http://www.agefi.com/quotidien-agefi/forum-blogs/detail/edition/2016-01-04/article/monnaie-pleine-reaction-a-la-contribution-de-daniel-kalt-chief-investment-office-dubs-publiee-dans-lagefi-du15-decembre-2015-415636.html

Print Friendly and PDF

Le nécessaire effort pédagogique

LUNDI, 04.01.2016

Monnaie pleine. Réaction à la contribution de Daniel Kalt (Chief Investment Office d’UBS) publiée dans L’Agefi du15 décembre 2015.

Christian Gomez*

Christian Gomez
Il faut être respectueux de ceux qui posent des questions ou avancent des critiques car il est toujours intéressant de voir où se trouvent les difficultés de compréhension du projet défendu et les carences de sa propre communication pour le promouvoir. De ce point de vue, l’article de Daniel Kalt, chef économiste d’UBS pour la Suisse (Investment Office) est un bon exemple de l’effort de pédagogie qu’il nous faut faire, car la liste des incompréhensions, des malentendus et des erreurs d’interprétation, sans parler des divergences théoriques de fond, est longue, comme le montre notre présentation ci-dessous.

Une incompréhension des mécanismes de création monétaire par le crédit bancaire

Il est incorrect de dire que les dépôts sont «mobilisés» pour prêter à un terme plus long. En fait, ils sont créés par le crédit initié par la banque dont l’opération va consister dans l’échange d’une promesse de payer à terme de l’emprunteur contre son propre engagement de payer à vue les dépenses de ce dernier, créant ainsi un dépôt à vue qui va circuler, donc un moyen de paiement. Il s’agit d’un privilège extraordinaire au sens propre, car en générant cette opération, elle perçoit un intérêt sur des sommes qu’elle crée «ex nihilo». D’où la comparaison souvent faite par les plus grands économistes (par exemple, Allais, prix Nobel 1988) avec les opérations des «faux-monnayeurs».

Une incompréhension de la différence entre monnaie et épargne

Il est incorrect de dire que l’action des banques est «seulement» de mobiliser une épargne dont «elles transformeraient les échéances», ce qui, soit dit en passant, crée dans le système monétaire une instabilité majeure qui disparait dans la réforme Monnaie Pleine (MP). Dans l’opération bancaire de création d’un dépôt à vue par l’octroi d’un crédit, il s’agit bien d’un pouvoir d’achat nouveau (le dépôt à vue créé) qui est injecté dans l’économie, avec toutes ses conséquences induites sur les marchés des produits et services ou les marchés financiers. Une épargne, elle, est issue d’un revenu, donc d’une production préalable. Quand elle finance un crédit, elle transfère un pouvoir d’achat existant, elle ne le crée pas.

Une incompréhension des conséquences de cette différence

Il est incorrect de ne pas dissocier les deux cas. Dans le cas d’un financement par l’épargne courante, l’économie évoluera sur un sentier de croissance stable et équilibrée. Tandis que dans le cas d’un financement monétaire par le crédit bancaire, l’alimentation de l’économie en moyens de paiement dépendra des humeurs optimistes ou pessimistes des emprunteurs (envie de s’endetter) et des banques (désir de prêter) avec deux conséquences: 1) une instabilité chronique de l’économie, avec des bulles de toutes sortes dans les phases d’optimisme, ou un marasme chronique (situation de la plupart des pays occidentaux depuis 2008) «quand le cœur n’y est plus» , 2) en cas d’excès de crédit ou de faillites en chaîne, des défaillances possibles d’institutions clefs susceptibles d’entraîner un effondrement complet du système de paiement. Donc de l’économie du pays (en tant que collaborateur d’UBS, cela devrait rappeler quelques souvenirs angoissants à M. Kalt…)

Une incompréhension complète du mode de passage du système actuel au système MP

Il est incorrect de présenter la mise en œuvre de la réforme comme une opération périlleuse présentant des risques cataclysmiques. Elle ne présenterait au contraire aucune difficulté particulièrement en Suisse, en dehors d’une surcharge de travail supplémentaire pour les comptables et les informaticiens. Le jour du Big Bang, dénomination adoptée par M. Kalt: 1) les déposants ne verraient quasiment aucun changement dans la gestion de leurs dépôts à vue qui seront, sur le plan comptable, sortis du bilan des banques et traités pratiquement comme le sont les titres aujourd’hui, 2) Les emprunteurs ne subiraient aucun changement par rapport à la situation actuelle et n’auraient absolument rien à faire, 3) pour les banques, «la tâche colossale… de remplacer les nombreuses relations d’affaires nationales et internationales» serait réduite à rien, puisqu’elle n’existe que dans son esprit. Le financement de la perte des dépôts à vue au passif de leurs bilans risquerait d’être pour la Suisse singulièrement allégé car les gigantesques réserves excédentaires à l’actif (400 milliards de francs fin octobre) n’auraient pas dû échapper à son attention… En tout état de cause, pour répondre complètement à son interrogation, lorsqu’un prêt de la banque centrale apparaît nécessaire (cas de nombreux pays) pour compléter le financement des banques dans la phase de transition, ce dernier ne pose aucun problème lié à d’éventuels défauts de paiement des clients des banques. En effet, les pertes encourues seraient à la charge des banques initiatrices de ces prêts (actionnaires, prêteurs juniors,…), dont M. Kalt loue par ailleurs, pour la Suisse, la solidité financière nouvelle.

Une incompréhension des conséquences de la réforme sur l’offre de fonds prêtables

Il est incorrect de dire que la réforme pourrait entraîner des problèmes de financement dans différents secteurs de l’économie, dont les PME/TPE ou l’investissement résidentiel. Il y a à cela au moins trois raisons: 1) d’abord parce que l’épargne suisse est surabondante, d’où son excédent chronique de balance des paiements courants et la pression constante à la hausse du franc que cette situation implique, 2) parce que la monnaie non créée par les banques serait créée et dépensée ailleurs et que cela engendrerait plus de ressources à placer (moins d’impôts par exemple si tel est le choix des suisses). En tout état de cause, une hausse du revenu par effet multiplicateur d’où un surplus d’épargne pour accompagner la progression de l’économie et du crédit. 3) Enfin, en cas de fluctuations jugées inopportunes de la demande globale ou des taux d’intérêt, la Banque nationale aurait toutes les possibilités pour agir de manière beaucoup plus efficace qu’aujourd’hui et ajuster la trajectoire de l’économie suisse.

Une incompréhension des conséquences de la réforme sur les conditions du crédit

Il est incorrect de dire qu’il y aurait une «montée en flèche» de taux d’intérêt sur les crédits. D’abord, parce qu’il n’y a aucune rareté d’épargne à craindre, comme indiqué précédemment. Ensuite parce qu’un environnement stable et prévisible est fondamentalement favorable pour les placements à long terme. Ensuite, parce que les banques fixent les taux du crédit non en fonction du coût de leurs ressources, mais des conditions du marché (en Libor + marges) afin de pouvoir les titriser sans pertes le cas échéant. Ce qui leur permet d’empocher «plein pot» la rente monétaire entre les taux des crédits et le coût nul des dépôts qu’elles créent. C’est au contraire dans le cadre du système actuel que les conditions du crédit bancaire risquent d’augmenter drastiquement. Pour pallier l’instabilité chronique du système auquel adhère M. Kalt, il faut augmenter le capital et les ressources subordonnées tout en autorisant les possibilités de «bail in» sur les dépôts (réduction des dépôts des déposants pour payer les créanciers de la banque). Un point oublié par l’auteur de l’article, qu’il serait intéressant de discuter….
Le tableau des critiques de M. Kalt ne serait pas complet sans une référence au renforcement du franc en cas de réussite de la réforme (!), afin de finir d’effrayer les lecteurs peu avertis. Nous y répondrons dans un autre cadre, car celui-ci est déjà très fourni. Il nous semble que, dans l’ensemble, l’article de l’économiste de l’UBS vise essentiellement à donner une image négative, voire noire, de la réforme, sans trop se soucier de la rigueur des arguments, pour en détourner aussi vite que possible les citoyens suisses et protéger ainsi les intérêts qui pourraient se trouver fragilisés par une discussion trop approfondie des tenants et aboutissants de l’activité bancaire dans le cadre actuel. Ce n’est pas ainsi qu’un débat fructueux peut s’engager autour d’une réforme qui pourrait s’avérer capitale pour le bien commun des Suisses, et qui fut non le fruit de quelques cerveaux «illuminés», mais l’aboutissement des réflexions des plus grands économistes de tous les temps, de grands libéraux comme des keynésiens.
* Comité Modernisation Monétaire

Lire aussi:

L’article de Daniel Kalt (UBS) paru le 15 décembre 2015:


« “Il faut être respectueux de ceux qui posent des questions ou avancent des critiques car il est toujours intéressant de voir où se trouvent les difficultés de compréhension du projet défendu et les carences de sa propre communication pour le promouvoir. 


De ce point de vue, l’article de Daniel Kalt, chef économiste d’UBS pour la Suisse (Investment Office) est un bon exemple de l’effort de pédagogie qu’il nous faut faire, car la liste des incompréhensions, des malentendus et des erreurs d’interprétation, sans parler des divergences théoriques de fond, est longue, comme le montre notre présentation ci-dessous. 

Une incompréhension des mécanismes de création monétaire par le crédit bancaire. Il est incorrect de dire que les dépôts sont «mobilisés» pour prêter à un terme plus long. En fait, ils sont créés par le crédit initié par la banque dont l’opération va consister dans l’échange d’une promesse de payer à terme de l’emprunteur contre son propre engagement de payer à vue les dépenses de ce dernier, créant ainsi un dépôt à vue qui va circuler, donc un moyen de paiement. Il s’agit d’un privilège extraordinaire au sens propre, car en générant cette opération, elle perçoit un intérêt sur des sommes qu’elle crée «ex nihilo». D’où la comparaison souvent faite par les plus grands économistes (par exemple, Allais, prix Nobel 1988) avec les opérations des «faux-monnayeurs». Une incompréhension de la différence entre monnaie et épargne Il est incorrect de dire que l’action des banques est «seulement» de mobiliser une épargne dont «elles transformeraient les échéances», ce qui, soit dit en passant, crée dans le système monétaire une instabilité majeure qui disparaît dans la réforme Monnaie Pleine (MP). Dans l’opération bancaire de création d’un dépôt à vue par l’octroi d’un crédit, il s’agit bien d’un pouvoir d’achat nouveau (le dépôt à vue créé) qui est injecté dans l’économie, avec toutes ses conséquences induites sur les marchés des produits et services ou les marchés financiers. Une épargne, elle, est issue d’un revenu, donc d’une production préalable. Quand elle finance un crédit, elle transfère un pouvoir d’achat existant, elle ne le crée pas. Une incompréhension des conséquences de cette différence Il est incorrect de ne pas dissocier les deux cas. Dans le cas d’un financement par l’épargne courante, l’économie évoluera sur un sentier de croissance stable et équilibrée. Tandis que dans le cas d’un financement monétaire par le crédit bancaire, l’alimentation de l’économie en moyens de paiement dépendra des humeurs optimistes ou pessimistes des emprunteurs (envie de s’endetter) et des banques (désir de prêter) avec deux conséquences: 1) une instabilité chronique de l’économie, avec des bulles de toutes sortes dans les phases d’optimisme, ou un marasme chronique (situation de la plupart des pays occidentaux depuis 2008) «quand le cœur n’y est plus» , 2) en cas d’excès de crédit ou de faillites en chaîne, des défaillances possibles d’institutions clefs susceptibles d’entraîner un effondrement complet du système de paiement. Donc de l’économie du pays (en tant que collaborateur d’UBS, cela devrait rappeler quelques souvenirs angoissants à M. Kalt…) Une incompréhension complète du mode de passage du système actuel au système Monnaie Pleine. Il est incorrect de présenter la mise en œuvre de la réforme comme une opération périlleuse présentant des risques cataclysmiques. Elle ne présenterait au contraire aucune difficulté particulièrement en Suisse, en dehors d’une surcharge de travail supplémentaire pour les comptables et les informaticiens. Le jour du Big Bang, dénomination adoptée par M. Kalt: 
1) les déposants ne verraient quasiment aucun changement dans la gestion de leurs dépôts à vue qui seront, sur le plan comptable, sortis du bilan des banques et traités pratiquement comme le sont les titres aujourd’hui, 
2) Les emprunteurs ne subiraient aucun changement par rapport à la situation actuelle et n’auraient absolument rien à faire, 
3) pour les banques, «la tâche colossale… de remplacer les nombreuses relations d’affaires nationales et internationales» serait réduite à rien, puisqu’elle n’existe que dans son esprit. Le financement de la perte des dépôts à vue au passif de leurs bilans risquerait d’être pour la Suisse singulièrement allégé car les gigantesques réserves excédentaires à l’actif (400 milliards de francs fin octobre) n’auraient pas dû échapper à son attention… 

En tout état de cause, pour répondre complètement à son interrogation, lorsqu’un prêt de la banque centrale apparaît nécessaire (cas de nombreux pays) pour compléter le financement des banques dans la phase de transition, ce dernier ne pose aucun problème lié à d’éventuels défauts de paiement des clients des banques. En effet, les pertes encourues seraient à la charge des banques initiatrices de ces prêts (actionnaires, prêteurs juniors,…), dont M. Kalt loue par ailleurs, pour la Suisse, la solidité financière nouvelle. 

Une incompréhension des conséquences de la réforme sur l’offre de fonds prêtables. Il est incorrect de dire que la réforme pourrait entraîner des problèmes de financement dans différents secteurs de l’économie, dont les PME/TPE ou l’investissement résidentiel. Il y a à cela au moins trois raisons: 
1) d’abord parce que l’épargne suisse est surabondante, d’où son excédent chronique de balance des paiements courants et la pression constante à la hausse du franc que cette situation implique, 
2) parce que la monnaie non créée par les banques serait créée et dépensée ailleurs et que cela engendrerait plus de ressources à placer (moins d’impôts par exemple si tel est le choix des suisses). En tout état de cause, une hausse du revenu par effet multiplicateur d’où un surplus d’épargne pour accompagner la progression de l’économie et du crédit. 
3) Enfin, en cas de fluctuations jugées inopportunes de la demande globale ou des taux d’intérêt, la Banque nationale aurait toutes les possibilités pour agir de manière beaucoup plus efficace qu’aujourd’hui et ajuster la trajectoire de l’économie suisse. Une incompréhension des conséquences de la réforme sur les conditions du crédit Il est incorrect de dire qu’il y aurait une «montée en flèche» de taux d’intérêt sur les crédits. D’abord, parce qu’il n’y a aucune rareté d’épargne à craindre, comme indiqué précédemment. Ensuite parce qu’un environnement stable et prévisible est fondamentalement favorable pour les placements à long terme. Ensuite, parce que les banques fixent les taux du crédit non en fonction du coût de leurs ressources, mais des conditions du marché (en Libor + marges) afin de pouvoir les titriser sans pertes le cas échéant. Ce qui leur permet d’empocher «plein pot» la rente monétaire entre les taux des crédits et le coût nul des dépôts qu’elles créent. C’est au contraire dans le cadre du système actuel que les conditions du crédit bancaire risquent d’augmenter drastiquement. Pour pallier l’instabilité chronique du système auquel adhère M. Kalt, il faut augmenter le capital et les ressources subordonnées tout en autorisant les possibilités de «bail in» sur les dépôts (réduction des dépôts des déposants pour payer les créanciers de la banque). Un point oublié par l’auteur de l’article, qu’il serait intéressant de discuter…. 

Le tableau des critiques de M. Kalt ne serait pas complet sans une référence au renforcement du franc en cas de réussite de la réforme (!), afin de finir d’effrayer les lecteurs peu avertis. Nous y répondrons dans un autre cadre, car celui-ci est déjà très fourni. Il nous semble que, dans l’ensemble, l’article de l’économiste de l’UBS vise essentiellement à donner une image négative, voire noire, de la réforme, sans trop se soucier de la rigueur des arguments, pour en détourner aussi vite que possible les citoyens suisses et protéger ainsi les intérêts qui pourraient se trouver fragilisés par une discussion trop approfondie des tenants et aboutissants de l’activité bancaire dans le cadre actuel. Ce n’est pas ainsi qu’un débat fructueux peut s’engager autour d’une réforme qui pourrait s’avérer capitale pour le bien commun des Suisses, et qui fut non le fruit de quelques cerveaux «illuminés», mais l’aboutissement des réflexions des plus grands économistes de tous les temps, de grands libéraux comme des keynésiens.”

Christian Gomez, banquier du Comité Modernisation Monétaire

L’argent liquide ennemi des banques! Et pour cause, elles ne pourraient plus fabriquer de l’argent virtuel à leur guise. Ne manquez pas la votation sur l’initiative “Monnaie pleine”

———————-
Une opinion de Véronique Bergen – Écrivaine et philosophe.

Dans un futur proche, pièces et billets seront considérés comme un anachronisme, comme la survivance d’un archaïsme ringard. La Suède, Israël sont à la pointe du virage vers l’argent dématérialisé. Dans certaines banques en Suède, les dépôts, les retraits de cash appartiennent à un passé révolu, les paiements en espèces tendent à se marginaliser. En Norvège, la disparition du cash est envisagée pour 2020. Partout en Europe, on assiste à une limitation progressive des liquidités, à un plafonnement des retraits. Si on s’évertue à nous présenter les avantages de la suppression du cash, on se garde d’interroger les mutations décisives qu’induira cette rupture sans précédent dans l’histoire des sociétés.

Quels sont les dessous du virage anti-cash? De quoi “liquide” et “dématérialisé” sont-ils le nom? Quels types de société indiquent-ils? Les raisons invoquées sont connues, mixte de moralisme et de rentabilité illimitée: lutte contre la fraude fiscale, le blanchiment, les économies parallèles, le travail au noir, les organisations criminelles mafieuses, terroristes. Les avantages pointés vont d’une réduction des dépenses à un gain de temps dans les transactions, d’une sécurité accrue pour les personnes à la suppression des braquages, des vols. Les motifs invoqués servent cependant de paravent à d’autres buts. Les avantages allégués traînent en leurs sillages des dangers majeurs. Qu’une fraction de l’argent liquide serve aux économies “grises”, mafieuses est une aubaine pour imposer sa suppression.

Le dessein passé sous silence? Instaurer un système de surveillance généralisée des citoyens, un “soft totalitarisme numérique” (Eric Sadin), servir le système bancaire. Au nombre des dangers et inconvénients de l’argent liquide pour un néolibéralisme déchaîné, on pointera la possibilité pour les citoyens de retirer l’argent de leurs comptes, avec le risque de faire crouler les banques.
Abolir le cash, c’est protéger les banques et contrôler les mouvements d’argent des citoyens. Il s’agira d’imposer de concert la fin de l’argent liquide et l’imposition de taux d’intérêt négatifs. En tête des bénéfices escomptés, mentionnons l’obligation faite aux gens de dépenser, l’interdiction de stocker les économies, d’épargner. Quant aux promesses de l’économie électronique (éradiquer vols, braquages…), tout un chacun en perçoit les limites: cela ne fera que déplacer les modalités d’économie illégale. Les fraudes électroniques explosent déjà. Les hackers de la criminalité informatique ont de beaux jours devant eux.

Qu’implique une société privée de liquidités? À qui profite la mort de l’argent liquide? Sans conteste, en premier lieu, aux banques et aux gouvernants. Toutes les dépenses seront enregistrées, visibles, pistées, traçables, programmables. Via ce Big Brother, la masse des consommateurs-otages sera en permanence géolocalisée.
Davantage encore qu’avec le cash, toutes les dérives seront possibles avec l’argent électronique: jouer sur les tarifs des cartes de crédit afin de stimuler ou réduire les dépenses, geler, confisquer les comptes de citoyens suspects. L’argent dématérialisé, électronique, virtuel va de pair avec un cyberhumain dématérialisé, connecté, électronique, virtuel. L’e-monnaie représente une étape cruciale de la surveillance généralisée où l’Etat, les banques exerceront un contrôle plénier sur les populations (sur leurs libertés de posséder, de circuler, d’agir). La marchandisation totale du vivant qui est en cours le réduit à sa fonction de producteur-consommateur, au cercle vide “travailler pour consommer”. L’argent virtuel est le joker ! de l’hyperconsumérisme et aura pour conséquence la réduction de notre autonomie, notre asservissement à un techno-pouvoir. Il signera le triomphe d’un homme devenu produit qui n’a plus que la liberté de consommer.

S’il n’y a pas à diaboliser l’argent dématérialisé, à le refuser en bloc, une vigilance quant au dessous des cartes s’impose. L’argent liquide se présente comme une espèce en voie d’extinction à protéger si nous voulons conserver certaines de nos libertés. On attend un nouveau Shakespeare, un nouveau Brecht mettant en scène l’avènement de l’argent virtuel. Ses possibles, ses dangers comme ses éventuelles vertus en termes de liberté et d’égalité.

Mais aussi ouvrir ce lien:
http://nonalasocietesanscash.fr/
http://l.facebook.com/l/vAQHkPXWyAQEgYXNHvMRpATOMHMPTz6dqj5Ws5rB-a7w_ug/www.agefi.com/quotidien-agefi/forum-blogs/detail/edition/2016-01-04/article/monnaie-pleine-reaction-a-la-contribution-de-daniel-kalt-chief-investment-office-dubs-publiee-dans-lagefi-du15-decembre-2015-415636.html »

Traduction »