Ce vaccin
“prototype” était constitué de la sous-unité
hCGb couplée
à l’anatoxine tétanique (AT). A la suite d’études
encourageantes effectuées chez l’animal et notamment chez
le babouin, les premiers essais cliniques chez la femme ont été
effectués en 1976 dans cinq pays (Inde, Finlande, Suède,
Chili et Brésil). Cependant, les taux d’anticorps observés
chez un quart des sujets étaient trop faibles pour assurer
une protection efficace (5). Cette faible efficacité pouvait
être notamment due à l’emploi de l’AT comme protéine
porteuse.
En effet, la réponse contre un antigène
couplé à une protéine contre laquelle le
sujet à déjà été immunisé
induit un phénomène dénommé par les
immunologistes “suppression épitopique” et conduit
à une faible réponse contre l’antigène. La
plupart des sujets étant immunisés contre l’AT,
il apparaissait nécessaire de modifier la composition vaccinale
de cette première formulation. A partir de 1986, l’équipe
de G.P. Talwar a expérimenté de nouveaux vaccins
basés sur la combinaison de chaines a
ou b d’origine
ovine et d’hCGb
avec l’anatoxine tétanique et la chaine b
de la toxine cholérique comme protéines porteuses
(6).
Des essais d’efficacité ont été
effectués en Inde dans trois centres à partir de
1990. En 1992, G.P. Talwar rapporte qu’une seule grossesse a été
observée sur 750 cycles. Par ailleurs, le vaccin est réversible
lorsque le taux d’anticorps chute en dessous de 10 ng/ml
alors qu’un taux supérieur à 50 ng/ml semble
protecteur. L’approche de G.P. Talwar a cependant été
critiquée sur la base d’une faible spécificité
des immunogènes utilisés: comme cela a été
préalablement décrit, la sous-unité hCGb
présente de fortes homologies avec la LHb,
la FSHb
ou la TSHb.
De plus, la sous-unité a
d’origine ovine a également une structure proche de l’hCGa.
Il apparaissait donc nécessaire d’utiliser un immunogène
plus spécifique (7).
Pour atteindre cet objectif, le groupe de V. Stevens
de l’Université de l’Ohio aux Etats-Unis a développé
un vaccin basé sur un peptide synthétique de 37
acides aminés et de structure analogue à l’extrémité
carboxyl-terminale de la sous-unité hCGb.
Les résultats préliminaires d’un essais phase I
effectué en Australie par l’équipe de W.R. Jones
ont été publiés en 1988 et suggèrent
que ce peptide couplé avec l’anatoxine diphtérique
comme protéine porteuse avec un dérivé du
muramyl dipeptide comme adjuvant était capable d’induire
sans effet adverse notable un taux protecteur d’anticorps pendant
environ 9 à 10 mois (8).
Ces essais préliminaires devaient être
poursuivis mais aucun résultat n’a encore été
publié. Si ce vaccin présente l’avantage d’une grande
spécificité, il pose cependant le problème
théorique d’une faible immunogénicité. En
effet, les peptides synthétiques mimant des sites antigéniques
dits continus (formés d’acides aminés situés
en continuité sur la chaine peptidique) sont souvent de
faibles immunogènes alors que les peptides mimant des sites
antigéniques discontinus ou conformationnels (formés
d’acides aminés placés en proximité étroite
lorsque la chaine peptidique adopte sa conformation spatiale)
sont, en théorie, de meilleurs immunogènes.
La détermination de sites antigéniques
conformationnels et spécifiques de l’hCG est cependant
délicate. Il a fallu attendre 1990 pour qu’un tel travail
soit réalisé et conduise au développement
d’un nouveau vaccin synthétique (9). Celui-ci est constitué
d’une partie de la sous-unité hCGa
liée à une région particulière de
la sous-unité hCGb.
Les essais effectués chez le lapin et la rate ont démontré
la spécificité de ce vaccin alors qu’un essais effectué
chez le chimpanzé en démontrait l’innocuité.
Ce dernier vaccin est actuellement en développement pré-clinique.
Les vaccins dirigés contre les protéines
du sperme
Le développement de vaccins anti-gamètes
a fait l’objet de nombreuses études coordonnées
notamment par l’Organisation Mondiale de la Santé. L’intérêt
potentiel de tels vaccins réside dans leur mode d’action
puisqu’ils agiraient avant la fécondation. Parmi les vaccins
anti-gamètes, les vaccins anti-spermatozoïde ont été
les premiers étudiés. Des études cliniques
ont démontrés que 5% des hommes ou des femmes stériles
développent une réponse immune contre de antigènes
du sperme. La présence d’anticorps anti-sperme dans le
sérum ou dans les sécrétions du tractus génital
est associé avec une réduction significative du
taux de grossesse. De plus, une relation de cause à effet
entre la présence d’anticorps anti-sperme et la stérilité
est suggérée par les études sur la réversibilité
de la vasectomie ; chez environ 70% des sujets stérilisés
par ce procédé, des anticorps anti-sperme peuvent
être détectés et compromettent la réversibilité
potentielle de la vasectomie.
Plusieurs antigènes exprimés par les
cellules germinales mâles ont été identifiés
et pourraient servir de cibles à des vaccins anti-sperme.
L’un des antigènes le mieux caractérisé est
la lactate deshydrogénase C4 (LDH-C4), un isoenzyme de
la LDH trouvé uniquement dans les gamètes males.
Des études préliminaires effectuées chez
la lapine et chez les souris ou les babouins femelles ont montré
que des immunisations contre la LDH-C4 réduisait la fertilité
de ces animaux. De plus, l’effet contraceptif chez le babouin
était lié aux taux d’anticorps anti LDH-C4 et un
arrêt des immunisations conduisait à une baisse du
taux d’anticorps et à une fertilité normale (10).
Ces études ont conduit au développement de peptides
synthétiques mimant des sites antigéniques continus
et plus récemment un site conformationnel de la LDH-C4
(11,12). Ce dernier peptide pourrait être utilisé
comme vaccin anti-sperme. Une autre approche consisterait à
vacciner avec le virus de la vaccine recombinant qui aurait intégré
l’ADNc codant pour la LDH-C4. Il a été montré
qu’un tel vaccin recombinant induisait la production d’anticorps
anti-sperme chez le lapin (10).
Par ailleurs, des anticorps monoclonaux ont été
produits contre les protéines du sperme dans le but d’identifier
d’autres antigènes cibles de vaccin anti-sperme. En 1984,
le groupe de R.K. Naz décrivait un anticorps dirigé
contre une glycoprotéine localisée sur le post acrosome
et sur la partie médiane et terminale du spermatozoïde
humain (13). Cet anticorps inhibe la liaison des spermatozoïdes
humains à l’ovule de hamster et leur pénétration.
L’antigène reconnu par cet anticorps a été
caractérisé et dénommé FA-1 (Fertilization
Antigen 1). Des études effectuées in vivo
chez la rate ont démontré qu’une seule injection
de l’anticorps anti-FA-1 réduisait la fertilité
des rates (14). De plus, la présence d’anticorps anti-FA-1
chez des sujets stériles et l’implication directe de ces
anticorps dans la stérilité de ces patients ont
été rapportés (15). Récemment, il
a été démontré que les anticorps anti-FA-1
agissent en inhibant la capacitation et la réaction acrosomiale
(16).
D’autres antigènes cibles ont également
été identifiés. Le groupe de P. Primakoff
travaille notamment sur un modèle animal, le cobaye, et
a identifié une protéine de surface cellulaire du
spermatozoïde dénommée PH-20. Cette protéine
est essentielle dans l’adhésion du spermatozoïde à
la zone pellucide qui est l’enveloppe la plus proche de l’ovocyte.
En 1988, ce groupe rapportait que l’immunisation de cobayes mâles
ou femelles avec la protéine PH-20 induisait une stérilité
dans 100% des cas. L’effet contraceptif était de longue
durée mais réversible (17).
En 1992, le même groupe a identifié
une autre protéine de surface du spermatozoïde identifiée
PH-30 et impliquée dans la fusion du gamète mâle
avec l’ovocyte (18). Cette protéine formée de deux
sous-unités apparait particulièrement intéressante
puisque, formée à partir de précurseurs,
la forme mature de cette protéine est exprimée à
la surface de la tête du spermatozoïde lorsque celui-ci
acquiert la capacité de féconder l’ovocyte. De plus,
la sous-unité a
de cette protéine présente de fortes homologies
avec des protéines de fusions virales impliquées
dans la liaison avec la cellule cible alors que la sous-unité
b contient
un domaine “disintégrine” qui se lie à
des récepteurs de type intégrine. La liaison de
ce domaine à de tels récepteurs localisés
à la surface de l’ovocyte précéderait la
fusion spermatozoïde-oeuf grâce au domaine localisé
sur la sous-unité a.
Ces données démontrent l’intérêt de
protéines humaines analogues à la PH-30 comme antigène
cible d’un vaccin anti-sperme. Par ailleurs, le groupe de J. Herr
de l’Université de Virginie travaille sur une protéine
du sperme dénommée SP-10 et qui semble un candidat
potentiel comme cible de vaccin anti-sperme. Enfin, il est à
noter que des travaux effectués dans des domaines très
éloignés des gamètes amènent à
l’identification de nouvelles cibles. Travaillant à la
caractérisation de récepteurs “orphelins”,
le groupe de G. Vassart a identifié chez le chien un gène
codant pour un récepteur olfactif putatif et préférentiellement
exprimé par la muqueuse olfactive et le spermatide ou le
spermatocyte (19). Ce groupe suggère que la protéine
codée par ce gène pourrait, si elle existe, conduire
au développement d’un nouveau type de contraception.
Les vaccins dirigés contre les protéines
de l’oeuf
Des progrès importants ont été
faits dans la caractérisation des protéines de la
zone pellucide qui représente un excellent site pour une
inhibition immunologique de la fertilité. En effet, cette
zone acellulaire, est constituée essentiellement par des
sécrétions de l’ovocyte au cours de sa croissance,
possède des fonctions de liaison au spermatozoïde
et de protection durant la fécondation et le développement
embryonnaire précoce. Il a été démontré
que des anticorps anti-zone pellucide inhibent in vitro
la fécondation des ovocytes et empêchent la liaison
et la pénétration du spermatozoïde. De plus,
le transfert passif de tels anticorps s’accompagne d’une stérilité
chez la souris. Chez cet animal, la zone pellucide est composée
de trois glycoprotéines majeures identifiés ZP1,
ZP2 et ZP3.
Des protéines similaires ont été
également caractérisées chez le porc. La
fonction d’une de ces protéines, ZP3, est connue puisque
cette molécule de 120 000 daltons sert de récepteur
au spermatozoïde. Au contact avec ZP3, le spermatozoïde
est alors capacité. Le gène codant pour ZP3 a été
cloné et un peptide synthétique correspondant à
un épitope immunodominant de ZP3 a été utilisé
pour développer un immunogène (20). Chez la souris,
les anticorps anti-peptide se liaient à la zone pellucide
et induisaient une stérilité de longue durée.
Cependant, il est notable que le peptide utilisé induisait
une pathologie autoimmune ovarienne (21). Malgré cette
limitation, la protéine ZP3 continue à être
considérée comme une cible attractive.
En France, le groupe de J. Testard développe
une autre approche basée sur les protéines du cumulus
oophorus. Celui-ci est constitué par le massif de cellules
de la granulosa qui entoure l’ovocyte et accompagne la gamète
hors du follicule. L’expansion du cumulus s’accompagne de la rupture
de ses jonctions cellulaires avec l’ovocyte et de la sécrétion
d’un abondant matériel riche en acide hyaluronique qui
va constituer la matrice intercellulaire. Les glycoprotéines
du cumulus contribuent à la perméabilité
de la zone pellucide de l’ovocyte et sont susceptibles de participer
à la réaction acrosomique du spermatozoïde
fécondant. Ces glycoprotéines constituent donc des
immunogènes potentiellement actifs pour le contrôle
de la fertilité et des essais d’immunocontraception in
vivo chez la souris ont confirmé l’effet d’anticorps
anti-cumulus: ceux-ci conduisent à une stérilité
qui semble réversible. Les antigènes cibles de ces
anticorps restent cependant à identifier (22).
Conclusion
Les vaccins pour le contrôle de la fertilité
étant susceptibles d’être utilisés par des
millions d’individus, il est nécessaire de s’assurer de
l’efficacité et de l’innocuité de tels vaccins.
Ceci impose notamment la parfaite caractérisation de l’immunogène
utilisé. Actuellement, les vaccins anti-hCG sont les seuls
vaccins ayant fait l’object d’un développement clinique.
Aujourd’hui, le futur des vaccins pour le contrôle de la
fertilité dépend des progrès scientifiques
qui ne manqueront pas d’être faits. Finalement, la réelle
volonté des organismes chargés du contrôle
de la fertilité à l’échelon planétaire
et celle des compagnies pharmaceutiques risquent d’être
les facteurs déterminants dans le développement
de ces vaccins (23). Ces volontés dépendent parfois
de l’opinion de groupes de pressions qui considèrent ces
vaccins soit comme un miracle soit comme une menace. Dans le domaine
de la contraception comme dans d’autres, il est regrettable de
constater que des groupes souvent minoritaires ont un rôle
délétère sur le développement de nouveaux
moyens dont pourrait bénéficier une majorité.
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Dominique Bellet Laboratoire d’Immunologie
URA CNRS 1484, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et
Biologiques de Paris et Service d’Immunologie Moléculaire,
Institut Gustave Roussy, Villejuif
IXèmes JTA Fort de France Janvier 1994
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