L’initiative pour la “monnaie pleine” démarre médiatiquement


L’initiative pour la “monnaie pleine” démarre médiatiquement

 Stop aux trop nombreux abus bancaires, qui écrasent les peuples soi-disant souverains.


Cette nouvelle initiative empêchera les trop nombreux abus bancaires, notamment
la concentration des profits et la socialisation des pertes.Nous
limiterons enfin les impôts, les salaires énormes, les bonus indécents
et les dividendes exorbitants et reprendrons le contrôle de la banque
nationale suisse. Elle est un pas important vers le financement du
revenu de base, soit:

  1. Retirer aux banques le pouvoir exorbitant de créer de l’argent du néant.
  2. Donner ce pouvoir aux instances démocratiques.
  3. Créer l’argent sans dettes ni intérêts.
  4. Assujettir la création monétaire à des objectifs décidés démocratiquement.
  5. S’assurer que l’argent créé soit directement injecté dans l’économie réelle.
  6. Assurer aux citoyens la transparence de leur argent.
  7. Redonner au Souverain le pouvoir de battre monnaie pour le bien commun.

Distribuons enfin les avantages du progrès technique et de l’abondance rendue possible par les machines.
Invitation à l’université de Lausanne
Dimanche 4 mai


15h Monnaie mon amour (documentaire) – Michael Groneberg

Explications un peu plus philosophiques de l’ Université de Lausanne: 


https://www.youtube.com/watch?v=rW_aAzL2pvo

et de monnaie-pleine:

https://youtu.be/4e2KdHUGvTk

http://www.becurioustv.com/fr/show/qu-est-ce-qu-elle-a-ma-girl/episode/19-mai-les-suisses-aiment-ils-vraiment-leurs-banques 

Chômage, monnaie-pleine, revenu garanti, universités suisses… Il y a au moins 7 façons de gérer les dettes.

La fameuse initiative pour la “monnaie pleine” démarre dans
les médias, avant d’être officiellement lancée. Nul doute que ce sera le
grand sujet économique de cette année. Les Suisses peuvent être les
premiers à redonner une stabilité monétaire à leur pays, basée sur le
contrôle des masses d’argent créées. La monnaie subsidiaire issue du
crédit bancaire, existant sous forme scripturale et circulant sous forme
de transactions électronique n’est pas un moyen de paiement légal en
Suisse, bien que couramment accepté. Le but de cette initiative est de
solidifier tous les dépôts à vue, et de les rendre aussi intouchables
que l’argent physique reposant dans le porte-monnaie.

Les médias mainstream lancent aujourd’hui l’information :
article du journal “Le Matin
article du journal “20 minutes
La MoMo va
prochainement lancer une récolte de signatures en faveur de son
initiative «Monnaie pleine» («Vollgeld»). «Nous souhaitons redonner le
privilège et le monopole de création monétaire, y compris scripturale, à
la BNS. Nous voulons ainsi empêcher toute création illimitée de monnaie
par les banques», a déclaré mardi à l’ats Kurt Specht, président romand
de MoMo, confirmant des informations parues dans «Le Matin Dimanche».

Actuellement, seul l’argent liquide garanti par la BNS est «réel». En
accordant des crédits, les banques créent constamment de l’argent
fictif, appelé monnaie scripturale, et qui existe seulement sous forme
électronique. Cet argent représente 90% de la masse monétaire en
circulation.

Avec cette initiative, soutenue par des professeurs d’économie des
Universités de St-Gall et Berne notamment, «les banques devraient
posséder les fonds qu’elles mettent à disposition de leurs clients, en
se procurant de l’argent «réel» auprès de la BNS ou du marché. Ce
système éliminerait la pratique de la création monétaire par les
dettes», a expliqué M. Specht.

«Le texte de notre initiative pour une «Monnaie pleine» est déposé
auprès de la Chancellerie fédérale, nous sommes dans l’attente du feu
vert officiel», a précisé le président romand de MoMo. Il a également
indiqué qu’il «espérait débuter la récolte des signatures le plus vite
possible, d’ici à la mi ou fin mai».

«Quatrième pouvoir»
La monnaie scripturale disparue, elle serait remplacée par la
«Monnaie pleine». La monnaie ainsi nouvellement créée serait mise en
circulation par les dépenses publiques ou d’autres moyens servant les
intérêts généraux du pays, a détaillé M. Specht.

Cette masse monétaire serait définie et contrôlée par le pouvoir
«monétatif». «La BNS deviendrait ainsi un véritable quatrième pouvoir,
en sus de l’exécutif, du législatif et du judiciaire», a-t-il encore
affirmé. De plus, «la monnaie mise en circulation soutiendrait
l’économie réelle. Et le système financier deviendrait plus stable en
évitant les crises financières», selon M. Specht.

L’octroi de crédits par les banques provoque en effet des crises
financières récurrentes, l’endettement des Etats, et la récession, selon
les défenseurs de la théorie de la «Monnaie pleine». Il oblige aussi
les contribuables à venir à la rescousse des banques.

Sans couleur politique
L’initiative n’a pour l’instant pas de couleur politique marquée et
transcende les partis. «Notre initiative est indépendante des partis
politiques. Des membres de différentes mouvances politiques et
économiques y sont représentés», relate ainsi M. Specht.

«Concernant la récolte des signatures, nous ne sommes pas encore
soutenus par l’un ou l’autre des partis. Mais nous travaillons à
communiquer et à les convaincre de soutenir notre initiative», a-t-il
ajouté.

Caution du FMI
L’idée de la «Monnaie pleine», développée au cours de la Grande
Dépression des années 30 par des économistes de renom aux Etats-Unis et
soutenue par l’ancien président américain Franklin D. Roosevelt, a en
tous les cas obtenu la caution du Fonds monétaire international (FMI).

Deux économistes du FMI, Jaromi Benes et Michael Kumhof, ont ainsi
mesuré, sur la base de modèles modernes, les conséquences d’une telle
réforme. Leurs conclusions, semblables à celles de leurs prédécesseurs
des années 30: en plus de l’élimination des risques systémiques du
système bancaire, les cycles économiques seraient mieux contrôlables.

Les dettes étatiques et privées diminueraient. Des gains de
production seraient également générés grâce à l’abolition des
distorsions, comme les risques liés aux taux d’intérêt notamment. De
plus, l’inflation tomberait à zéro, toujours d’après les économistes du
FMI.


(ats)
Voir sur notre site notre réponse à Avenir Suisse du 30 mars, qu’Avenir Suisse n’a pas osé publier sur son site. Évidemment, le cercle des donateurs
d’Avenir Suisse régate dans la catégorie des bénéficiaires de la
création monétaire par le crédit, il serait donc étonnant qu’ils soient
contents qu’on leur retire leur presse-citron.


Réponse à Avenir-Suisse

30 mars 2014

Réponse à la prise de position du think-tank Avenir-Suisse concernant l’initiative sur la monnaie pleine.
Le but essentiel de la monnaie est de
mettre en relation les acheteurs avec des biens réels, dans une optique
de fonctionnement harmonieux de la société, de justice et d’équité.
L’initiative nous parle d’économie réelle, pas de jeu de casino.

L’argent qui n’est pas un serviteur
devient un tyran. Actuellement, un secteur de la société échappe
entièrement à la finalité du bien commun : la finance. Il n’est que de
voir les mesures d’austérité croissantes un peu partout pour s’en
convaincre définitivement. Comment une société qui prétend se perpétuer
dans le temps peut-elle laisser un tel pouvoir dans la main d’intérêts
divergents de sa finalité de perpétuation ?

L’initiative pour la monnaie pleine a
pour objectif de redonner à l’argent cette qualité de service qu’il a
progressivement perdue, au détriment de certaines activités financières
illégitimes bien qu’actuellement légales. Ce que les banques perdront
progressivement suite à cette initiative c’est leur gigantesque et
abusif pouvoir de mettre la société en coupe réglée. Il est donc clair
qu’il s’agit d’une remise à l’ordre du système financier par le
souverain, mais non pas d’un démantèlement. Les banques se verront
effectivement contraindre aux efforts qu’elles se sont refusées à faire
jusqu’ici par esprit de lucre (parce qu’une banque n’a notoirement rien à
voir avec la bienfaisance), pour satisfaire à la mission que le
souverain leur aura confiée légalement. Il y aura du travail pour des
gens motivés et intelligents et l’on devra effectivement se mettre à
réfléchir et à agir d’une manière différente. L’invocation de la
difficulté de la tâche n’est pas un argument valable. Il y a assez de
gens capables en Suisse pour organiser avec efficacité et compétence
cette transition, si ceux qui occupent les postes actuels s’en
prétendent incapables.

C’est le droit du souverain de choisir
qui commande, et le temps de l’argent-maître est passé, c’est ce que
signifie primordialement cette initiative. Nul doute que le monde
bancaire frémit déjà et envoie préventivement ses seconds couteaux, car
il pressent que son heure de gloire s’achève, qu’il doit revenir à une
activité de service au bien commun, auquel il a complètement échappé, et
dont l’esprit se caractérise par la modestie et le dévouement au bien
commun. Il est profondément injuste que la concentration de richesse par
ceux qui la manipulent se fasse sans aucun égard à la stabilité des
peuples et sans but de bien commun. L’ère des prédateurs apatrides sans
âme s’achève.

Il existe donc effectivement pour le
système bancaire plusieurs grands “risques” d’avoir à convertir la
pseudo-monnaie scripturale (monnaie “couverte” par un château de cartes
fragile de dépôts interbancaires mutuellement dépendants les uns des
autres), dont le rendement de création profite actuellement à des
institutions privées plutôt que d’être d’intérêt général. La monnaie
pleine, entièrement couverte par l’État, existera donc au bénéfice de la
nation toute entière plutôt qu’à un groupe d’intérêts oligarchique. Ces
risques sont (entre autres) les suivants :

1) les banques ne pourront plus inclure
l’argent déposé sur des comptes courants dans la masse en faillite (donc
on ne pourra plus toucher à l’argent des citoyens en cas de faillite de
banque ou de rupture économique -comme cela commence à se faire dans
toute l’Europe- car il sera légalement protégé)

2) le pouvoir de mise en circulation
d’argent par les banques sera limité par la politique de contrôle de la
masse monétaire, au moyen de création de 100% de monnaie centrale par la
BNS pour couvrir 100% des dépôts à vue

3) les banques ne pourront de ce fait plus
émettre des crédits à court terme pour financer des investissements à
long terme sur les marchés, le seul argent qui pourra arriver sur les
marchés sera celui réellement possédé par les investisseurs, et qu’ils
auront consenti à engager

4) au fil des remboursements des crédits
actuels, la nouvelle monnaie émise par la BNS pour compenser la masse
monétaire détruite par les remboursements ne sera plus une DETTE
vis-à-vis des banques, mais une création de monnaie libre de dette, mise
en circulation par les dépenses publiques

Fort nous est de constater, que ce
think-tank appelé curieusement “avenir” suisse, tremble à l’idée qu’on
ne pourra pas revenir “en arrière” une fois cette réforme votée. Mais
c’est bien vrai. Qui parle de revenir vers un âge obscur ? Et quel
avenir pour la Suisse avec des craintes aussi régressives ? Et en
étendant le champ de vision, quelle perspective pour l’humanité avec des
symboles d’échange conçus comme autant de sangsues ? Il est temps de
changer de paradigme, de rentrer dans une ère nouvelle, une ère dans
laquelle la monnaie ne sera plus frappée de l’indignité de l’avarice et
du mépris de l’humain, une ère dans laquelle l’homme se libérera des
contraintes contre-productives des dettes, même si elles existent depuis
toujours. Il est désormais temps de progresser sur ce plan.

Pierre Mottier
Invitation à l’université de Lausanne
Dimanche 4 mai


15h Monnaie mon amour (documentaire) – Michael Groneberg


Monnaie, mon amour (film) – Michael Groneberg

Après avoir présenté au Fécule 2013 le résultat intermédiaire d’une
heure de film (caméra: Adrien Bordone, montage: Christine Ritter), le
groupe va continuer son travail en vue de la présentation d’une
docu-fiction plus longue et plus raffinée au Fécule 2014.

Le projet est ouvert pour d’autres participant-e-s, en particulier
pour les étudiant-e-s du séminaire de Michael Groneberg sur la
philosophie de l’argent qui aura lieu au semestre d’automne 2013. Pour
rappel, il s’agit 1. de montrer les alternatives au système d’argent qui
sont déjà pratiquées ou en cours de développement (en Suisse comme
ailleurs) et 2. d’illustrer quelques vérités essentielles sur la monnaie
par le jeu, par des entretiens ou par d’autres moyens à développer.

Nous aimerions en particulier approfondir l’analyse des monnaies
complémentaires, la question de l’alternative fondamentale troc-don et
du rôle de la dette. Il sera aussi question d’analyser les approches
théoriques actuelles et leurs manières de responsabiliser (ou
déresponsabiliser) la structure désireuse soit de nous tous soit d’une
petite caste de joueurs au casino. De l’autre côté sera thématisé la
colère / l’indignation (ou son absence) comme réaction au malaise
financier



En résumé très rapide.


Il y a 7 façons de gérer les dettes publiques et privées :


1)
l’inflation ( assignats, Weimar
=> très très long, mais vols des plus faibles par les impôts, échec
ou plus actuel vu que les robots produisent de plus en plus pour très
bon marché, voir les QE ).

2) la banqueroute (Directoire, Argentine
=> très très long, mais vols des plus faibles par les impôts, échec,
perte de confiance),

3) Les guerres et conflits économiques, rançonner les voisins (guerres
napoléoniennes, Rome => échec et de plus impossible vu les risques
nucléaires),

4)  la
croissance (basée sur le pari que demain sera meilleur => risqué,
mais demande de la rigueur sans quoi la dette explose comme maintenant),

5)  spoliation des patrimoines (Chypre, URSS, UE => destruction financière et
économique => très très long, mais vols des plus faibles par les impôts, échec, perte de confiance, spoliations … ),

6) remboursement à long terme (l’Angleterre
concernant ses dettes des guerres napoléoniennes => très très long, mais vols des plus faibles par les impôts).

7) le crédit social, ou la création monétaire pour le vrai bien commun.
Explications


http://desiebenthal.blogspot.ch/2013/11/creation-monetaire-du-franc.html


http://desiebenthal.blogspot.ch/2013/10/le-financement-par-la-creation-monetaire.html


DETTE,
MONNAIE & SERVITUDE

Maurice Allais est
parfois invoqué

Banque de France La Monnaie et nous
https://www.youtube.com/watch?v=dSZ6ass81ZU

L’impossible révolte
des peuples d’occident. (VIDÉO)
Qui crée l’argent ? (version courte)

https://www.youtube.com/watch?v=JKX76J7j9os&list=PLi_KRhT6WQbRcek8CGbeXo3WcsuP7LVIk

Dette, crise, chômage : qui crée
l’argent ?

https://www.youtube.com/watch?v=syAkdb_TDyo&list=PLi_KRhT6WQbRcek8CGbeXo3WcsuP7LVIk


Le revenu social garanti et la grande transformation du travail : en deçà ou au delà du régime salarial ?

Moulier Boutang Yann// Partagez —> /

Colloque du Département Inter-facultaire d’Éthique de l’Université
de Lausanne,

La fin du travail, Fatalité ou choix ?
La revendication
désormais largement discutée de l’allocation universelle ou du revenu de
citoyenneté, est généralement examinée sous l’angle d’une nouvelle
politique sociale permettant de réformer les systèmes de welfare issus
de la Grande dépression des Années Trente et d’assurer un filet
protecteur plus efficace que le RMI (revenu minimum d’insertion). Nous
nous proposons de montrer en quoi une telle approche doit être complétée
par une prise en compte de la grande transformation du travail déjà
bien entamée avec le rôle croissant du travail immatériel d’une part, du
travail indépendant de l’autre. Cette transformation majeure depuis la
révolution industrielle va de pair avec une modification totale du
concept de richesse et de travail et de valeur tant économique
qu’éthique véhiculé par l’économie politique classique.

La garantie de revenu constitue, pensons-nous, la condition
systémique fondamentale de l’innovation organisationnelle et productive,
d’un véritable aggiornamento du droit du travail permettant la création
d’un régime protégeant l’ensemble du travail dépendant, ainsi que d’une
mobilité non contrainte (qui est partiellement reconnue par le critère
d’employabilité qui joue un rôle croissant dans l’analyse de la mobilité
professionnelle ascendante). Or ce type de mobilité loin d’être
purement fonctionnelle aux transformation de l’accumulation capitaliste,
va au-delà de l’emploi salarié : elle évite en effet que la
subordination au marché plutôt qu’à un employeur déterminé et la
prolifération des formes particulières d’emploi n’entraînent une
régression , de la puissance de travail salariée individuelle et
détachée de son support en deçà du paradigme ou du canon classique de
l’emploi à durée indéterminée. L’ensemble des termes employés ici compte
comme on s’en rendra compte.

Les chapitres I à III discutent la politique européenne. Aller directement au chapitre IV pour le revenu garanti.
I.
Ceux qui plaident pour une Europe sociale, complément nécessaire de
la construction du Marché unique et de la monnaie unique, ne sont plus
considérés aujourd’hui comme de dangereux révolutionnaires utopistes. La
construction ou la reconstruction d’une nouvelle régulation du marché
(ou de son encastrement pour parler comme Karl Polanyi), représentent
désormais presque le passage obligé de la définition d’une alternative
économique qui entend échapper à la pensée unique du modèle libéral
mondialisé. Mais, comme le faisait remarquer Pierre Bourdieu cette
exigence finit par devenir un lieu commun, une incantation vide.

Face à la crise du Sud-Est asiatique, mais également à l’insolente
santé du modèle américain en matière de croissance économique, la
question n’est pas vraiment de s’accorder sur la nécessité de
sauvegarder le Welfare State, État de bien-être, de protection sociale,
c’est-à-dire un degré d’inégalité dans la répartition des revenus
beaucoup plus faible qu’aux États-Unis d’Amérique, mais plutôt de
déterminer comment y parvenir.

II
Lors du récent sommet des Quinze à Cologne la proposition française
d’aller plus loin qu’une déclaration commune en faveur de la croissance
et de l’emploi, et de jeter les bases d’un véritable gouvernement
macro-économique de l’Union Européenne, en particulier des onze pays
faisant partie de l’Euroland, n’est pas parvenue à s’imposer. Le départ
du gouvernement allemand d’Oskar Lafontaine, avait déjà repoussé toute
perspective immédiate de relance de la croissance par une politique
budgétaire keynésienne concertée entre les différents pays membres de
façon confédérale (harmonisation fiscale, sociale, relance contrôlée du
déficit budgétaire), tandis qu’ont été écartées plus récemment les
mesures de réduction européenne de la durée du travail, de lutte contre
les formes particulières d’emploi qui s’avèrent dérogatoires au contrat
de travail à durée indéterminée, en même temps que toute nouvelle
ponction fiscale sur les entreprises.

Des voix de plus en plus nombreuses parmi les économistes se sont
élevées pour remarquer que le risque d’inflation était devenu très
faible, et que c’était plutôt la déflation qui menaçait le vieux
Continent.

Se trouve posée nettement sans être résolue pour autant, la question
de la relance de la croissance à un rythme capable de réduire de façon
forte le chômage en créant des emplois. Le moindre des paradoxes n’étant
pas ce total laissez faire en matière de politique macro-économique de
l’Europe qui se définit comme résolument hostile au libéralisme
américain alors que les États-Unis pratiquent eux-mêmes une politique
très active, la seule qui soit encore analysable en termes keynésien. Là
encore c’est le comment qui fait cruellement défaut. L’atonie de la
croissance économique génère un chômage chronique et une exclusion
croissante, qui pèsent de plus en plus sur un système de protection qui
avait été conçu au sortir de la deuxième guerre mondiale pour un univers
de plein emploi, à fort renouvellement démographique, mais également à
modèle d’emploi canonique, entendons un emploi à temps plein salarié et à
durée in déterminée. Cette séquence a été assez bien explorée par la
critique libérale du Welfare State qui identifie dans les « rigidités du
marché du travail » (entendez le niveau de protection trop fort dont
jouissent les salariés européens) la raison supposée d’un coût du
travail trop élevé. La recherche d’une flexibilité sociale plus grande
serait la condition d’un retour à une reprise des créations d’emploi.
Combinée avec une approche assez mécaniste des évolutions des structures
des populations européennes, elle prédit la faillite à long terme des
régimes de retraite par répartition.

Mais les politiques libérales poursuivies depuis 1975 en Europe
occidentale ont mis en lumière l’autre partie de la séquence qui aboutit
à un cercle vicieux : le démantèlement partiel des niveaux élevés de
protection sociale ne crée pas pour autant de l’emploi durable tandis
que la fragilisation des couches les moins favorisées de classes moyenne
engendre une nouvelle pauvreté, une marginalisation vis à vis du marché
du travail. Si bien que l’Europe se retrouve engagée sur une voie
américaine du point de vue de la progression rapide de l’inégalité, sans
bénéficier pour autant des performances des États-Unis en matière
d’emploi. Cette situation conduit à éroder fortement la légitimité du
système de protection sociale européen qui reposait surtout sur une
forte dose d’universalité, et plus généralement augmente le scepticisme à
l’égard de toute forme d’action publique tandis que le « marché » est
re-crédité d’un rôle autorégulateur et devient la seule référence. Avec
le creusement des inégalités, l’intervention publique tend à se
réorienter en priorité vers les groupes cibles, vers les pauvres, vers
les urgences, tandis que les prestations de caractère général et dont
bénéficient les classes moyennes baissent en qualité, en nombre d’ayant
droit et que montent les cotisations pour assurer le financement.

La préservation du statu quo ante paraît la seule chose que l’on puisse exclure avec certitude.
III
On eut donc caractériser ainsi la situation : le modèle européen
ancien est menacé, tandis que les linéaments du nouveau système sont
selon les options choisies soit menaçants et puissants soit
embryonnaires et fragiles. On peut facilement diagnostiquer une
faiblesse dans les impulsions que le nouveau modèle social européen de
développement serait susceptible de recevoir à la fois « d’en haut » et
« par en bas ». D’en haut, au sens où seul un pouvoir fédéral fort doté
de moyens budgétaires serait à même de créer les conditions d’un
gouvernement intégrant étroitement les considérations économiques et les
préoccupations sociales et ne se contentant pas, comme aujourd’hui, de
juxtaposer un cadre global de concurrence économique reposant sur les
principes du grand marché et de la globalisation internationale, avec
les préoccupations à niveau national à l’égard des effets de cette
dernière.

Par en bas également, au sens, où il existe une atonie
particulièrement forte de ce qui constituait dans les États du travail
industriel et des démocraties représentatives le ressort de la création
et du renouvellement continuel du cadre juridique et institutionnel :
nous voulons parler du lien entre conflits et contrats dans les
négociations collectives. La crise du pouvoir syndical et des formes de
pouvoir ouvrier n’est pas seulement due à l’effondrement des pays de
socialisme réel, mais aussi à des transformations effectives du travail,
de la notion de productivité, de valeur économique et last but not
least du développement du travail vivant comme activité vivante et
corrélativement d’une transformation du pouvoir qui devient production
contrôle de la vie au moyen de travail vivant. Ceci ne veut pas dire que
la conflictualité a disparu des démocraties post fordistes, mais que
les canaux de transmission de ces formes de contestation des pouvoirs ne
passent plus par les mêmes endroits ; qu’ils ont cessé d’entrer dans
une relation séquentielle dialectique (conflit spontané exprimant les
nouveaux besoins / réaction institutionnelle/ institutionnalisation des
conflits et création de nouvelles organisations reconnues) avec un
pouvoir central, ou qu’ils n’ont pas encore établi une relation de ce
type faute d’interlocuteur, fédéral européen en l’espèce.

IV
Illustrons notre propos. Pendant une vingtaine d’années
d’euro-stagnation, le chômage et le sous-emploi chronique ont progressé
gagnant aujourd’hui jusqu’au bastion allemand réputé performant en
matière de spécialisation dans le commerce international et de rigueur
de sa politique monétaire et budgétaire fédérale. Les syndicats des
différents pays de l’Union européenne se sont contentés longtemps d’une
lutte pour l’emploi, contre les délocalisations industrielles vers le
Sud (du monde ou de l’Europe), ainsi que de la défense des statuts
hérités des Trente Glorieuses.

Ce n’est que depuis 1995, sous l’impulsion de plusieurs facteurs
comme le poids des chômeurs, des exclus, l’émergence des seconde ou
troisième générations issues de l’immigration, que la CGT française par
exemple a admis l’existence de comités de chômeurs qui se sont
manifestés de façon largement unitaire dans les conflits de 1997-1998.
Les marches de chômeurs réunissant plusieurs pays d’Europe, de « sans
papiers » ou les démonstrations de parrainage civique pour répondre à la
constitution en délit pénal de l’hébergement de migrants en situation
irrégulière ont représenté les rares formes de lutte sociale nouvelle
avec les blocages des routes par les travailleurs indépendants et les
salariés du secteur du transport routier.

La résolution adoptée par les manifestants de la marche contre le
chômage au moment du sommet des pays les plus industrialisés du 15 juin
1999 à Cologne réclamait ainsi trois choses dans l’ordre :

« a) l’instauration d’un revenu garanti individuel pour tous, qui
permette de vivre dignement, sans discrimination d’âge, de sexe ou
d’origine, sans conditions de durée ou d’exercice d’une activité
prescrite ou de nationalité

b) Une réduction massive du temps de travail dans toute l’Europe,
sans flexibilité, sans baisse des salaires qui pourrait être financée
par un impôt sur les profits

c) La garantie individuelle d’un droit à un logement décent, aux
soins, à la formation, à la gratuité des transports publics et l’accès
gratuit aux autres services. »

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’ordre traditionnel
de présentation des revendications ouvrières se trouve ainsi modifié. La
garantie de revenu individuel (si l’on comprend dans le revenu,
l’ensemble des rétributions monétaire du salaire indirect et non
monétaires comme le logement, les soins médicaux, les transports
publics, mais également l’ accès aux autres services publics existant
comme la formation, l’éducation et l’Internet) passe devant la
revendication des trente-cinq heures à la française ou des trente heures
des métallurgistes allemands. La revendication de Agir contre le
chômage ! « un travail c’est un droit, un revenu c’est un dû » qui a
fait l’objet de multiple affichettes autocollantes marque au demeurant
un dépassement de la traditionnelle revendication ouvrière du droit au
travail, suivie de l’amélioration des salaires (pour ceux qui ont un
emploi). Le revenu ne se trouve plus simplement subordonné à
l’occupation d’un emploi ; il acquiert le statut d’un principe placé sur
le même plan de légitimité. Autrement dit un chômeur n’a pas simplement
le droit à un travail ou à un emploi, il a droit à un revenu quelle que
soit la situation du marché de l’emploi. Le droit à un revenu se
détache de la condition de salarié employé. Une telle transformation
conduit à remettre en cause doublement le principe de conditionnalité :
pas de droit sans devoir, pas de revenu sans contrepartie en travail.

Elle débouche peu ou prou sur une remise en cause de la logique de
strict échange qui préside depuis les années 1930 le mécanisme
d’indemnisation du chômage : le sans emploi touche une indemnité dans la
mesure où il se déclare disponible à travailler, même s’il ne travaille
pas actuellement. Il est payé pour chercher de l’emploi et une
insertion.

V
Un tel cheminement n’est pas simplement dû à l’investissement
militant de minorités actives regroupées dans des collectifs tels Agir
contre le chômage !, Droits devant!, ni simplement au conflit de l’hiver
1997-1998 qui a revêtu le premier, une dimension massive de lutte
revendicative de chômeurs faisant beaucoup pour l’acclimater dans la
grande presse, en dehors des sphères d’un militantisme très minoritaire.

En fait, il y a une logique profonde et sous-jacente à l’avènement,
progressif à froid ou beaucoup plus rapide « à chaud » dans les
situations de conflits, de la revendication d’une garantie de revenu
reconnue à l’échelle individuelle. A quoi cela renvoie-t-il sur le plan
théorique et politique? Ce surgissement au premier plan dans l’espace
politique d’un tel type de revendications et de besoins doit quelque
chose de sa persistance à une transformation profonde du champ théorique
dans lequel est venue s’inscrire cette demande et revendication d’une
garantie de revenu.

D’autre part à des niveaux intermédiaires ni exclusivement « par le
bas » ni non plus « d’en haut »(c’est-à-dire souvent à celui des
chercheurs, mais aussi des agents de la vie associative) la
revendication d’un impôt négatif ou revenu d’existence du côté des
libéraux comme Yoland Bresson, d’une allocation universelle (Philippe
Van Parijs), d’un revenu de citoyenneté (A.Gorz), d’une revenu social
garanti (programme des Verts) fait un chemin très rapide et parallèle à
celui de la taxe Tobin mise en avant par l’association ATTAC

Le débat s’est déplacé d’un examen préalable de la légitimité de
cette revendication à l’étude de sa faisabilité, de ses effets non
désirés (ou pervers) et de son financement. Autrement dit, la
revendication du revenu minimum ou vital garanti (guaranted income) a
quitté le ghetto idéologique des batailles d’idées pour entrer dans la
sphère de la politique.

Cette revendication a une histoire militante et pas seulement
théorique qui remonte largement aux années soixante dix. Or les
principaux obstacles à l’émergence de ce type de revendication en
particulier dans les décennies suivantes a tenu à plusieurs facteurs:

* À un refus explicite tout d’abord, de la thématique du refus du
travail entendu comme l’élément largement déterminant des
transformations du capitalisme dans son histoire. La dimension salariale
étant considérée comme un élément fondamental indépassable de
l’exploitation et de la domination capitaliste sauf à basculer dans une
transformation révolutionnaire de la société, le refus du travail ne
pouvait exprimer que la nostalgie d’une existence libérée utopique et
démobilisatrice comme le droit à la paresse vanté dans le petit opuscule
de Lafarge, le gendre de Marx, ou bien une acceptation jugée dangereuse
de la séparation rigide, presque schizophrénique du travailleur dominé
d’avec la transformation des conditions de travail et de l’organisation
de la chaîne de montage. La thèse du refus du travail fut qualifiée de
surenchère désespérante et d’obstacle au développement de pratiques
d’autogestion, ou de réforme de l’entreprise. Ainsi par exemple les
ouvriéristes des Quaderni Rossi puis de Classa Operaia lurent-ils
l’absentéisme, le sabotage de la production, la non coopération, mais
aussi le chômage, le sous-emploi, le travail au noir non comme des
comportements subis mais comme des manifestations actives du refus du
travail bien avant qu’A.O. Hirschman n’acclimate le concept de voie
« exit » à côté de la voie « voice ».

* À une compréhension traditionnelle de la production de sur-valeur qui
ne pouvait surgir ni du travail domestique, ni de la sphère de la
circulation (en dehors du secteur matériel des transports de
marchandises physiques).

* À un maintien très rigide de certaines catégories marxistes à défaut
de marxiennes en particulier la thèse de l’armée industrielle de réserve
concernant les chômeurs, la division du travail (manuel/intellectuel
selon des typologies dominants/dominés largement de facture maoïste ou
tiers-mondiste), le socialisme réel et le socialisme tout court comme
transition ainsi que le rôle du travail dans les sociétés bâties à la
suite des ruptures révolutionnaires de 1917 (Russie), 1948-49 (Europe
Centrale), 1959 (Cuba).

* À la persistance des dogmes léninistes sur la séparation entre la
lutte économique syndicale par vocation et la lutte politique incombant
aux partis, sur le rôle de la prise de conscience » et « du niveau de
conscience atteint par les travailleurs » (et pas seulement sur la
question de son importation ou non de l’extérieur de la classe
ouvrière), sur la nature même de la classe ouvrière. Sur la nature des
crises capitalistes, sur la nature de la subjectivité révolutionnaire
tout autant.

* Mais la divergence la plus profonde portait sans doute sur le statut
de la technologie et du progrès technique ainsi que sur l’articulation
entre les rapports de classe et les rapports de production. L’hypothèse
moniste et la révolution copernicienne que proposait l’ouvriérisme
italien n’était rien moins que de faire tourner les rapports de
production autour des rapports de classe. L’analyse des niveaux de
composition organique du capital, du machinisme n’avait pas de sens, ni
d’ultima ratio dans l’accumulation économique en dehors du rapport avec
le travail vivant comme facteur antagoniste.

Il est clair par exemple que le thème du refus du travail couplé à
ceux du revenu garanti appelé aussi salaire politique et du salaire pour
le travail domestique, sexuel et familial effectué par les femmes ne
constituaient pas seulement une contestation du pouvoir capitaliste,
mais ouvrait également à une révision radicale du dogme selon lequel il
ne pouvait pas y avoir rétribution à chacun selon ses besoins dans le
capitalisme parvenu à maturité puisque cette définition du communisme
était censée n’être atteinte qu’après l’étape indispensable du
socialisme où chacun était rétribué selon son travail, c’est-à-dire en
fonction d’une application quasi ricardienne de la valeur travail.
L’idée profondément ancrée chez les ouvriéristes italiens que la seule
anarchie fondamentale du capitalisme mûr c’était la classe ouvrière
comme subjectivité antagoniste, comme travail vivant et pas des
contradictions objectives entre les capitalistes, ou les capitaux et
leurs représentants scandalisait les marxistes classiques. Lorsqu’ Enzo
Grillo, le traducteur remarquable des Grundrisse en italien , trouva un
passage de Marx tiré du manuscrit sur le Système de F. List et qui
commence par » la révolution abolit le travail… » et le fit publier à la
une de l’hebdomadaire Potere Operaio, il y eu des marxistes orthodoxes
défenseurs de la valeur travail à tous les sens du mot pour l’accuser
d’avoir carrément inventé ce texte de toutes pièces, ce qui n’était
évidemment pas exact.

Ce modernisme, ce cynisme qui prétendaient partir du point de
développement le plus avancé du capitalisme pour chercher le maillon
faible soulevaient des objections morales à mon sens bien surannées. Il
s’est surtout avéré rétrospectivement une bien meilleure antidote au
poison des désillusions et des désenchantements en tout genre
aujourd’hui que le mur de Berlin est tombé et que les pays de socialisme
réel représentent la transition … à l’économie de marché !

Mais trente ans plus tard, l’équivoque socialiste largement dissipée
ou en tout cas émoussée, les transformations du capitalisme se sont
chargées de balayer les illusions autogestionnaires des entreprises
fleuries durant mai 1968, tandis que le chômage et la précarisation du
salariat mettaient au premier plan la défense des sans revenus plutôt
que de l’emploi comme l’attesta en France le très important virage que
constitua la création en 1986 du RMI (revenu minimum d’insertion). A
l’époque, le penseur sans doute le plus original et le plus
représentatif de la sensibilité transformatrice au sein de la gauche
syndicale française, André Gorz s’était prononcé contre le RMI appuyant
son argumentation essentiellement sur l’analyse que Karl Polanyi avait
donnée de la législation de Speenhamland de 1795 en Angleterre : selon
l’auteur de la Grande Transformation, ce droit au revenu concédé aux
ruraux anglais, ne préfigurait en rien les luttes du salariat dans le
marché du travail moderne, pire il avait favorisé une stagnation du
niveau de vie : c’est la thèse du salaire d’appoint. Le RMI, telle la
dernière grande loi des pauvres, celle-là même contre laquelle avec un
ensemble assez déconcertant Marx, Malthus et Ricardo avaient lutté au
nom du modernisme capitaliste, ne servirait qu’à approvisionner les
entreprises en chair à bas salaire. Quinze ans après la mise en place du
RMI (1986-1999) qui a désormais une durée de vie comparable au régime
de Speenhamland dans la première partie de son existence (1795- 1815),
tel ne semblait pourtant pas l’avis du MEDEF (l’ex CNPF), l’organisme du
patronat français, qui n’y voyait pas du tout une mesure de
flexibilisation du marché du travail. Au contraire, les rapports
patronaux se plaignent de ce que l’insertion des rmistes s’opère
ailleurs que dans le salariat standard de l’entreprise représentative,
c’est-à-dire surtout dans le travail autonome, en dehors de l’industrie,
de la grande entreprise, dans les associations qui ne font pas de
profit. Pire, que les travailleurs passés par ces filières soient perdus
pour les PME du secteur marchand. Il est un fait au demeurant : la
plupart des effectifs de travailleurs non qualifiés des PME marchandes
ont été fournis non pas par le RMI , mais par les dispositifs multiples
de subvention directe à l’embauche sous forme d’exemption fiscale ou
d’exonération partielle ou intégrale du paiement des charges sociales
(c’est-à-dire des cotisations des employeurs et des salariés aux
retraites, à la protection sociale).

André Gorz a reconnu finalement son erreur sur ce point même s’il
continue à défendre que seul le statut du salariat permet de parler de
sur-valeur. J’ai montré ailleurs, suivant par là M. Blaug et Boyer , à
quel point les recherches entreprises sur les lois sur les pauvres et en
particulier sur Speenhamland conduisent à réviser radicalement le
jugement porté par les trois plus grands « économistes classiques »
(Malthus, Ricardo et Marx) et dans notre siècle par Karl Polanyi . Je me
limiterai à deux points : Speenhamland constitua une conquête du
prolétariat anglais rural (le droit à la vie selon ses propres termes);
la peur de son extension au prolétariat urbain de Londres, et le
maintien d’une population suffisante pour l’agriculture productrice de
blé dans le Sud, et le besoin de prolétariser davantage les campagnes
des Midlands explique l’acharnement du capitalisme industriel anglais à
avoir la peau du dispositif au nom d’un modernisme tout à fait
comparable au développement des chemins de fer en Indes. Et Marx commit
la même erreur qu’en Indes. Il crédita le capitalisme industriel
manchestérien qu’il abominait des même vertus que les chemins de fer. Il
n’existe aucune preuve empirique que les cottagers du Suffolk aient
constitué une armée industrielle de réserve, docile, mal payée et
abaissant les salaires d’autres catégories de travailleurs .

Mais revenons au changement de position de Gorz dans Misères du
présent, richesse du futur. C’est essentiellement à partir d’une analyse
des mutations actuelles du capitalisme (qu’il appelle « l’exode du
capital », désignant par là le décrochement de la production de
sur-valeur d’avec le temps de travail salarié) qu’il reconnaît un
pouvoir positif de transformation au revenu de citoyenneté déconnecté de
l’exercice continu d’un travail salarié. Dès lors se pose une question :
puisque ce n’est pas à un nostalgique et réactionnaire en deçà du
salariat qu’ouvre la revendication d’un revenu garanti, est-ce pour
déboucher sur son dépassement, sur un au-delà du travail dépendant ?

VI
Les objections qui ont été formulées récemment à l’encontre du revenu
minimum inconditionnel sont assez connues. Soit elles s’opposent à
cette revendication sur la base de principes théoriques , soit elles
concernent seulement sa faisabilité. Il y a des adversaires de cette
mesure et des sceptiques. Les objections de principe tournent
essentiellement autour de deux arguments. Le premier est que le travail
demeure central dans la production de richesse malgré tous les discours
poudre aux yeux sur la « fin du travail » extrapolés d’une vision
apologétique ou naïve du capitalisme. J. Rifkin est particulièrement
visé. Le salariat s’étend numériquement à l’échelle mondiale par
absorption de l’énorme population rurale au Sud, tandis qu’il demeure la
norme d’emploi dominante dans les pays développés, de sorte que l’on
peut en inférer que la question de la répartition plus égalitaire des
emplois (par des politiques volontaristes de réduction du temps de
travail et de partage des emplois) est prioritaire par rapport à la
question de la répartition des revenus issus de la production, donc du
travail. La seconde d’ordre plus anthropologique est que le droit au
travail est « considéré par les intéressés comme la première condition
assurant les bases du respect d’eux-mêmes  » ; ce versant psychologique
est complété dans son versant sociologique par la thèse de la
désaffiliation : le travail constituant la norme par excellence de
socialisation, le chômage détruit le lien social entre les individus et
en particulier les solidarités .

Ce deuxième type d’objections ne nous paraît pas très solide. Rien ne
garantit en effet que cette construction d’identité au travail et de
respect de soi ne constitue pas le « stade suprême » de l’aliénation
comme le montre la littérature qui s’est développée aux États-Unis sur
les workaddicts ou workoholics (les drogués ou alcooliques du travail).
Les témoignages empiriques fournis à l’appui de cette thèse sont biaisés
: pour un discours, une parole semblant prouver la vérité de l’adage le
« travail ne ment pas » (qui rappelle des énoncés de même matrice tels
« la terre ne ment pas ») combien d’autres témoignages en totale
contradiction : que ce soit la longue litanie des plaintes sur la
destruction et l’usure « inutile au monde » du sens de la vie dans le
travail dépendant ou que ce soit, a contrario, l’apologie passionnée de
la construction d’une identité ou d’un respect de soi dans des activités
qui ne sont pas le travail salarié ? L’argument de « la
désaffiliation » va lui à l’encontre de deux faits : les travailleurs
employés lorsqu’ils se constituent du « lien social » le font le plus
souvent en dehors de l’entreprise et de la relation de travail ; le
caractère artificiel, de pure « solidarité mécanique » du « lien
social » procuré par la relation d’emploi est révélé par l’épreuve du
chômage. Dans des régions massivement touchées par la
désindustrialisation (comme la Lorraine par exemple) c’est plutôt à une
libération de l’identité complète de l’individu, des familles de la vie
associative que l’on assiste particulièrement chez les préretraités. On
passe alors d’une pseudo identité et d’une affiliation mécanique à une
identité comme processus construit à maîtriser consciemment.

Le premier type d’objection appelle une réponse très différente.
Prenons le premier argument, celui du caractère massivement salarié de
ce capitalisme mondial intégré. Les faits invoqués ne sont pas niables :
le salariat ne disparaît pas à l’échelle mondiale. Mais la question
fondamentale qui permet de récuser aussi bien les visions
mystificatrices et intéressées de la « fin du travail » que les
« politiques de l’autruche » vis à vis de la grande transformation du
travail, c’est de décrire les nouvelles formes de travail et leurs
implications. Certes le travail de type fordiste se déplace fortement
vers le Sud : la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Nigeria, le Brésil ont
encore un grand devenir manufacturier devant eux à moins que les
prolétaires ne bousculent sérieusement cet avenir que les entrepreneurs
locaux, les investisseurs et leur gouvernement leur ont dessiné. Mais il
est également vrai que ce même travail banal connaît dans les pays
développés une forte diminution quantitative et surtout qualitative. Le
monde de la production matérielle est de plus en plus dominée par
l’importance cruciale du travail immatériel. Nous y reviendrons.

Le deuxième argument théorique des adversaires du revenu minimum
d’existence : la distribution de la richesse ne pourrait s’effectuer que
sur la base de la production et donc du travail. Cette opposition de la
production et de la distribution n’est pas tenable. La structure des
patrimoines, des stocks, de leur répartition conditionne largement la
production et les flux disait déjà Marx dans la Préface à la Critique de
l’économie politique. Il ne s’agit pas simplement de la question de la
poule et de l’œuf de Colomb. La circulation, la répartition sont
entièrement jouées comme instruments de contrôle, de domination et de
reproduction de l’infériorité du salarié ou plus généralement du
dépendant. Nous savons que les projets de partage du travail d’où l’on
déduirait un partage plus équitable du revenu constitue un
parfaitmiroirauxalouettes. Le travail n’est ni un quantum égal, ni une
masse non hiérarchisée. Et si l’on se replie sur les emplois à partager,
l’on se rend compte immédiatement qu’un emploi est un revenu direct
mais aussi largement indirect provenant des transferts sociaux. Cela est
vrai non seulement pour le salarié, mais aussi pour l’employeur qui
bénéficie d’une telle quantité de transferts monétaires et de transferts
gratuits (externalités positives) que cette distinction entre la sphère
de la production et celle du non productif (la consommation, la rente)
est elle aussi idéologique. De sorte que le droit au travail et le droit
à occuper un emploi pour le salarié devient aussi le droit pour
l’employeur de se faire subventionner contrairement à la « logique du
marché » censée régir le monde de la « production marchande ».

VI bis
Il s’agit d’abord d’une thèse descriptive, quasiment statistique
largement acceptée aujourd’hui. Elle revient à dire que le travail
industriel, largement manuel, obéissant une division tayloriste des
activités et correspondant à un salaire à la fois fordien (non plus un
coût mais un investissement) et keynésien (rigide à la baisse et visant
au plein emploi) représente désormais une portion fortement décroissante
de la somme du travail dépendant extorqué. Le corollaire de cette
proposition est que la classe ouvrière au sens des « cols bleus »
devient une minorité non pas dans la société, ce qu’elle a toujours été
mais au sein même du salariat ce qui constitue la nouveauté. C’est en ce
sens que la société peut-être qualifiée de post-industrielle sans pour
autant que l’on souscrive à l’analyse de Daniel Bell.

On voit donc qu’une telle théorie du travail immatériel, renvoie dos à
dos les thèses de la disparition du travail et de la classe ouvrière,
comme celle du maintien d’une division fordienne et manchestérienne du
travail. Pour savoir véritablement où va le salariat, question que se
pose Pierre Rolle par exemple ou à l’opposé l’ultime A. Gorz, il faut un
élément d’orientation, quelque chose comme une nouvelle théorie de ce
que sont le travail productif et la richesse aujourd’hui, et du même
coup nous comprendrons mieux ce qu’est le travail dépendant et les
transformations réelles de sa codification salariale.

Le complément de cette thèse est que les activités des services
tertiaires supérieurs deviennent non seulement majoritaires dans le
travail dans son ensemble mais aussi au sein du salariat. A l’économie
de production physique succéderait ainsi une économie de l’information
immatérielle dominée par le secteur quaternaire regroupant les services
rendus aux entreprises (en particulier financiers et communicationnels)
amont et aval de la production dans les villes globales. Dès 1994, les
dépenses totales en matériel pour le développement des infrastructures
destinées à stocker et à manipuler des données se sont élevées à 186
milliards de dollars dans la pays de l’OCDE tandis que les exploitants
de télécommunications publiques dans ces même pays ont engrangé 395
milliards de dollars de recette soit 2% du PIB. Cette part devrait
atteindre entre 10 et 15 % du PIB dans les dix ans à venir. Les
caractéristiques les plus en rupture avec le système économique
précédent sont au nombres de trois : 1) un déplacement de la source de
la richesse vers l’activité de conception ; 2) Les principaux
générateurs de valeur ajoutée sont les transactions de toutes nature en
particulier de celles qui sont liées à la communication et à la
distribution ; 3) un renversement de la hiérarchie des actifs; les
actifs les plus déterminants étant désormais immatériels (connaissance,
capacité de traitement de l’information, culture).

Le débat théorique sur le revenu minimum garanti inconditionnel nous
conduit donc à une évaluation de la « grande transformation » en cours .

Le constat de l’importance cruciale du travail immatériel encore que
sur le plan statistique global et sur les stocks, ce dernier soit encore
minoritaire ne repose pas seulement sur une analyse des flux nouveaux
d’emplois, mais aussi sur l’idée d’une transformation fondamentale du
capitalisme. Contrairement aux théoriciens classiques du marxisme
orthodoxe qui prévoyaient une dégénérescence du capitalisme in se, une
anarchie incontrôlable (Der Spatten Kapitalismus de E. Mandel par
exemple), sous la forme d’une contradiction inter capitaliste, ou bien
d’un heurt croissant entre les deux systèmes impériaux, celui du
capitalisme et celui du socialisme réel, les opéraïstes ont dès les
années soixante, crédité le premier d’une capacité de transformation
considérable. Mais ils se séparaient des chantres des progrès de la
société capitaliste, en imputant cette ressource à l’intensité de la
contestation de la classe ouvrière. L’intensité des luttes sociales ne
débouchait pas nécessairement sur la destruction du mode de production
capitalisme, elle provoquait une réponse en termes de socialisation
croissante de l’exploitation, de mutations technologiques. Pour eux,
l’ampleur du refus du travail a accéléré le règne du capital social
(Gesellschatskapital) : l’extraction de survaleur n’a plus de sens qu’au
niveau général de la société dans son ensemble. Mais à la différence du
fordisme où la grande industrie et l’ouvrier-masse demeurent le centre
nerveux du système, et la société devient un moment de contrôle de la
classe ouvrière, dans le capitalisme post-moderne, la science, le
travail abstrait dépendant, de plus en plus intellectualisé, s’avère la
force productive fondamentale. C’est l’hypothèse du General Intellect
tirée du célèbre fragment de Marx sur les machines des Grundrisse.. Le
pouvoir du capital revêt de plus en plus l’aspect objectif de la
domination de la science et de l’accumulation du savoir humain dans les
machines et l’automation des opérations de transformations de la nature.
« L’invention devient une activité économique et l’application de la
science à la production immédiate devient un critère déterminant pour la
production en même temps qu’elle la sollicite » ou encore ceci :
« L’ouvrier n’insère plus comme intermédiaire entre le matériau (Objekt)
et lui une chose naturelle modifiée ; il insère le procès naturel qu’il
transforme en procès industriel comme intermédiaire entre lui et la
nature organique dont il s’est rendu maître. Il se place à côté du
procès de production au lieu d’en être l’agent principal. Avec cette
transformation, ce n’est ni le travail immédiat effectué par l’homme
lui-même ni le temps durant lequel il travaille qui apparaissent comme
le fondement principal de la production et de la richesse ; c’est
l’appropriation de sa force productive générale, de sa compréhension de
la nature et de la domination qu’il exerce sur elle du fait de son
existence comme corps social, en un mot le développement de l’individu
social ».

L’assiette de la sur-valeur relative, les proportions du travail
nécessaire, le sens même que l’on donnait au travail directement ou
indirectement productif sont bouleversés. Ce message est-il une utopie
de philosophe illuminé ? Comme le rappelle André Gorz, le prix Nobel
d’économie Wassily Leontieff, qui n’est pas un rêveur, semble bien
envisager sérieusement cette possibilité « Quand la création de
richesse, ne dépendra plus du travail des hommes, ceux-ci mourront de
faim aux porte du Paradis à moins de répondre par une nouvelle politique
de revenu à la nouvelle situation technique » Toute mesure de la
richesse attribuée à l’individu en fonction du temps de travail devient
en effet non seulement arbitraire mais profondément inhibitrice. La
crise du salariat n’est donc pas une crise occasionnelle, l’utilisation
conjoncturelle par le capitalisme du chômage massif pour affaiblir le
statut du salariat, elle correspond à une crise définitive de la
valeur-travail attribuable individuellement au porteur de force de
travail censé en être le propriétaire et le vendeur. La garantie de
revenu sous la forme de l’allocation universelle ou du revenu de
citoyenneté est la forme actuelle, en acte de l’abolition du salariat
comme contrainte individuelle au travail dépendant.

Demandons-nous maintenant pourquoi c’est l’absorption inlassable
d’information d’une part, et l’incorporation croissante de culture, de
langage qui caractérisent le travail immatériel dans cette épiphanie de
la subsomption réelle du travail dans le capital, pour reprendre les
deux caractéristiques principales de la définition qu’en donne M.
Lazzarato. Si l’on y réfléchit, il n’y a pas seulement une crise
formelle de la relation salariale en raison de l’incommensurabilité de
la richesse réelle socialement produite et de la valeur travail reposant
sur le temps de travail prétendument contenu. Il y a aussi une crise
substantielle qui tient au fait que le commandement de la production de
richesse repose sur la ré-appropriation nécessaire et constamment
réitérée par le capital du contrôle sur le travail vivant, le travail
socialement commandé. Or plus la production sociale devient complexe,
globale, collective, plus l’organisation est l’élément déterminant et
plus l’interdépendance devient la règle. Plus l’organisation des
séquences productives, la continuité de la circulation des flux, et la
mise en ordre de la mobilité deviennent les véritables enjeux de la
compétitivité, de la productivité, plus la connaissance des méta
processus qui permettent de choisir les formes d’organisation
satisfaisantes, plus l’exploration de la rationalité procédurale et la
maîtrise du langage tout court s’avèrent les variables par excellence de
cette mesure nouvelle de la richesse.

Le courant théorique néo-institutionnaliste de l’économie des coûts
de transaction exprime au fond la même idée lorsqu’il explique que
l’organisation par le marché (entendons par la loi de la valeur)
implique des coûts de transaction de plus en plus importants. Dans un
monde d’interdépendance, d’interconnexion, les transactions de marché
présupposent et génèrent à leur tour des externalités positives ou
négatives. Or le travail immatériel s’avère le plus grand producteur
d’externalités positives soit qu’il incorpore dans les marchandises ou
dans l’acte même de la consommation une activité subjective non payée,
soit qu’il se borne à révéler les contours véritables, la nouvelle carte
de la richesse. Il permet de minimiser les coûts de transaction et de
capter le plus grand nombre possibles d’externalités positives. La
source la plus profitable pour l’entreprise aujourd’hui est la
compréhension des processus sociaux, et l’exploitation des gisements
d’externalités. C’est cela qui permet à la circulation de l’information
et àla circulation tout court de faire surgir une sur-valeur. La
marchandisation de l’information, de la culture, du vivant assume une
valeur stratégique. Plus la société et la production de richesse
assument un aspect d’emblée socialisé, plus les transactions monétaires
et l’échange argent/travail dépendant salarié s’avèrent inaptes à en
couvrir le champ réel. La désalarisation formelle que représente la
développement du travail dit autonome ou indépendant traduit cette
difficulté du salariat classique à mettre en forme et à exploiter le
travail immatériel.

Dans un monde fait de plus en plus d’externalités, la soumission du
travail dépendant salarié ne peut plus demeurer seulement formelle,
c’est-à-dire celle de la force de travail séparée de son porteur
personnalisé, mais elle doit soumettre réellement, reconstituer la
dépendance du travail comme sujet, comme singularité (travail au sens
classique, mais aussi affect, langage du vivant). C’est le travail
vivant en tant que vivant qui doit être soumis. C’est son implication
affective, langagière, culturelle qui garantit le caractère coopératif
et la recomposition du travail séparé et devenu inerte du taylorisme.



 
VII
En fait les objections récurrentes au revenu minimum d’existence
inconditionnel, mesurent mal la grande transformation du travail,
confondent emploi, statut, activité, salariat et travail dépendant, et
surtout continuent de penser le travail selon un paradigme énergétique
dominé par le modèle de la thermodynamique (principe d’entropie,
dégradation et rareté croissante de l’énergie biologique).
Fondamentalement le modèle du travail matériel et industriel était un
modèle malthusien et comme tout modèle fondé sur la rareté, il prévoit
que l’allocation des biens rares ne peut se réaliser que par une
appropriation privative (l’usage d’un bien l’use, et en prive d’usage
autrui). Autrement dit les biens collectifs sont des exceptions. Dans le
paradigme informationnel de l’activité humaine en général et du travail
pour le compte d’autrui, on a l’exact contraire : l’amortissement du
bien vecteur de l’activité d’information devient très subalterne, le
bien information se valorise du fait de son utilisation par le plus
grand nombre, le caractère collectif et non privatif d’une part
croissante des activités devient non plus la condition extérieure de la
valorisation, mais sa substance même. C’est ce que j’ai appelé la
« revanche des externalités »; l’activité et la capacité de la sphère
d’activité « privée » ou confiée au marché, de produire de la valeur
dépend essentiellement non plus de la production d’un quantum de
surtravail au delà du travail nécessaire entendu comme la reproduction
physique de la force de travail individuelle ou de la force de travail
du collectif ouvrier ou technique, mais des externalités positives qui
sont mobilisées par des séquences globales qui ne se limitent plus à
l’espace du travail (atelier, bureau). Ces séquences s’élargissent
désormais à la production et à l’entretien du vivant (on pourrait dire
du travail vivant en tant qu’il demeure irréductible à du machinisme et à
du capital ou à un quantum d’énergie musculaire consommable). C’est
dans ce cadre profondément modifié qu’il faut penser la place passée, et
les nouvelles places possibles de l’emploi, du statut du salariat, ou
des nouvelles formes de travail dépendant, celle aussi de la protection
sociale. Il est frappant en effet de constater que la revendication d’un
revenu minimum garanti de façon inconditionnelle n’a émergée de façon
massive, que lorsque la crise a accouché de façon de plus en plus
visible un monde de la production dominé par le travail immatériel,
tandis que parallèlement, le prix du travail salarié banal cessait de
jouer un rôle central dans l’équilibre économique , de sorte que la
persistance de situation de sous-emploi considérable au regard des
canons keynésiens (entre 10 et 20 % de la population active) n’a pas
engendré les cataclysmes prédits. Il n’y a pas eu d’écroulement général,
mais en revanche le rapport salarial subit une crise constitutionnelle.
Si l’on s’en tient aux indicateurs de prix traditionnels à partir de
l’évolution de la part des salaires dans le partage de la valeur ajoutée
par rapport à celle des profits, il ne devrait pas y avoir de crise :
la part des salaires a régressé partout en faveur des profits. Pourtant
si l’on caractérise le rapport salarial par la mise en place de
procédures d’établissement de prix du travail régulières, faisant
l’objet d’un minimum de consensus au delà du simple constat d’un niveau
de prix, on constate une désagrégation du tissu des négociations
collectives, une perte d’homogénéité et de cohérence du code du travail.
De nombreux auteurs l’ont analysé. La crise du travail actuel, est une
crise de la forme que revêt toute forme d’activité que l’on regroupera
sous la catégorie de travail réellement dépendant, nous disons
réellement pour indiquer qu’il s’agit du travail salarié mais pas
seulement (une partie du travail  » salarié  » correspond en réalité à
la perception d’une rente de patrimoine, mais aussi d’une partie du
travail autonome ou indépendant . Il ne peut y avoir en effet de
nouvelle « grande transformation » du travail et du capital qui ne
retentisse fortement sur la codification de la relation salariale.

Cependant si divers auteurs comme Friot, P. Rolle, A. Supiot et R.
Castel ont raison de souligner le côté profondément historique, non
naturel, de l’édification du rapport salarial (probablement
l’institution par excellence du capitalisme dans sa complexité de
rapport social), et de mettre l’accent sur la question du statut, on
peut leur reprocher de ne voir dans l’institution du salariat que la
domestication et la protection de la force de travail et sa
collectivisation ou socialisation dans le contrat. Leur genèse du
salariat reste très fonctionnelle à l’accumulation conçu comme une somme
de contraintes économiques extérieures à la définition et à la forme
juridique de l’échange. Il nous semble les enjeux de codification de la
forme du rapport d’échange d’argent contre du travail dépendant retentit
largement sur la nature de l’accumulation capitaliste. Autrement dit il
faut étendre la méthode employée par Marx lorsqu’il lie étroitement
l’étude des luttes pour la journée de travail à la survaleur relative.

VIII
Si nous voulons mieux comprendre « où va le salariat », il faut
rapprocher les caractéristiques que nous avons dégagées plus haut de la
transformation du monde productif, du spectre des actifs sur lesquels
s’opère la transaction salariale. La littérature économique après être
restée un long moment indifférente à l’analyse du contrat de travail
dans ce qu’il a de spécifique par rapport au contrat commercial standard
a souligné à la suite de H. Simon que l’indétermination du contrat de
travail, son incomplétude, sont liés à la spécificité de l’actif
échangé. Dans un travail de recherche largement historique et
rétrospectif j’ai essayé de dégager les points cruciaux autour desquels
s’organisait la codification du contrat salarial.

Si nous prenons les cinq dimensions dégagées par Williamson : la
spécificité de l’actif échangé, la fréquence, la sécurité des
transactions, l’opportunisme ex post des agents et la rationalité
procédurale, et que nous essayons de les rapprocher à la fois des
éléments de description empirique du travail « indépendant », autonome,
qui sont désormais assez bien connus, et des caractéristiques de la
révolution des nouvelles technologies de l’information et des
communications (ce que l’on commence à appeler le « capitalisme
cognitif ») de substantielles différences apparaissent comme le résume
le tableau 1.

 
Tableau 1 : Le salariat et les cinq dimensions de la transaction
richesse/travail dans le contrat d’engagement de travail dépendant

Dimensions transactionnelles Salariat canonique  Salariat brouillé
Désalarisation formelle
Spécificité de l’actif
A) Définition de l’actif






 
B) Droits de propriété Séparation (Trenung):
Capacité de travail soumise à une division du travail à disposition d’un employeur
Prolétarisation individuelle
* moyens de travail/travailleur
* produit/activité
* activité/corps support
d) formation/activité Chevauchement :
Disponibilité de l’activité globale sur le marché


 
Déprolétarisation collective
* Restitution partielle des machines
* L’activité comme produit
* Activité intellectuelle et vie
d) Formation active
Fréquence transactionnelle Forte : régularité, continuité sur cycle de vie  Bipolarisée : irrégularité, discontinuité
Sécurité transactionnelle Élevée : administrée ou négociée par convention  Faible : auto-assurée, absence de couverture
Opportunisme ex post des agents Liberté unilatérale de rupture du
contrat par le travailleur dépendant Pas de liberté de rupture avec le
véritable employeur: le marché

Rationalité procédurale
A) Actif exclu de la transaction 
B) Actif inclus dans la transaction  Durée d’exécution de la transaction
Consommation productive effective Dépendance hiérarchique directe
Temps hors travail
Nous avons pris pour référence dans la colonne II, le salariat
canonique tel qu’il a été progressivement institué comme statut standard
définissant la norme (les formes particulières d’emploi étant conçues
comme dérogatoires par rapport à lui). Dans la colonne III nous avons
réuni la différence spécifique de ce qui est nommé selon les auteurs
tantôt de para-salariat, ou de travail para-subordonné, de travail
indépendant ou autonome ou semi-autonome. Chaque fois, ce qui est nommé
par la terminologie encore flottante, c’est un brouillage des
déterminations classiques du salariat ; nous parlerons de salariat
brouillé. Ce mouvement se retrouve également dans la théorie économique
de la firme qui s’interroge sur les limites actuelles de la firme :
firme réseau ou nœud de contrat (Aoki), empty box (Peter Drücker),
quasi-firme, entreprise pas comme les autres. Il faut sans doute parler
de post-salariat puisque la disparition de plusieurs des
caractéristiques fondamentales du régime salarial menacent la cohérence
systémique de la codification du travail dépendant libre qui avait
prévalu de la fin au XVIII° siècle à nos jours. En particulier la
définition de l’actif « capacité de travail » (ou « force de travail »)
est modifiée profondément. Bien que des analyses aient conclu à une
individualisation du salaire (aussi bien dans l’analyse libérale pour
l’exalter comme dépassement des classes sociales traditionnelles, que
dans l’analyse critique pour dénoncer la recrudescence de l’arbitraire
patronal) force est d’observer que ce mouvement en masque un beaucoup
plus important : ce qui fait l’objet de la transaction argent /travail
ce n’est plus la capacité de travail d’un individu atomisé dans une
division du travail extérieure à lui et soumis au commandement direct
d’entreprise, c’est la disponibilité d’un individu fortement inséré dans
des réseaux sociaux et productifs en dehors de l’entreprise, organisant
son temps, sa prestation de façon plus libre et ne dépendant plus
directement de l’entreprise, mais indirectement du marché. On pourrait
résumer paradoxalement la situation en disant que ce qui constitue le
cœur de ce nouveau type de para-salariat ce n’est plus la
prolétarisation de l’individu, mais une déprolétarisation (ou
prolétarisation « restreinte ») du collectif de travail. L. Boltanski et
E. Chiapello ont donné une excellente description des qualités
attendues dorénavant par le capitalisme dans la « cité par projets » Les
trois séparations qui faisaient du salariat le point d’aboutissement de
la Trenung (la séparation) marxienne sont remise en cause : le nouveau
salarié ou indépendant des NTIC ne peut opérer qu’avec ses instruments
de travail (ordinateur, réseau de communication), ses relations propres
(individualisées et socialisées par lui). Le fondement essentiel du
salariat, qu’est la différenciation stricte entre le produit de
l’activité qui devient propriété exclusive de l’entreprise, et la
propriété de l’activité qui devient celle du travailleur, ne fonctionne
plus. D’une part l’actif échangé dans la transaction, c’est l’activité
subjective globale du travailleur, activité devenue produit ; d’autre
part, dans la mesure où le travailleur n’est plus réduit à une activité
banale subordonnée au machinisme et à la division rigide du travail, il
en vient à revendiquer des droits de propriété sur le produit du
travail. Le salariat dans des secteurs non directement hiérarchiques, se
trouve contaminé par des modèles d’implication et d’intéressement des
cadres. Les droits d’auteurs, les droits patrimoniaux (droit de l’image)
deviennent des enjeux de la rétribution. Si bien que
l’individualisation des salaires dans l’entreprise se révèle une arme à
double tranchant. Il s’agit encore de tendances qui ne touchent pas,
tant s’en faut l’intégralité des salariés ; mais elles concernent
désormais une forte minorité dont le poids stratégique s’accroît
sensiblement.

Deux autres séparations structurellement constitutives du salariat
standard se trouvent également mises à mal : la séparation de la force
de travail de son vecteur physique et affectif et la séparation du
moment de la formation de cette capacité de celui de sa consommation
productive. Or la séparation du travail d’avec la personne n’a jamais
été historiquement évidente. A fortiori aujourd’hui avec le travail
immatériel. Si ce qui est demandé au travailleur salarié ou indépendant,
c’est de faire fonctionner son cerveau (ce que R. Nelson et P. Romer
nomment le wetware), on ne peut plus séparer le porteur de force de
travail de l’activité, l’activité vivante du cerveau des affects du
corps, la vie professionnelle, de la vie affective, la sphère du travail
de la sphère privée. Si d’autre part, l’activité productive est de plus
en plus synonyme de traitement de l’information, d’enrichissement des
données par apprentissage, de mémoire, la formation et l’activité ne
sont plus séparables aussi facilement qu’auparavant. Est-ce un hasard si
les dispositifs dérogatoires au code du travail des formes
particulières d’emploi en matière de rémunération, se fondent
essentiellement sur le fait qu’il s’agit d’apprentissage, de formation
et non de travail salarié à proprement parler ?

La mutation s’observe dans toutes les dimensions de l’analyse
transactionnelle. La dimension de la fréquence des transactions est
également touchée : si le salariat classique ne parvient à s’installer
que pour des échanges réguliers (en ce sens le salariat pur ou libre
s’est développé dans la grande industrie et de façon beaucoup plus
déformée ou bridée dans les activités soumises à des variations
importantes (saisonnière) ou imprévisibles), l’irrégularité forte qui
touche les marchés mondialisés des marchandises et qui s’est transmise
au marché du travail, paraît bien entraîner la relation salariale dans
un cercle vicieux. Le salariat comme régime stable reposait sur une
insertion continue dans le marché du travail dépendant tout au long du
cycle de vie. La multiplication des sorties et entrées dans le salariat
classique, puis dans le para-salariat et surtout leur imprévisibilité
mettent à mal le système d’approvisionnement des entreprises hier comme
aujourd’hui et surtout déstabilisent les systèmes de protection, ce qui
nous conduit à la troisième dimension du rapport salarial qui contribue à
la crise constitutionnelle du travail : celle du système de protection
sociale (welfare).

Dans la stabilisation du rapport salarial et l’installation de la
convention salariale collective qu’elle soit administrée (droit du
travail) qu’elle soit négociée, ou les deux à la fois par des systèmes
de complémentarité, l’établissement de systèmes de protection sociale
d’abord du travailleur, puis de sa famille a permis de sécuriser la
transaction. La mobilité menaçante ne devient surplus, réserve, marché
du travail pour les entreprises privées qu’à condition que soit créées
sur un territoire donné les conditions de stabilité et de sécurité
minimales pour les salariés. Or le nouveau salariat ou para-salariat est
beaucoup moins protégé; lorsqu’il s’agissait des exploitants agricoles,
des professions artisanales ou libérales en voie de disparition ou de
salarisation rapide, le régime général de protection sociale des
salariés était amené tôt ou tard à les prendre en charge. Mais désormais
la situation est renversée et il s’agit d’un déséquilibre qui n’est pas
de nature démographique ; à l’heure actuelle, les salariés classiques
ne peuvent pas compter, en cas de basculement vers le salariat précarisé
ou le travail indépendant précarisé, sur un nouveau régime
post-salarial pour retrouver une sécurité comparable à ce qui était
assuré et continue tant bien que mal de l’être. Les nouveaux
travailleurs indépendants, les salariés occasionnels ou précaires
doivent assurer eux-mêmes leur protection comme ils doivent supporter
eux-mêmes les frais d’entretien du marché (des contrats, de l’entretien
des réseaux). C’est cette vague profonde que tente de surfer la
contre-révolution libérale de la capitalisation des retraites, du
basculement vers des systèmes d’assurance privés de la protection
sociale, avec pour effet d’accélérer la crise de financement des
systèmes de répartition et d’introduire une incohérence structurelle
dans le welfare dont le rôle universalisateur (égalisateur par
l’investissement dans une forme générale légale) si l’on peut forger ce
néologisme est crucial pour maintenir l’existence d’un :marché du
travail tout court.

L’économie des coûts de transaction (et un marxisme élémentaire a-t-on
envie d’ajouter) prévoie que l’hypothèse réaliste dans la conclusion des
conventions collective et du règlement des contrats en vue de leur
exécution effective, est celle de l’opportunisme des agents, des
asymétries dans le pouvoir initial de contracter, dans l’information
nécessaire à négocier ou à réviser les accords et non celle d’une
hypothèse ad hoc de loyauté des agents ou de persistance des préférences
révélées. Dans la relation salariale standard, au terme d’un très long
et très résistible cheminement historique, le travailleur dépendant se
voit doté d’une prérogative fondamentale : celle de rompre
unilatéralement l’engagement de travail sans être retenu par la force ou
pécuniairement. Cette liberté constituée matériellement dans le droit
du contrat de travail, est la contrepartie indispensable du pouvoir
concédé à l’employeur sur le salarié placé en position de subordination.
Sinon la subordination se transforme vite en marchandage, voire en
forme de bridage de la relation de travail dépendant (esclavage de
plantation, second servage, paternalisme, travail soumis à la
réglementation de la main d’œuvre étrangère). Or la relation de marché
qui se substitue à la relation d’entreprise pour les travailleurs
indépendants, les salariés pluri-dépendants (employés par plusieurs
employeurs indépendants les uns des autres) est non régulée au sens ou
aucune garantie n’est offerte à l’opportunisme des agents, c’est-à-dire à
la liberté de ne pas contracter d’engagement. Ce nouveau salariat ou
para-salariat ne se voit pas reconnaître la liberté de rompre
unilatéralement l’engagement de travail. On peut donc conclure
provisoirement que ce post-salariat sera fortement instable s’il ne
trouve pas les institutions et les règles adéquates à assurer la liberté
du travailleur.

Dernier volet de l’analyse transactionnelle du salariat : le contenu
de la rationalité procédurale. On peut faire apparaître un critère
pertinent pour le caractère fonctionnel de la procédure d’échange à
l’égard du temps (mise en équivalence, commensurabilité, justification
comme « épreuve de la grandeur ») : celui de l’inclusion/exclusion. La
procédure retenue dans l’établissement du contrat de travail, exclu un
type actif comme elle en inclut d’autres. La plupart des analyses du
droit du travail se fixent exclusivement sur la durée du temps de
travail. Elles ignorent pour la plupart la variable de la durée
d’exécution de la transaction, bien que la littérature économique
réserve désormais une large place à la question de l’enforcement
(exécution) du contrat. Le contrat de travail dépendant peut-il, doit-il
acheter le temps d’exécution du contrat (ce qui est un moyen pour les
deux parties de se prémunir contre la rupture du contrat, et d’améliorer
la sécurité des transactions) ? A près l’expérience collective capitale
de la libération médiévale, du second servage et de l’esclavage
moderne, (et non par simple exigence logique et formelle) la durée
d’exécution du contrat de travail a été sortie des actifs négociables.
Le contrat de travail standard est devenu un contrat à durée
indéterminée : il est interdit sous peine de délit de marchandage à
l’employeur de faire signer un engagement plancher au salarié (une durée
minimum de travail). Cette règle permet de concilier la liberté du
travailleur dépendant de quitter son emploi, et l’uniformité de
traitement dans l’entreprise de travailleurs ayant contracté un
engagement de travail. Or la très large diffusion des contrats à durée
déterminée introduit une brèche fondamentale dans ce qui constituait le
cœur de la procédure d’exécution du contrat, parallèle au recouvrement
des limites activité/produit vues plus haut. Dans le cas du salariat
précaire ou du para-salariat les employeurs ne comptabilisent plus (et
donc ne raisonnent plus) en emploi, en poste de travail mais en mission
heures ou journée/homme. La question de l’exécution du contrat et de la
prévention des ruptures unilatérales devient cruciale. Les
pluri-employeurs sont fortement incités à multiplier les épreuves qui
leur permettent de s’assurer de la loyauté de leur main-d’œuvre. leur
problème devient celui des compagnies d’assurance face à l’aléa moral.
Il ne s’agit pas d’épreuves justifiéeset acceptées par les deux parties,
mais le plus souvent de pratiques d’intrusion dans la vie privée, de
surveillance de la concurrence. Néanmoins à la différence du salariat
bridé (esclavage moderne, paternalisme, travail sous contrat
d’engagement pour les migrants internationaux) l’actif inclus dans la
transaction argent/travail n’est pas spécifiquement le temps d’exécution
du contrat, mais plus globalement le temps hors travail statutaire.
L’actif exclu en revanche c’est la dépendance hiérarchique. Le
post-salarié est « libre » d’organiser son temps, même si cela veut
souvent dire un horaire de mobilisation productive bien supérieur au
salarié classique. Ce qui devient l’enjeu principal de la codification
du rapport du salariat nouveau, c’est l’inclusion non plus simplement de
la consommation productive, mais celle de la disponibilité à la
consommation productive, autrement dit de l’absorption du maximum
d’externalités positives (le nouveau contours de la production) parce
qu’elles sont la véritable source d’innovation et parce qu’elles
présentent l’immense avantage pour les entreprise et le marché d’être
gratuites.

Ce point revêt toute son importance dans une économie de réseau,
d’interrelations complexes de plus en plus denses où les externalités
positives jouent un rôle déterminant dans la recherche de la
compétitivité hors coût.

IX
L’analyse du système salarial standard que nous venons d’esquisser
débouche sur des conclusions qui nous ramènent toutes au revenu minimum
d’existence ou revenu garanti, mais à la différence des justifications
de ce dernier, généralement cherchée du côté d’une théorie de la
redistribution du revenu, nous nous appuyons essentiellement sur une ré
interprétation des transformations productives en cours.

J.-M. Harribey reproche aux justifications de l’allocation
universelle en particulier à celle de P. Van Parijs de se placer sur ce
terrain seulement, Ce reproche ne nous paraît pas fondé. En revanche
nous ne comprenons pas l’absence d’articulation dans sa pensée entre une
théorie novatrice, écologique des systèmes complexes qui fait toutes sa
place aux externalités, et une théorie on peut plus traditionnelle du
travail directement productif. Le rejet du revenu minimum inconditionnel
butte clairement sur les obstacles épistémologiques analysés plus haut.

S’il y a crise constitutionnelle du salariat standard c’est à la fois
parce l’actif travail s’est considérablement modifié dans l’économie de
l’immatériel, c’est aussi parce la codification actuelle de l’échange
argent/travail dépendant ou contraint dans la société, ne répond plus
aux conditions impératives pour l’établissement d’un régime stable de
nouveau rapport salarial. L’économie historique du salariat (et plus
généralement du travail dépendant sous le capitalisme) nous apprend que
la définition des procédures d’établissement des transactions (ce qui
fait partie de l’échange, ce qui n’en fait pas partie, ce qui garantit
la sécurité, la régularité) est l’objet de longues tractations et
conflits.

Les lois sur les pauvres, la protection sociale ont été des étapes
fondamentales dans l’instauration d’un régime salarial libre sans
lesquelles le capitalisme est allé vers le travail salarié privé de
liberté. L’instauration d’un revenu inconditionnel d’existence est
aujourd’hui la clé d’une redéfinition du travail salarié et para-salarié
dans la « nouvelle économie ».

Examinons en effet les trois points cruciaux pour la codification du
rapport salarial que sont 1) le brouillage de la séparation
activité/personne ; 2) La liberté de rupture unilatérale du contrat
d’engagement ; 3) L’exclusion du temps d’exécution du contrat dans la
transaction.

Le passage d’une relation de travail d’entreprise à une relation
territoriale où l’individu se construit une identité professionnelle qui
n’est plus liée à une entreprise donnée est présentée comme la
réalisation de la liberté. Malheureusement cette vision idyllique en
l’état actuel du système de protection sociale et des marchés internes
ne se réalise que pour une toute petite minorité, ceux que Michael J.
Piore appelait l’upper tier (l’étage supérieur du marché primaire du
travail). Une grande partie des travailleurs du secteur de la production
immatérielle de l’économie, ont troqué la dépendance vis à vis d’un
patron pour une dépendance permanente à l’égard du marché et de sa
précarité (et par définition le marché est versatile). L’instauration
d’un revenu d’existence à un niveau beaucoup plus élevé que les minima
sociaux actuels cumulable avec des rémunérations (d’au moins 75 % du
SMIC) aurait pour effet de fortement pénaliser les entreprises qui
recourent systématiquementaux formes particulières d’emploi et aux
emplois rémunérés au SMIC (en fait 35 % de moins par le jeu des
exonérations partielles ou totales des charges sociales) et d’assécher
le marché florissant du travail précaire. Si le travail immatériel rend
très difficile la distinction de la prestation de service, de la
personne qui l’effectue et permet nombre d’empiétements sur la vie
privée, sur la personne qui est obligée de « se vendre sur le marché »
et non de louer simplement ses services, la création d’une sphère
publique égalitaire et non conditionnée par le marché restaure une zone
non atteignable par le marché autrement que par la séduction et un
niveau d’incitation financière nettement plus élevé que celui qui existe
actuellement.

Quant à la liberté pour le salarié de refuser les emplois sur le
marché et de rompre son engagement de travail, elle est purement fictive
tant que le chantage à la survie conduit à l’acceptation de n’importe
quel travail.

Tableau 2 Le revenu d’existence inconditionnel attaché à la personne et non au statut, socle du post-salariat
Dimensions transactionnelles Salariat brouillé
Désalarisation formelle Effet du Revenu minimum d’existence inconditionnel
Spécificité de l’actif










 
  Disponibilité à l’activité globale sur le marché
Confusion
travail productif immatériel
vie et formation Éliminer le travail Précaire non Volontaire 
Remplace le SMIC comme régulateur du marché
L’inconditionnalité restaure une frontière entre les employeurs marchand et sphère publique de la vie (Tiers secteur)
Fréquence transactionnelle Bipolarisée 
irrégularité, discontinuité Garantie de revenu entre les missions 
Sécurise le passage du salariat au non salariat et réciproquement
Dissuade le recours abusif à l’intérim par élévation de son coût global
Sécurité transactionnelle Faible : auto-assurée, absence de couverture Crée un niveau plancher universel de protection
retraite, assurance, maladie, chômage.
Élimine la discrimination envers les handicapés, les non reconnus comme travailleurs (femmes à la maison)
Opportunisme ex post des agents Pas de liberté de rupture avec le
véritable employeur: le marché Permettre la liberté de ne pas contracter
d’engagement marchand

Effet de réévaluation des rémunérations,
endogénéisation des externalités
Rationalité procédurale
A) Actif exclu de la transaction 
B) Actif inclus dans la transaction  Dépendance hiérarchique directe


 
Temps hors travail Exclusion du chantage à la survie pour obtenir la participation au marché du travail
Externalités positives générées pour les activités marchandes par la vie soustraite au marché


L’inclusion du temps d’exécution du contrat dans la transaction qui est
une tendance très préoccupante des transformations actuelles des
rapports de travail, ne peut pas être combattue simplement comme le
faisait le salariat canonique, car les tâches attendues des travailleurs
engagés et dépendant de la commande et non plus automatiquement d’un
patron, revêtent de plus en plus la forme de missions, ou de produits
« packagés » (c’est-à-dire qui comprennent leur accomplissement à bien,
exactement comme un auteur qui signe un contrat s’engage à remettre un
manuscrit et fait face à des dédits en cas de défaillance). Il convient
donc de renforcer l’autonomie et la liberté du contractant en amont de
la commande. Actuellement seuls les para-salariés les plus forts
parviennent à négocier ex ante (soit qu’ils aient atteint un prix de
marché, soit qu’ils disposent de revenu qui leur permettent de pouvoir
dire non).

La conquête de la liberté dans le nouveau salariat reste largement à
faire. La mise en place d’un « droit à la vie » c’est ainsi que l’on
appela rapidement la législation de Speenhamland en Angleterre, il y a
trois bons siècles, est une étape indispensable pour réaliser ce que le
Mouvement Ouvrier avait inscrit en lettres d’or dans ses statuts dans la
Charte d’Amiens de la CGT : la lutte contre l’esclavage du salariat.
Dire que cela abolira le salariat, c’est sans doute entendre abolir au
sens hégélien de la relève. Mais ce sera certainement une transformation
systémique du rapport salarial et du capitalisme. Il ne s’agit pas
simplement d’une exigence élémentaire de justice, il s’agit surtout de
répondre aux besoins d’organisation, de protection, de la force
productive de richesse. Le revenu d’existence inconditionnel est la
forme de protection d’une société où le monde des externalités positives
est la partie immergée de l’iceberg de la valeur marchande.

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l’atelier 5 du Pôle Droit, du Colloque Marx international 2, ronéo. 15
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Confrontation, PUF

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Christos anesti, Christos voskres

 https://www.youtube.com/watch?v=Y7tKexc4wSM

 Christos Anesti

Khristos anesti ek nekron,
Thanato thanaton patisas,
Kai tis en tis mnimasi
Zo-in kharisamenos!

Orthodox music: Hristos Anesti – Divna Ljubojevic

Une parole du Pape François : 
« La politique est une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun. »
(….)
Ils
ont donc décidé de créer un réseau de recteurs (de sanctuaires), ce
mercredi 2 avril, anniversaire de la morts du Bienheureux Jean-Paul II,
en invoquant son intercession.


Voici la prière du réseau des sanctuaires, écrite par le Cardinal Paul Poupard



Sainte VIERGE MARIE, NOTRE-DAME,

Vous avez porté depuis des siècles un regard d’amour sur le pays de
France et sur le peuple français. Vous l’avez protégé et aidé de mille
manières et vous avez manifesté à de nombreuses reprises votre présence
sur cette terre. Malgré toutes leurs faiblesses et leurs péchés, les
chrétiens de France vous ont montré souvent leur tendresse et leur
confiance. Ainsi, un pacte d’affection s’est créé entre la France et
vous-même, déterminant de la sorte un chemin privilégié vers le Cœur de
votre Fils Jésus.

Aujourd’hui, Vierge Sainte, nous tournons nos regards vers vous avec
plus d’insistance. Vous savez que dans notre pays, comme dans le monde
entier, se joue l’avenir de l’être humain, de la famille, et de la
civilisation et de la vie. Vous voyez que les forces de destruction de
l’homme sont à l’œuvre comme jamais, séduisant les esprits et les cœurs.
Vous êtes la femme de l’Apocalypse qui, avec l’aide des anges,
combattez le démon. Prenez-nous en pitié. Ne nous abandonnez pas dans le
combat. Écoutez les humbles prières que nous faisons monter vers vous
avec un cœur d’enfant. Permettez que la vérité, la pureté, la foi,
l’union des cœurs triomphent chez nous, non pour nous glorifier
nous-mêmes, mais pour servir dans le monde entier, avec générosité,
Jésus Sauveur des hommes, votre divin Fils. Faites de nous des hommes et
des femmes courageux et fervents, dignes de leurs pères et préparant
des générations futures qui continueront l’œuvre de l’amour dans notre
pays et sur toute la terre.

Amen.

 https://www.youtube.com/watch?v=AE1FzSC8DBs

O Virgin Pure
by St. Nectarios
Plagal First Tone (Tone 5)
Refrain: Rejoice, O Bride Unwedded!
O Virgin pure, immaculate/ O Lady Theotokos
O Virgin Mother, Queen of all/ and fleece which is all dewy
More radiant than the rays of sun/ and higher than the heavens
Delight of virgin choruses/ superior to Angels.
Much brighter than the firmament/ and purer than the sun’s light
More holy than the multitude/ of all the heav’nly armies.
Rejoice, O Bride Unwedded!
O Ever Virgin Mary/ of all the world, the Lady
O bride all pure, immaculate/ O Lady Panagia
O Mary bride and Queen of all/ our cause of jubilation
Majestic maiden, Queen of all/ O our most holy Mother
More hon’rable than Cherubim/ beyond compare more glorious
than immaterial Seraphim/ and greater than angelic thrones.
Rejoice, O Bride Unwedded!
Rejoice, O song of Cherubim/ Rejoice, O hymn of angels
Rejoice, O ode of Seraphim/ the joy of the archangels
Rejoice, O peace and happiness/ the harbor of salvation
O sacred chamber of the Word/ flow’r of incorruption
Rejoice, delightful paradise/ of blessed life eternal
Rejoice, O wood and tree of life/ the fount of immortality.
Rejoice, O Bride Unwedded!
I supplicate you, Lady/ now do I call upon you
And I beseech you, Queen of all/ I beg of you your favor
Majestic maiden, spotless one/ O Lady Panagia
I call upon you fervently/ O sacred, hallowed temple
Assist me and deliver me/ protect me from the enemy
And make me an inheritor/ of blessed life eternal.
Rejoice, O Bride Unwedded!

http://en.wikipedia.org/wiki/Agni_Par…

http://www.youtube.com/watch?v=IomxvOTf-So

The Paschal greeting in various languages

Albanian: Krishti Ungjall! Vertete Ungjall!
Arabic: Al Maseeh Qam! Haqqan Qam!
Armenian: Christos harjav i merelotz! Orhniale harutjun Christosi!
Belorussian: Khristos Uvoskros! Zaprowdu Uvoskros!
Chinese: Helisituosi fuhuole! Queshi fuhuole!
Coptic: Pikhirstof aftonf! Khen o methni aftonf!
Czech: Kristus vstal zmrtvy’ch! Skutec ne vstal!
Danish: Kristus er opstanden! Ja, sandelig opstanden!
Dutch: Christus is opgestaan! Hij is waarlijk opgestaan!
English: Christ is Risen! Indeed, He is Risen!
Estonian: Kristus on surnuist ülestõusnud! Tõesti ülestõusnud!
Finnish: Kristus nousi Kuolleista! Totisesti Nousi!
French: Christ est Ressuscité! En Vérité, Il est Ressuscité!
Gaelic: Erid Krist! G’deya! n erid she!
Irish Gaelic: Tá Críosd ar éirigh! Go deimhin, tá e ar éirigh!
Scots’ Gaelic: Tha Crìosd air èiridh! Gu dearbh, tha e air èiridh!
Georgian: Kriste aghsdga! Cheshmaritad aghsdga!
Greek: Christos Anesti! Alithos Anesti!
Hebrew: Ha Mashiyach qam! Ken hoo qam!
Hungarian: Krisztus feltámadt! Valóban feltámadt!
Italian: Cristo è risorto! È veramente risorto!
Japanese: Harisutosu Fukkatsu! Jitsu Ni Fukkatsu!
Latin: Christus resurrexit! Vere resurrexit!
Norwegian: Kristus er oppstanden! Han er sannelig opstanden!
Polish: Khristus Zmartvikstau! Zaiste Zmartvikstau!
Portuguese: Christo Ressuscitou! Em Verdade Ressuscitou!
Romanian: Hristos a Inviat! Adevarat a Inviat!
Russian: Khristos voskres! Voistinu voskres!
Serbian: Hristos Vaskrese! Vaistinu Vaskrese!
Slavonic: Christos Voskrese! Voistinu Voskrese!
Slovak: Kristus vstal zmr’tvych! Skutoc ne vstal!
Spanish: Cristo ha resucitado! Verdaderamente ha resucitado!
Swedish: Kristus är upstånden! Ja, Han är sannerligen uppstånden!
Syriac: Meshiha qam! Bashrira qam!
Ukrainian: Kristos Voskres! Voistinu voskres!
Welsh: Atgyfododd Crist! Atgyfododd in wir!

  • Indo-European languages
    • Albanian (Tosk) – Krishti u ngjall! Vërtet u ngjall!
    • Armenian
      – Քրիստոս յարեաւ ի մեռելոց՜ Օրհնեալ է Յարութիւնն Քրիստոսի՜ (Christos
      haryav i merelotz! Orhnial e Haroutiunn Christosi! – Christ is risen!
      Blessed is the resurrection of Christ!)
    • Germanic languages
      • Anglic languages
        • English – “Christ is risen!” / “Truly He is risen!” or “Christ is risen!” / “Indeed, He is risen!” or “He [or ‘The LORD’] is risen!” / “He [or ‘The LORD’] is risen indeed!” or “Christ has risen!” / “Indeed He has!” or “Christ is risen!” / “He is risen, Indeed!”
          • Church of England – Alleluia! Christ is Risen! He is risen indeed! Alleluia![3]
          • Old English – Crist aras! Crist soþlice aras! (Lit: Christ arose! Christ surely arose!)
          • Middle English – Crist is arisen! Arisen he sothe!
        • Rastafarian – Krestos a uprisin! Seen, him a uprisin fe tru!
      • Danish – Kristus er opstanden! Sandelig Han er Opstanden!
      • Frisian – Kristus is opstien! Wis is er opstien!
      • German – Christus ist auferstanden! Er ist wahrhaftig auferstanden!
      • Icelandic – Kristur er upprisinn! Hann er sannarlega upprisinn!
      • Low Franconian languages
        • Dutch – Christus is opgestaan! Hij is waarlijk opgestaan! (Netherlands) or Christus is verrezen! Hij is waarlijk verrezen! (Belgium)
        • Afrikaans – Christus het opgestaan! Hy het waarlik opgestaan!
      • Norwegian – Kristus er oppstanden! Han er sannelig oppstanden!
      • Swedish – Kristus är uppstånden! Han är sannerligen uppstånden!
    • Italic languages
      • Latin – Christus resurrexit! Resurrexit vere!
      • Romance languages
        • Aromanian – Hristolu unghia! Daleehira unghia!
        • Catalan – Crist ha ressuscitat! Veritablement ha ressuscitat!
        • French – Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité!
        • Galician -Cristo resucitou! De verdade resucitou!
        • Italian – Cristo è risorto! È veramente risorto!
        • Portuguese – Cristo ressuscitou! Em verdade ressuscitou!
        • Provençal – Lo Crist es ressuscitat! En veritat es ressuscitat!
        • Romanian – Hristos a înviat! Cu adevărat a înviat!
        • Romansh – Cristo es rinaschieu! In varded, el es rinaschieu!
        • Sardinian – Cristu est resuscitadu! Aberu est resuscitadu!
        • Sicilian – Cristu arrivisciutu esti! Pibbiru arrivisciutu esti!
        • Spanish – ¡Cristo ha resucitado! ¡En verdad ha resucitado!
        • Walloon – Li Crist a raviké! Il a raviké podbon!
    • Greek – Χριστὸς ἀνέστη! Ἀληθῶς ἀνέστη! (Khristós Anésti! Alithós Anésti!)
    • Slavic languages
      • Church Slavonic – Хрїстóсъ воскрéсе! Воистину воскресе! (Christos voskrese! Voistinu voskrese!)
      • Belarusian – Хрыстос уваскрос! Сапраўды ўваскрос! (Chrystos uvaskros! Sapraŭdy ŭvaskros!)
      • Bulgarian
        – Христос възкресе! Наистина възкресе! (Hristos vyzkrese! Naistina
        vyzkrese!), or (Church Slavonic): Христос воскресе! Воистину воскресе!
        (Hristos voskrese! Voistinu voskrese!)
      • Croatian – Krist uskrsnu! Uistinu uskrsnu!
      • Czech – Kristus vstal z mrtvých! Vpravdě vstal z mrtvých!
      • Macedonian
        • Traditional (as per Church Slavonic) – Христос воскресе! Навистина воскресе! (Hristos voskrese! Navistina voskrese!)
        • Vernacular – Христос воскресна! Навистина воскресна! (Hristos voskresna! Navistina voskresna!)
      • Polish – Chrystus zmartwychwstał! Prawdziwie zmartwychwstał!
      • Russian – Христос воскрес! Воистину воскрес! (Christos voskres! Voistinu voskres!)
      • Rusyn – Хрістос воскрес! Воістину воскрес! (Hristos voskres! Voistynu voskres!)
      • Serbian – Христос васкрсе! Ваистину васкрсе! (Hristos vaskrse! Vaistinu vaskrse!)
      • Slovak
        – Kristus z mŕtvych vstal! Skutočne z mŕtvych vstal! (also not used;
        the Slovak of eastern religions use Church Slavonic version: Christos
        voskrese! Voistinu voskrese!)
      • Ukrainian – Христос воскрес! Воїстину воскрес! (Khrystos voskres! Voyistynu voskres!)
    • Baltic languages
      • Latvian Kristus (ir) augšāmcēlies! Patiesi viņš ir augšāmcēlies!
      • Lithuanian – Kristus prisikėlė! Tikrai prisikėlė!
    • Celtic languages
      • Goidelic languages
        • Old Irish – Asréracht Críst! Asréracht Hé-som co dearb!
        • Irish – Tá Críost éirithe! Go deimhin, tá sé éirithe!
        • Manx – Taw Creest Ereen! Taw Shay Ereen Guhdyne!
        • Scottish – Tha Crìosd air èiridh! Gu dearbh, tha e air èiridh!
      • Brythonic languages
        • Breton – Dassoret eo Krist! E wirionez dassoret eo!
        • Cornish – Thew Creest dassorez! En weer thewa dassorez!
        • Welsh – Atgyfododd Crist! Yn wir atgyfododd!
    • Indo-Iranian languages
      • Persian مسیح برخاسته است! به راستی برخاسته است!‎ (Masih barkhaste ast! Be rasti barkhaste ast!)
      • Hindustani – येसु मसीह ज़िन्दा हो गया है! हाँ यक़ीनन, वोह ज़िन्दा हो गया है! – یسوع مسیح زندہ ہو گیا ہے! ہاں یقیناً، وہ زندہ ہو گیا ہے!‎ – Yesu Masih zinda ho gaya hai! Haan yaqeenan, woh zinda ho gaya hai!
      • Marathi – (Yeshu Khrist uthla ahe! Kharokhar uthla ahe!)
  • Turkic languages
    • Turkish – Mesih dirildi! Hakikaten dirildi!
    • Uyghurئەيسا تىرىلدى! ھەقىقەتىنلا تىرىلدى!‎ (Əysa tirildi! Ⱨəⱪiⱪətinla tirildi!)
    • Azeri – Məsih dirildi! Həqiqətən dirildi!
    • Chuvash – Христос чĕрĕлнĕ!! Чăн чĕрĕлнĕ! (Khristós chərəlnə! Chæn chərəlnə!)
  • Austronesian languages: Malayo-Polynesian
    • Carolinian – Lios a melau sefal! Meipung, a mahan sefal!
    • Chamorro – La’la’i i Kristo! Magahet na luma’la’ i Kristo!
    • Fijian – Na Karisito tucake tale! Io sa tucake tale!
    • Filipino – Si Kristo ay nabuhay! Siya nga ay nabuhay!
    • Hawaiian – Ua ala aʻe nei ʻo Kristo! Ua ala ʻiʻo nō ʻo Ia!
    • Indonesian – Kristus telah bangkit! Dia benar-benar telah bangkit!
    • Malagasy – Nitsangana tamin’ny maty i Kristy! Nitsangana marina tokoa izy!
  • Basque – Cristo Berbistua! Benatan Berbistua!
  • Dravidian languages
    • Malayalam
      – (ക്രിസ്തു ഉയിര്‍ത്തെഴുന്നേറ്റു! തീര്‍ച്ചയായും ഉയിര്‍ത്തെഴുന്നേറ്റു!)
      (Christu uyirthezhunnettu! Theerchayayum uyirthezhunnettu!)
  • Eskimo–Aleut languages
    • Aleut – Kristus aq ungwektaq! Pichinuq ungwektaq!
    • Yupik languages – Xris-tusaq Ung-uixtuq! Iluumun Ung-uixtuq!
  • Japanese – ハリストス復活!実に復活! (Harisutosu fukkatsu! Jitsu ni fukkatsu!)
  • Korean – 그리스도께서 부활하셨네! 참으로 부활하셨네! (Geuriseudokkeseo Buhwalhasheotne! Chameuro Buhwalhasheotne!)
  • Na-Dené languages
    • Athabaskan languages
      • NavajoChrist daaztsą́ą́dę́ę́ʼ náádiidzáá. Tʼáá aaníí daaztsą́ą́dę́ę́ʼ náádiidzáá.
    • Tlingit – Xristos Kuxwoo-digoot! Xegaa-kux Kuxwoo-digoot!
  • Niger–Congo languages
    • Ganda Kristo Ajukkide! Kweli Ajukkide!
    • Swahili – Kristo Amefufukka! Kweli Amefufukka!
    • Gikuyu – Kristo ni muriuku! Ni muriuku nema!
  • Quechuan Languages
    • Quechua – Cristo causarimpunña! Ciertopuni causarimpunña!
  • Afro-Asiatic languages
    • Semitic languages
      • Arabic (standard)المسيح قام! حقا قام!‎ (al-Masīḥ qām! Ḥaqqan qām!); المسيح قام! بالحقيقة قام!‎ (al-Masīḥ qām! Belḥāqiqāti qām!)
      • Aramaic languages
        • Syriacܡܫܝܚܐ ܩܡ! ܫܪܝܪܐܝܬ ܩܡ!‎ (Mshiḥa qām! sharīrāīth qām! ; Mshiḥo Qom! Shariroith Qom!)
        • Neo-Syriacܡܫܝܚܐ ܩܡܠܗ! ܒܗܩܘܬܐ ܩܡܠܗ!‎ (Mshikha qimlih! bhāqota qimlih!)
        • Turoyo-Syriacܡܫܝܚܐ ܩܝܡ! ܫܪܥܪܐܝܬ ܩܝܡ!‎ (Mshiḥo qāyem! Shariroith qāyem!)
      • Ethiopian languages
        • Tigrigna – (Christos tensiou! Bahake tensiou!)
        • Amharic – (Kristos Tenestwal! Bergit Tenestwal!)
      • Hebrew (modern)המשיח קם! באמת קם!‎ (Hameshiach qam! Be’emet qam!)
      • Maltese – Kristu qam! Huwa qam tassew! or Kristu qam mill-mewt! Huwa qam tassew!
    • Egyptian
      • CopticⲠⲓⲬⲣⲓⲥⲧⲟⲥ ⲁϥⲧⲱⲛϥ! Ϧⲉⲛ ⲟⲩⲙⲉⲑⲙⲏⲓ ⲁϥⲧⲱⲛϥ! (Pikhristos Aftonf! Khen oumethmi aftonf!)
  • Sino-Tibetan languages
    • Mandarin – 基督復活了 他確實復活了 (Jidu fuhuo-le! Ta queshi fuhuo-le!)
  • Northwest Caucasian languages
    • Abkhazian – Kyrsa Dybzaheit! – Itzzabyrgny Dybzaheit!
  • Kartvelian languages
    • Georgian – ქრისტე აღსდგა! ჭეშმარიტად აღსდგა! (Kriste agsdga! Cheshmaritad agsdga!)
  • Uralic languages
    • Estonian – Kristus on üles tõusnud! Tõesti, Ta on üles tõusnud!
    • Finnish – Kristus nousi kuolleista! Totisesti nousi!
    • Hungarian – Krisztus feltámadt! Valóban feltámadt!
  • Constructed languages
    • International auxiliary languages
      • Esperanto – Kristo leviĝis! Vere Li leviĝis!
      • Ido – Kristo riviveskabas! Ya Il rivivesakabas!
      • Interlingua – Christo ha resurgite! Vermente ille ha resurgite! (or) Christo ha resurrecte! Vermente ille ha resurrecte!
    • QuenyaTengwar Rendering (Hristo Ortane! Anwave Ortanes!)
    • Klingon – Hu’ta’ QISt! Hu’bejta’!
    • Dothraki – Khal Asvezhvenanaz yathoay. Me Yathoay Me nem nesa.
  • Mayan languages
    • Tzotzil – Icha’kuxi Kajvaltik Kristo! Ta melel icha’kuxi!
    • Tzeltal – Cha’kuxaj Kajwaltik Kristo! Ta melel cha’kuxaj!

References

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    “The traditional greeting on Easter morning is “Christ is risen” To
    which the response is “He is risen indeed. Alleluia!” This ancient
    phrase echoes the greeting of the angel to Mary Magdalene and Mary the
    mother of James and Joseph as they arrived at the sepulchre to anoint
    the body of Jesus: “He is not here; for he has risen, as he said” (Matt
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  2. W.H. Withrow, M.A., D.D., F.R.S.C. (1904). Methodist Magazine and Review 59: 550.
  3. http://www.cofe.anglican.org/worship/downloads/rtf/order_1.rtf – The Liturgy of the Sacrament (Holy Communion Order One)

External links

Congrès de Lausanne et Jean Ousset.

Aujourd’hui dans la joie de la résurrection, nous nous souvenons du rappel à Dieu, il y a 20 ans, de Jean Ousset,
le fondateur de la « Rue des Renaudes ». Il aura donné sa vie en
serviteur pour le bon combat et le seul roi qui puisse répondre à nos
désirs de bonheur : le Christ Roi. Il aura été un courageux « gardien de l’âme française » ! 
L’actualité d’un gouvernement de la France qui a perdu
tout sens de la nature humaine et de ce qui est bon pour l’homme,
mobilise enfin certains de nos concitoyens pour rechercher sur quoi
fonder une vraie sociabilité dans un pays divisé de croyance. La
Doctrine Sociale de l’Eglise est redécouverte par les nouvelles
générations comme étant finalement le seul « corpus cohérent » qui
résiste à l’expérience et à la raison.
 
Nous vous proposons pour stimuler votre zèle « d’acteur ardent » au service de la Cité de relire son appel à l’action lors du congrès de Lausanne en 1976.
C’est plus que jamais actuel et pertinent pour maintenant. Comment face
à l’esprit dialectique du « monde », incarner la doctrine dans les
faits par la culture et l’amitié ? Comment rejoindre les humbles et ceux
qui se croient perdus ? Comment aller « aux périphéries » pour
reprendre l’expression du Pape François et « aller au large » ?
“[…] Me comprendrez-vous si je vous dis : n’ayez aucune ambition personnelle !! N’ayez
même pas l’ambition des organismes ou des groupes auxquels il vous sera
donné d’appartenir. N’ayez que l’ambition (mais inlassable et
ingénieuse celle-là) de la Cause à laquelle ces organismes ou ces
groupes, comme vous-mêmes, ont le devoir strict de s’ordonner !
Dès lors, sachez travailler inlassablement,
judicieusement ! Non par désir d’érudition, ou pour pouvoir briller
selon le monde. Il n’en paye pas le prix que ça coûte. Mais travaillez
pour être harmonieusement forts au service de cette Cause qui aura tant
besoin de vous pour être salvatrice.
Et pourtant, ne vous prenez pas au sérieux ! Croyez m’en c’est la seule façon sérieuse d’être vraiment sérieux.
Sachez rire, comme il importe de savoir rire. Sérieusement
! Harmonieusement ! Vous n’avez pas le droit de laisser supposer autour
de vous que la très sérieuse doctrine que vous professez est une
doctrine assommante et de perpétuel souci. Une doctrine qui empêcherait
de s’enthousiasmer pour toutes formes de l’universalité du Beau !! […]
Moquez-vous d’un renom qui ne s’attacherait qu’à vous-même !! Ceux
qui en sont épris sont tellement ridicules ! Seuls à ne pas le voir !
Et cette passion est un obstacle à se renouveler en cherchant à faire
mieux !
Supportez qu’on vous calomnie !! Et
que vos amis eux-mêmes vous desservent !! C’est prévu dans l’Evangile.
N’ayez crainte ! C’est un coup à prendre !! On s’y habitue très vite !!
Ne perdez pas un temps précieux à vous débroussailler de ces ronces-là.
Courrez droit au but, à l’essentiel ! Au réellement sauveur, au plus beau, au plus grand et au plus parfait amour !!! Vous verrez comme c’est plus passionnant, plus grisant, plus tonique, plus consolant.
Détestez l’esprit de boutique, de classe, de secte, de chapelle !! Vous
valez mieux que ça !! Et la cause qui a besoin de vous a d’autres
dimensions ! Ne soyez pas des « exilés dans votre patrie » ! Ne vous
laissez pas confiner, même par vos amis !!Et peu importe si ceux que
vous accueillerez à vos assises n’y viennent que pour vous desservir
!!Continuez ! Allez de l’avant ! Et laissez-les se nourrir de vos
miettes !! Soyez sans rancune !! Le succès de la cause en dépend. (Cela
aide de le savoir ! Et d’y croire !!)
Soyez les infatigables et scrupuleux serviteurs d’un amour digne de ce nom « Semper idem ». Car, ainsi qu’on la fort bien dit, « les ignorances du coeur sont sans remède ». Ne l’oubliez jamais ! Prenez-y garde !
« Etre le serviteur de son idée, disait Psichari, ce n’est pas donné à tout le monde ».
Soyez de ces serviteurs là !
Sachez que la connaissance n’est rien si elle ne s’épanouit pas en ferveur et en piété. Plus
que jamais, soyez persuadés que tout maître de vérité sera malgré tout
un mauvais maître s’il n’a pas souci d’être en même temps et plus encore
un maître d’admiration et de contemplation.Soyez les inlassables et
scrupuleux serviteurs d’un amour qui mérite vraiment ce nom. « Semper
idem » !
Gardez-vous bien surtout de
rallier le troupeau de ces « orthodoxes » qui manifestent d’autant plus
leur « orthodoxie » en paroles qu’ils trouvent dans cette orthodoxie
toute verbale leur justification de ne rien faire !! 
Puisque
tout ce qui s’offre à leur rigueur leur semble indigne par là même sous
prétexte (toujours facile à dénicher) d’une imperfection quelconque :
insuffisance des chefs, insuffisance des directives, insuffisance de
l’organisation, insuffisance des interventions, des animateurs, de la
troupe !!! etc. Ce qui fait que ces passionnés apparents de la plénitude
du TOUT, en réalité ne font RIEN ; et que (par surcroît) on les trouve
assidus à toutes les inutilités, stupidités ou fadaises d’une société
qu’ils critiquent et condamnent pourtant mieux que quiconque.
Et cependant prenez bien garde d’écarter qui que ce soit, a priori, ou par système !!! […] Non l’esprit de parti (donc) mais le patriotisme !! Et
pour que ce patriotisme ne soit pas qu’un patriotisme de pur principe,
strictement idéal, sans la connaissance et sans l’amour hautement
personnalisés de cette vraie et non interchangeable patrie qui est la
vôtre : soyez des passionnés de l’étude de son histoire !!
Recherchez la jouissance quasi organique de se sentir (à en vivre, à en
souffrir, à en mourir) les fils,
 indignes certes, mais non
moins tributaires de cette vie nationale qui, du tréfonds des âges, VOUS
a, NOUS a privilégiés ! […]”

Paix par des prières de partage, la joie de la résurrection.

Le Christ, IEShOUA, est ressuscité, il est vraiment ressuscité, Joyeuses Pâques. IeOuA, Alléluia.
Cristo IEShOUA è risorto. E’ veramente risorto. Buona Pasqua.

IeOuA, Alléluia. 

Christ IEShOUA is Risen. He is Risen Indeed. Happy Easter. IeOuA, Alléluia. 
Christus ist auferstanden. Wir wünschen Ihnen frohe Ostern.

Les 15 VITRAUX, stations du chemin de croix de l’Église de St Étienne,
premier martyr, Route d’Oron, la Sallaz, à Lausanne en Suisse
:

Ière STATION
Jésus condamné à mort
Le doigt pointé qui accuse

IIème STATION
Jésus est chargé de la croix
Le lourd bois de la crise

IIIème STATION
Jésus tombe pour la première fois
La fragilité qui nous ouvre à l’accueil

IVème STATION
Jésus rencontre sa Mère
Les larmes solidaires
Vème STATION
Jésus est aidé par Simon Cyrène à porter sa croix
La main amie qui relève

VIème STATION
Véronique essuie le visage de Jésus

La tendresse féminine

VIIème STATION
Jésus tombe pour la seconde fois
L’angoisse de la prison et de la torture

VIIIème STATION
Jésus rencontre les femmes de Jérusalem

Partage et non commisération

IXème STATION
Jésus tombe pour la troisième fois
Vaincre la mauvaise nostalgie

Xème
STATION
Jésus est dépouillé de ses vêtements
L’unité et la dignité

XIème
STATION
Jésus est crucifié
Près du lit des malades

XIIème STATION
Jésus meurt sur la croix
Le gémissement des sept paroles

XIIIème STATION
Jésus est descendu de la croix
L’amour est plus fort que la mort
XIVème STATION
Jésus est mis au tombeau
Le jardin nouveau

XVème STATION

Fin du chemin de croix : la Résurrection

« Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? »
Ces paroles de Jésus aux disciples résonnent dans nos cœurs. Au début,
le croyant mort, les disciples sont découragés et abattus. Il est
difficile de comprendre pourquoi il faut mourir avant d’avoir la vie
éternelle.
D’ici peu, nous partirons dans différentes directions.
Nous retournerons dans nos maisons, en repensant à ces événements
Puisse Jésus s’approcher de chacun de nous ; puisse-t-il se faire aussi être notre ami !
Tout en nous accompagnant, il nous expliquera que pour nous il est
monté au Calvaire, que pour nous il est mort, afin d’accomplir les
Écritures.
Le douloureux événement de la crucifixion que nous
venons de contempler deviendra ainsi pour chacun de nous une attente
avant la grande joie de ce samedi.
Samedi, nous entendrons Alléluia ! Jésus est vivant ! Lui que l’on croyait mort, il est ressuscité !
Attendons samedi…
Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Notre Père…

Une belle histoire

 

Jérusalem, Shalom, Pax, Paix, Peace, Frieden…





LA TEMPÊTE VA PASSER !
Le photographe a saisi ce moment spécial.
Quel privilège de le voir.

Reminds me of Psalm 
91:4,

Ça me rappelle le Psaume
                 91:4,

Il te couvrira de ses plumes.

Il te mettra à l’abri de ses ailes.


Sa fidélité est ton armure et ta protection.


Il n’y a absolument rien à craindre pour demain;

Car Dieu est déjà là.


He will cover you with his feathers.
He will shelter you with his wings.
His faithful promises are your armour and protection.

There is absolutely nothing to fear about tomorrow;

For God is already there.


————————————-
          Une belle histoire vraie

Une poule et
ses poussins furent surpris par un incendie de prairie allumé par un
cultivateur qui voulait se débarrasser des herbes sèches et des
broussailles encombrant son champ. Les poussins, terrorisés par le feu,
se réfugièrent sous les ailes de leur mère, si bien qu’elle ne put
s’enfuir avec eux. Ne voulant pas les abandonner, elle se coucha sur
eux, les protégeant de son mieux sous ses plumes. Et le feu passa.
Lorsque le paysan la trouva un peu plus tard, la poule était morte asphyxiée et brûlée, mais tous les poussins étaient sauvés.

Elle avait donné sa vie pour eux.


“Ô
Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont
envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une
poule rassemble ses poussins sous son aile: mais tu n’as pas voulu… En
vérité, il ne restera pas de toi pierre sur pierre: tout sera détruit.”
 (Mt XXIII, 37-39 et XXIV, 2)


(Esaïe 31.5).

Comme des oiseaux déploient les ailes sur leur couvée, Ainsi l’Éternel des armées étendra sa protection sur Jérusalem; Il protégera et délivrera, Il épargnera et sauvera.

31.6

Revenez à celui dont on s’est profondément détourné, Enfants d’Israël!

31.7

En ce jour, chacun rejettera ses idoles d’argent et ses idoles d’or, Que vous vous êtes fabriquées de vos mains criminelles.

Romains chapitre 5 verset 8


 



JÉSUS PLEURE SUR JÉRUSALEMQUE DE FOIS J’AI VOULU RASSEMBLER TES ENFANTS

Jésus et ses
disciples approchaient de Jérusalem, où, bientôt, ils célébreraient la
Pâque. Du haut de la colline où se trouvait maintenant le petit groupe,
le spectacle était éblouissant…
Soudain, les apôtres qui manifestaient bruyamment leur enthousiasme s’arrêtèrent, perplexes, car Jésus pleurait en disant: “Ô
Jérusalem, des jours viendront sur toi où tes ennemis t’environneront
de tranchées, t’encercleront et te serreront de toutes parts, et
t’écraseront, toi et tes enfants, et ne laisseront pas en toi pierre sur
pierre, parce que tu n’as pas su reconnaître le temps où je t’ai
visitée.”
 (Lc. XIX, 41-44)
“Ô
Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont
envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une
poule rassemble ses poussins sous son aile: mais tu n’as pas voulu… En
vérité, il ne restera pas de toi pierre sur pierre: tout sera détruit.”
 (Mt XXIII, 37-39 et XXIV, 2)
Naturellement les
apôtres se sont récriés: “Cela n’est pas possible; tout est calme
maintenant. Et puis, il faudrait être fou pour détruire une telle
richesse, ajoutent-ils en désignant le Temple!” Jésus, hoche la tête en
pensant: “Même eux ne veulent pas comprendre, même eux ne veulent pas
croire mes paroles!”
Il ne s’est passé
que quelques jours depuis que Jésus avait pleuré sur Jérusalem. Mais
aujourd’hui on pourrait croire qu’il y a des siècles que Jésus avait
parlé ainsi. En effet, depuis quelques heures à peine, tant d’évènements
graves se sont produits. Et maintenant…
Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.

Le Bienheureux Clemens August
von Galen, Cardinal et évêque de Münster, a prononcé une homélie
prophétique en 1941 qui résume bien cette histoire.

marie-2-lérins.jpg

 Entrée de l’abbaye de Lérins.

·               La St Vierge Marie prend
les chrétiens sous son manteau. Cette statue m’a rappelé cette belle
histoire de la poule et de ses poussins, confirmée par le Christ
lui-même.

PSALM 91

1 Kto przebywa w pieczy Najwyższego
i w cieniu Wszechmocnego mieszka,
2 mówi do Pana: “Ucieczko moja i Twierdzo,
mój Boże, któremu ufam”.
3 Bo On sam cię wyzwoli
z sideł myśliwego
i od zgubnego słowa
. 4 Okryje cię swymi piórami
i schronisz się pod Jego skrzydła:
Jego wierność to puklerz i tarcza.



Elle avait donné sa vie pour eux.
(Esaïe 31.5).

31.5

Comme des oiseaux déploient les ailes sur leur couvée, Ainsi l’Éternel
des armées étendra sa protection sur Jérusalem; Il protégera et
délivrera, Il épargnera et sauvera.

31.6
Revenez à celui dont on s’est profondément détourné, Enfants d’Israël!
31.7
En ce jour, chacun rejettera ses idoles d’argent et ses idoles d’or, Que vous vous êtes fabriquées de vos mains criminelles.

Romains chapitre 5 verset 8
5.8 Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.

  • 1e station : Jésus est condamné à mort
  • 2e station : Jésus est chargé de sa croix
  • 3e station : Jésus tombe sous le bois de la croix 
  • 4e station : Jésus rencontre sa Mère
  • 5e station : Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix
  • 6e station : Véronique essuie la face de Jésus
  • 7e station : Jésus tombe pour la seconde fois
  • 8e station : Jésus console les filles de Jérusalem
  • 9e station : Jésus tombe pour la 3e fois
  • 10e station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
  • 11e station : Jésus est attaché à la croix
  • 12e station : Jésus meurt sur la croix
  • 13e station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère
  • 14e station : Jésus est mis dans le sépulcre
  • (15e station : avec Marie, dans l’espérance de la résurrection)

Traditionnellement les chemins de croix
comptent 14 stations, aujourd’hui, on ajoute parfois une 15ème station,
celle du tombeau vide qui relie ainsi, en finale, toutes les stations à
la résurrection.

UN EMBRYON HUMAIN DANS LA ROSACE DE LA CATHéDRALE DE LAUSANNE

Embryon humain sauvé et racheté dans la
grande rosace de la cathédrale de Lausanne, vers 2h00, vitrail du
moyen-âge, inscription dans le vitrail: Oculos humeris.



SI QUA FATA SINANT ( devise de la Cathédrale de Lausanne,
dédiée à sauver les embryons, oculos humeris, dans
le vitrail de la rose, à 2 heures…).

Oculos
humeris, les yeux de l’épaule, Sichem, la douleur la plus forte, pour
racheter tous les embryons St innocents massacrés par milliards, sic,
par milliards ( avortements, stérilets chaque mois, FIVETE…)

Révélation faite à saint Bernard de la plaie inconnue de l’Épaule de Jésus-Christ, ouverte par le poids de la Croix

  
  

Jésus lui dit :.


« J’eus, en portant la Croix, une plaie profonde de trois doigts et trois os découverts sur l’épaule. Cette plaie qui n’est
pas connue des hommes m’a occasionné plus
de peine et de douleur que toutes les autres. Mais révèle-la aux
fidèles chrétiens et sache que quelque grâce qui me sera demandée en
vertu de cette Plaie, leur sera accordée. Et à tous ceux qui,
par amour pour elle, m’honoreront chaque jour par trois Pater (Notre Père), Ave  (Je vous salue Marie) et Gloria (Gloire au Père)je pardonnerai les
péchés véniels
et je ne me souviendrai plus des mortels ; ils ne mourront pas de mort imprévue, à l’heure de leur mort ils seront visités par la
bienheureuse Vierge et ils obtiendront encore la grâce et la miséricorde.»

Cette prière et cette dévotion ont été acceptées par le Pape Eugène III.


 
 Prière :
Très aimé Seigneur, très doux agneau de Dieu,
moi pauvre pécheur,
j’adore et vénère la très sainte Plaie
que Vous avez reçue à l’épaule
en portant au Calvaire la très lourde croix
qui laissa découverts trois os saints,
occasionnant une immense douleur.
Je Vous supplie,
en vertu des mérites de ladite Plaie,
d’avoir pitié de moi en m’accordant
la grâce que je Vous demande ardemment,
en me pardonnant de tous mes péchés
mortels ou véniels,
en m’assistant à l’heure de ma mort
et en me conduisant dans Votre heureux Royaume.
Amen !
 
 
    Chapelet des Saintes Plaies de Notre-Seigneur
Jésus : << ici >>



     
                                                                       
                                                                                                                                 
L’EMBRYON à DROITE ci-dessous…

http://desiebenthal.blogspot.ch/2012/05/suisse-la-defense-des-plus-faibles.html

 





Suisses, tirez sur la pomme, pas sur l’enfant. 


Prof. Jérôme Lejeune





http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9r%C3%B4me_Lejeune

Oculos humeris, significations:

http://ferraye.blogspot.ch/2009/08/vaccins-avec-cellules-souches.html 

BUREAU DES CÉLÉBRATIONS LITURGIQUES
DU SOUVERAIN PONTIFE




PRÉSIDÉ
PAR LE PAPE
FRANÇOIS


« VISAGE DU CHRIST
VISAGE DE L’HOMME »
MÉDITATIONS de S.E. Mgr Giancarlo M. BREGANTINI,

Archevêque de Campobasso-Boiano

VENDREDI SAINT


Rome, le 18 avril 2014


Introduction
« Celui qui a vu rend témoignage, et son
témoignage est véridique ; et celui-là
sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet,
arriva
pour que s’accomplisse l’Écriture : ‘‘Aucun de ses os ne sera brisé’’.
Un autre passage de l’Écriture dit encore : ‘‘Ils lèveront les yeux vers
celui
qu’ils ont transpercé’’»
(Jn 19, 35-37).
Aimable Jésus,
tu es monté au Golgotha sans hésiter, accomplissement d’amour,
et tu t’es laissé crucifier sans lamentations.
Humble Fils de Marie,
tu as pris la charge de notre nuit
pour nous montrer de combien de lumière
tu voulais nous dilater le cœur.
Dans tes douleurs, se trouve notre rédemption,
dans tes larmes, se peint “l’Heure”
du dévoilement de l’Amour gratuit de Dieu.
Sept fois pardonnés,
en tes ultimes soupirs d’Homme parmi les hommes,
tu nous conduis tous au cœur du Père,
pour nous indiquer, en tes dernières paroles,
la voie de la rédemption pour chacune de nos douleurs.
Toi, le Tout Incarné, tu t’es anéanti sur la Croix,
compris seulement par Celle-là, mère,
qui fidèlement « se tenait » sous cet échafaud.
Ta soif est source d’espérance, toujours allumée,
main tendue même pour le malfaiteur repenti,
qui, aujourd’hui, grâce à toi, doux Jésus, entre au paradis.
A nous tous, Seigneur Jésus Crucifié,
accorde ton infinie Miséricorde,
parfum de Béthanie sur le monde,
gémissement de vie pour l’humanité.
Et, finalement abandonnés dans les mains de ton Père,
ouvre-nous la porte de la Vie qui ne meurt pas ! Amen.


Ière STATION
Jésus condamné à mort
Le doigt pointé qui accuse
« Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils vociféraient : ‘‘Crucifie-le ! Crucifie-le’’. Pour la troisième fois,
il leur dit : ‘‘Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun
motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait
donner une correction’’. Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il
soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient. Alors Pilate décida de satisfaire
leur requête. Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour
émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir »
(Lc 23, 20-25).
Un Pilate effrayé qui ne cherche pas la vérité, le doigt accusateur pointé, et
le cri croissant de la foule enragée sont les premiers pas de Jésus vers la
mort. Innocent, comme un agneau, dont le sang sauve son peuple. Ce Jésus qui est
passé parmi nous, guérissant et bénissant, maintenant est condamné à la peine
capitale. Aucune parole de gratitude de la foule, qui choisit plutôt Barabbas.
Pour Pilate, cela devient un cas embarrassant. Il s’en décharge sur la foule et
s’en lave les mains, bien attaché à son pouvoir. Il le livre pour qu’il soit
crucifié. Il ne veut plus rien savoir de lui. Pour lui, le cas est clos.
La condamnation hâtive de Jésus regroupe ainsi les accusations faciles, les
jugements superficiels parmi les gens, les insinuations et les préjugés qui
ferment les cœurs et se font culture raciste, d’exclusion et de marginalisation,
avec les lettres anonymes et les horribles calomnies. Accusé, on atterrit
immédiatement en première page ; blanchi, on figure en dernière !
Et nous ? Saurons-nous avoir une conscience droite et responsable, qui ne tourne
jamais le dos à l’innocent, mais prend position, avec courage, pour défendre les
faibles, en résistant à l’injustice et en défendant la vérité violée ?
======
PRIÈRE
Seigneur Jésus,
il y a des mains qui soutiennent et il y a des mains qui signent des
condamnations injustes.
Fais que, soutenus par ta grâce, nous ne rejetions personne.
Défends-nous des calomnies et du mensonge.
Aide-nous à chercher toujours la vérité,
et à nous tenir du côté des faibles,
capables de les accompagner en leur chemin,
sans jamais juger ni condamner. Amen.


IIème STATION
Jésus est chargé de la croix
Le lourd bois de la crise
« Jésus a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos
péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. Car
vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers
votre berger ; le gardien de vos âmes » (1P
2, 24-25).
Il pèse, ce bois de la croix, parce que sur lui Jésus porte les péchés de nous
tous. Il chancelle sous ce poids, trop grand pour un seul homme (Jn 19,
17).
C’est aussi le poids de toutes les injustices qui ont provoqué la crise
économique avec ses graves conséquences sociales : précarité, chômage,
licenciements, l’argent qui gouverne au lieu de servir, la spéculation
financière, les suicides des entrepreneurs, la corruption et l’usure, avec les
entreprises qui abandonnent leur propre pays.
C’est cela la lourde croix du monde du travail, l’injustice mise sur les épaules
des travailleurs. Jésus la prend sur les siennes et nous enseigne à ne plus
vivre dans l’injustice, mais à être capables, avec son aide, de créer des ponts
de solidarité et d’espérance, pour ne pas être des brebis errantes et égarées
dans cette crise.
Retournons, par conséquent, au Christ, Pasteur et Gardien de nos âmes. Luttons
ensemble pour le travail en réciprocité, vainquant la peur et l’isolement,
récupérant l’estime pour la politique, et cherchant à résoudre ensemble les
problèmes.
La croix, alors, se fera plus légère, si elle est portée avec Jésus et soulevée
par tous ensemble, parce que « par ses blessures – devenues meurtrières –
nous sommes guéris
» (cf. 1P 2, 24).
=======
PRIÈRE
Seigneur Jésus,
toujours plus épaisse est notre nuit !
La pauvreté prend l’aspect de la misère.
Nous n’avons pas de pain à offrir aux enfants et nos filets sont vides.
Incertain est notre avenir. Procure le travail qui manque.
Suscite en nous l’ardeur pour la justice,
pour que la vie que nous menons ne soit pas traînée comme un boulet,
mais vécue dans la dignité. Amen.


IIIème STATION
Jésus tombe pour la première fois
La fragilité qui nous ouvre à l’accueil
« En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il
était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu,
humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de
nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui
»
(Is 53, 4-5).
C’est un Jésus fragile, très humain, celui que nous contemplons avec stupeur en
cette station de grande douleur. Mais c’est précisément cette chute dans la
poussière, qui révèle encore plus son immense amour. Il est pressé par la foule,
abasourdi par les cris des soldats, brûlant des plaies de la flagellation, au
comble de l’amertume intérieure à cause de l’immense ingratitude humaine. Et il
tombe. Il tombe par terre !
Mais dans cette chute, dans cette reddition face au poids et à la fatigue, Jésus
se fait encore une fois Maître de vie. Il nous enseigne à accepter nos
fragilités, à ne pas nous décourager à cause de nos échecs, à reconnaître avec
loyauté nos limites : « Ce qui est à ma portée, c’est de vouloir le bien
-dit saint Paul- mais pas de l’accomplir » (Rm 7, 18).
Avec cette force intérieure qui lui vient du Père, Jésus nous aide aussi à
accueillir la fragilité des autres ; à ne pas nous acharner sur celui qui est
tombé, à ne pas être indifférent envers celui qui tombe. Et il nous donne la
force de ne pas fermer la porte à celui frappe à nos portes, demandant asile,
dignité et patrie. Conscients de notre fragilité, nous accueillerons parmi nous
la fragilité des immigrés, afin qu’ils trouvent sécurité et espérance.
C’est en effet dans l’eau sale de la bassine du Cénacle, c’est-à-dire dans notre
fragilité, que se reflète le vrai visage de notre Dieu ! C’est pourquoi, «tout
esprit qui proclame que Jésus Christ est venu dans la chair, celui-là est de
Dieu
» (1Jn 4, 2) .
======
PRIÈRE
Seigneur Jésus,
qui t’es fait humble pour racheter nos fragilités,
rends-nous capables d’entrer en vraie communion
avec nos frères plus pauvres.
Arrache de nos cœurs toute racine de peur et de facile indifférence,
qui nous empêche de te reconnaître dans les migrants,
pour témoigner que ton Église est sans frontières,
vraie mère de tous ! Amen.


IVème STATION
Jésus rencontre sa Mère
Les larmes solidaires
« Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère :‘‘Voici que cet enfant
provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de
contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive’’
(Lc 2,
34-35). « Pleurez avec ceux qui pleurent. Soyez bien d’accord les uns avec
les autres
» (Rm 12, 15-16).
Cette rencontre de Jésus avec sa maman Marie est chargée d’émotion et de larmes
bouleversantes. S’y exprime l’invincible force de l’amour maternel qui surpasse
tout obstacle et sait ouvrir toute route. Mais encore plus vif est le regard
solidaire de Marie, qui partage et donne force au Fils. Notre cœur se remplit
ainsi d’étonnement en contemplant la grandeur de Marie, en ce qu’elle se fait,
elle créature, ‘‘proche’’ de son Dieu et Seigneur.
Elle recueille toutes les larmes de chaque maman pour ses enfants lointains,
pour les jeunes condamnés à mort, massacrés ou démolis par la guerre, surtout
les enfants-soldats. Nous y entendons le gémissement déchirant des mères, pour
leurs enfants, mourants de tumeurs causées par les incendies des déchets
toxiques.
Larmes très amères ! Partage solidaire du supplice des enfants ! Mères qui
veillent la nuit, avec les lampes allumées, anxieuses pour les jeunes emportés
par la précarité ou engloutis par la drogue et l’alcool, surtout les samedis
soirs.
Autour de Marie, nous ne serons jamais un peuple orphelin ! Jamais des oubliés.
Comme à saint Juan Diego, à nous aussi Marie offre la caresse de sa maternelle
consolation et nous dit : « Que votre cœur ne se trouble pas… Ne suis-je pas
ici moi, qui suis ta Mère ? »
(Exhort. ap. Evangelium gaudium, 286).
======
PRIÈRE
Salut ma Mère,
donne-moi ta sainte bénédiction.
Bénis-moi ainsi que toute ma maison.
Daigne offrir à Dieu tout ce que, aujourd’hui, j’ai à faire et à souffrir,
en union avec tes mérites et avec ceux de ton très saint Fils.
Je t’offre et te consacre toute ma personne ainsi que tout ce qui m’appartient,
à ton service,
en me mettant tout entier sous ton manteau.
Pénètre-moi, ma Dame, de pureté d’esprit et de corps
et fais que, en ce jour,
aucun de mes actes ne déplaise à Dieu.
Je te le demande par ton Immaculée Conception
et ton inaltérée virginité. Amen.
(Saint Gaspare Bertoni)


Vème STATION
Jésus est aidé par Simon Cyrène à porter sa croix
La main amie qui relève
« Ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le
père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs »
(Mc 15, 21).
Par hasard, passe Simon de Cyrène. Mais cela devient une rencontre décisive dans
sa vie. Il revenait des champs. Homme d’effort et de vigueur. Pour cela, il a
été contraint à porter la croix de Jésus, condamné à une mort infâme (cf. Ph
2, 8).
Mais de fortuite, cette rencontre se transformera en une suite décisive et
vitale de Jésus, portant chaque jour sa croix, renonçant à lui-même (cf. Mt
16,24-25). Simon, en effet, est évoqué par Marc comme le père de deux chrétiens
connus dans la communauté de Rome : Alexandre et Rufus. Un père qui a
certainement imprimé dans le cœur de ses fils la force de la croix de Jésus.
Parce que la vie, si tu la tiens trop serrée, moisit et se dessèche. Mais si tu
l’offres, elle fleurit et se fait épis de grain, pour toi et pour toute la
communauté.
Là se trouve la vraie guérison de notre égoïsme, toujours aux aguets. La
relation avec les autres nous régénère et crée une fraternité mystique,
contemplative, qui sait admirer la grandeur sacrée du prochain, qui sait
découvrir Dieu en chaque être humain, qui sait supporter les contrariétés de la
vie, en s’accrochant à l’amour de Dieu. C’est seulement en ouvrant le cœur à
l’amour divin, que je suis incité à chercher le bonheur des autres à travers les
multiples gestes du volontariat : une nuit à l’hôpital, un prêt sans intérêts,
une larme essuyée en famille, la gratuité sincère, l’engagement clairvoyant au
service du bien commun, le partage du pain et du travail, en vainquant toute
forme de jalousie et d’envie.
C’est Jésus lui-même qui nous le rappelle : «Chaque fois que vous l’avez fait
à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait
» (Mt
25, 40).
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,
dans l’ami Cyrénéen vibre le cœur de ton Église,
qui se fait toit d’amour pour tous ceux qui ont soif de toi.
L’aide fraternelle est la clef pour franchir, ensemble, la porte de la Vie.
Ne permets pas que notre égoïsme nous fasse passer de travers,
mais aide-nous à verser l’huile de la consolation sur les blessures du prochain,
pour être de loyaux compagnons de route,
sans fuir et sans jamais nous fatiguer de choisir la fraternité. Amen.
VIème STATION
Véronique essuie le visage de Jésus

La tendresse féminine
« Mon cœur m’a redit ta parole : ‘‘Cherchez ma face.’’ C’est ta face,
Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. N’écarte pas ton serviteur
avec colère : tu restes mon secours. Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas, Dieu,
mon salut !
» (Ps 27, 8-9).
Jésus se traîne à bout de souffle, haletant. Mais la lumière sur son visage
reste intacte. Il n’y a pas offense qui puisse s’opposer à sa beauté. Les
crachats ne l’ont pas obscurcie. Les gifles ne sont pas arrivées à l’éteindre.
Ce visage apparaît comme un buisson ardent qui, plus il est outragé, plus il
réussit à émettre une lumière de salut. Des larmes silencieuses coulent des yeux
du Maître. Il porte le poids de l’abandon. Et pourtant Jésus avance, il ne s’arrête pas,
il ne se retourne pas. Il affronte l’oppression. Il est troublé par la cruauté,
mais Lui, il sait que sa mort ne sera pas vaine.
Face à une femme qui vient à sa rencontre sans hésitation, Jésus alors s’arrête.
C’est Véronique, vraie image féminine de la tendresse !
Le Seigneur, ici, incarne notre besoin de gratuité amoureuse, de nous sentir
aimés et protégés par des gestes empressés et prévenants. Les caresses de cette
créature se baignent du sang précieux de Jésus et semblent enlever les actes de
profanation qu’il a subis, en ces heures de tortures. Véronique arrive à toucher
le doux Jésus, à effleurer sa candeur. Non seulement pour soulager, mais aussi
pour participer à sa souffrance. En Jésus, elle reconnaît tout prochain à
consoler, avec une touche de tendresse, pour rejoindre le gémissement de douleur
de tous ceux qui aujourd’hui ne reçoivent ni assistance ni chaleur de
compassion. Et meurent de solitude.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,
comme elle pèse la distance ressentie par nous qui pensions
t’avoir à nos côtés dans les jours de désolation !
Mais toi, couvre-nous de ce pagne
imprégné de ton précieux sang,
que tu as versé le long de la voie de l’abandon,
dont tu as souffert injustement.
Sans Toi, nous n’avons
ni ne pouvons donner aucune consolation. Amen.
VIIème STATION
Jésus tombe pour la seconde fois
L’angoisse de la prison et de la torture
« Elles m’ont cerné, encerclé… Elles m’ont cerné comme des guêpes : (-ce
n’était qu’un feu de ronces-) au nom du Seigneur, je les détruis ! On m’a
poussé, bousculé pour m’abattre ; mais le Seigneur m’a défendu. Il m’a frappé,
le Seigneur, il m’a frappé, mais sans me livrer à la mort
» (Ps 117,
11.12-13.18).
Vraiment en Jésus s’accomplissent les prophéties antiques du Serviteur humble et
obéissant, qui prend sur ses épaules toute notre histoire de douleur. Et ainsi
Jésus, poussé en avant par force, s’écroule par terre, sous le poids de la
fatigue et de l’oppression, encerclé, entouré par la violence, privé désormais
de force. Toujours plus seul, toujours plus dans les ténèbres ! Lacéré dans la
chair, affaibli dans les os.
Nous reconnaissons en Lui l’expérience amère des détenus de chaque prison, avec
toutes ses contradictions inhumaines. Entourés et encerclés, “poussés avec force
à tomber”. La prison, aujourd’hui, est encore tenue trop à l’écart, oubliée,
répudiée par la société civile. Il y a les absurdités de la bureaucratie, les
lenteurs de la justice. Double peine est ensuite la surpopulation carcérale :
c’est une douleur aggravée, une injuste oppression, qui consume la chair et les
os. Certains – beaucoup trop – ne s’en sortent pas… Et même quand l’un de nos
frères sort, nous le considérons encore comme un ‘‘ex-détenu’’, en lui fermant
ainsi les portes du rachat social et du travail.
Mais plus grave est la pratique de la torture, hélas toujours diffuse en
diverses parties de la terre, en de multiples formes. Comme ce fut le cas pour
Jésus : Lui aussi frappé, humilié par une horde de soldats, torturé sous la
couronne d’épines, flagellé avec cruauté.
Comme nous la sentons vraie, aujourd’hui, face à cette chute, la parole de
Jésus : « J’étais en prison et vous êtes venus me visiter » (Mt
25, 36). En chaque prison, près de chaque torturé, Il est toujours présent, lui
le Christ souffrant, emprisonné et torturé. Même durement éprouvés, c’est Lui
notre aide, pour que nous nous ne rendions pas à la peur. On se relève
uniquement ensemble, accompagnés par de valides assistants, soutenus par la main
fraternelle des volontaires et relevés par une société civile, qui fait siennes
les nombreuses injustices dans les murs d’une prison.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,
une émotion sans limite me saisit
à te voir tomber à terre pour moi.
Aucun mérite, une multitude de péchés, d’incohérences, de faiblesses.
Quel Amour de prédilection en réponse !
Mis en dehors de la société, tués par le jugement,
tu nous as bénis pour toujours.
Bienheureux sommes-nous si aujourd’hui nous sommes ici, à terre, avec Toi,
rachetés de la condamnation.
Accorde-nous de ne pas fuir nos responsabilités,
donne-nous d’habiter dans ton humilité à l’abri de toute prétention
d’omnipotence
pour renaître à une vie nouvelle comme créature faite pour le Ciel. Amen
VIIIème STATION
Jésus rencontre les femmes de Jérusalem

Partage et non commisération
« Filles de Jérusalem, ne pleurez-pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et
sur vos enfants ! »
(Lc 23, 28)
Les figures féminines se présentent comme des flambeaux allumés le long du
chemin de douleur. Femmes de fidélité et de courage qui ne se laissent pas
intimider par les gardes ni scandaliser par les plaies du Bon Maître. Elles sont
prêtes à le rencontrer et à le consoler. Jésus est là devant elles. Il y en a
qui le frappent alors qu’il s’effondre à terre, épuisé. Mais les femmes sont là,
promptes à lui donner cette émotion chaleureuse que le cœur ne peut plus
réfréner. Elles le regardent d’abord de loin, mais se rapprochent ensuite, comme
fait tout ami, tout frère ou sœur quand il s’aperçoit de la difficulté que vit
la personne aimée.
Jésus est bouleversé par leurs pleurs amers, mais il les exhorte à ne pas
laisser leur cœur se consumer en le voyant si affligé, pour être non plus des
femmes qui pleurent mais des femmes qui croient ! Il demande une douleur
partagée et non une commisération stérile et larmoyante. Non plus des plaintes,
mais l’envie de renaître, de regarder en avant, de poursuivre le chemin avec foi
et espérance vers cette aurore de lumière qui surgira encore plus aveuglante sur
le visage de tous ceux qui marchent tournés vers Dieu. Pleurons sur nous-mêmes
si nous ne croyons pas encore en ce Jésus qui nous a annoncé le Royaume du
salut. Pleurons sur nos péchés non encore confessés.
Et aussi, pleurons sur ces hommes qui déchargent sur les femmes la violence
qu’ils ont en eux. Pleurons sur les femmes devenues esclaves de la peur et de
l’exploitation. Mais il ne suffit pas de se battre la poitrine et d’éprouver de
la compassion. Jésus est plus exigeant. Les femmes doivent être rassurées comme
il l’a fait lui, aimées comme un don inviolable pour toute l’humanité. Pour la
croissance de nos enfants, en dignité et en espérance.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,
arrête la main de ceux qui battent les femmes !
Relève leurs cœurs de l’abîme de la désespérance
quand elles deviennent la proie de la violence.
Visite leurs pleurs quand elles se trouvent seules.
Et ouvre notre cœur au partage de chaque douleur,
dans la sincérité et la fidélité,
au-delà de la compassion naturelle,
pour nous rendre instruments de libération véritable. Amen.
IXème STATION
Jésus tombe pour la troisième fois
Vaincre la mauvaise nostalgie
« Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la
persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? Mais en tout cela
nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés ! »
(Rm 8, 35.37)
Saint Paul énumère ses épreuves, mais il sait qu’avant lui Jésus y est passé,
lui qui est tombé une, deux, trois fois sur le chemin du Golgotha. Anéanti par
les tribulations, par la persécution, par le glaive, écrasé par le bois de la
croix. Épuisé ! Il semble dire, comme nous dans beaucoup de moments sombres :
je n’en peux plus !
C’est le cri de ceux qui sont persécutés, des mourants, des malades en phase
terminale, des opprimés sous le joug.
Mais en Jésus, sa force est aussi visible : « S’il est affligé, il
aura pitié »
(Lm 3, 32).Il nous indique qu’il y
a toujours sa consolation dans l’affliction, un “au-delà” à entrevoir dans
l’espérance. Comme l’émondage des arbres que le Père céleste pratique avec
sagesse sur les sarments qui portent du fruit (cf. Jn 15, 8). Jamais pour
abattre, mais toujours pour la nouvelle floraison. Comme une mère quand arrive
son heure : elle est affligée, elle gémit, elle souffre dans l’enfantement. Mais
elle sait que, vraiment par cette taille, ce sont les douleurs de la vie
nouvelle, du printemps en fleurs.
Que la contemplation de Jésus accablé, mais capable de se relever, nous aide à
savoir vaincre les enfermements que la peur du lendemain imprime dans notre
cœur, surtout en ce temps de crise. Dépassons la mauvaise nostalgie du passé, le
confort de l’immobilisme, du on a toujours fait ainsi ! Ce Jésus qui
chancelle et tombe, mais ensuite se relève, est la certitude d’une espérance
qui, alimentée par la prière intense, naît justement au sein de l’épreuve et non
après l’épreuve ni sans l’épreuve ! Nous serons plus que vainqueurs, grâce à son
amour !
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,
nous te prions, soulève le misérable de la poussière,
relève les pauvres des immondices, fais-les asseoir avec les chefs du peuple
et assigne-leur un trône de gloire.
Brise l’arc des forts et revêts de vigueur les faibles,
puisque toi seul tu nous fais riches avec ta pauvreté (cf. 1 S 2, 4-8 ; 2Co 8,
9) .
Amen.

Xème
STATION
Jésus est dépouillé de ses vêtements
L’unité et la dignité
« Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en
firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ;
c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors
ils se dirent entre eux : “Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui
l’aura”. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture: “Ils se sont partagé mes
habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement”. C’est bien ce que firent les
soldats »
(Jn 19, 23-24).
Ils ne laissèrent pas même un bout d’étoffe qui couvrît le corps de Jésus. Ils
le dénudèrent. Il n’avait ni manteau ni tunique, aucun vêtement. Ils le
dénudèrent comme acte d’extrême humiliation. C’était seulement le sang qui le
couvrait, qui sortait à flots de ses grandes blessures.
La tunique resta intacte : symbole de l’unité de l’Église, une unité à retrouver
en un chemin patient, dans une paix artisanale, construite chaque jour, dans un
tissu recomposé avec les fils d’or de la fraternité, dans la réconciliation et
dans le pardon réciproque.
En Jésus, innocent dénudé et torturé, reconnaissons la dignité violée de tous
les innocents, spécialement des petits. Dieu n’a pas empêché que son corps
dépouillé fût exposé sur la croix : il l’a fait pour racheter chaque abus
injustement couvert et démontrer que Lui, Dieu, est irrévocablement et sans
moyens termes du côté des victimes.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,
nous voulons redevenir innocents comme des enfants,
pour pouvoir entrer dans le Royaume des cieux,
purifiés de nos souillures et de nos idoles.
Enlève de notre poitrine le cœur de pierre des divisions,
qui rendent peu crédible ton Église.
Donne-nous un cœur nouveau et un esprit nouveau,
pour vivre selon tes préceptes,
observer et mettre en pratique tes lois. Amen.

XIème
STATION
Jésus est crucifié
Près du lit des malades
« Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort
pour savoir la part de chacun. C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf
heures du matin) lorsqu’on le crucifia. L’inscription indiquant le motif de sa
condamnation portait ces mots : “Le roi des Juifs”. Avec lui, ils crucifient
deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Et fut accomplie l’Écriture
qui dit : Il a été compté avec les pécheurs »
(Mc 15, 24-28).
Et ils le crucifièrent ! La peine des infâmes, des traîtres, des esclaves
rebelles. Voilà la condamnation réservée à notre Seigneur Jésus : clous rudes,
douleur lancinante, le supplice de la mère, la honte d’être uni à deux bandits,
les vêtements partagés comme butin entre les soldats, les moqueries cruelles des
passants : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! …
Qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui ! »
(Mt
27, 42)
Et ils le crucifièrent ! Jésus ne descend pas, il n’abandonne pas la croix. Il
reste, obéissant jusqu’au bout à la volonté du Père. Il aime et il pardonne.
Aujourd’hui aussi, comme Jésus, beaucoup de nos frères et sœurs sont cloués sur
un lit de douleur, dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, dans nos
familles. C’est le temps de l’épreuve, dans l’amertume des jours de solitude et
aussi de désespoir. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
(Mt 27, 46)
Que nos mains ne soient jamais pour transpercer mais pour approcher, consoler et
accompagner les malades les relevant de leur lit de douleur. La maladie ne
demande pas de permission. Elle arrive toujours de façon inattendue. Parfois
elle bouleverse, limite les horizons, met à dure épreuve l’espérance. Son fiel
est amer. Mais si nous trouvons, à côté de nous, quelqu’un qui nous écoute, qui
se tient près de nous, s’assied sur notre lit… seulement alors, la maladie peut
devenir une grande école de sagesse, de rencontre avec le Dieu Patient. Quand
quelqu’un prend sur lui nos infirmités, par amour, alors même la nuit de la
douleur s’ouvre à la lumière pascale du Christ crucifié et ressuscité. Ce qui
humainement est une condamnation peut se transformer en offrande rédemptrice,
pour le bien de nos communautés et de nos familles. À l’exemple des saints.
======
PRIÈRE
Seigneur Jésus,
ne reste pas loin de moi,
assieds-toi sur mon lit de douleur et tiens-moi compagnie.
Ne me laisse pas seul, étends ta main et relève-moi !
Je crois que Tu es l’Amour,
et je crois que ta volonté est l’expression de ton amour ;
je me confie donc à ta volonté,
parce que je me confie à ton Amour. Amen.
XIIème STATION
Jésus meurt sur la croix
Le gémissement des sept paroles
« Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture
s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : “J’ai soif. ” Il y avait là un
récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce
vinaigre à une branche d’hysope et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris
le vinaigre, Jésus dit : “ Tout est accompli. ” Puis, inclinant la tête, il
remit l’esprit »
(Jn 19, 28-30).
Les sept paroles de Jésus sur la croix sont un chef d’œuvre d’espérance. Jésus,
lentement, avec des pas qui sont aussi les nôtres, traverse toute
l’obscurité de la nuit, pour s’abandonner avec confiance entre les bras du Père.
C’est le gémissement des mourants, le cri des désespérés, l’invocation des
perdants. C’est Jésus !
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” (Mt 27, 46).
C’est le cri de Job, de tout homme frappé par le malheur. Et Dieu se tait. Il se
tait parce sa réponse est là, sur la croix : c’est Lui, Jésus, la réponse de
Dieu, Parole éternelle incarnée par amour.
Souviens-toi de moi…”(Lc 23,42). L’invocation fraternelle du
malfaiteur, fait compagnon de douleur, pénètre le cœur de Jésus, qui y
entend l’écho de sa douleur-même. Et Jésus écoute cette supplication :
“Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis”
(Lc 23, 42-43).
Toujours, la douleur de l’autre nous rachète, parce qu’elle nous fait sortir de
nous-mêmes.
“Femme, voici ton fils ! …”(Jn 19, 26). Mais c’est sa Mère, Marie, qui avec Jean se tenait sous la
croix, brisant la peur. Il la remplit de tendresse et d’espérance. Jésus ne se
sent plus seul. Comme pour nous, si, à côté de notre lit de douleur, il y a
quelqu’un qui nous aime ! Fidèlement. Jusqu’au bout.
“J’ai soif ”(Jn 19, 28). Comme l’enfant demande à boire à la maman ; comme le malade
brûlé de fièvre… La soif de Jésus est celle de tous les assoiffés de vie, de
liberté, de justice ; c’est la soif du plus grand assoiffé : Dieu, qui,
infiniment plus que nous, a soif de notre salut.
“Tout est accompli” (Jn 19, 30). Tout : chaque parole, chaque geste, chaque prophétie, chaque
instant de la vie de Jésus. La tapisserie a reçu la dernière touche. Les mille
couleurs de l’amour maintenant resplendissent de beauté. Rien n’a été gaspillé.
Rien n’a été jeté. Tout est devenu amour. Tout est consommé pour moi et pour
toi ! Et alors, la mort a aussi un sens !
“Père pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu’ils font” (Lc 23, 34). Maintenant, héroïquement, Jésus sort de la peur de la
mort. Parce que si nous vivons dans l’amour gratuit, tout est vie. Le pardon
nous renouvelle, il guérit, transforme et console ! Il crée un peuple nouveau.
Il arrête les guerres.
“Père, entre tes mains, je remets mon esprit” (Lc 23, 46). Non plus la désespérance duvide. Mais la confiance
pleine entre les mains du Père, l’abandon à son cœur. Parce que “ en Dieu,
chaque fraction se recompose, finalement en unité !
======
PRIÈRE
O Dieu, qui dans la Passion du Christ Notre Seigneur,
nous as libérés de la mort, héritage de l’antique péché,
transmis à tout le genre humain,
renouvelle-nous à l’image de ton Fils ;
et comme nous avons porté en nous, par notre naissance,
l’image de l’homme terrestre,
ainsi par l’action de ton Esprit,
fais que nous portions l’image de l’homme céleste.
Par le Christ notre Seigneur. Amen.
XIIIème STATION
Jésus est descendu de la croix
L’amour est plus fort que la mort
« Comme il se faisait tard, arriva un homme riche, originaire d’Arimathie, qui
s’appelait Joseph, et qui était devenu, lui aussi, ami de Jésus. Il alla trouver
Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui
remette »
(Mt 27, 57-58).
Avant d’être mis au tombeau, Jésus est remis finalement à sa Mère. C’est l’icône
d’un cœur transpercé qui nous dit que la mort n’empêche pas le dernier baiser de
la mère à son enfant. Prostrée sur le corps de Jésus, Marie s’enchaîne dans une
étreinte totale avec Lui. Cette icône est appelée simplement “Pietà”.
C’est poignant, mais cela montre que la mort ne rompt pas l’amour. Parce que
l’amour est plus fort que la mort ! L’amour pur est celui qui dure. Le soir est
arrivé. La bataille est remportée. L’amour n’a pas été brisé. Celui est prêt à
sacrifier sa vie pour le Christ, la retrouvera. Transfigurée, au-delà de la
mort.
Des larmes et du sang sont mêlés en cette tragique remise. Comme la vie dans nos
familles qui, par moments, est bouleversée par des pertes imprévues et
douloureuses, avec un vide impossible à combler, surtout lors de la mort d’un
enfant.
Pietà” signifie alors se faire proche des frères qui sont dans le deuil
et sont inconsolables. C’est une grande charité de prendre soin de celui qui
souffre dans son corps couvert de plaies, dans son esprit dépressif, dans son
âme désespérée. Aimer jusqu’au bout est l’enseignement suprême que nous ont
laissé Jésus et Marie. C’est la mission fraternelle quotidienne de la
consolation, qui nous est donnée dans cette étreinte fidèle entre Jésus
mort et sa Mère douloureuse.
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PRIÈRE
Ô Vierge douloureuse,
tu nous montres dans nos sanctuaires ton visage de lumière,
tandis que les yeux au ciel
et les mains ouvertes
tu offres au Père, en signe d’offrande sacerdotale,
la victime rédemptrice de ton Fils Jésus.
Révèle-nous la douceur de la dernière étreinte fidèle
et donne-nous ta consolation maternelle,
pour que la douleur quotidienne
n’interrompe jamais l’espérance de la vie au-delà la mort. Amen.


XIVème STATION
Jésus est mis au tombeau
Le jardin nouveau
« À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce
jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. C’est là
qu’ils déposèrent Jésus »
(Jn 19, 41-42).
Ce jardin, où se trouve le tombeau où Jésus est mis, rappelle un autre jardin :
celui de l’Éden. Un jardin qui, à cause de la désobéissance, perdit sa beauté et
devint désolation, lieu de mort et non plus de vie.
Les branches sauvages qui nous empêchent de respirer la volonté de Dieu, comme
l’attachement à l’argent, à l’orgueil, au gaspillage de la vie doivent être
taillées et greffées maintenant au bois de la croix. C’est cela le nouveau
jardin : la croix plantée dans la terre !
De là-haut, Jésus pourra désormais tout ramener à la vie. Une fois revenu des
profondeurs des enfers, où Satan a enfermé un grand nombre d’âmes, il commencera
le renouvellement de toutes choses. Ce sépulcre représente la fin du vieil
homme. Et comme pour Jésus, pour nous aussi, Dieu n’a pas permis que ses enfants
soient frappés de la mort définitive. Dans la mort du Christ tombent tous les
trônes du mal, basés sur l’avidité et sur la dureté du cœur.
La mort nous désarme, nous fait comprendre que
nous sommes exposés à une existence terrestre qui a un terme. Mais c’est
devant ce corps de Jésus déposé
au tombeau que nous prenons conscience de qui nous sommes : des
créatures qui,
pour ne pas mourir, ont besoin de leur Créateur. Le silence qui
enveloppe ce
jardin nous permet d’écouter le bruissement d’une brise légère : “ Je
suis le
Vivant, et je suis avec vous” (cf. Ex 3, 14). Le voile du temple s’est
déchiré. Finalement nous voyons le visage de notre Seigneur ! Et nous
connaissons en plénitude son nom : Miséricorde et Fidélité, pour ne jamais
rester confus, même devant la mort, parce que le Fils de Dieu fut libre parmi
les morts
(cf. Ps 87, 6 Vulg.).
======
PRIÈRE
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
Tu es mon partage et ma coupe :
ma vie est dans tes mains.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
Tu es à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
ne m’abandonne pas à la mort.
Ne laisse pas ton ami voir la corruption.
Tu m’apprendras le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices ! Amen.
(cf. Ps 15)
© Copyright 2014 – Libreria
Editrice Vaticana

Temps de Pâques.
Chemin de Croix.

 A partir d’un texte de Jean Paul II

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Prière initiale 

Aujourd’hui, nous nous réunissons pour nous mettre à la suite de
Jésus. Jésus « portant lui-même sa croix, sortit en direction du lieu
dit : Le Crâne.
Nous croyons que chacun de ses pas,  chacun de ses
gestes et chacune de ses paroles, et aussi ce qu’ont vécu et accompli
ceux qui étaient là en ces jours là, nous parlent aujourd’hui.
C’est aussi dans sa souffrance et dans sa mort que Jésus, le Christ nous révèle la vérité sur Dieu et sur l’homme.
Nous allons participer à ce Chemin de croix.
Que veut dire participer ? Participer c’est reconnaître, avec Jésus  nos difficultés à nous.
Cela veut dire marcher dans sa vie, en imitant Jésus, lui qui est assis à la droite de Dieu
Silence
Prière : 
Seigneur
Jésus-Christ, remplis nos cœurs de la lumière de ton Esprit, afin que,
te suivant sur ton dernier chemin, nous devenions plus proches de Toi,
nous comprenions un peu de ta mort et de ta résurrection.
Amen.

PREMIÈRE STATION

Jésus est condamné à mort 

 Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi qui le dis. » 
Pilate s’adressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. » 
Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir dela Galilée jusqu’ici. » (Lc 23, 3-5)
Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple. 

Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant de mettre le
désordre dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant
vous, et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet
homme aucun motif de condamnation. 

(…) Pour la
troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai
trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire
châtier, puis le relâcher. » Mais eux insistaient à grands cris,
réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient. (Lc 23, 13-23) Pilate
vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre
; Alors il prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant
: « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde
! »  Tout le peuple répondit : « Son sang, qu’il soit sur nous et sur
nos enfants ! » (Mt 27, 24-25)

Prière :
Ô Jésus,
Christ, toi qui as accepté une condamnation injuste, accorde-nous,  la
grâce d’être fidèles à ta parole À toi, Jésus, juste Juge, l’honneur et
la gloire pour les siècles sans fin. Amen.

Chant :
1 – Peuple de l’Alliance, ton Dieu te fait signe. (bis)
Marche à la suite de Jésus !
Va crier son nom
sur les chemins du monde, sur les chemins du monde.
Notre père

DEUXIÈME STATION

Jésus est chargé de sa croix  

Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié, et ils
se saisirent de lui.  Jésus, portant lui-même sa croix, sortit en
direction du lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, en hébreu : Golgotha. (Jn 19, 16-17)

Le Père a choisi la croix pour son Fils, et le Fils l’a prise sur ses
épaules. Il l’a portée sur le Calvaire et sur elle il a offert sa
vie. Sur la croix il y a la souffrance, sur la croix il y a le salut,
sur la croix il y a une leçon d’amour. Ô Dieu, celui qui une fois t’a
compris ne désire rien d’autre, ne cherche rien d’autre. La Croix est le signe d’un amour sans limites !
Prière : 
Ô Christ, toi
qui acceptes la croix de la main des hommes, accorde-nous, ainsi qu’à
tout le monde, la foi en ton amour infini, et qu’en faisant le signe de
croix, nous soyons tes amis, tes témoins aujourd’hui.

À toi, Jésus, la louange et la gloire pour les siècles. Amen.
Chant:
Peuple de l’Alliance, ton Dieu te libère. (bis)
Porte ta croix avec Jésus !
Va planter la paix
Aux carrefours du monde. Aux carrefours du monde.
Notre père…

TROISIÈME STATION

Jésus tombe pour la première fois 

« Dieu a pris sur lui nos péchés à nous tous » (cf. Is 53, 6).

« Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre
chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous »
(Is 53, 6).

Jésus tombe sous la croix. Cela arrivera  trois fois sur le chemin.
Il tombe d’épuisement. Le corps en sang,  la tête couronnée
d’épines. Tout cela fait que les forces lui manquent. Il tombe.  La
vraie cause de cette chute c’est que : « Dieu a pris sur lui nos péchés à
nous tous ». Ce sont les péchés qui écrasent Jésus ; Jésus tombe et se
relève. C’est ainsi que le Sauveur du monde s’adresse sans prononcer un
mot à tous ceux qui tombent. Il les encourage à se relever.
 « Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la
croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la
justice. Par ses blessures, nous sommes guéris » (cf. 1 P 2, 24).

Le Christ se relève péniblement pour reprendre le chemin. Les soldats
qui l’escortent cherchent à le stimuler par des cris et des coups.
Après un moment le cortège repart.

Prière : 
Ô
Christ, toi qui es tombé et qui t’es relevé pour nous, nous t’en
prions, Aide-nous, ainsi que tous ceux qui sont écrasés par le péché, à
nous remettre debout et à reprendre le chemin. Donne-nous la force de
l’Esprit, pour porter avec Toi la croix de notre faiblesse. À toi,
Jésus,  notre louange et notre amour pour les siècles. Amen.

Chant:
Peuple de l’Alliance, ton Dieu te libère. (bis)
Porte ta croix avec Jésus !
Va planter la paix
Aux carrefours du monde. Aux carrefours du monde.
Notre Père …

QUATRIÈME STATION

Jésus rencontre sa mère 

« Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de
Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras
le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le
Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour
toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 30-33).


Quand, sur le chemin de la croix, Marie rencontra son Fils, peut-être
ces paroles lui revinrent-elles à l’esprit. « Il régnera… Et son règne
n’aura pas de fin… », Avait dit l’ange… Cependant Marie se souvient
qu’elle avait répondu : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se
passe pour moi selon ta parole » (Lc 1, 38)
.
Marie souffre profondément.
Toutefois, elle répond comme elle avait répondu alors: « Que tout se passe pour moi selon ta parole ». La Servante  de Dieu obéit jusqu’au bout

Prière : 
Ô Marie, toi qui as parcouru le chemin de la croix avec ton Fils,
déchirée de douleur dans ton coeur de maman, mais te souvenant toujours
de ton amour pour Dieu, tu es sûre que rien n’est impossible à Dieu. Tu
pries pour nous et pour tous les hommes pour que nous ne doutions jamais
de son amour. À Jésus, ton Fils, honneur et gloire pour les siècles.
Amen.

Chant: 
Peuple de l’Alliance, ton Dieu te fait signe. (bis)
Marche à la suite de Jésus !
Va crier son nom
Sur les chemins du monde. Sur les chemins du monde.
Je vous salue Marie, …

CINQUIÈME STATION

Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix  

Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de
Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour
qu’il la porte derrière Jésus.

Les soldats romains
firent ceci car ils craignaient que le Condamné épuisé ne parvienne pas à
porter la croix jusqu’au Golgotha. Ils n’auraient pas pu exécuter la
sentence de crucifixion portée sur lui. …/… (Lc 23, 26) 

Simon reçoit un don. Le Fils de Dieu l’a fait participer d’une manière singulière. N’est-ce pas Jésus qui a dit :
« Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24)
Prière :
Ô Jésus
Christ,  accueille  nous ainsi que tous les hommes et donne à chacun la
grâce de la disponibilité. Fais que nous prenions un peu de temps pour
écouter ou aider ceux qui vont mal. Fais que, portant les poids les uns
des autres, nous devenions amis, témoins ; à toi, qui vis et règnes pour
les siècles des siècles. Amen.

Chant:
Peuple de l’Alliance, ton Dieu est ta force. (bis)
Ouvre tes portes avec Jésus !
Tu vivras d’Esprit
Aux quatre vents du monde. Aux quatre vents du monde.
Notre père …

SIXIÈME STATION

Véronique essuie le visage de Jésus 

Véronique ne figure pas dans les Évangiles. Ce nom n’y est pas
mentionné, Il se peut donc que le nom exprime plutôt ce que fit cette
femme. En effet, selon la tradition, sur le chemin du Calvaire une femme
alla jusqu’à Jésus, au milieu des soldats, et, avec un voile, elle
essuya la sueur et le sang du visage du Seigneur. Son visage resta
imprimé sur le voile Le Sauveur du monde donne à Véronique une image
authentique de son visage. Le voile sur lequel reste imprimé le visage
du Christ devient un message pour nous. Il dit en un sens : ” Les actes
d’amour ne passent pas. Tout geste de bonté, de compréhension, de
service, laisse dans le cœur de l’homme un signe qui ne s’efface pas”
Prière : 
Seigneur Jésus
Christ, Toi qui as accepté le geste désintéressé d’amour d’une femme et
qui en retour as fait en sorte que les générations s’en souviennent
avec le nom de ton visage, Fais que nos actions, et celles de tous ceux
qui viendront après nous, nous rendent semblables à toi et laissent au
monde le reflet de ton amour infini. À toi, Jésus, splendeur de la
gloire du Père, louange et gloire pour les siècles. Amen.

Chant:
Peuple de l’Alliance, ton Dieu est ta force. (bis)
Ouvre tes portes avec Jésus !
Tu vivras d’Esprit
Aux quatre vents du monde. Aux quatre vents du monde.
Notre Père…

SEPTIÈME STATION

Jésus tombe une deuxième fois 

Voici que, dans la poussière de la terre, Jésus
tombe à nouveau, écrasé sous le poids de la croix. Ses forces
l’abandonnent toujours davantage. Mais, à grand peine, il se relève pour
continuer son chemin. Que signifie pour nous, hommes pécheurs, cette
deuxième chute ? Plus encore que la première, elle semble nous inviter à
nous relever, à nous relever une nouvelle fois sur notre chemin de croix.
Depuis deux mille ans, le Christ qui se relève de la chute rencontre
l’homme qui tombe. Tomber ne signifie pas la fin du chemin.  En
rencontrant le Sauveur, ceux qui tombent se sont sentis rassurés par
Lui. Ils se sont relevés réconfortés et ils ont transmis au monde la
parole de l’espérance qui jaillit de la croix.

Prière : 
Seigneur Jésus Christ,  donne-nous la force de nous relever de nos
chutes, pour transmettre aux générations qui viendront ta Bonne
Nouvelle ; À toi, Jésus, soutien de notre faiblesse, la louange et la
gloire pour les siècles. Amen
.

Chant:
Peuple de l’Alliance, ton Dieu te libère.  (bis)
Porte ta croix avec Jésus !
Va planter la paix
Aux carrefours du monde. Aux carrefours du monde.
Notre Père…

HUITIÈME STATION

Jésus console les femmes de Jérusalem

Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se
frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et
leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur
vous-mêmes et sur vos enfants !
Prière : 
Ô Christ, toi
qui es venu en ce monde pour visiter tous ceux qui attendent d’être
sauvés, fais que nous te reconnaissions. Ne permets pas qu’il faille
pleurer sur nous parce que nous t’aurions repoussé. À toi, Jésus, né de
Marie, honneur et gloire pour les siècles éternels. Amen.

Chant: 
Peuple de l’Alliance, ton Dieu te fait signe. (bis)
Marche à la suite de Jésus !
Va crier son nom
Sur les chemins du monde. Sur les chemins du monde.
Notre père…

NEUVIÈME STATION

Jésus tombe pour la troisième fois

Avant de lire la suite du  texte nous pouvons fermer nos yeux et nous imaginer quelques instants l’épreuve de Jésus.
Il m’arrive de tomber. Je me souviens comment je me relève.
Je tombe une deuxième fois. QU’est-ce que je ressens ?  du découragement
?  De la souffrance ? J’ai toujours les yeux fermés. Je tombe une
troisième fois. Comment se relever après cette nouvelle épreuve ?
(Puis, nous reprenons la lecture)
Voilà de nouveau le Christ tombé à terre sous le poids de la croix.
La foule, curieuse, regarde s’il aura encore la force de se relever.
Saint Paul écrit : Pendant le dernier repas, la Cène, en s’abaissant
jusqu’à terre et en leur lavant les pieds, Jésus avait voulu nous
habituer à cette humiliation de sa personne. En tombant à terre pour la troisième fois sur le chemin de la croix, il nous crie encore : «
Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). « Celui qui
me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie
» (Jn 8, 12).
Ne soyons pas troublés à la vue de Jésus qui tombe à
terre, épuisé sous la croix. Cette manifestation extérieure de la mort
qui s’approche cache la lumière de la vie.
Prière : 
Seigneur Jésus
Christ, donne-nous la lumière de la foi, afin que nous ayons le courage
de suivre ton chemin d’amour. Que nous n’ayons pas honte de t’aimer,
d’aider nos amis tous ces chemins qui conduisent à la vrai vie.  À toi,
Jésus, honneur et gloire pour les siècles. Amen.

Chant: 
Peuple de l’Alliance, ton Dieu te pardonne. (bis)
Prends la lumière de Jésus !
Va semer l’amour
Dans les hivers du monde. Dans les hivers du monde.
Notre père…

DIXIÈME STATION

Jésus est dépouillé de ses vêtements, abreuvé de vinaigre

Et ils amènent Jésus à l’endroit appelé Golgotha,
c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne, ou Calvaire. Ils lui offraient du vin
aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas. (Mc 15, 22-23).  (…) Ils
 prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour
chacun. Restait la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée
tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : « Ne la
déchirons pas, tirons au sort celui qui l’aura. » Ainsi s’accomplissait
la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré
au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. . (Jn 19,
23-24).

Avant de lire la prière, nous pouvons fermer nos yeux à nouveau
et nous imaginer quelques instants l’épreuve de Jésus. C’est horrible
d’être déshabillé de force.
C’est la dignité de Jésus qui est atteinte. 

Prière
Seigneur
Jésus, Toi qui,  as accepté de mourir sur la croix pour nous sauver,
fais nous partager ton sacrifice. Que nos actions expriment notre
participation libre et consciente à ce que tu as fait. À toi, Jésus, 
honneur et gloire pour les siècles. Amen.
Chant: 
Peuple de l’Alliance, ton Dieu t’illumine. (bis)
Passe la mort avec Jésus !
Va danser la vie
Sur les tombeaux du monde. Sur les tombeaux du monde.
Notre Père…

ONZIÈME STATION

Jésus est cloué sur la croix 

Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on
mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à
gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font.
» (Lc 23, 34).
Difficile d’imaginer la barbarie de ce geste ; avoir des clous
plantés dans les mains et les pieds pour ensuite être mis debout sur une
croix… Au moment où il souffre le plus, Jésus, le Christ ne nous
oublie pas. Et en particulier il n’oublie pas ceux qui sont la cause
directe de sa souffrance. Il sait que l’homme, plus que toute autre
créature, a besoin d’amour ; qu’il a besoin de pardon qui, en cet
instant, se répand sur le monde.
Le Christ souffre. Que le Christ élevé sur la croix nous invite à nous réveiller
Prière :
« Ils me percent les mains et les pieds, je peux compter tous mes os » (Ps 21[22], 17-18) – 
Jésus
Christ, remplis nos coeurs de ton amour, que nous soyons tout près de
toi, toi qui règnes avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et pour
les siècles des siècles. Amen.
Chant:
Peuple de l’Alliance, ton Dieu te pardonne. (bis)
Prends la lumière de Jésus !
Va semer l’amour
Dans les hivers du monde. Dans les hivers du monde.
Notre père…
Nous repartons en silence vers la station suivante. 
Silence de la souffrance, silence de l’incompréhension

DOUZIÈME STATION

Jésus meurt sur la croix

A partir de midi, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à trois
heures. Vers trois heures, Jésus cria d’une voix forte : « Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »  Quelques-uns de ceux qui
étaient là disaient en l’entendant : « Le voilà qui appelle le prophète
Élie ! » (Mt 27, 45-47) Après cela, sachant que désormais toutes choses
étaient accomplies, et pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout,
Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là un récipient plein d’une
boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une
branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche.  Quand il eut pris le
vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » (…) (Jn 19, 28-30) Le
rideau du Temple se déchira par le milieu.  Alors, Jésus poussa un grand
cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. »  Puis, inclinant
la tête, il remit l’esprit. (Lc 23, 45-46)
Silence
Prière : Jésus tu as soif !
Tu as soif de nous, de notre amour. Tu veux seulement nous aimer, nous
voir plus près de toi, nous pardonner. 
À toi, Jésus crucifié, sagesse et puissance de Dieu, honneur et gloire pour les siècles éternels. Amen.
Chant :
Peuple de l’Alliance, ton Dieu t’illumine. (bis)
Passe la mort avec Jésus !
Va danser la vie
Sur les tombeaux du monde. Sur les tombeaux du monde.
Notre père…
Nous repartons en silence vers la treizième station.
C’est un scandale que la mort de Jésus. Scandale de tuer un innocent.
Cela arrive si souvent aujourd’hui encore… 

TREIZIÈME STATION

Jésus est descendu de la croix et confié à sa Mère

A la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu :
« Sûrement, cet homme, c’était un juste. »  Et tous les gens qui
s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en
retournaient en se frappant la poitrine. (Lc 23, 47-48)
Comme c’était le vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en
croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour
de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les
corps après leur avoir brisé les jambes. Des soldats allèrent donc
briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l’on
avait crucifiés avec Jésus.
(…) Après cela, Joseph d’Arimathie, qui
était disciple de Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda à
Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus.
Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus.
Nicodème (celui qui la première fois était venu trouver Jésus pendant
la nuit) vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès
pesant environ cent livres. Ils prirent le corps de Jésus, et ils
l’enveloppèrent d’un linceul, en employant les aromates selon la manière
juive d’ensevelir les morts.
(Jn 19, 38-39)
On a remis entre les mains de la Mère le corps sans vie de son Fils.
Les Évangiles ne disent pas ce qu’elle a éprouvé en cet instant. C’est
comme si les Évangélistes, par ce silence, voulaient respecter sa
douleur, ses sentiments et ses souvenirs.
Silence
Prière :
À ton
Fils, Jésus, notre Sauveur, avec le Père et avec l’Esprit Saint, tout
honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Chant:
Peuple de l’Alliance, ton Dieu t’illumine. (bis)
Passe la mort avec Jésus !
Va danser la vie
Sur les tombeaux du monde. Sur les tombeaux du monde.
Je vous salue Marie…

QUATORZIÈME STATION

Le corps de Jésus est mis au tombeau

Joseph acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix,
l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau  qui était
creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du
tombeau. (Mc 15, 42-46). « Il a été crucifié, est mort et a été
enseveli… ». 

Pourtant, la pierre du tombeau n’est pas le message final de son Jésus. 
Le dernier mot n’appartient pas au mensonge ni à la haine. Le dernier mot c’est l’Amour, qui est plus fort que la mort. 
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 24). 
Le tombeau est la dernière étape de vie du Christ, sur la Terre ; c’est le signe de son sacrifice
« Il a été crucifié, est mort et a été enseveli, (…) le troisième jour est ressuscité des morts ».
Avec la mise au tombeau du corps sans vie de Jésus, au pied du Golgotha, l’Église commence la veillée du Samedi saint.
Marie conserve et médite au fond de son cœur la passion de son Fils ;
Les femmes se donnent rendez-vous le lendemain matin après le sabbat, pour mettre sur Jésus le Christ, des aromates ;
Les disciples se rassemblent, en se cachant, jusqu’à ce que le sabbat soit passé.
Bientôt, nous arriverons au  tombeau, et le tombeau sera vide.
Alors le tombeau, témoin de la résurrection, parlera.
La pierre roulée, l’intérieur vide, les bandelettes à terre, voilà ce que verra Jean, arrivé au tombeau avec Pierre :
« Il vit et il crut » (Jn 20, 8). Et toute l’église avec lui !
Le tombeau vide est le signe de la victoire définitive du bien sur le mal, du pardon sur le péché, de la vie sur la mort. Le tombeau vide est le signe de l’espérance : « Par notre espérance, nous avons déjà l’immortalité » (cf. Sg 3, 4).
Prière
Seigneur
Jésus Christ, toi qui, dans la puissance de l’Esprit Saint, as été
conduit par le Père des ténèbres de la mort à la lumière d’une vie
nouvelle dans la gloire,
Fais que le signe du tombeau vide nous
parle, à nous aujourd’hui. À toi, Jésus, présence cachée et victorieuse
dans l’histoire du monde, honneur et gloire pour les siècles. Amen.
Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Notre père…

Fin du chemin de croix : 

« Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? »
Ces paroles de Jésus aux disciples résonnent dans nos cœurs. Au début,
le croyant mort, les disciples sont découragés et abattus. Il est
difficile de comprendre pourquoi il faut mourir avant d’avoir la vie
éternelle.
D’ici peu, nous partirons dans différentes directions.
Nous retournerons dans nos maisons, en repensant à ces événements
Puisse Jésus s’approcher de chacun de nous ; puisse-t-il se faire aussi être notre ami !
Tout en nous accompagnant, il nous expliquera que pour nous il est
monté au Calvaire, que pour nous il est mort, afin d’accomplir les
Écritures.
Le douloureux événement de la crucifixion que nous
venons de contempler deviendra ainsi pour chacun de nous une attente
avant la grande joie de ce samedi.
Samedi, nous entendrons Alléluia ! Jésus est vivant ! Lui que l’on croyait mort, il est ressuscité !
Attendons samedi…
Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Notre Père…

Une belle histoire vraie

On raconte qu’une poule et ses poussins furent surpris
par un incendie de prairie allumé par un cultivateur qui voulait se
débarrasser des herbes sèches et des broussailles encombrant son champ.
Les poussins, terrorisés par le feu, se réfugièrent sous les ailes de
leur mère, si bien qu’elle ne put s’enfuir avec eux. Ne voulant pas les
abandonner, elle se coucha sur eux, les protégeant de son mieux sous ses
plumes. Et le feu passa. Lorsque le paysan la trouva un peu plus tard,
la poule était morte asphyxiée et brûlée, mais tous les poussins étaient
sauvés.

Elle avait donné sa vie pour eux.(Esaïe 31.5).

31.5

Comme des oiseaux déploient les ailes sur leur couvée, Ainsi l’Éternel
des armées étendra sa protection sur Jérusalem; Il protégera et
délivrera, Il épargnera et sauvera.

31.6
Revenez à celui dont on s’est profondément détourné, Enfants d’Israël!
31.7
En ce jour, chacun rejettera ses idoles d’argent et ses idoles d’or, Que vous vous êtes fabriquées de vos mains criminelles.

Romains chapitre 5 verset 8
5.8 Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.

Sainte MARIE FAUSTINE KOWALSKA
1905-1938


Soeur MARIE FAUSTINE, apôtre de la Miséricorde Divine, compte
aujourd’hui parmi les Saints les plus célèbres de l’Église. Par son
intermédiaire, le Seigneur Jésus transmet au monde entier Son grand
message de la Miséricorde Divine et montre un modèle de perfection
chrétienne fondée sur la confiance en Dieu et sur une attitude
miséricordieuse envers le prochain.

Elle est née le 25 août 1905, troisième des dix enfants de Marianna et Stanisław Kowalski, agriculteurs dans le village de Głogowiec. Au baptême, dans l’église paroissiale de Świnice
Warckie, elle a reçu le prénom d’Hélène. Depuis son enfance, elle se
distingua par l’amour de la prière, l’assiduité, l’obéissance et par une
grande sensibilité à la misère des hommes. A neuf ans, elle a fait sa
Première Communion qu’elle a profondément vécue, consciente de la
présence de l’Hôte Divin dans son âme. Elle a fréquenté l’école pendant
moins de trois ans. Adolescente, elle a quitté la maison familiale pour
gagner sa vie et pour aider ses parents comme servante dans des familles
aisées à Aleksandrów,
Łódź et Ostrówek.
Elle
a senti la vocation dans son âme dès l’âge de sept ans, mais ses
parents n’étant pas d’accord pour qu’elle entre dans les ordres, elle a
essayé d’étouffer cette voix intérieure. Cependant, exhortée par la
vision du Christ souffrant, elle est partie pour Varsovie où, le 1er
août 1925, elle a rejoint la Congrégation des Sœurs de Notre Dame de la
Miséricorde. Devenue Sœur Marie Faustine, elle a passé au couvent treize
ans, en remplissant les fonctions de cuisinière, de jardinière et de
Sœur portière dans plusieurs maisons de la Congrégation, le plus souvent
à P
łock, Wilno et Cracovie.
Rien
ne trahissait à l’extérieur sa vie mystique d’une extrême richesse.
C’est avec zèle qu’elle remplissait toutes ses tâches, elle observait
fidèlement les règles, recueillie et silencieuse, mais en même temps
naturelle, pleine d’un amour bienveillant et désintéressé. Sa vie, très
ordinaire, monotone et grise en apparence, cachait la profondeur
extraordinaire de l’union à Dieu.

Sa
spiritualité reposait sur la Miséricorde Divine à laquelle elle
réfléchissait et qu’elle contemplait dans la parole de Dieu et dans
l’aspect quotidien de sa vie. La connaissance et la contemplation du
mystère de la Miséricorde Divine développaient chez elle une attitude de
confiance d’enfant face à Dieu et de miséricorde envers les autres. Ô
mon Jésus, chacun de Tes saints reflète en sa personne l’une de tes
vertus, moi, je désire refléter Ton Cœur compatissant et plein de
miséricorde, je veux le glorifier. Que Ta miséricorde, ô Jésus, soit
imprimée dans mon cœur et dans mon âme, tel un sceau, ce sera là mon
emblème en cette vie et en l’autre
(P.J. 1242). Sœur Marie Faustine
était une fidèle fille de l’Église qu’elle aimait comme une Mère et
comme le Corps Mystique de Jésus Christ. Consciente de son rôle au sein
de l’Église, elle a collaboré avec la Miséricorde Divine dans l’œuvre du
salut des âmes égarées. Sur le souhait et en suivant l’exemple du
Seigneur Jésus, elle a sacrifié sa vie en holocauste. Dans sa vie
spirituelle, elle se distinguait aussi par son amour de l’Eucharistie et
par sa dévotion profonde pour Notre Dame de la Miséricorde.

Les
années passées au couvent abondaient en grâces extraordinaires:
révélations, visions, stigmates cachés, participation à la Passion du
Seigneur, don de bilocation, de pénétrer le cœur des autres, de la
prophétie, ou bien le don rarissime de fiançailles et d’épousailles
mystiques. Le vif contact avec Dieu, Notre Dame, les anges, les saints,
les âmes au purgatoire – tout cet univers surnaturel –  lui apparaissait
comme étant non moins réel et vrai que celui qu’elle percevait par ses
sens. Malgré cette abondance de grâces extraordinaires accordées, elle
savait que celles-ci ne décidaient pas de l’essence de la sainteté. Ce
ne sont ni les grâces, ni les apparitions, ni les ravissements, ni
aucun don accordé qui la rendent parfaite, mais l’union intérieure de
mon âme avec Dieu. Ces dons ne sont que des ornements de l’âme, mais ils
ne constituent ni le contenu, ni la perfection. Ma sainteté et ma
perfection consistent en une étroite union de ma volonté avec celle de
Dieu
(P.J. 1107).

Sœur Marie Faustine a
été élue par le Seigneur Jésus secrétaire et apôtre de Sa Miséricorde
pour transmettre au monde entier son grand message. Dans l’ancien Testament, lui dit-Il, j’ai
envoyé à mon peuple des prophètes et avec eux la foudre. Aujourd’hui,
je t’envoie vers toute l’humanité avec ma miséricorde. Je ne veux pas
punir l’humanité endolorie, mais je désire la guérir en l’étreignant sur
mon cœur miséricordieux
(P.J. 1588).

La mission de Sœur Marie Faustine consistait en trois tâches:

rendre proche et annoncer au monde entier la vérité révélée dans les
Écritures Saintes sur l’amour miséricordieux de Dieu envers tout homme,


implorer la Miséricorde Divine pour le monde entier, en particulier
pour les pécheurs, notamment par la pratique des formes nouvelles,
annoncées par le Seigneur Jésus, du culte de la Miséricorde Divine, qui
sont les suivantes: le tableau du Christ avec l’inscription Jésus, j’ai confiance en Toi! , la
Fête de la Miséricorde Divine le premier dimanche après Pâques, le
Chapelet à la Miséricorde Divine et la prière à l’Heure de la
Miséricorde Divine (15 H). Le Seigneur Jésus liait à ces formes du
culte, ainsi qu’à la propagation de la dévotion à la Miséricorde, de
grandes promesses à condition de se fier à Dieu et de pratiquer un amour
actif envers le prochain,

– la troisième
tâche que comportait la mission de Sœur Marie Faustine consistait à
inspirer le mouvement apostolique de la Miséricorde qui est chargé de
propager et d’obtenir par la prière la Miséricorde Divine pour le monde
et qui tend à la perfection sur le chemin montré par la Bienheureuse
Sœur Faustine. Ce chemin est celui d’une confiance d’enfant en Dieu,
laquelle s’exprime dans l’accomplissement de Sa volonté et dans une
attitude de miséricorde envers les autres. A l’heure actuelle, ce
mouvement au sein de l’Église concerne des millions de personnes à
travers le monde, à savoir des congrégations, des instituts laïques, des
prêtres, des confréries, des associations, différentes communautés
d’apôtres de la Miséricorde Divine et des particuliers qui se chargent, à
titre individuel, des tâches transmises par le Seigneur Jésus par
l’intermédiaire de Sœur Marie Faustine.

Le message de Sœur Faustine a été noté dans son Petit Journal qu’elle
a rédigé par la volonté du Seigneur Jésus et de ses confesseurs. Elle y
a fidèlement noté tous les souhaits de Jésus, de même qu’elle a décrit
l’union intime de son âme avec Dieu. Secrétaire de mon plus profond mystère, disait le Seigneur Jésus à Sœur Faustine, ton
devoir est d’écrire tout ce que je te fais connaître à propos de ma
miséricorde au profit des âmes qui en lisant ces écrits seront consolés
et auront le courage de s’approcher de moi
(P.J. 1693). Cet ouvrage
nous rend proche d’une manière extraordinaire le mystère de la
Miséricorde Divine. Il enchante non seulement les gens simples, mais
aussi les scientifiques qui y découvrent une source supplémentaire de
recherche théologique. Le Petit Journal a été traduit en
plusieurs langues, entre autres en anglais, allemand, italien, espagnol,
français, portugais, russe, hongrois, tchèque et slovaque.

Ravagée
par la maladie et par de nombreuses souffrances qu’elle a supportées en
tant que sacrifice bénévole pour les pécheurs, entièrement épanouie
spirituellement et unie à Dieu, Sœur Marie Faustine est morte à Cracovie
le 5 octobre 1938, âgée à peine de 33 ans. La gloire de la sainteté de
sa vie a crû rapidement avec la propagation de la dévotion pour la
Miséricorde Divine et au fur et à mesure des grâces obtenues par son
intercession. De 1965 à 1967, à Cracovie s’est déroulé le procès
diocésain sur sa vie et ses vertus et en 1968, à Rome, a été ouvert le
procès de béatification, clos en décembre 1992. Le 18 avril 1993, sur la
Place Saint-Pierre de Rome, le Saint Père Jean Paul II a procédé à
l’acte de sa béatification.Ses reliques reposent au sanctuaire de la
Miséricorde Divine de Cracovie-
Łagiewniki.

Robolution, robots at work and we share…

A robolution, robots at work and we share…

Swiss basic income, arguments

A new paradigm ! Too much products thanks to robots ? How to distribute all those goods ?

I am forwarding the following link for the interest of  all persons of good will:

http://desiebenthal.blogspot.ch/2011/09/kennedys-robolution-against-bankstersss.html

Unconditional Basic Income

Other NGOs

Press articles

Initiative pour une monnaie pleine ( Vollgeld).

Nouvelle initiative pour une monnaie pleine ( Vollgeld).  
 




Aspects éthiques et sociaux. La
justice commence par une bonne monnaie.
Battre monnaie surtout pour le peuple.
Stop aux trop nombreux abus bancaires, notamment la concentration des
profits et la socialisation des pertes.
État des lieux et inventaires des
conséquences néfastes du système bancaire inadapté actuel :
1. Des centaines de milliers de Suisses
intègres travaillent, mais vivent endettés sous le seuil de
pauvreté. En parallèle, le Conseil fédéral rabote des Budgets à
des postes pourtant prioritaires (santé, éducation, chômage,
création d’emplois, relance, environnement, infrastructures,
transports, réduction du nombre d’Ambassades et d’outils
d’informations .. à l’heure de crises et de l’isolement du Pays sur
la scène internationale, suppression des bureaux de Poste et
dégradation générale du Service public, Crèches, etc.) et
répercute ses tâches sur les Cantons, donc Communes et de fait, les
Familles, soit nous tous. Les Caisses de pensions sont de plus en
plus vides et la cohésion nationale, sinon la solidarité sont
partout remis en cause. Des banques paient moins d’impôts sur des
années.
2. Les pseudo “solutions”
sont de nouvelles dettes et une nouvelle fiscalité sournoise
(parkings, radars, nouveaux «délits» etc.), mais aussi des hausses
prévues de la TVA, etc. qui pénalisent tous les citoyen(ne)s et les
PME
3. Le système économique actuel,
grâce aux nombreuses découvertes et inventions qui le favorisent
(notamment l’informatique et les robots de plus en plus nombreux et
efficaces), produit une abondance de biens, en même temps qu’il
réduit les besoins de main-d’oeuvre locale et augmente ainsi un
chômage permanent. Une partie importante de la population se trouve
ainsi privée de tout travail et pouvoir d’achat des biens créés
pour elle et non pas pour quelques individus ou groupes particuliers
d’industriels financiers, banquiers et spéculateurs.
Conclusions :
I. Un pays n’est pas un ménage, il
doit créer de l’argent. L’État doit donc reprendre le contrôle
du bien commun de l’émission et du volume de la monnaie et du
crédit.
II. Les ressources matérielles de la
nation représentées par la production constituent la base de la
valeur de la monnaie et du crédit.
III. En tout temps l’émission de la
monnaie et du crédit devrait se mesurer sur le mouvement de la
production de façon qu’un sain équilibre se maintienne constamment
entre celle-ci et la consommation. Pour une Suisse avec moins de
dettes, donc d’ impôts grâce à la robotisation, en parallèle,
sinon surtout grâce à une création modernisée de l’argent qui
assurera ainsi la prospérité de tous.
Nous limiterons enfin les impôts, les
salaires énormes, les bonus indécents et les dividendes exorbitants
de certains privilégiés. Distribuons enfin les avantages du progrès
technique et de l’abondance rendue possible par les machines.
« Il s’agit de réformes
fondamentales qui intéressent la vie de tous les jours de millions
de citoyens. Ces réformes indispensables n’ont été réalisées, ni
même envisagées, ni par les libéraux justement préoccupés de
favoriser l’efficacité de l’économie, ni par les socialistes
justement attachés à l’équité de la distribution des revenus…
Les uns et les autres n’ont cessé d’être aveuglés par la
répétition incessante de toutes parts de pseudo vérités et par
des préjugés erronés. » Maurice Allais.
Non au triple vol de la création
monétaire, comme le dit M. Maurice Allais, prix Nobel d’économie,
qui la compare à de la fausse monnaie, en main de faux monnayeurs,
et qui y rajoutent des intérêts illimités puisque la base est
illimitée, selon MM. Bernanke l’hélicoptère et M. Hildebrand.
Si vous voulez changer le système pour
le meilleur, alors coopérez à cette initiative.

Quelques notions  rapides :
La dette existe depuis bien longtemps. Cependant, peu d’entre nous en
connaissent l’origine. Actuellement on parle beaucoup de la dette
publique que les citoyens et pays doivent s’efforcer de rembourser. Elle
est apparue à cause de nombreux facteurs complexes. Mais il existe un
grand facteur qui a amorcé celle-ci. Elle ne fera que s’alourdir si on
ne change pas radicalement de système bancaire.

Tout d’abord il est intéressant de nous poser les questions suivantes ;
– Pourquoi travaillons-nous ?
Pour avoir de l’argent pour se nourrir et acquérir des biens.
– Mais qui détient et contrôle l’argent ?
Les réserves fédérales et les banques commerciales.
– Comment est apparu l’argent (=les billets de banques actuels) ?
Lorsque les orfèvres du 17ème siècle ont proposé de rendre un reçu (=
devenu les billets d’aujourd’hui) aux clients qui leur confiait leur or
destiné au coffre-fort (de l’orfèvre).

– Comment les réserves et les banques d’aujourd’hui créent cet argent ?
Lorsque que l’on demande un emprunt.
– A partir de quoi crée-t-elle cet argent ?
A partir de rien ! (c’est là que le système bloque).
– Que signifie donc alors l’argent ?
C’est une dette, plus on fait d’emprunts, plus il y a dettes, plus
l’argent circule, moins cet argent a de la valeur et la vie coûte plus
cher. Tout cela fait apparaître l’inflation.

– Et les intérêts demandés par la banque dans tout cela ?
C’est un système frauduleux des banques pour gagner encore plus
d’argent, et il n’existe pas assez d’argent permettant de couvrir tous
ces intérêts. (Les intérêts excèdent toujours l’argent mis en
circulation).

Pourtant il faut savoir qu’il n’existe aucune loi dictant que
l’argent puisse être créé à partir de rien. Ce n’est donc pas
obligatoirement de l’argent qui appartient à une banque qui sera mise en
circulation lorsqu’on demande un emprunt. Le système s’effondrerait
directement si tout le monde reprenait l’argent des banques. De plus
elles s’octroient le droit de nous saisir nos biens si l’on ne peut
rembourser les intérêts. Alors que ces derniers proviennent d’un argent
dont la banque n’a elle-même jamais eu en sa possession. C’est ce qu’on
appelle « l’esclavage moderne ».

Une proposition de loi (en Amérique) a été soumise dans le passé
proposant une monnaie indépendante, sans création de dette (la green
back). Mais le système bancaire à cette époque (et encore aujourd’hui)
préconisait que le capital doit contrôler le travail en contrôlant les
salaires et donc l’argent. Il refusa alors cette demande. Une telle proposition existe aujourd’hui en Suisse, saurons-nous la saisir ?

Les banques sont de véritables parasites car elles nous soustraient
notre réelle liberté. Si tout le monde prend conscience de cette immense
arnaque on pourrait faire changer les choses. L’argent est resté un
sujet tabou trop longtemps il est temps que cela change.



Tiré et revu de http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-dette-l-une-des-arnaques-les-143362


Étapes:

  1. Retirer aux banques le pouvoir exorbitant de créer de l’argent du néant.
  2. Donner ce pouvoir à une instance  au fonctionnement transparent et démocratique
  3. Créer de l’argent sans dette
  4. Assujettir la création monétaire à des objectifs décidés démocratiquement
  5. S’assurer que l’argent créé soit directement injecté dans l’économie réelle sans transiter par les marchés financiers
  6. Assurer aux individus la transparence et le contrôle de la façon dont leur argent est investi






Texte constitutionnel














Initiative Vollgeld : argent garanti à l’usage de tous. Rendons la création d’argent à la banque nationale!
(8.1.2014)


Art 99 Architecture du marché financier et monétaire (nouveau)
(1)
La confédération garantit l’approvisionnement du marché en argent et
services financiers. Elle peut donc s’écarter des principes de la liberté
du commerce.

(2) La confédération a l’exclusivité de la création de
la monnaie, des billets et de la monnaie scripturale comme moyens de
paiement légaux.

(3) La création et l’usage d’autres moyens de
paiement sont autorisés dans la mesure où ils sont compatibles avec le
contrat légal de la Banque nationale suisse.

(4) La loi organise le marché financier, notamment en fonction des principes suivants :
a) obligations fiduciaires des prestataires de services financiers ;
b) contrôle des conditions générales de vente des prestataires de services financiers ;
c) octroi et surveillance de produits financiers ;
d) apports personnels suffisants ;
e) limitation des opérations pour compte propre.
(5)
Les prestataires de services financiers gèrent les comptes de règlement
des clients en dehors de leur bilan. Ceux-ci ne tombent pas dans la
masse de la faillite.



Article 99a Banque nationale suisse
(1)
La Banque nationale suisse, en tant que banque centrale indépendante,
mène une politique monétaire et financière qui sert l’intérêt général du
pays ; elle contrôle la masse monétaire et garantit le fonctionnement
des opérations financières ainsi que l’approvisionnement en crédit de
l’économie par les prestataires de services financiers.

(2) La Banque nationale suisse pourra imposer une période de conservation minimale pour les immobilisations financières.
(3)
Dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par la loi, la Banque
nationale suisse met en circulation de l’argent nouvellement créé et
libre de dettes par l’intermédiaire de la confédération, des cantons, ou
bien par une distribution directe aux citoyennes et citoyens. Elle peut
garantir aux banques des prêts à durée limitée.

(4) A partir de ses
bénéfices, la Banque nationale suisse constitue des réserves monétaires
suffisantes ; une partie de ces réserves est en or.

(5) Les deux tiers au moins du bénéfice net de la Banque nationale suisse vont aux cantons.
(6) Dans l’accomplissement de ses missions,la Banque nationale suisse n’est l’obligée d’aucune autre instance que la loi.


Dispositions transitoires aux articles 99 et 99a
(1)
Les décrets d’application prévoient que, au jour fixé de son entrée en
vigueur, toute monnaie scripturale figurant sur des comptes de règlement
deviendra monnaie légale et fondera les obligations correspondantes des
prestataires de services financiers au regard de la Banque nationale
suisse. Celle-ci veillera à ce que les obligations issues du changement
de monnaie scripturale soient remboursées dans un délai acceptable. Les
contrats de crédit existants restent en l’état.

(2) Dans la phase de
transition, la Banque nationale suisse veillera à ce qu’il n’y ait ni
manque ni pléthore d’argent. Pendant ce temps, elle pourra garantir aux
prestataires de services financiers un accès facilité aux prêts.

(3)
Si la législation fédérale n’entre pas en vigueur dans un délai de deux
ans après l’adoption des art. 99 et 99 a, le conseil fédéral promulguera
les décrets d’application nécessaires par voie d’ordonnance.

Nous avons besoin de vos conseils. Quelles sont à votre avis les
mesures les plus urgentes et très concrètes pour reprendre le contrôle
de la monnaie ?
Vous n’avez pas besoin de tout lire le texte ci-dessous, vous pouvez juste ajouter vos idées aux exemples ci-dessous. Merci.

Dispositions transitoires immédiates qui pourraient être appliquées en Suisse dès l’acceptation de cette initiative, exemples :










L’obligation de
refinancer les prêts à 100 % auprès de la BNS reporte la perception des
profits à ce niveau et les revenus ainsi fortement majorés sont
directement affectés aux besoins communs communaux, cantonaux et fédéraux.










Tout
financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des
emprunts au moins de même terme. Aucun emprunt à long terme ne peut être
financé par des emprunts à court terme.



Pour le bien commun, les points
suivants sont notamment respectés :

Dissociation totale des activités
bancaires et leur attribution à trois catégories d’établissements
distincts et indépendants :







1) Banques de dépôts : encaissements, paiements, gardent les dépôts de leurs clients.


2) Banques de prêts : le montant global des prêts ne peut excéder le montant global des fonds empruntés.




3) Banques d’affaires : investissent dans les entreprises les fonds empruntés au public ou aux banques de prêts.


Indexation
obligatoire de tous les engagements sur l’avenir : prêts, emprunts,
salaires, etc. aussi bien entre particuliers, entreprises et État.
Interdire le financement des opérations boursières et de la spéculation par la création de moyens de paiement ex nihilo.
Supprimer la
cotation en continu et la remplacer par une seule cotation par jour pour
chaque place financière et pour chaque valeur.

Supprimer les programmes d’achat/vente automatiques. Interdire la spéculation sur les indices et les produits dérivés.

Abandonner le
système de changes flottants pour un système de taux de changes fixes
mais révisables par une commission indépendante.

Interdire toute dévaluation compétitive.

Abandonner le dollar US $ comme monnaie de compte, d’échange et de réserve.

Établir progressivement une unité de compte commune sur le plan international avec  un système approprié d’indexation.

Interdire la spéculation aux banques sur les changes, les actions, obligations et produits dérivés.
Aucune puce,
RFID ou un quelconque moyen de traçage ne peut être dissimulé dans la
monnaie, quelque soit la forme de la monnaie( métallique, papier…).

Les méthodes
alternatives de création monétaire (wir, jazz, reka, talents, billes,
sels, etc.) sont admises si leur seigneuriage bénéficie à tous les
utilisateurs de manière proportionnelle et égalitaire et sans nuire aux
familles.

La
Confédération crée une contribution de solidarité par des masses
monétaires sans taux d’intérêts et les fait affecter à chaque famille en
proportion du nombre d’enfants conçus.
Le produit de
la contribution de solidarité sera versé aux Cantons selon une clé de
répartition démographique définie par la Confédération représentée par
l’Assemblée fédérale (Plénum).
Tout dividende
social ou autre prestation sociale n’empêche personne de travailler en
plus contre rémunération ou en qualité d’indépendant, créateur
d’entreprise, etc.
Pour
soigner les personnes choquées de découvrir ce vol durable, massif et
systématique, un fonds est prévu pour financer les traitements notamment
psychologiques indispensables









Conclusions :











 «
Il s’agit de réformes fondamentales qui intéressent la vie de tous les
jours de millions de citoyens. Ces réformes indispensables n’ont été
réalisées, ni même envisagées, ni par les libéraux justement préoccupés
de favoriser l’efficacité de l’économie, ni par les socialistes
justement attachés à l’équité de la distribution des revenus… Les uns et
les autres n’ont cessé d’être aveuglés par la répétition incessante de
toutes parts de pseudo vérités et par des préjugés erronés. »
               










Maurice Allais, prix Nobel d’économie.






à faire circuler largement, merci, le monde est déjà meilleur grâce à ce simple geste de solidarité.






Commentaires

Initiative monnaie pleine : de l’argent garanti à l’usage de tous.
Rendons la création monétaire à la Banque nationale suisse !





Finance: la bombe atomique suisse !


Contre la dictature de la finance : la bombe atomique suisse ! 






Objectifs





1. La Banque Nationale Suisse ( BNS) créera désormais seule de la monnaie scripturale, y compris électronique.
2. Les banques ne pourront plus elles-mêmes créer de la monnaie girale (
scripturale, d’écriture, ex nihilo), mais prêter seulement de la
monnaie qui existe déjà.

3.
La Banque Nationale Suisse mettra en circulation de la nouvelle monnaie pleine
moyennant un don (sans dette) au gouvernement fédéral, aux Cantons ou
aux citoyennes et citoyens.

Commentaires sur le projet de texte constitutionnel

“Art 99 Architecture du marché financier et monétaire (nouveau)
(1)
La confédération garantit l’approvisionnement du marché en argent et
services financiers. Elle peut donc déroger au principe de la liberté
économique.”




– De même que dans l’article 100 concernant la
politique conjoncturelle, la Confédération acquiert le droit de faire
voter des lois qui sont nécessaires pour faire obstacle aux excès
dommageables du marché financier. Si la Confédération pouvait depuis
longtemps décider de «règles policières», il n’en reste pas moins
qu’elle avait peu d’influence sur les marchés financiers. Pourtant, la
sécurité de l’argent doit être garantie en toute circonstance. La
finance est une base du commerce pour l’économie dans son ensemble, au
même titre que, par exemple, les réseaux routiers et ferroviaires. Mais
certaines banques, abusant de la «liberté économique», ont pris des
risques sérieux en calculant que, en cas de besoin, elles seraient
sauvées par le contribuable. Des comportements de ce type pourront, à
l’avenir, être prévenus par la loi.

– «Garantir» ne signifie pas
nationaliser, mais assumer la responsabilité globale du fait que les
prestations fournies par la finance doivent servir les intérêts généraux
de la société. En tant qu’elle est responsable de l’approvisionnement
du marché en monnaie et services financiers, la Confédération conserve
la compétence d’effectuer sur le marché financier intérieur toute
intervention nécessaire à la réaffirmation de sa responsabilité de
garant. C’est cette mission qui peut la conduire à s’écarter des
principes de la liberté du commerce. Cela signifie que le marché peut
être sectoriellement neutralisé. En revanche, la Confédération n’exerce
sa compétence que de manière subsidiaire, c’est-à-dire seulement dans le
cas où les prestataires de services financiers ne sont pas en mesure de
remplir leur office dans l’intérêt général, ou bien n’y sont pas
disposés. La forme concrète du service public est l’affaire du
législateur.
“(2) La
Confédération a l’exclusivité de la création de la monnaie, des billets
et de la monnaie scripturale comme moyens de paiement légaux.”




– Cet alinéa formule le premier point crucial de
la réforme Plein Argent. Lorsque, en 1891, le peuple suisse a exprimé
par référendum sa volonté de confier à la Confédération le droit
exclusif d’émettre de la monnaie et des billets, la monnaie scripturale
déposée sur les comptes courants ne jouait pratiquement aucun rôle.
Comme aujourd’hui cette même monnaie scripturale, produite par des
banques, représente 90 % de tout l’argent, le monopole d’État de
création de la monnaie doit conséquemment être élargi aux modes de
paiement électroniques. De même qu’à partir de 1891 on a interdit aux
banquiers d’imprimer des billets, de même, aujourd’hui, il faut leur
interdire de produire de la monnaie scripturale.

– Dès lors, les
banques ne pourront plus prêter que l’argent qu’auront mis à leur
disposition dans ce but des épargnants, des entreprises, des assureurs,
d’autres banques ou la BNS (Banque nationale suisse). Les banques se
retrouveront ainsi sur pied d’égalité avec toute autre entreprise ou
personne privée, qui doit elle-même disposer de l’argent avant de
délivrer un prêt. Aucune banque ne pourra plus augmenter la masse
monétaire de l’économie au-delà d’un volume défini par la Banque
nationale suisse. Ainsi, on aura mis un terme à la croissance sauvage de
la création monétaire, ce qui permettra de reprendre le contrôle de la
masse monétaire.

– La monnaie scripturale se voit dotée des mêmes
propriétés que les pièces de monnaie et billets de banque et dès lors
devient “Plein Argent”. Tout l’argent déposé sur un compte courant
appartient exclusivement à son titulaire ; ce n’est plus une créance
vis-à-vis d’une banque. Ces comptes sont gérés en-dehors du bilan de la
banque et, même si une banque fait faillite, on ne touchera pas plus à
ce Plein Argent qu’aux francs dans le porte-monnaie. Il en va autrement
de l’épargne déposée sur des comptes de placement, qui — exactement
comme aujourd’hui — reste exposée à un certain risque. Pour ce cas, il
existe une obligation légale de garantie jusqu’à 100 000 francs suisses
et on touche des intérêts.

– Pas plus que l’argent liquide, le Plein
Argent ne donne droit à des intérêts. Quiconque veut réaliser un bénéfice
doit déposer son argent sur un compte de placement ou bien acheter des
titres ou encore accorder un prêt à une banque ou à toute autre
entreprise. D’où il ressort une différence nette entre crédit et argent.
Les placements sont des obligations contractuelles plus ou moins
risquées alors que le Plein Argent consiste exclusivement en un moyen de
paiement sûr.
“(3) La
création et l’usage d’autres moyens de paiement sont autorisés dans la
mesure où ils sont compatibles avec le contrat légal de la Banque
nationale suisse.”


– En outre, les moyens de paiement privés doivent
être possibles et leur sécurité juridique, garantie par la Constitution.
En font partie, par exemple, le WIR, les effets de commerce, les bons
de réduction, les systèmes d’échange locaux, les SEL, les systèmes de
troc, les bonus miles, l’argent électronique. Ces moyens de paiement ont
en commun d’être utilisés par un nombre restreint d’usagers et de
n’avoir de compatibilité au plan juridique que dans un cadre privé.
“(4) La loi organise le marché financier, notamment en fonction des principes suivants :
a) obligations fiduciaires des prestataires de services financiers ;
b) contrôle des conditions commerciales des prestataires de services financiers ;

c) octroi et surveillance de produits financiers ;
d) apports personnels suffisants ;
e) limitation des opérations pour compte propre.”

– Ici, on énumère par exemple tout ce que le
législateur, conformément à l’autorisation énoncée dans le § 1, peut et
doit régler. Ces principes légitiment les éventuelles régulations du
marché financier.

“(5) Les
prestataires de services financiers gèrent les comptes de règlement des
clients en dehors de leur bilan. Ceux-ci ne tombent pas dans la masse de
la faillite.”


– Les actuels comptes courants (masse monétaire M1)
deviennent des comptes de consignation, que les banques gèrent en dehors
de leur bilan. Vis-à-vis de la Banque nationale suisse, les banques
soldent la totalité de leurs comptes en monnaie scripturale alors que la
Banque nationale n’a à gérer que la masse monétaire, de sorte que la
protection des données des clients reste garantie. Les comptes en
monnaie scripturale vont devenir le Plein Argent des clients ; en cas de
faillite de la banque qui gère leurs comptes, ils ne tomberont pas dans
la masse de faillite.
“Article 99a Banque nationale suisse
(1)
La Banque nationale suisse, en tant que banque centrale indépendante,
mène une politique monétaire et financière qui sert l’intérêt général du
pays ; elle contrôle la masse monétaire et garantit le fonctionnement
des opérations financières ainsi que l’approvisionnement en crédit de
l’économie par les prestataires de services financiers.”




– Le premier alinéa correspond à l’ancien art.
99 § 2. L’« intérêt général du pays » comprend aussi tous les buts
définis dans la Constitution fédérale, par exemple le développement
durable dans l’art. 73.

– Pour la Banque nationale suisse, les moyens
pour atteindre ces buts consistent à « contrôler la masse monétaire »
elle-même et à garantir « les opérations financières » et
«l’approvisionnement de l’économie en crédit ». Le fait que l’offre de
crédit relève des prestataires de services financiers signifie que cette
mission devra être prise en charge non par la Banque nationale suisse
mais par des privés. Les notions de base du service public prévoient de
déléguer l’accomplissement d’une mission publique par le privé.


L’art. 5 de la loi sur la Banque nationale définit encore d’autres buts à
la politique monétaire de la Banque nationale suisse : « Elle garantit
la stabilité des prix. Pour ce faire, elle tient compte de l’évolution
de la conjoncture. » Par stabilité des prix, la Banque nationale suisse
elle-même, conformément à ses déclarations des années précédentes,
entend aussi l’entrave aux bulles financières dans l’immobilier ou dans
toute autre espèce d’actifs. À l’avenir, on pourra également fixer des
buts plus larges ou plus concrets à la politique monétaire dans la loi
sur la Banque nationale, c’est-à-dire au niveau de la loi et non de la
Constitution.
“(2) La Banque nationale suisse pourra imposer une période de conservation minimale pour les actifs financiers.”

– Cette réglementation crée une séparation nette
entre argent et plans d’épargne, entre moyens de paiement et dette. Elle
empêche ainsi le contournement de la réforme Plein Argent. Dans le cas
contraire, les banques pourraient réaliser des opérations financières
sur des comptes d’épargne à disponibilité rapide. C’est pourquoi il faut
fixer aux instituts de crédit des délais minimaux pour les prêts, qui
les différencieront nettement des moyens de paiement. Les prêts
instantanés continueraient à présenter le risque que la somme d’argent
soit augmentée par des crédits bancaires. La modification de ces délais
de conservation minimale permettra à la Banque nationale suisse
d’empêcher de tels contournements de la législation et de suivre de près
la masse monétaire.


“(3) Dans le
cadre de la mission qui lui a été confiée par la loi, la Banque
nationale suisse met en circulation de l’argent nouvellement créé et
libre de dettes par l’intermédiaire de la Confédération, des cantons, ou
bien par une distribution directe aux citoyennes et citoyens. Elle peut
garantir aux banques des prêts à durée limitée.”




– Ce paragraphe formule le deuxième point
crucial de la réforme Plein Argent. L’argent ne doit pas être mis en
circulation sous forme de dettes portant intérêts, mais doit être mis à
disposition de la collectivité comme une valeur positive. Cela est
valable pour la modification de la monnaie scripturale déjà existante,
question réglée dans les dispositions transitoires, mais aussi pour
d’éventuelles futures augmentations de la masse monétaire.

– La
Banque nationale suisse augmente la masse monétaire proportionnellement à
la croissance économique. Par exemple, une croissance de 1 % par
exemple correspond à environ cinq milliards de francs suisses. Cet
argent frais est viré à la Confédération et aux cantons, qui l’intègrent
dans leur budget courant. La répartition entre la Confédération, les
cantons et les citoyens et citoyennes est déterminée par le législateur
lors du remaniement de la loi sur la Banque nationale. Au moment de la
planification annuelle du budget, c’est le Parlement, ou le peuple, qui
décide dans quelle mesure ces revenus supplémentaires serviront à
amortir les dettes, à lancer de nouveaux projets publics ou à réduire
les impôts. Comme c’est l’argent des citoyens qui est nouvellement créé,
il peut aussi être redistribué directement à la population. Par an et
par habitant, cela devrait représenter une somme de l’ordre de quelques
centaines de francs suisses.

– C’est ainsi qu’à l’avenir tout
l’argent devra être mis en circulation, comme on l’a toujours fait
jusqu’ici avec la monnaie. La Confédération, au lieu de prêter contre
intérêt la monnaie nouvellement frappée, la vend à la Banque nationale
suisse, qui la met en circulation par l’intermédiaire des banques. En
2011, le bénéfice a atteint 54 millions de francs suisses dans le budget
fédéral, et même 87 millions en 2012. Si on procède de même avec la
monnaie scripturale et le papier-monnaie, il en découlera d’importants
gains en création monétaire.

– Le montant de l’argent nouvellement
créé est déterminé par la Banque nationale suisse seule, après examen de
la politique monétaire et sur la base de son mandat constitutionnel.
Les cinq milliards de francs suisses mentionnés pour l’exemple
correspondent environ à 3 % du budget de la Confédération et des
cantons. Ceci montre qu’un financement du budget par la création de
monnaie n’est ni suffisant ni ambitionné, comme en dispose déjà
l’article 11 alinéa 2 de la loi sur la Banque nationale.

– Comme
toujours, la Banque nationale suisse peut également garantir aux banques
des prêts portant intérêts. Ces prêts resteront un instrument central
pour suivre de près la politique monétaire. De cette façon, la Banque
nationale suisse pourrait également diminuer de nouveau les
disponibilités monétaires.

– L’introduction du Plein Argent
contraindrait la Banque nationale suisse à prêter aux banques pendant
une phase transitoire d’une durée de quinze ans, par exemple, pour
qu’elle reste supportable. Comme ces prêts doivent être résorbés, la
Banque nationale suisse se voit octroyer la possibilité de distribuer le
nouveau Plein Argent à raison de la quantité de monnaie scripturale
préalablement existante. Par là, on génère des excédents extraordinaires
de recettes publiques d’environ 300 milliards de francs suisses. C’est
une réelle croissance de la « richesse publique » sans hausses d’impôts,
ni programmes d’austérité, ni inflation. Cela permettrait, par exemple,
de supprimer les dettes de l’État ou les hausses d’impôts, ou de créer
des infrastructures publiques supplémentaires, ou bien encore de
subventionner des associations œuvrant dans le travail social. On peut
aussi envisager de redistribuer par habitant quelques milliers de francs
suisses.
“(4) À partir
de ses bénéfices, la Banque nationale suisse constitue des réserves
monétaires suffisantes ; une partie de ces réserves est en or.”

– Ce paragraphe correspond à l’ancien article 99, § 3.

“(5) Les deux tiers au moins du bénéfice net de la Banque nationale suisse vont aux cantons.”


Ce paragraphe correspond à l’ancien article 99 § 4. Par bénéfice net,
il faut comprendre non pas de l’argent nouvellement créé, mais des
intérêts venant de crédits alloués à des banques ou bien des bénéfices
sur des opérations en devises.
“(6) Dans l’accomplissement de ses missions, la Banque nationale suisse n’est l’obligée d’aucune autre instance que la loi.”



– L’indépendance de la Banque nationale suisse
est ainsi protégée de l’influence du Conseil fédéral, de la politique et
des affaires. La Banque nationale suisse se voit donc attribuer un
statut semblable à celui du Tribunal fédéral. Par exemple, le Conseil
fédéral ne dispose d’aucun moyen pour amener la Banque nationale suisse à
augmenter la masse monétaire.

– Pour confirmer la légitimité
démocratique de la Banque nationale suisse et lui garantir la plus
grande indépendance possible, il reste à examiner s’il convient de
modifier la forme juridique de la Banque nationale suisse, de
réorganiser les rapports entre le Conseil de banque et le directoire et,
dans tous les cas, si ces deux instances doivent être désignées par le
Parlement.
“Dispositions transitoires aux articles 99 et 99a
(1)
Les décrets d’application prévoient que, au jour fixé de son entrée en
vigueur, toute monnaie scripturale figurant sur des comptes de règlement
deviendra monnaie légale et fondera les obligations correspondantes des
prestataires de services financiers au regard de la Banque nationale
suisse. Celle-ci veillera à ce que les obligations issues du changement
de monnaie scripturale soient remboursées dans un délai acceptable. Les
contrats de crédit existants restent en l’état.”




– Au jour fixé, tous les avoirs en monnaie
scripturale (masse monétaire M1) deviennent Plein Argent et sont
transférés du bilan de la banque sur des comptes de consignation. Pour
cela, il faut que les banques reçoivent suffisamment de prêts de la
Banque nationale suisse. Ainsi, les obligations des banques vis-à-vis de
la Banque nationale suisse découlent de ce changement de monnaie
scripturale. Toute la monnaie scripturale devient moyen de paiement
légal et est garantie par la Banque nationale suisse. Les anciennes
obligations des banques, les avoirs de détenteurs de comptes à
rembourser, se transforment en obligations vis-à-vis de la Banque
nationale suisse. Pour les banques, la seule chose qui change, c’est le
créancier, et elles ont l’avantage que les dépôts à vue des clients sont
transformés en obligations sur la Banque nationale suisse, à plus long
terme.

– Du fait de ces prêts de la Banque nationale suisse à hauteur
d’une masse monétaire M1, ce qui représente actuellement environ 550
milliards de francs suisses, la Banque nationale suisse devient le plus
gros créancier des banques. La plupart de ces prêts attribués par la
Banque nationale suisse ne seront pas ou que peu sécurisés, dans la
mesure où, à ce niveau, les banques ne pourront plus utiliser les
sécurités habituelles des titres. C’est pourquoi, pour diminuer les
risques de la Banque nationale suisse, il est nécessaire de rapatrier
les crédits liés à la mutation; sinon, l’État se retrouverait de nouveau
«pris en otage» par les banques. Le rapatriement de tous ces crédits
liés à la mutation correspond aussi à l’orientation fondamentalement
libérale de la Suisse, qui répugne au plus haut point à la moindre
intervention de l’État dans l’économie. C’est pourquoi les banques
doivent rester aussi indépendantes que possible de la Banque nationale
suisse et se financer essentiellement auprès des épargnants, des
assureurs, des entreprises et d’autres banques.

– De plus, le
remboursement aux banques des crédits liés à la mutation est requis dans
la mesure où le Plein Argent doit être non plus une dette, mais un pur
moyen de paiement. Alors que les clients, à partir du jour de la
mutation, auront du Plein Argent, qui ne représentera plus aucune dette
des banques, la dette des banques (vis-à-vis de la seule Banque
nationale suisse) restera contenue dans la même proportion. Pour que
tout l’argent devienne du Plein Argent, cette dette doit être apurée.
Pour le remboursement des crédits liés à la mutation, la Banque
nationale suisse garantit — conformément à sa mission légale — une
période suffisamment longue pour que la mutation ne soit un problème ni
pour les banques ni pour les entreprises. Comme chaque remboursement de
crédit réduit d’autant la masse monétaire, la Banque nationale suisse
reverse à la Confédération, aux cantons et à la population la même somme
d’argent nouveau, libre de dettes, de sorte que la masse monétaire
reste constante, ce qui évite une éventuelle déflation. Si l’ensemble
des crédits liés à la mutation étaient remboursés jusqu’au dernier
centime, il en ressortirait une augmentation exceptionnelle des
bénéfices publics d’environ 550 milliards de francs. Mais la Banque
nationale suisse peut aussi mettre en circulation de l’argent par de
nouveaux prêts suffisamment garantis aux banques, si cela paraît entrer
dans le cadre de la gestion de la politique monétaire. Elle le fera
notamment pour permettre des fluctuations à court ou moyen terme de la
masse monétaire. Il est tout simplement judicieux de mettre en
circulation sans dettes une masse monétaire nécessaire à long terme. Au
vu de la masse monétaire nécessitée avant la crise de 2008, un paiement
sans dettes de 300 milliards de francs suisses en l’espace de 15 ans est
vraisemblable — une conséquence heureuse de la réforme Plein Argent.


La mutation par le Plein Argent, ne modifie pas les contrats en
vigueur, par conséquent toutes les créances et dettes demeurent
inchangées.
“(2) Dans la
phase de transition, la Banque nationale suisse veillera à ce qu’il n’y
ait ni manque ni pléthore d’argent. Pendant ce temps, elle pourra
garantir aux prestataires de services financiers un accès facilité aux
prêts.”


– Dans ce but, la Banque nationale suisse est
chargée d’équilibrer les fluctuations liées à cette mutation. Il
pourrait arriver par exemple qu’au cours de la période de transition,
une quantité surprenante de fonds d’épargne soient suspendus et
transférés sur des comptes de consignation. Cela pourrait entraîner un
goulot d’étranglement pour l’épargne, qui est le fondement de l’octroi
de crédits. La Banque nationale suisse peut équilibrer des fluctuations
de ce type en octroyant des prêts aux banques et en empêchant une
éventuelle restriction du crédit.

“(3) Si la
législation fédérale n’entre pas en vigueur dans un délai de deux ans
après l’adoption des art. 99 et 99 a, le Conseil fédéral promulguera les
décrets d’application nécessaires par voie d’ordonnance.”

– Ainsi sera garanti le fait que la réforme du
Plein Argent, décidée par le peuple, sera effectivement mise en oeuvre
dans un délai raisonnable.





Dispositions transitoires encore possibles, exemples :










L’obligation de
refinancer les prêts à 100 % auprès de la BNS reporte la perception des
profits à ce niveau et les revenus ainsi fortement majorés sont
directement affectés aux besoins communs communaux, cantonaux et fédéraux.










Tout
financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des
emprunts au moins de même terme. Aucun emprunt à long terme ne peut être
financé par des emprunts à court terme.



Pour le bien commun, les points
suivants sont notamment respectés :

Dissociation totale des activités
bancaires et leur attribution à trois catégories d’établissements
distincts et indépendants :







1) Banques de dépôts : encaissements, paiements, gardent les dépôts de leurs clients.


2) Banques de prêts : le montant global des prêts ne peut excéder le montant global des fonds empruntés.




3) Banques d’affaires : investissent dans les entreprises les fonds empruntés au public ou aux banques de prêts.


Indexation
obligatoire de tous les engagements sur l’avenir : prêts, emprunts,
salaires, etc. aussi bien entre particuliers, entreprises et État.
Interdire le financement des opérations boursières et de la spéculation par la création de moyens de paiement ex nihilo.
Supprimer la
cotation en continu et la remplacer par une seule cotation par jour pour
chaque place financière et pour chaque valeur.

Supprimer les programmes d’achat/vente automatiques. Interdire la spéculation sur les indices et les produits dérivés.

Abandonner le
système de changes flottants pour un système de taux de changes fixes
mais révisables par une commission indépendante.

Interdire toute dévaluation compétitive.

Abandonner le dollar US $ comme monnaie de compte, d’échange et de réserve.

Établir progressivement une unité de compte commune sur le plan international avec  un système approprié d’indexation.

Interdire la spéculation aux banques sur les changes, les actions, obligations et produits dérivés.
Aucune puce,
RFID ou un quelconque moyen de traçage ne peut être dissimulé dans la
monnaie, quelque soit la forme de la monnaie( métallique, papier…).

Les méthodes
alternatives de création monétaire (wir, jazz, reka, talents, billes,
sels, etc.) sont admises si leur seigneuriage bénéficie à tous les
utilisateurs de manière proportionnelle et égalitaire et sans nuire aux
familles.

La
Confédération crée une contribution de solidarité par des masses
monétaires sans taux d’intérêts et les fait affecter à chaque famille en
proportion du nombre d’enfants conçus.
Le produit de
la contribution de solidarité sera versé aux Cantons selon une clé de
répartition démographique définie par la Confédération représentée par
l’Assemblée fédérale (Plénum).
Tout dividende
social ou autre prestation sociale n’empêche personne de travailler en
plus contre rémunération ou en qualité d’indépendant, créateur
d’entreprise, etc.









Conclusions :











 «
Il s’agit de réformes fondamentales qui intéressent la vie de tous les
jours de millions de citoyens. Ces réformes indispensables n’ont été
réalisées, ni même envisagées, ni par les libéraux justement préoccupés
de favoriser l’efficacité de l’économie, ni par les socialistes
justement attachés à l’équité de la distribution des revenus… Les uns et
les autres n’ont cessé d’être aveuglés par la répétition incessante de
toutes parts de pseudo vérités et par des préjugés erronés. »
               










Maurice Allais, prix Nobel d’économie.









Si vous voulez changer le système pour le meilleur, alors coopérez à cette Initiative.










L’essentiel est de chercher le Royaume du Christ et sa justice: “Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données en surplus”.
(6:33. Matthieu) C’est vraiment ce que nous faisons ici avec ce système suisse
d’échanges locaux et nationaux, nous avons affaire à la justice, la justice de Dieu.
Travaille pour la justice, et tout le reste suivra!



Voici la pièce de 5 francs en Suisse. (Voir photo ci-dessus.) 


D’un
côté, on peut voir la Croix suisse, qui représente le Royaume du Christ
et de l’autre côté, la justice sociale est représenté par Guillaume
Tell, le héros national suisse et le libérateur des pauvres. 



Sur le bord, la tranche, on peut lire la date de fabrication en latin et ces mots latins: 


” Dominus providebit – Dieu y pourvoira», 


qui se réfère spécifiquement au verset de l’Évangile de Matthieu et à la
Genèse. Nous devons rappeler aux gens que Dieu fournit l’abondance, qu’il est en
effet très généreux. Aux Philippines, par exemple, ils peuvent faire
trois récoltes de maïs par an. Si vous prenez une graine de maïs, cette
graine vous donnera trois épis, ce qui vous donnera environ 200 graines.
Donc, dix graines vous donnent 2000; cent vous donnent  20.000. Trois
récoltes par an (20.000 X 3) donnent 60.000 %. Et le banquier vous
donnera moins de 6%. Dieu est en effet généreux.

Vous savez que la terre pourrait nourrir plusieurs fois la population
mondiale. Ce n’est pas un problème de nourriture, mais un problème de
distribution. Ensuite, il est important de se rappeler comment la terre
est généreuse et qu’il y a assez de place pour tout le monde sur cette
terre.



En Suisse, comme je vous l’ai dit, ce système de banques de petite taille
marche. Il y a aussi un autre système: une monnaie parallèle appelée
“wir”, le nom allemand signifiant «nous» en anglais ( voir
www.wir.ch
). Cela implique une notion de communauté. Cet argent existe depuis le
1933, créé pendant la crise, et il fonctionne très bien. C’est de la
monnaie en parallèle.

Une autre monnaie privée communautaire est le reka. http://www.reka.ch/fr/Pages/default.aspx
 Nous pouvons donc utiliser notre liberté et créer des clubs privés de
gestion locale avec des monnaies privées alternatives et libres..

Vous savez aussi que l’Église catholique a toujours condamné la perception
d’intérêts sur le prêt d’argent, le qualifiant d’ usure, notamment dans
Vix Pervenit du pape Benoît XIV.





Sur
la tranche des pièces de 5 francs de la monnaie suisse figure
l’inscription  »dominus providebit  » ainsi que 13 étoiles.  Que
signifient ces mots et que représente ces 13 étoiles ?


 Piece-cinq-francs-pile

Depuis quand et pourquoi cela y figurent-ils ?
La sentence DOMINUS PROVIDEBIT  était mise dès 1716 sur les monnaies
bernoises comme légende. Par contre, les premières pièces fédérales ne
portaient pas de sentences.

Plus tard on a repris pour raison de sécurité (protection
contre la dépréciation et les falsifications), la devise DOMINUS
PROVIDEBIT comme inscription sur la tranche des pièces en or  (1886 –
1896) et dès 1888 des pièces de 5 francs de la Confédération Helvétique.

La traduction de la devise est la suivante:
« Le seigneur pourvoira » (Genèse 22:8)
Source: Information communiquée le 29 mars 2001 au webmaster suite à
sa demande à Swissmint, Monnaie officielle de la Suisse, Bernastrasse
28,  CH-3003 Berne

– See more at: http://www.temoigner.ch/lis-voir-ca/bon-a-savoir/dominus-providebit/#sthash.th8yY5A4.dpuf

Les 13 étoiles rappellent les douze apôtres plus le Christ.





Le principe est le même que dans le conte de “Le mythe de l’argent de
l’île des naufragés”: un compte est créé pour chaque membre de la
communauté, dès la conception.
L’unité de compte est le temps, la minute, l’heure ou le jour de travail.

Établir une banque locale est très facile. Vous avez juste besoin de petites
feuilles de papier ou de petits livrets, que nous appellerons les
comptes, et un grand livre. En fait, nous allons faire exactement comme
dans l’île des naufragés, car ils peuvent créer leur propre monnaie
scripturale. (
http://www.michaeljournal.org/ilenauf.htm
). Ce système permettra à toute communauté de rendre financièrement
possible ce qui est physiquement possible, c’est-à-dire de créer autant
d’argent que ils ont besoin pour échanger des biens et services. Nous
recommandons de commencer avec des groupes privés de 10 familles. Tout
comme dans l’île des naufragés, vous pouvez d’abord utiliser un tableau
et une craie pour expliquer le système aux personnes rassemblées en face
de vous, qui souhaitent faire partie de cette banque locale. Ensuite,
vous distribuez à chaque membre de la communauté une petite carte, qui
sera leur compte bancaire débit/crédit.
(Voir Figure 1, une carte vierge.)
Vous pouvez utiliser n’importe quel compte de tenue de livres de
comptabilité en partie double, assez petit pour qu’il puisse être mis
dans votre poche, votre sac à main. Ce sera l’argent et, en même temps,
la façon de créer de la monnaie locale sans intérêt. Il est très
important de préciser:
sans intérêt ! ( près de 1 000 % réel dans le monde actuel ( sic, mille pour cent ) sur
les dettes publiques, voir par exemple que selon les chiffres du
rapport de novembre 1993
 du vérificateur général du Canada. Sur la dette nette de 423 milliards
$ accumulée par le gouvernement canadien de 1867 à 1992, seulement 37
milliards $ ont été dépensés pour des biens et services, alors que le
reste ( 386 milliards $, ou 91% de la dette) consistaient en frais
d’intérêt, ce qu’il a coûté au gouvernement pour emprunter ces 37
milliards $ (c’est comme si le gouvernement avait emprunté ces 37
milliards $ à un taux de 1043 % ! sic, mille quarante trois pour
cent…). Source: M. Alain
Pilote,http://www.michaeljournal.org/sign34.htm Libérons-nous de ces poids stupides et si lourds…avec de simples cartes. illustration 1 –

Vous
distribuez des stylos ou des crayons et vous faites écrire sur la carte
de base leurs renseignements personnels: nom, adresse, numéro de carte
(un numéro de compte bancaire que vous créez pour eux) , date de
naissance et signature. La signature du propriétaire de cette carte,
avec comme avantage que même si vous la perdez, personne ne peut
l’utiliser, car, comme vous verrez plus tard, votre signature est
requise sur les cartes – la vôtre et celle de la personne avec qui vous
échangez biens ou services – à chaque fois que vous faites une
transaction. Pour les illettrés, vous pouvez leur donner des ficelles et
leur apprendre à faire des noeuds, la distance entre les noeuds
représentant les montants. Un gros noeud au milieu de la ficelle
représente le niveau zéro du compte, en dessous, c’est le négatif, au
dessus, c’est le positif. Dans certaines communautés, ils n’utilisent
que leur mémoire et ils effacent même leurs “dettes” par amour et
portent les fardeaux des autres, et surtout des plus faibles. On se
trouve alors avec une entraide rotative plus généreuse. Mais pour aider
la mémoire et pour fiabiliser le troc amélioré, on a encore souvent
besoin des cartes personnelles. La première chose à faire une fois que
ces cartes sont distribuées est de donner un nombre à chaque personne,
dès la conception. Cela signifie que tout le monde qui est dans la salle
devrait avoir un certain nombre sur sa carte personnelle, les uns après
les autres. La première ligne peut avoir le nombre 1, 2, 3, et ainsi de
suite. Tout le monde dit le numéro suivant dans l’ordre et tout le
monde écrit son numéro sur sa carte. Une personne en charge de la
communauté écrit tous les noms dans le registre ou crée une seconde
carte de sècurité pour chacun dans la banque commune avec le numéro de
compte correspondant. Ce sera votre numéro de compte bancaire.  

C’est comme une équipe de football
– vous donne un numéro à tout le monde, et ce nombre correspond au nom
sur la carte. Selon le niveau de développement dans la communauté, vous
pouvez ajouter votre numéro de téléphone et adresse e-mail, le cas
échéant une photographie. Vous pouvez aussi mentionner votre métier
(profession actuelle) et d’autres emplois que vous pourriez faire ou
services que vous pouvez ou espérez pouvoir offrir. Cette information
peut être utilisée si l’on veut créer un catalogue de tous les biens et
services offerts dans la collectivité.

 Chacun accouche des ses talents,
ce qui est difficile. Sur le dos de la carte, il y a le numéro de
téléphone, le mail et l’adresse de la banque locale. Maintenant, dans
les autres colonnes, vous avez la date, la raison de l’opération, une
colonne pour voir l’argent que vous dépensez (l’argent de votre compte),
le numéro de compte et la signature de la personne avec laquelle vous
effectuez des transactions, et un colonne pour la rentrée d’argent pour
vous. On peut y rajouter le solde, qui peut être légèrement négatif
momentanément. Chaque dividende viendra combler les négatifs momentanés.
Vous pouvez voir que cela est très simple.
 

Illustration 2 – Carte de Paul Bélanger
Maintenant, pour mieux comprendre comment tout cela fonctionne, nous avons un exemple, vous pouvez regarder. (Illustration 2, carte de Paul B.)
Le premier montant écrit sur votre carte sera la mise en œuvre
effective du Crédit Social: un dividende social, donné périodiquement
(par exemple une fois par mois) à tous les membres de la communauté qui
acceptent les règles de ce jeu Polypoly ( tous y gagnent, le plus de
chefs possibles, Polyarchie, nous sommes tous prêtres, prophètes et
rois), ce qui représente leur patrimoine commun et la richesse de la
communauté (des progrès, la vie en société, les ressources naturelles,
les techniques, des terres communes, allmend, commons…). Ce montant en
Unités doit être déterminé par la communauté, et doit couvrir les
besoins essentiels de la vie. 
L’unité de compte est le temps, la minute, l’heure ou le jour de travail.
( En Suisse, un franc suisse est égal à un franc wir, l’Unité libre du
club privé Wir, nous, we, us ). Ainsi, sur la première ligne, la date,
la raison (un dividende), rien dans la colonne de sortie d’argent (vous
tracez une ligne, c’est la monnaie que vous recevez, pas celle vous
dépensez), le nombre et la signature de la personne qui vous donne cette
somme (dans ce cas, la signature de la banque locale ou son directeur,
et pour les fins de l’exemple, le chiffre «0» a été attribuée à la
banque, on crée aussi une carte pour la banque locale, qui permet la
création monétaire locale, qui est le bien commun le plus important.) Et
sur la dernière colonne, celle des entrées,100 est inscrit. La banque
vous a donné à chacun un dividende de 100 Unités. Cette opération a
également été inscrite dans le registre de la banque, comme sortie (
Multiplication du nombre de personnes par le montant du dividende).
Maintenant sur la deuxième ligne, supposons que Paul B. veut acheter de
François G. 50 kilos de pommes, pour un coût de 50 U. Vous avez donc la
date de la transaction, la raison (achat de pommes), le montant que vous
avez passé (50 U), le nombre et la signature de François G. qui vous a
vendu les pommes. (François G., pour les fins de cet exemple, a comme
numéro de compte 2.) François G. signe son nom sur votre carte, et vous
signez votre nom sur sa carte. Les signatures sont donc croisées et
sécurisent la transaction.
Illustration 3 – Carte de François Gagné

Chaque
transaction implique toujours au moins deux cartes, donc au moins deux
signatures. Donc, un achat pour vous sur votre carte, sera une vente
pour l’autre personne impliquée dans l’opération sur l’autre carte. Si
vous regardez la carte de François G. (Illustration 3), la raison de la
transaction sera «la vente de 50 kilos de pommes»), et le 50 U sera
écrit dans la colonne des entrées (argent reçu) et pas dans la colonne
des sorties (argent dépensé). Et la signature de Paul B. apparaîtra à la
fin de la ligne. Maintenant, supposons que François G. a une porte qui
doit être réparée. Il sait que Paul B, est un menuisier. Il va le voir,
et Paul B, est d’accord pour faire le travail pour 10 U. Vous aurez donc
sur les deux cartes de la raison de la transaction (réparation de
porte), avec le montant (10 U) écrit sur chaque carte – que l’argent qui
arrive, sur une seule carte, et de l’argent qui sort de l’autre. Et les
exemples pourraient continuer encore et encore. Ce système est présenté
à la population pour la première fois lors de la réunion pour la
fondation de la banque locale. La meilleure chose pour vous, c’est
maintenant à vous entraîner avec une telle carte. Lorsque les cartes
sont distribuées, vous mettez votre nom sur la carte – vous n’avez pas
besoin de mettre tous les autres détails. Et vous effectuez des
transactions avec vos voisins. Vous achetez et vous vendez. Et vous
verrez que vous avez maintenant en main l’argent de création même
système que les banques ont, ils font de même dans les ordinateurs et
les grands livres des comptes dans des banques, mais il est sans intérêt
et vous effectuez tout type de transactions. Maintenant vous vous
entraînez pendant un certain temps, vous aurez besoin pour donner au
moins 15 à 30 minutes. Vous avez un contrat chaque fois que vous créez
de l’argent et un engagement avec la signature, et le numéro du compte
qui permet de vérifier la signature. La création de monnaie est sous le
contrôle de votre communauté locale. Ce système que vous venez
maintenant d’ utiliser est semblable au système que les banques
utilisent pour créer de l’argent, mais vous le contrôler et sans
intérêts mortels ! Vous le contrôlez sans intérêt ! Vous êtes
co-propriétaire du système de création de l’argent. Et c’est encore
mieux qu’un billet de banque parce que vous l’ avez à votre nom. Si vous
perdez votre carte, quelqu’un vous téléphone, vous disant qu’il a
trouvé votre argent. Et cette personne qui trouve votre monnaie ne peut
rien faire avec elle, car votre signature est nécessaire. Vous ne pouvez
pas déposséder quelqu’un qui l’a perdue. Si la carte est détruite par
le feu, vous pouvez la reconstruire en utilisant des informations
provenant d’autres cartes. Toutes les cartes sont consolidées dans le
journal de la banque locale. Cela signifie que si votre carte bancaire
est détruite, vous pouvez la reconstruire avec les comptes des autres
parce que les autres cartes ont votre numéro de carte pour chaque
opération qu’ils ont faite avec vous. Vous pouvez reconstruire vos
livres comptables et la valorisation de votre patrimoine, une meilleure
méthode même que le système actuel avec des billets de banque. Ces
livres de compte sont aussi d’excellentes sources de statistiques
fiables qui vous permettront de juger des activités locales et de
financer les meilleurs entrepreneurs locaux, par une création de monnaie
locale et de partage de justes profits. Et vous avez, bien sûr, aucuns
intérêts lourds qui écrasent les débiteurs. Cela signifie que chaque
transaction sera moins chère à la communauté parce que, aujourd’hui, les
taux d’intérêt tuent des gens. Dans mon exposé, je dis à l’auditoire:
«Alors, voulez-vous être les propriétaires d’une banque? Oui? Qui ne
veut pas être le propriétaire d’une banque locale? Je suppose que tout
le monde veut être le propriétaire d’une banque, nous avons maintenant
besoin de gérants, et de vérificateurs, d’au moins 3 gérants (un
directeur, un secrétaire et un trésorier) et de 2 commissaires aux
comptes (qui vérifient de temps en temps la comptabilité de la banque et
les statistiques). Maintenant, qui parmi vous sont des candidats à
l’élection par tirage au sort ? ( ils peuvent refuser ).»

Donc,
assurez-vous d’avoir des sièges en face de l’assemblée générale pour
les nouveaux gestionnaires et commissaires aux comptes qui seront en
mesure de s’asseoir. C’est le sort qui choisit par hasard les personnes
responsables, pour une durée limitée.
La gestion de la banque locale est très simple: un grand livre de banque et des initiatives locales.

Il
est maintenant important de mettre par écrit des prix équitables pour
les biens et services de base de la région. Ce doit être décidé par
l’assemblée générale. 
L’unité de compte est le temps, la minute, l’heure ou le jour de travail. Mettre
aussi par écrit la façon dont les bénéfices seront répartis au sein de
la communauté, car cette banque peut créer de l’argent comme n’importe
quelle autre banque et créer de l’argent à investir.  Quand il n’y a pas
d’intérêt appliqué, les producteurs sont très heureux parce que, dans
ces pays, l’usure peut monter jusqu’à plusieurs centaine de% par an. Et
parce que nous avons maintenant un système bancaire local, sans usure,
sans taux d’intérêt, tout le monde est heureux, et tout le monde peut
partager plus. Maintenant, tout cet argent n’ira pas à l’usurier qui
exploitait l’ignorance.

Un
système qui fonctionne. Les trois pieds du trépied. Le premier pied,
c’est l’argent démocratique sans intérêts. Le deuxième, c’est au moins
un dividende égal pour tous, dès la conception. Le troisième, c’est le
rabais compensé.

Le
rabais compensé est simple à comprendre. Imaginons une surproduction
d’ananas. Le coût global est de 12, mais les pauvres ne peuvent payer
que 9. Le comité de direction peut décider de favoriser la consommation
en donnant 3 aux producteurs par création monétaire locale, afin de
baisser le prix de vente à 9.
Cette opération est également inscrite dans le registre de la banque, comme sortie. C’est
vraiment un moyen d’éviter cet amour de l’argent qui est la racine de
tous les maux. Le dividende doit être accepté par l’assemblée générale.
Normalement, nous recommandons de donner un dividende au moins égal au
montant nécessaire pour couvrir les besoins de base pour la vie des plus
pauvres, les malades, les personnes âgées. Nous encourageons aussi
l’épargne, comme à Madagascar. Une cuillère de riz cru mise de côté à
chaque repas permet des investissements rentables, par exemple des
élevages de poules. Les prix ​​P doivent rester en relation avec la
quantité de monnaie locale (M) et la quantité de produits locaux …
(Q). 

P
= M / Q, c’est si facile à comprendre, l’abondance est  maintenant
possible grâce aux cercles de création de capital, cercles rotatifs
d’entraides locales, prouvés en pratique.

  

Un système de plus en plus efficace grâce au progrès technique qui nous libère.
Comme l’écrivait Diane Boucher, des projets d’expérimentations du Crédit social sur le terrain ont débuté au
Madagascar, aux
Philippines etc.

“Ces projets s’adressent au second volet du diagnostic de
Douglas : celui de l’incapacité d’un système de financement de
l’économie fondé sur une monnaie fabriquée et commercée en vue du profit
de corriger le premier volet du diagnostic, ce défaut structurel du
système de comptabilité des prix et des valeurs.

Tant que ces
projets demeureront embryonnaires et s’appliqueront seulement à des
petits producteurs et des petits consommateurs, le défaut de la
comptabilité des biens de capital, qui comprennent les biens
intermédiaires et les biens d’équipement, ne se posera pas et le
problème de l’inflation au cœur du diagnostic de Douglas suivant le
fameux théorème A+B ne se posera pas non plus.

Cependant, quand le
projet couvrira un secteur de l’économie assez vaste pour comporter des
entreprises de fabrication de biens intermédiaires ou de biens
d’équipement, justifiant l’application d’un abaissement du niveau des
prix de détail pour retirer de ces prix les coûts anciens —et déjà
payés— des biens de capital, alors il sera bon de pouvoir modéliser et
simuler les conditions de création de l’inflation et les conditions de
la politique d’abaissement du niveau des prix qui corrigera la
situation. De même, quand les activités productrices des agents
économiques impliqués dans le projet auront atteint une ampleur telle
qu’elles seront génératrices de profit, au sens réel où Douglas le
définit, alors il sera bon de pouvoir modéliser et simuler les
conditions de génération de ce profit réel et les conditions de
répartition des gains de productivité à l’ensemble de la population
concernée. D’autres scénarios joignant les deux politiques permettront
de moduler l’abaissement du niveau de prix et la répartition des gains
de productivité pour obtenir un fonctionnement souple et stable de
l’économie.” fin de citation.



Diffuser les bonnes nouvelles: Nous
recherchons des personnes pour aller partout dans le monde répandre ces
bonnes nouvelles qui rendent également possible le développement local.
Cela permet aussi aux pauvres de répondre aux besoins physiques de la
communauté locale. C’est vraiment un outil de libération. Dans le passé,
les guerres permettaient de relancer la machine économique, mais les
nouvelles conditions techniques permettent une véritable
robolution, une solution qui est une révolution grâce aux robots, une lutte pacifique contre la pauvreté ( voir www.finality.ch ). La robolution, une révolution-solution par les robots ou des guerres atroces .

François de Siebenthal, Master oec. HEC de Lausanne, siebenthal@gmail.com +41 21 616 88 88.

PS: Vous
pouvez commencer aujourd’hui les systèmes des fiches débits/crédits à
l’intérieur de chaque famille, l’unité étant la minute,à échanger entre
les membres de la famille.


Vous comprendrez mieux la force de ce système si simple et si efficace. Du troc amélioré et profitable à tous. 


La Suisse et un dividende à tous ses citoyens grâce à des robots et à la création monétaire reconquise pour tous ?




Monsieur Maurice
Allais, prix nobel,  est mort récemment, voici ci-dessous un résumé du travail sur
lequel nous étions en train de travailler ensemble et qui
l’enthousiasmait. Il était prêt à venir en Suisse pour défendre ses
idées et notamment un projet d’ i
nitiative parlementaire ou populaire à la suisse:

La justice commence par une bonne monnaie.

Battre monnaie seulement pour le peuple:

Le
système économique actuel, grâce aux nombreuses découvertes et
inventions qui le favorisent, notamment les robots de plus en plus
nombreux et efficaces, produit une abondance insoupçonnée de biens en
même temps qu’il réduit la main-d’oeuvre et engendre un chômage
permanent. 

Une partie de plus en plus importante de la population se trouve ainsi privée de tout pouvoir d’achat des biens créés pour elle.

Quelques individus ou groupes particuliers seulement en profitent honteusement. 

Pour
que tous puissent avoir une part de l’héritage culturel légué par
leurs prédécesseurs, nous proposons un dividende universel dont la
quantité sera déterminée par la masse des biens à consommer. Ce
dividende sera versé à chaque personne, à titre de citoyen, qu’il ait
ou non d’autres sources de revenus.

I. L’Etat doit donc reprendre le contrôle de l’émission et du volume de
la monnaie et du crédit. Il l’exercera par une commission indépendante
jouissant de toute l’autorité voulue pour atteindre son but.

II. Les ressources matérielles de la nation représentées par la production constituent la base de la monnaie et du crédit.

III. En tout temps l’émission de la monnaie et du crédit devrait se
mesurer sur le mouvement de la production de façon qu’un sain équilibre
se maintienne constamment entre celle-ci et la consommation. Cet
équilibre est assuré, partiellement du moins, par le moyen d’un escompte
dont le taux varierait nécessairement avec les fluctuations mêmes de
la production.


Soutenez
une initiative constitutionnelle suisse urgente encore en projet et
modifiable, déjà amendée selon les conseils de M. Maurice Allais et de
son équipe:

Initiative parlementaire ou populaire à la suisse.


Pour
une Suisse avec moins de dettes, d’ impôts, de taxes, etc., grâce à la
robotisation, en parallèle, sinon surtout grâce à une création
modernisée de l’argent qui assurera ainsi la prospérité de tous.
Travaille pour sa justice, et tout le reste suivra!

Économistes qui ont notamment des points de vue proches : Silvio Gesell, Clifford Hugh DouglasMilton Friedman, Hyman Minsky, Joseph Schumpeter, Henry Simons,
Irving Fischer,
 Maurice Allais (prix Nobel d’économie 1988). 



Les monnaies complémentaires
Le
paradoxe de l’assouplissement monétaire non conventionnel dans la
destruction de la dette publique aux États-Unis et en Europe ?

Qui crée la monnaie ?
L’État voyou ou le Capo di Capo
L’incroyable destinée du dollar, de l’euro, de la livre sterling et du yen dans les destinées du monde


Conference: Unconditional Basic Income.

Conference: Unconditional Basic Income – Emancipating European Welfare

en direct ou différé. https://www.youtube.com/watch?v=ktJyk_kj74A

April 10 @ 09:3017:30

Event Navigation

After one year of campaigning for the European Citizens’
Initiative for Unconditional Basic Income, we are still actively
continuing on the path towards finding an intelligent approach to
European citizens’ real needs, particularly those generated by poverty.
The Initiative won the support of over 300,000 people in less than a
year.

Since then, a network involving people and organisations from 25 countries has come together to carry on the Initiative’s aims.

At this conference we would like to consolidate this network by
reflecting both on what has happened in the past year and on our future
aspirations.

Our main aim is for unconditional basic income to be implemented
throughout the EU. There are also moves underway to get UBI recognised
as a human right under the EU Charter of Fundamental Rights (Article 1:
Human Dignity).

We hope that you will be able to attend our conference on 10 April
2014, and actively participate in the discussion of ideas which will be
presented there. We would be grateful if we could receive your
confirmation by April 7th, 5PM.

Please RSVP by e-mail: conference@ubie.org.

AGENDA

Moderation: Karl Widerquist (BIEN)

  • 09:30  Welcome from European Economic and Social Committee (EESC)
  • 09.40  Welcome from Barb Jacobson, Chair, Unconditional Basic Income Europe (UBIE)
  • 09:50 Amana Ferro, European Anti Poverty Network: Situation with income poverty and hidden poverty in Europe
  • 10:05  Questions & Answers
  • 10.15  Ronald Blaschke, Co-Founder and Member of the Board of
    Netzwerk Grundeinkommen Germany: Unconditional Basic Income –
    Consistently against (hidden) poverty and for real freedom for everyone
  • 10:30 Q&A
  • 10:40 Coffee Break
  • 11:00 Citizens Manifesto for European Democracy, Solidarity and
    Equality – Different Needs and Solutions. Elena Dalibot, European
    Alternatives, Project Coordinator
  • 11:15 Q&A
  • 11:25 Gerald Häfner, MEP, Greens: Development of ECI and EU-Referendum – tools for more democracy in the EU
  • 11:40 Q&A
  • 11:50 David Casassas, Member of BIEN, Universitat Autònoma de Barcelona: Democracy and Unconditional Basic Income
  • 12:05 Q&A
  • 12:15 Werner Rätz, Attac Germany, Working Group Enough for all and
    Working Group Beyond the Growth: Degrowth, Health and Unconditional
    Basic Income
  • 12:30 Q&A (ten minutes) and General Discussion

13.00 Lunch Break

  • 14:00 Philippe Van Parijs, Chair of Advisory Board of BIEN: Euro- Dividend – An example for an partial basic income in Europe
  • 14:15 Q&A
  • 14:25 Guy Standing, Honorary Co-President of BIEN: What can we learn
    from Namibian and Indian experiments with unconditional cash transfers?
  • 14:40 Q&A
  • 14:50 BREAK
  • 15:20 Building the European Movement for an UBI – Panel
    • Stanislas Jourdan, French Movement for UBI: How the ECI woke up the European movement
    • Valerija Korosec, UBI Slovenia: Running in the EU elections for UBI
    • Vahur Luhtsalu, UBI Estonia: Learning-by-doing: How we jumped on the ECI-UBI train (and what are the lessons learned)
    • Plamen Dimitrov, president of CITUB, Bulgarian Trade Union: Why Bulgarian trade unions are supporting UBI
    • Tomas Haimann, UBI Czech Republic: Perspectives from Eastern Countries
    • Samuel Pulido, UBI Spain, presentation on the Spanish Popular Initiative for UBI
    • Anna-Béa Duparc, BIEN Switzerland: Lessons from the Swiss Federal
      Initiative for UBI and perspectives with the nationwide referendum
    • Lena Stark, UBI Sweden: UBI in the context of advanced welfare countries
    • Klaus Sambor, Runder Tisch Grundeinkommen Austria: The movement for UBI as part of wider social movements in Europe
    • Dr. Mihaela Meresi, Romanian Open Society Abroad (DP-ROSA): UBI as
      fundamental principle of political, economic and social redesign in
      Europe: building the Ethocratic Union
  • 17:20 Closing address
  • 17:30 finished

Bonus pharamineux: Faire croire que le « mal » vient des autres.

Bonus pharamineux. 
Astuces des financiers: Faire croire que le « mal » vient des autres. 

Unis, nous pouvons résister aux grands manipulateurs et exploiteurs.

Pourquoi des milliers de milliards pour les banquiers ou les guerres et pas pour la paix ?

Les
réfugiés doivent quitter leurs pays à cause de ces banquiers qui
abusent de notre argent et se paient des bonus honteux qui achètent
leurs consciences et TUENT par millions…

Les guerres sont devenues économiques et elles tuent surtout les innocents.

http://desiebenthal.blogspot.ch/2013/04/revenu-de-base-la-rts-le-2304-de-8h-8h30.html

I – L’astuce du psychopathe : Faire croire que le « mal » vient des autres.

Après avoir lu le livre « Ponérologie Politique », Silvia Cattori a
voulu s’entretenir avec son auteur, Andrzej LOBACZEWSKI. Celui-ci étant
très âgé et malade, n’était plus à même de répondre à ses questions.
Finalement, ce sont Laura KNIGHT-JADCZYK et Henry SEE (éditeurs du livre
Ponérologie Politique) qui ont répondu à sa place. Cet ouvrage qui fait
la description du « mal » appliqué à des fins politiques nous paraît
intéressant car il nous donne les clés nécessaires à la compréhension de
phénomènes qui souvent nous dépassent. Il décrit le « mal », sa
véritable nature, de façon très parlante, la manière dont il se répand
et détruit nos sociétés. M. Lobaczewski a longuement observé ceux des
gens au pouvoir dont l’action incarnait le mal, il a examiné ce que la
psychanalyse actuelle appelle « troubles de la personnalité
antisociale » ou « pervers caractériels ». Non pas pervers au sens
sexuel, mais au sens moral et relationnel.
4 novembre 2007 | Thèmes : Manipulation de l’opinion Psychopathie et pouvoir politique

Des dirigeants dangereux parce que psychopathes ?

Silvia CATTORI : Voici ce qu’un psychiatre suisse nous a confié après avoir lu « Ponérologie politique » [http://www.silviacattori.net/article328.html#nb1″>1] : « 
Je n’ai jamais lu nulle part ailleurs ce dont parle Andrzej
Lobaczewski, aucun livre n’a jamais traité ce sujet de cette manière. Il
m’a immédiatement été utile dans le cadre de mon travail. Ce que
M. Lobaczewski affirme sur les comportements pervers/pathologiques — les
conflits en entreprise tout comme dans la sphère politique où l’on
dénombre de plus en plus de conflits et de plus en plus de pervers
caractériels — m’a immédiatement permis de mieux comprendre, par
exemple, le fonctionnement de ces individus qui créent des conflits au
sein de leur travail et qui, où qu’ils aillent, polluent l’atmosphère
 »
Cela dit, pourquoi avoir choisi un titre aussi hermétique pour un livre
qui devrait non seulement intéresser les psychologues et les
psychiatres, mais tout un chacun ?

Laura : Tout d’abord, je tiens à dire qu’il existe
un lien émotionnel très intense entre le Dr LOBACZEWSKI et nous. Nous
l’avons contacté au sujet de l’entretien que vous vouliez réaliser. Il
est très âgé et en très mauvaise santé depuis plus d’un an. Il regrette
de ne pouvoir vous répondre personnellement ; il a tenté de le faire,
mais à l’heure actuelle, il n’a même pas la force de rédiger plus que de
brèves réponses à des questions écrites. Et même dans ce cas, il
s’épuise et son attention se disperse au bout de quelques minutes de
concentration. Nous voulons vraiment protéger sa santé et son bien-être,
mais nous voulons aussi satisfaire aux demandes de réponses concernant
ces questions importantes. Il nous a confirmé qu’il avait toute
confiance en notre compréhension du sujet. Il a répété ce qu’il nous a
dit quand il nous a contactés pour la première fois : à savoir qu’il
cherchait quelqu’un qui allait dans la même direction, quelqu’un à qui
il pourrait remettre son travail — en quelque sorte repasser le flambeau
— de même que tout le travail qui lui avait été transmis par d’autres.
Notre travail, répondait à ces critères.

Ceci étant dit, je vais répondre à votre question. Pourquoi LOBACZEWSKI a-t-il choisi ce titre ?

Le premier point est qu’à l’origine, cet ouvrage était une série de
documents techniques et universitaires provenant de sources diverses.
Comme l’auteur l’explique dans son introduction, la majeure partie de
cet ouvrage ne vient pas de lui, il en est juste le compilateur. Les
universitaires ont tendance à choisir pour leurs articles des titres
rédigés dans une terminologie abstraite, et les scientifiques
considèrent qu’il est de leur prérogative de créer de nouveaux termes
pour décrire leurs découvertes (par exemple, l’invention de mots comme
quarks, muons, leptons, etc. par les physiciens), donc en ce sens, le
titre se justifie entièrement.

Le terme « ponérologie » est un concept théologique qui signifie « étude du mal ».
Andrzej LOBACZEWSKI le savait, et il a décidé de récupérer et de
réhabiliter ce mot pour en faire un usage scientifique, puisqu’il se
trouve que notre science ne possède absolument aucun mot pour définir
l’étude du « mal » en tant que tel. Nous en avons pourtant besoin.

Henry : Quand le Dr LOBACZEWSKI nous a envoyé son manuscrit, nous fûmes stupéfaits.

Nous étions préoccupés par cette question : pourquoi, quel que soit
le niveau de bonne volonté qui se manifeste dans le monde, y a-t-il
autant de guerres, de souffrances et d’injustices ? Peu importe les
plans, idéologies, religions ou philosophies conçus par les grands
esprits, rien ne semble améliorer notre sort. Et c’est comme cela depuis
des milliers d’années, cela ne cesse de se perpétuer encore et encore.

Nous faisions aussi des recherches sur le problème de la psychopathie
depuis plusieurs années et avions publié de nombreux articles sur le
sujet sur nos sites Web. Pour les besoins de la recherche, nous avions
également retranscrit une version informatique du très riche ouvrage sur
la psychopathie rédigé par le Dr Hervey CLECKLEY, The Mask of Sanity, avec la permission des propriétaires du copyright, cet ouvrage étant épuisé.

Étant donné la richesse et l’importance de ce texte, nous l’avions
rendu disponible gratuitement par le biais du téléchargement. Nous
avions donc une bonne base de références sur la question et avions dans
l’idée que la situation terrible à laquelle cette planète et ses
habitants étaient confrontés pouvait avoir un lien avec la question de
la psychopathie.

Laura : Permettez-moi d’ajouter que la raison pour
laquelle nous faisions des recherches sur la psychopathie était, comme
nous l’avons mentionné plus haut, que nous avions été nous-mêmes
confrontés au phénomène.

Nous étions engagés dans un travail avec d’autres personnes, et les phénomènes abordés dans Ponérologie
-en rapport avec les groupes et la façon dont ceux-ci sont corrompus
par des déviants pathologiques s’infiltrant dans un groupe sous l’aspect
de la normalité- nous étaient très familiers sur une petite échelle
sociale.

Nous avions observé ces phénomènes et avions eu affaire à eux à de
nombreuses reprises, bien qu’au début, nous ne fissions que naviguer au
jugé. Nous savions qu’il se passait quelque chose d’étrange, seulement
nous ne savions pas encore le nommer ou le catégoriser. Nous avions
trouvé certaines dénominations et catégorisations dans des textes sur la
psychopathologie, mais ils n’abordaient pas la dimension sociale.

Henry : Mais l’ouvrage “Ponérologie Politique”
présente le sujet d’une manière radicalement différente des autres
textes sur la psychopathie, en suggérant que l’influence des
psychopathes et autres déviants n’est pas qu’une simple influence parmi
tant d’autres affectant la société, mais que, si les circonstances sont
favorables, elle détermine la manière dont nous vivons, ce que nous
pensons, et la façon dont nous jugeons ce qui se passe autour de nous.

Quand on comprend la véritable nature de cette influence : qu’elle
est sans conscience, sans émotion, égoïste, froide et calculatrice,
dénuée de tous standards moraux ou éthiques, on est horrifié, mais en
même temps, tout commence à s’éclairer soudainement.

Notre société perd de plus en plus son âme parce que les
personnes qui la dirigent et qui donnent l’exemple sont sans âme — ils
n’ont littéralement aucune conscience.

Quand vous en venez à comprendre que les rênes du pouvoir
politique et économique sont entre les mains de personnes sans
conscience qui ne possèdent pas de faculté d’empathie, cela permet de
regarder ce que nous appelons le « mal » d’une façon totalement
nouvelle. Le mal n’est plus seulement une question morale ; il peut
alors être analysé et compris scientifiquement.

Avec M. LOBACZEWSKI, le mot «  Ponérologie » a été purgé de
ses connotations religieuses — un contexte au sein duquel il n’a jamais
fait de bien à la société dans son ensemble.

Ce mot désigne la science du mal, de la compréhension scientifique de
ses origines, et de la façon dont, telle une maladie, il peut
“infecter” les individus et les sociétés.

Lorsque les législateurs et les grands patrons du monde des
affaires sont des psychopathes, leur façon de penser et de raisonner —
leur « moralité » — devient la culture et la « moralité » communes des
populations qu’ils gouvernent.

Quand cela se produit, le mental de la population est « infecté »
de la même façon qu’un agent pathogène infecte un corps physique. La
seule manière de nous protéger contre cette pensée pathologique est de
nous « vacciner » contre elle, et cela se fait en apprenant le
plus possible de connaissances sur la nature de la psychopathie et sur
son influence sur nous.

Fondamentalement, cette « maladie » particulière prospère dans un environnement où son existence même est niée, et où ce déni est planifié et délibéré.

Bien que le titre du livre semble hermétique, il faut le comprendre
dans le contexte de la grande difficulté qu’a eue Andrzej LOBACZEWSKI à
faire publier son ouvrage [http://www.silviacattori.net/article328.html#nb2″>2].
Le manuscrit est resté dans un tiroir pendant plus de vingt ans. Il a
été écrit pour un public professionnel, et le titre a été choisi en
fonction de cela. C’est aussi la raison pour laquelle le texte lui-même
est très dense, et le titre reflète exactement le fait qu’il n’a pas été
écrit pour un public profane. Il a été écrit pour des professionnels et
dans un style intellectuel reflétant son contexte originel. C’est
pourquoi, nous sommes actuellement en train de rédiger une version qui
puisse rendre ses idées plus facilement accessible au grand public.

Silvia CATTORI : M. LOBACZEWSKI a étudié le
fonctionnement de ces personnes non pas d’un point de vue politique,
mais psychologique. Ce faisant il est arrivé à déterminer la manière
dont des idéologues et des agents disposant de pouvoirs répressifs,
malgré leur inhumanité, en arrivent à obtenir l’adhésion de larges
populations. Tout le monde n’a-t-il pas un fond pervers / pathologique,
des périodes de vie marquées par une existence perverse / pathologique ?

Henry : Tout d’abord, il faut souligner que les «  fous » n’ont pas besoin de l’adhésion de larges populations, mais seulement d’une minorité puissante qui puisse à la fois « orienter » la population et la contrôler.

Regardez les sondages aux États-Unis. Cela fait des années que la
popularité de Bush se maintient autour de 30% — et il s’agit de la
population dans son ensemble. Mais parce que Bush est soutenu par une
minorité très puissante — les gens qui détiennent les médias,
l’industrie de l’armement et ses soutiens au sein de l’armée, les
compagnies pétrolières, etc. — le mécontentement populaire ne compte
pas. Et du moment que la politique de Bush n’affecte pas négativement
l’Américain moyen de façon trop flagrante, celui-ci ne se sent pas
suffisamment menacé pour vouloir y changer quelque chose.

Laura : Aux États-Unis — et ailleurs dans le monde —
même le peuple le plus oppressé et le plus injustement traité est
facilement contrôlé par la peur et la crainte de perdre le confort
matériel auquel il a accès : divertissements, sports, jeux, etc. Même
l’échec du système éducatif, médical et des garanties sociales, ne
pousse pas les gens à réellement remettre la situation en question. Nous
avons affaire — pour reprendre les termes d’Aldous HUXLEY — à une
dictature scientifique : du pain et des jeux.

En bref, la plupart des Américains sont conscients de leur
oppression, et l’expriment dans les sondages, mais ceux qui sont au
pouvoir ont réussi à les droguer avec une pléthore de distractions — la
peur et le plaisir — suffisantes pour les garder sous contrôle.

Henry : Il y a la carotte et le bâton. Tant que les
gens peuvent continuer à vivre dans l’illusion, ils le font. Quand
l’illusion commence à se fissurer, alors le pouvoir actionne le bâton.

Laura : Les gens ont peur de faire des vagues par
crainte de perdre ce qu’ils ont, de perdre leur tranquillité, de devoir
faire des efforts pour résister. Après tout, cela leur prend tout leur
temps de maintenir l’illusion, ils doivent trimer quotidiennement pour
éviter qu’on leur reprenne leur 4×4, et ils veulent avoir du temps pour
le match de football du samedi.

Henry : Ils s’imaginent aussi que de toute façon,
Bush n’a plus que quelques années devant lui. Le système
s’auto-régulera. Le livre de LOBACZEWSKI nous montre pourquoi cette
façon de penser est extrêmement naïve. Le système qui est en place est
un système pathologique qui est en désaccord profond avec la manière
d’être ou la nature de la plupart des gens. Les gens de conscience sont
dirigés par des gens sans conscience. Ce fait constitue l’injustice
primordiale, et il est la base des autres maux de la société.

Laura : Ce système est resté secret pendant de
nombreuses années parce qu’il y avait encore des gens de conscience qui
se trouvaient à des postes élevés, mais avec le temps, ils ont tous été
remplacés ou mis à l’écart d’une manière ou d’une autre, et maintenant
la pathologie du système est à découvert, mais personne ne s’en soucie.
Si vous regardez l’Histoire de ces cinquante dernières années, vous
découvrirez que pratiquement tous les personnages publics qui sont mort
tragiquement avaient une conscience, se souciaient du peuple, et avaient
suffisamment d’influence pour causer des problèmes aux individus de
type pathologique.

Henry : La seconde partie de votre question est très
importante, parce que c’est cette idée que nous sommes tous plus ou
moins pervers ou pathologiques, que nous avons tous une part d’ombre —
selon les termes de JUNG — qui sert de support majeur au système
pathocratique et permet aux psychopathes de se cacher parmi la
population générale. On nous a convaincus que nous n’étions tous que des
animaux et que tout le monde était capable de devenir un HITLER, un
BUSH ou un MENGELE, si les circonstances s’y prêtaient. Nous y croyons
parce que dans notre vie, nous avons tous fait des choses dont nous
avons honte, pour lesquelles nous avons des remords. Nous connaissons
ces pensées qui nous viennent dans des moments d’intense émotion, des
pensées dont nous ne voudrions pas que les autres les connaissent ou les
entendent. Nous sentons que nous avons cette part d’ombre en nous, une
part de nous-mêmes dont nous ne sommes pas fiers. Parce que nous
ressentons ce sentiment de honte et de remords concernant cet aspect de
nous-même, nous projetons sur les autres cette capacité. Faire une telle
projection revient à commettre l’erreur fatale.

Cela soulève deux questions. Premièrement, il existe une différence
énorme entre quelqu’un qui, par exemple, dans le feu d’une dispute avec
son partenaire, perd son self-control et abuse physiquement ou
psychologiquement de cette personne, et quelqu’un qui accomplit la même
chose froidement, avec calcul et préméditation. Il s’agit dans les deux
cas de mauvaises actions. Je n’essaie pas de minimiser les abus commis
dans un moment d’émotion. Mais cette même personne, celle qui perd le
contrôle momentanément, serait incapable de calculer et de planifier
froidement cet acte. En son for intérieur, quelque chose reculerait face
à cette idée. Chez le psychopathe, cette voix de la conscience n’existe
pas. Les psychopathes sont capables de comploter le génocide d’un
peuple, comme celui des Palestiniens ; les personnes de conscience n’en
sont pas capables. Une personne peut être tuée dans le feu d’une
dispute. Plusieurs milliers peuvent mourir en raison d’un froid calcul.

Laura : Une manière de comprendre cela est de
considérer les études qui montrent que chez les psychopathes, non
seulement les taux de crimes violents sont plus élevés, mais aussi que
les types de crimes violents qu’ils commettent différent de ceux qui
sont commis par les non-psychopathes. Une étude a montré que deux tiers
des victimes de psychopathes étaient des hommes étrangers [à la famille –
NdT] tandis que deux tiers des victimes de non-psychopathes étaient des
membres de la famille féminins ou des connaissances féminines — des
crimes passionnels. Les gens normaux peuvent commettre des actes de
violence quand ils sont en état d’extrême bouleversement émotionnel,
mais les psychopathes choisissent avec sang-froid leurs victimes dans un
but de vengeance ou de punition, ou pour atteindre quelques objectifs.
C’est à dire que la violence psychopathique est instrumentale, un moyen
d’arriver à ses fins — elle est prédatrice.

Henry : Deuxièment, dans une société dominée par « les valeurs pathologiques »,
si on peut utiliser cette expression, l’existence d’un petit groupe de
gens sans conscience promouvant une culture de la cupidité et de
l’égoïsme crée un environnement au sein duquel ce qui est pathologique
devient la norme.

Dans une société (comme les États-Unis aujourd’hui), où le président
peut mentir en toute impunité sur des questions de vie ou de mort, un
environnement pathologique est créé, au sein duquel le mensonge devient
acceptable. La violence est acceptable. La cupidité est acceptable. Cela
fait partie intégrante de l’idéologie du Rêve américain : tout le monde
peut réussir, peu importe ceux à qui vous devrez faire du mal pour y
arriver. Et c’est par les actes qu’ils doivent commettre pour réellement
réussir que les germes de la pathologie sont semés. Dans cet
environnement, les gens de conscience qui sont faibles et influençables
endossent les caractéristiques du type pathologique afin de survivre et
de réussir. Ils voient que leurs dirigeants mentent et trichent, et ils
en déduisent que s’ils veulent avancer, alors ils peuvent eux aussi
mentir et tricher.

Laura : J’appelle cela la « Culture officielle ».
Linda Mealeyn du Département de psychologie du College of St. Benedict à
St Joseph dans le Minnesota, suggère qu’une société fondée sur la
compétition — le capitalisme, par exemple — est une société où la
psychopathie est adaptative et à des chances de s’accroître.

La psychopathie est une stratégie de vie adaptative qui réussit
extrêmement bien dans la société américaine, et qui a donc augmenté au
sein de la population. En outre, conséquence d’une société adaptative à
la psychopathie, de nombreux individus qui NE sont PAS des psychopathes
génétiques se sont adaptés de façon similaire, devenant des psychopathes
« dans les faits », ou « sociopathes secondaires ».
Autrement dit, dans un monde de psychopathes, ceux qui ne sont pas des
psychopathes génétiques sont induits à se comporter comme des
psychopathes, simplement pour survivre. Quand les règles sont établies
de manière à rendre une société « adaptative » à la psychopathie, elle fait de chacun un psychopathe potentiel.

Henry : Si cette influence pathologique était
retirée de la société, en mettant les psychopathes en quarantaine, en
éduquant les gens de conscience aux symptômes de la pathologie, à ce
qu’il faut considérer et à la façon dont gérer la manipulation, en
changeant les systèmes créés par les psychopathes — si, au moyen de
telles méthodes, nous étions capables de supprimer cette influence
ponérogénique, alors l’autre pôle, celui de la conscience, serait le
plus influent des deux, et les gens tendraient vers l’altruisme et la
vérité plutôt que vers l’égoïsme et les mensonges. Si nous étions
capables de supprimer l’influence pathologique, nous découvririons
peut-être que nos conceptions de la « nature humaine » sont erronées et mal évaluées, parce que nous acceptons en tant qu’« humains »
ceux qui sont génétiquement sans conscience. Supprimez-les, eux et
leurs actions, de l’ensemble des données, supprimez leur influence de la
société dans son ensemble, et les qualités supérieures de la nature
humaine douée de conscience pourraient trouver des moyens d’expression
que nous n’aurions jamais imaginés possibles.

Silvia CATTORI : Comment peut-on discerner les
psychopathes des gens sains ? Pouvez-vous nous faire le portrait du
véritable psychopathe ? Pouvez-vous nous donner des exemples permettant
de faire le lien avec quelque chose de plus général ? Quelles sont les
facultés qui leur font défaut ?

Laura : Le portrait le plus simple, le plus clair et
le plus vrai du psychopathe est donné dans les titres de trois riches
ouvrages sur le sujet dont l’un s’intitule Without Conscience [http://www.silviacattori.net/article328.html#nb3″>3].

Un psychopathe, c’est exactement cela : une personnne sans
conscience. La chose la plus importante à retenir est qu’il se dissimule
sous un masque de normalité qui est souvent si convaincant que même les
experts sont trompés et, en conséquence, ces psychopathes deviennent « les Serpents en costume cravate » qui contrôlent notre monde.
C’est la réponse en bref.

Henry : La culture populaire voit les psychopathes comme des personnages tels Hannibal LECTER, héros du « Silence des agneaux »,
c’est à dire des tueurs en série. Cependant, bien qu’un certain nombre
de psychopathes soient des criminels et aient eu affaire à la justice et
que certains soient en fait des tueurs en série, un grand nombre
d’entre eux n’ont jamais d’ennui avec la justice. Ce sont les plus
intelligents, et aussi les plus dangereux parce qu’ils ont trouvé des
moyens d’utiliser le système à leur avantage.

Un grand nombre de traits caractérisent les psychopathes : l’un des
plus évidents est l’absence totale de conscience. Tout sens de remords
ou d’empathie envers les autres est absent chez eux. Ils peuvent être
extrêmement charmants et sont experts pour charmer et hypnotiser leur
proie par la parole. Ils sont également irresponsables. Rien n’est
jamais leur faute ; quelqu’un d’autre ou le monde en général est
toujours à blâmer pour tous leurs « problèmes » ou leurs erreurs.

Martha STOUT, dans son livre The Sociopath next door [Le
sociopatthe d’à côté — NdT], identifie ce qu’elle appelle le stratagème
de la pitié. Les psychopathes utilisent la pitié pour manipuler les
autres. Ils vous convainquent de leur donner encore une chance, et de ne
parler à personne de ce qu’ils ont fait. Ainsi, un autre trait — l’un
des plus importants — est leur capacité à contrôler le flux
d’information.

Ils sont également incapables d’éprouver des émotions profondes. En
fait, quand Robert HARE — un psychologue canadien qui passa sa carrière à
étudier la psychopathie — fit passer des scanners cérébraux à des
psychopathes tout en leur présentant deux séries de mots : une série de
mots neutres sans association émotionnelle, et une série composée de
mots chargés émotionnellement, alors que différentes zones du cerveau
s’activèrent dans le groupe test des non-psychopathes, dans celui des
psychopathes, les deux séries furent traitées par la même zone du
cerveau, celle qui traite le langage. Ils n’eurent pas de réaction
émotionnelle instantanée.

Toute notre vie émotionnelle est un mystère pour eux, et en même
temps, elle leur fournit un outil formidable pour nous manipuler. Pensez
à ces moments où nous sommes profondément affectés par nos émotions, et
à quel point notre capacité à réfléchir s’en trouve affaiblie.

Maintenant, imaginez que vous êtes capable de feindre une telle
émotion, tout en restant calme et calculateur, tandis que la personne
avec laquelle vous échangez est véritablement prise dans un tourbillon
émotionnel. Vous pourriez avoir recours aux larmes ou aux cris pour
obtenir ce que vous voulez, tandis que votre victime serait poussée au
désespoir par les émotions qu’elle vivrait.

Il semble aussi qu’ils n’aient pas de réelle conception du passé ou
du futur, vivant entièrement pour leurs besoins et désirs immédiats. En
raison de la stérilité de leur vie intérieure, ils recherchent souvent
de nouveaux frissons, depuis le sentiment de puissance ressenti en
manipulant les autres jusqu’à l’engagement dans des activités illégales
pour la simple poussée d’adrénaline qu’elles procurent.

Un autre trait du psychopathe est ce que LOBACZEWSKI définit comme leur « connaissance psychologique spéciale »
des gens normaux. Ils nous ont étudiés. Ils nous connaissent mieux que
nous-ne nous connaissons nous-mêmes. Ils sont experts dans l’art de
toucher nos points sensibles, d’utiliser nos émotions contre nous. Mais
en plus, ils semblent même avoir une sorte de pouvoir hypnotique sur
nous. Quand nous commençons à être pris dans la toile d’un psychopathe,
nos facultés de réflexion se détériorent, se troublent. On dirait qu’ils
nous jettent un sort.

Ce n’est que plus tard, une fois que nous ne sommes plus en leur
présence, fascinés par eux, que la clarté de pensée réapparaît, et nous
restons là à nous demander comment nous avons pu être incapables de
réagir ou de nous opposer à leurs actes. De nombreux livres écrits en
anglais sur la psychopathie mentionnent les psychopathes en tant que
groupe qui partage un ensemble de traits communs. L’échelle la plus
largement utilisée pour mesurer la psychopathie a été développée par le
Dr HARE. Il s’agit du PCL-R [http://www.silviacattori.net/article328.html#nb4″>4].

Il énumère vingt traits que l’on peut trouver dans cette
personnalité. Si le trait se manifeste quelquefois, on lui donne 1 ; si
le trait domine la personnalité, on lui donne 2. Le total maximum est de
40. Les gens qui ont plus de 30 sur l’échelle PCL-R sont considérés
comme des psychopathes.

Mais LOBACZEWSKI est allé plus loin en donnant une taxonomie des
différents types de psychopathes et autres types pathologiques, et en
montrant la façon dont leurs déviances oeuvrent de concert pour former
un système pathologique. Il a révélé certains travaux réalisés par des
psychologues en Europe, travaux qui avaient été perdus au cours de la
période communiste.

Laura : Le diagnostic est une question litigieuse qui fait l’objet d’une controverse [http://www.silviacattori.net/article328.html#nb5″>5].

LOBACZEWSKI mentionne le fait qu’en Allemagne nazie et en Russie
stalinienne, les sciences psychologiques furent cooptées pour soutenir
les régimes totalitaires, et que cela fut accompli par des psychopathes
au pouvoir qui entreprirent ensuite de détruire toute possibilité de
diffuser largement des informations précises sur la condition
[psychopathique – NdT].

Il fait remarquer que tout régime constitué principalement de
déviants pathologiques ne peut permettre à la psychologie de se
développer et de s’épanouir librement, parce que le régime lui-même
serait alors diagnostiqué comme pathologique, ce qui révélerait «  l’homme derrière le rideau ».

En se fondant sur des observations de première main du phénomène en
question, LOBACZEWSKI déclare que la répression du savoir est entreprise
de façon typiquement psychopathique : à couvert et derrière un « masque de santé mentale ».
Pour être capable de contrôler les sciences psychologiques, on doit
savoir ou être capable de sentir ce qui se passe et quels domaines de la
psychopathologie sont les plus dangereux. Un régime politique
pathologique localise les individus psychopathes œuvrant dans ce domaine
(habituellement de très médiocres scientifiques), facilite leurs études
universitaires et leurs diplômes ainsi que l’obtention de postes-clés
avec un pouvoir d’encadrement des organisations scientifiques et
culturelles. Ils sont alors en position d’écraser les personnes plus
douées — étant motivés aussi bien par leur propre intérêt que par cette
jalousie typique qui caractérise l’attitude du psychopathe envers les
gens normaux. Ce sont eux qui surveillent les articles scientifiques
pour leur « propre idéologie » et qui font tout pour s’assurer qu’un bon spécialiste se verra refuser la documentation scientifique dont il aura besoin.

Le fait est qu’au cours de ces cinquante dernières années, le concept
de psychopathie a été fortement rétréci, et se réfère maintenant à un
trouble de la personnalité spécifique, bien qu’il y ait eu des
tentatives de supprimer entièrement la classification, en la remplaçant
par le «  trouble de la personnalité antisociale », qui peut
comprendre une grande variété de comportements sans nécessairement
exiger le diagnostic clinique de psychopathie. Robert HARE souligne à
quel point il est crucial de comprendre que la psychopathie n’est pas
synonyme de criminalité ou de violence ; tous les psychopathes ne
s’engagent pas dans des comportements violents ou criminels. En même
temps, les personnes violentes ou criminelles ne sont pas toutes des
psychopathes.

Selon Robert HARE, CLECKLEY, LOBACZWESKI et beaucoup d’autres experts
en psychopathie, un diagnostic de psychopathie ne peut se baser sur des
symptômes comportementaux visibles à l’exclusion des symptômes
interpersonnels et affectifs, parce qu’une telle procédure transforme en
psychopathes de nombreuses personnes qui sont simplement blessées par
la vie ou la société, et permet aux vrais psychopathes qui arborent un
« masque de santé mentale » bien construit d’échapper au
dépistage. D’après une documentation de plus en plus conséquente,
beaucoup (ou la plupart) des psychopathes grandissent dans des familles
aisées et stables, et deviennent des criminels en col blanc qui, à cause
de leur argent et de leur position, ne subissent jamais la révélation
publique de leurs comportements destructeurs privés, et échappent
constamment au système judiciaire.

Venons en maintenant au diagnostic et/ou au dépistage en
particulier : il existe un certain nombre de théories sur l’étiologie de
la psychopathie : par exemple la psychopathie en tant que stratégie
adaptative ou variante de la personnalité normale, ou encore
dysfonctionnement du cerveau, trouble de l’attachement ou expression
d’une pathologie dans la petite enfance, trouble d’apprentissage, etc.
Très peu de preuves empiriques soutiennent l’idée que le vrai
psychopathe est le résultat d’une enfance maltraitée, par contre de
nombreuses preuves empiriques soutiennent une cause génétique. Le modèle
neurobiologique nous donne l’espoir de détecter même le psychopathe le
plus retors.

Comme Henry l’a mentionné, une étude portant sur les temps de
réaction à divers mots — émotionnels, neutres, pseudo mots — a montré
que les potentiels évoqués (ERP [http://www.silviacattori.net/article328.html#nb6″>6]) en tâches de décision lexicale [http://www.silviacattori.net/article328.html#nb7″>7]
chez des non-criminels indiquaient que les réponses aux mots positifs
et négatifs étaient plus précises et plus rapides que les réponses aux
mots neutres. Dans les cerveaux de ces sujets, les sites centraux et
pariétaux indiquaient des composants ERP rapides précoces et tardifs par
rapport aux mots émotionnels. On en déduit que les composants tardifs
d’ERP indiquaient un traitement continu du mot.

Dans la même étude, les criminels non-psychopathes montraient
également une sensibilité aux mots émotionnellement chargés. Les
psychopathes, quant à eux, ne montraient aucun temps de réaction ou
différence d’ERP entre les mots neutres et émotionnels. En outre, la
morphologie de leurs ERPs présentait une différence saisissante par
rapport à celle des non-psychopathes. Le composant tardif d’ERP qui
était long et étendu chez les non-psychopathes était petit et bref chez
les psychopathes. On pense que cela reflète le fait que les psychopathes
prennent des décisions lexicales et traitent l’information de façon
superficielle.

Cela est confirmé par des études récentes d’imagerie cérébrale qui
montrent que les psychopathes abusant de substances toxiques ont moins
d’activité cérébrale durant la réalisation d’une tâche de décision
lexicale que les non-psychopathes abusant des mêmes substances.

HARE et d’autres ont aussi découvert que les anomalies ERP des
psychopathes ne s’arrêtaient pas au langage affectif mais incluaient
aussi le langage abstrait. Une autre découverte curieuse notée dans deux
études distinctes fut une onde négative exceptionnellement grande qui
balayait les zones frontales du cerveau. Une interprétation possible est
que cela reflète une profonde anomalie de traitement cognitif et
affectif.

D’autres études récentes donnent des résultats et des conclusions
similaires : à savoir que les psychopathes ont de grandes difficultés à
traiter les éléments affectifs (émotionnels) à la fois verbaux et
non-verbaux, qu’ils ont tendance à confondre la signification
émotionnelle des événements, et le plus important, que ces déficits
apparaissent dans les scanners du cerveau. Les psychopathes ont une
distribution inter-hémisphérique inhabituelle des ressources de
traitement, des difficultés à apprécier le sens subtil et les nuances du
langage — comme les proverbes, les métaphores, etc. — ont une faible
capacité de discrimination olfactive, vraisemblablement en raison d’un
dysfonctionnement orbito-frontal, et pourraient être affectés par ce qui
ressemble à une forme subclinique de trouble de la pensée caractérisée
par un manque de cohésion et de cohérence dans le langage. Aucun autre
modèle de psychopathie ne peut expliquer toutes ces anomalies cognitives
et affectives, qui peuvent être détectées par des scanners du cerveau.

Le dernier point : nous travaillons sur le problème du trouble de la
pensée, et tentons d’établir des règles générales afin que la personne
lambda puisse réaliser ses propres estimations personnelles après avoir
effectué des tests secrets au cours de discussions avec une personne
qu’elle soupçonnerait de tromperie ou de manipulation (pour diverses
raisons).

Mais il s’agit d’une question sensible. Comme LOBACZEWSKI le fait
remarquer, si un psychopathe se considère lui-même comme normal, ce qui
bien sûr est considérablement plus facile s’il est en position
d’autorité, alors il considérera une personne normale comme différente,
et donc anormale.

Les actions et réactions d’une personne normale, ses idées et
critères moraux, étonnent le psychopathe, qui les voit comme anormaux.
Quelqu’un de normal étonnera le psychopathe par sa naïveté, il
considérera cette personne comme partisane de théories incompréhensibles
sur l’amour, l’honneur et la conscience ; il ne sera pas loin de la
traiter de « cinglé ». Cela explique pourquoi les gouvernements pathologiques ont toujours considéré les dissidents comme étant « mentalement anormaux ».

Le système judiciaire n’est pas fait pour gérer ce problème, car,
évidemment, ce système est souvent la création d’individus pathologiques
— ou du moins, ce sont eux qui l’administrent. Une législation bien
pensée exigerait d’examiner scientifiquement les individus qui
prétendent de façon trop insistante ou spécieuse que quelqu’un d’autre
est psychologiquement anormal.

D’autre part, tout système social (ou tout dirigeant) pathologique au
sein duquel la psychiatrie est utilisée pour des raisons politiques
présente des problèmes supplémentaires. Toute personne se rebellant
contre un système gouvernemental qui le choque par son étrangeté et son
immoralité, peut facilement être désigné par les représentants dudit
gouvernement comme un individu « mentalement anormal », quelqu’un qui a
un « trouble de la personnalité » et qui devrait subir un traitement
psychiatrique ; et les représentants de ce gouvernement ont de nombreux
moyens à leur disposition pour prendre le contrôle de la procédure
d’examen. Ils peuvent faire appel à un psychiatre scientifiquement et
moralement dégénéré pour accomplir cette tâche.

Il s’agit donc d’une question épineuse.

Silvia CATTORI : Pouvez-vous citer certains types identifiés par M. LOBACZEWSKI ?

Henry : Comme la plupart des chercheurs, il opère
une distinction initiale entre les déviances héréditaires et les
déviances acquises, c’est-à-dire entre ceux qui sont nés pathologiques
et ceux qui deviennent pathologiques à cause de blessures des tissus
cérébraux ou de traumatismes dans leur enfance. Une blessure du tissu
cérébral peut laisser des cicatrices qui changent ensuite la capacité de
l’individu à percevoir et à ressentir. Ces zones du cerveau destinées à
gérer ces fonctions ne peuvent le faire, et donc les données sont
déviées vers d’autres zones normalement destinées à d’autres tâches.

Lobaczewski nomme caractéropathes les individus dont le caractère se
développe de manière déformée à cause de blessures ou de traumatismes.
Il donne ensuite la liste des différentes formes de caractéropathies :
le caractéropathe paranoïde (il cite LENINE comme exemple) ; la
caractéropathie frontale, une déviance due à des blessures dans les
zones frontales du cortex cérébral (STALINE est un exemple de ce type) ;
la caractéropathie induite par des substances (médicaments et drogues),
causée par l’usage de produits qui endommagent le système nerveux
central. Enfin, il cite les caractéropathies induites par les agents
pathogènes (les maladies) (il suggère la possibilité que Franklin D.
ROOSEVELT ait souffert de ce trouble), ainsi que certains personnages
épileptiques (il cite CESAR et NAPOLÉON).

Les troubles héréditaires sont : la schizoïdie ou psychopathie
schizoïdique, la psychopathie essentielle, la psychopathie asthénique,
la psychopathie anankastique, hystérique et skirtoïde, et les individus
qu’il qualifie de «  chacals », c’est-à-dire ceux qui finissent
comme tueurs à gages ou mercenaires. LOBACZEWSKI conjecture que ce
dernier type est un mélange des autres types. Pour donner une idée, je
vais juste évoquer deux types.

La psychopathie schizoïde est une déviance qui engendre des personnes
hypersensibles et méfiantes qui ne tiennent aucun compte des sentiments
des autres. Elles sont attirées par les idées grandiloquentes, mais
leur nature psychologique appauvrie limite gravement leurs perceptions
et transforment leurs soi-disant « bonnes intentions » en influences favorisant le mal. Leur idée de la nature humaine finit par pervertir leurs tentatives.

Comme le dit LOBACZEWSKI, l’expression typique de leur attitude envers l’humanité se retrouve dans ce qu’il appelle la « déclaration schizoïdique » : « La
nature humaine est si mauvaise que dans la société humaine, l’ordre ne
peut être maintenu que par un pouvoir fort créé par des individus
hautement qualifiés au nom d’une idée supérieure
 ». Combien de
mouvements contemporains, du fascisme au communisme en passant par le
néo-conservatisme, sont fondés sur cette idée ! On pourrait facilement
imaginer que cette déclaration vient de Leo STRAUSS, par exemple.

Les psychopathes essentiels sont ceux qui se rapprochent le plus de
l’idée de la psychopathie examinée par CLECKLEY, HARE, BALBIAK et
d’autres. LOBACZEWSKI fait cette remarque effrayante : « Ils
apprennent à se reconnaître dans une foule dès l’enfance, et ils
développent la conscience de l’existence d’autres individus similaires à
eux. Ils prennent également conscience de leur différence par rapport
au monde des personnes qui les entourent. Ils nous voient avec un
certain recul, comme une variété para spécifique
 ».

Pensez aux implications de cette déclaration : Ils sont, dans une
certaine mesure, conscients d’appartenir à un groupe, et ce, même depuis
l’enfance ! Reconnaissant leur différence fondamentale par rapport au
reste de l’humanité, leur allégeance serait envers ceux de leur espèce,
c’est-à-dire les autres psychopathes.

LOBACZEWSKI fait remarquer que, dans toute société, les individus
psychopathiques créent souvent un réseau actif de collusions communes,
séparé dans une certaine mesure de la communauté des gens “normaux”. Ils
sont conscients d’être différents. Leur monde est éternellement divisé
selon le mode « eux et nous » ; leur monde avec ses propres lois et coutumes, et l’autre « monde étranger »
des gens “normaux” qu’ils considèrent comme rempli d’idées et de
coutumes présomptueuses sur la vérité, l’honneur et la décence, à la
lumière desquels ils se savent moralement condamnés.

Leur propre sens déformé de l’honneur les pousse à tromper et à
injurier les non-psychopathes et leurs valeurs. En contradiction avec
les idéaux des gens normaux, les psychopathes ressentent comme un
comportement normal le fait de rompre les promesses et les accords. Non
seulement ils convoitent les biens et le pouvoir et les revendiquent
comme un droit, simplement parce qu’ils (les psychopathes) existent et
qu’ils peuvent se les approprier, mais ils prennent aussi un plaisir
particulier à spolier autrui et usurper leurs biens ; ce qu’ils peuvent
plagier, escroquer et extorquer sont des fruits bien plus savoureux que
ceux qu’ils peuvent récolter par un travail honnête. Ils réalisent aussi
très tôt à quel point leurs personnalités peuvent avoir des
conséquences traumatisantes sur les personnalités des non-psychopathes,
et apprennent comment tirer avantage de cette source de terreur afin
d’atteindre leurs objectifs.

À présent imaginez à quel point les êtres humains qui sont totalement
ignorants du sujet pourraient être abusés et manipulés par ces
individus s’ils étaient au pouvoir dans différents pays, feignant d’être
loyaux envers les populations locales tout en insistant sur les
différences physiques évidentes et facilement discernables entre groupes
(telles que la race, la couleur de peau, la religion, etc.). Les
humains psychologiquement normaux seraient dressés les uns contre les
autres sur la base de différences insignifiantes tandis que les déviants
au pouvoir, dont la différence fondamentale par rapport au reste
d’entre nous est l’absence de conscience, l’incapacité à éprouver des
sentiments pour un autre être humain, récolteraient les bénéfices et
tireraient les ficelles.

Je pense que cela décrit de façon assez juste la situation à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui.

Silvia CATTORI : Pouvez-vous donner des exemples à même de nous aider à comprendre le problème de manière plus générale ?

Henry : A. LOBACZEWSKI nous offre une analyse de la
manière dont les différents types de psychopathes travaillent de concert
pour former un système au sein duquel les personnes cliniquement
pathologiques détiennent les clés du pouvoir et dirigent les gens
psychologiquement normaux.

Au début du livre, LOBACZEWSKI décrit ses expériences à l’université,
où il rencontra le phénomène pour la première fois. Il se rendit à la
bibliothèque pour emprunter quelques livres traitant de la psychopathie
et découvrit avec étonnement qu’on les avait tous retirés ! Ce fait
démontre qu’ils sont conscients de leur différence, au moins certains
d’entre eux, et dans le cas de la Pologne sous le communisme, ces
individus conscients de leur différence étaient suffisamment haut placés
et avaient suffisamment de pouvoir pour faire retirer les livres de la
bibliothèque universitaire. Laura nous a dit que ce passage lui avait
fait dresser les cheveux sur la tête ! Les implications de ce fait sont
d’une portée considérable pour la compréhension de notre monde, de la
façon dont il en est arrivé là, et de ce qu’il nous faut faire pour le
changer.

Mais voici quelques exemples de comportement psychopathique rapportés
par d’autres auteurs : Une mère joue à cache-cache avec sa fille de 4
ans. Elle tient un grand couteau de cuisine dans la main. Elle dit à sa
fille : « je vais compter jusqu’à cent, et si je te trouve, alors je te couperai les pouces ».
La petite fille, terrifiée, se cache dans son placard, et la mère — qui
sait que c’est probablement l’endroit où elle se cache — la laisse là,
terrifiée, effrayée, traumatisée, jusqu’à la fin du jeu. Quand la mère
ouvre la porte, elle se penche sur sa fille et entaille la peau d’un de
ses pouces.

Une famille a deux fils. L’un d’eux se suicide avec un fusil de
chasse. Le Noël suivant, les parents offrent ce même fusil à leur autre
fils comme cadeau de Noël. Quand on leur demande pourquoi, ils
répondent : « C’était une arme excellente ».

Comment un tel comportement peut-il être compatible avec un système
de croyance qui nous dit que nous avons tous une étincelle divine en
nous, ou que tout le monde a une conscience ? Pouvez-vous imaginer faire
de telles choses à vos propres enfants ?
Notre système de morale ne
nous donne aucun moyen de traiter cette maladie. Elle doit être
comprise pour ce qu’elle est. Ces personnes ne peuvent être «  soignées »

Imaginez ce même individu au pouvoir, et vous serez en mesure
d’expliquer des scandales comme celui d’Enron. HARE rapporte des cas de
psychopathes qui s’en prennent aux personnes âgées. Imaginons qu’une
personne âgée ait été escroquée des économies de toute une vie —
manifestement par un psychopathe. Un autre psychopathe contactera la
victime, se faisant passer pour un avocat qui, moyennant finance, pourra
récupérer son l’argent. La victime empruntera alors de l’argent à un
ami ou un proche et le perdra au profit de l’avocat marron.

Laura : Un des facteurs principaux à prendre en
compte dans la façon dont une société peut être accaparée par un groupe
de déviants pathologiques est que la seule limitation est celle de la
participation d’individus prédisposés au sein de cette société. Pour les
déviants les plus actifs, LOBACZEWSKI donne le chiffre approximatif de
6% en moyenne sur une population donnée. Bien sûr, ce chiffre varie
selon les pays, en fonction de nombreuses variables. La société
occidentale offre un large choix d’individus prédisposés.

Le psychopathe essentiel est au centre de la toile. Les autres
psychopathies et caractéropathies décrites par LOBACZEWSKI et d’autres
forment le second niveau du Système de Contrôle Pathologique, et il est
important de noter qu’ils sont bien plus nombreux que les psychopathes
essentiels. Ainsi, ce groupe représente-t-il environ 6% d’une population
donnée.

Le niveau suivant d’un tel système est composé d’individus qui sont
nés normaux, mais qui sont déjà déformés par une exposition à long terme
à des éléments psychopathiques via les influences familiales ou
sociales, ou qui, par quelque faiblesse psychique, ont choisi de
satisfaire aux exigences de la psychopathie pour leurs propres buts
égocentriques. En termes de chiffres, selon LOBACZEWSKI, ce groupe
représente environ 12% d’une population donnée dans des conditions
normales ; il est difficile, comme le fait remarquer LOBACZEWSKI, de
tracer une frontière précise entre ces derniers types et les déviants
génétiques sans l’apport d’une science authentique et
non-psychopathique. À l’heure actuelle, les distinctions ne peuvent être
que descriptives.

Il se trouve donc que 18% d’une population donnée oeuvrent activement
à la création et à la domination d’une pathocratie (ou font des
tentatives qui vont dans ce sens). Le groupe de 6% constitue la noblesse
pathocratique, et le groupe de 12% forme la nouvelle bourgeoisie, dont
la situation économique est des plus avantageuses.

Une fois établi, le système psychopathique élitiste ronge tout
l’organisme social, gâchant les compétences et pouvoirs de celui-ci. Une
fois qu’une pathocratie a été établie, elle suit un certain chemin et
possède certains pouvoirs «  attractifs ». Dans une pathocratie,
le système socio-économique émane de la structure sociale créée par le
système du pouvoir politique, qui est un produit de la vision du monde
élitiste propre aux déviants pathologiques. Ainsi, on peut dire que la
pathocratie ressemble à un processus de maladie macrosociale créé par
des agents pathogènes humains, et elle peut en venir à affecter une
nation entière à un degré équivalent à un cancer qui diffuse ses
métastases. La maladie macrosociale de la pathocratie suit exactement le
même modèle que le cancer qui évolue dans un organisme en suivant un
processus pathodynamique caractéristique.

Il est impossible de comprendre un tel phénomène pathologique en utilisant les méthodes des gens « normaux »
qui ne prennent pas en compte les processus de pensée déviants des
agents pathogènes humains. On pourrait certainement dire que le monde
entier est gouverné par une « pathocratie cachée » (ou
cryptopathocratie) depuis très longtemps. De nombreux chercheurs
suggèrent qu’il y a toujours eu un « gouvernement secret » opérationnel
même si le gouvernement « officiel » n’est techniquement pas une
pathocratie. On peut suggérer que les psychopathes sont techniquement
TOUJOURS en coulisse, même au cours des cycles historiques qui ne sont
PAS des pathocraties (c’est à dire les « bonnes périodes » que LOBACZEWSKI décrit comme la fondation d’un cycle hystéroïde qui ouvre la porte à une pathocratie à découvert).

Si nous utilisons le terme pathocratie à la place de « loi du gouvernement secret », alors toute l’Histoire devient une « pathocratie » et le mot perd son sens, il est donc important de noter que le terme « pathocratie »
est le phénomène spécifique représentant une conséquence de l’hédonisme
des bonnes périodes, et qu’elle est caractérisée par (100) cent% de
psychopathes essentiels exerçant ouvertement des fonctions de
commandement, comme c’est arrivé en Allemagne nazie, en Russie
communiste et en Europe de l’Est. Et, dois-je ajouter, comme cela se
produit actuellement.

On ne peut réellement qualifier les questions auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, qui ont trait aux « politiques »,
en utilisant les termes usuels des idéologies politiques, car, comme
nous l’avons souligné plus haut, les déviants pathologiques opèrent sous
un masque, en utilisant la tromperie et autres tactiques de
manipulation psychologiques qu’ils pratiquent avec une grande
ingéniosité.

Si nous pensons ou croyons qu’un groupe politique portant tel ou tel
nom est hétérogène eu égard à sa vraie nature, nous ne serons pas
capables d’identifier les causes et propriétés de la maladie. N’importe
quelle idéologie sera utilisée pour dissimuler les caractéristiques
pathologiques aux experts comme aux gens ordinaires.

Ainsi, tenter de se référer à ceci ou cela comme étant de « gauche »
ou de « droite » ou « socialiste », « démocratique », « communiste »,
« démocrate » ou « républicain », etc., ne nous aidera jamais à
comprendre l’autoreproduction pathologique et ses influences externes
expansionnistes. Comme le dit LOBACZEWSKI, « Ignota nulla curatio
morbi [http://www.silviacattori.net/article328.html#nb8″>8] » ! Aucun mouvement ne réussira jamais s’il ne tient pas compte de la psychopathie et de la ponérologie !

Ceci est la PREMIERE PARTIE d’un texte qui en comporte TROIS  :

  Passage à la DEUXIÈME PARTIE  :
http://www.silviacattori.net/article330.html

  Passage à la TROISIÈME PARTIE  :
http://www.silviacattori.net/article331.html

Traduit de l’Anglais par Henri R. pour Futur Quantique

NOTES
[1] A. ŁOBACZEWSKI. Ponérologie politique : étude de la genèse du mal appliqué à des fins politiques. Les Éditions Pilule rouge.

[2]
Les deux premiers manuscrits furent perdus, comme il le décrit dans la
préface. Le premier fut brûlé quelques minutes avant l’arrivée de la
police lors d’une perquisition à son domicile, et le deuxième fut envoyé
au Vatican via un intermédiaire dont on n’entendit plus jamais parler.
La troisième version, celle publiée par « Red Pill Press », fut écrite
lorsqu’Andrzej vivait aux États-Unis durant les années Reagan. Zbigniew
BRZESZINKI avait proposé de l’aider à trouver un éditeur, mais après
plusieurs mois, il devint clair qu’au mieux, il ne faisait rien, et
qu’au pire, il s’employait activement à faire en sorte que l’oeuvre ne
soit jamais publiée.

[3] Without Conscience [Sans conscience — NdT] de Robert HARE, The Mask of Sanity [Le masque de santé mentale — NdT] de Hervey CLECKLEY, et Snakes in Suits [Des serpents en costume-cravate — NdT] de HARE et Paul BABIAK

[4] PCL-R : Psychopathy Checklist — Revised : liste des caractéristiques psychopathiques — NdT

[5] Il existe une controverse qu’il faut expliquer si l’on veut comprendre les possibilités de détection.
D’un
côté de la controverse, on trouve la description traditionnelle de la
psychopathie dérivée de l’ancienne tradition européenne mentionnée par
LOBACZEWSKI, combinée à la tradition nord-américaine d’Hervey CLECKLEY,
Robert HARE et d’autres. Elle s’accorde généralement avec l’expérience
des psychiatres, psychologues, personnel de justice criminelle,
psychopathologistes expérimentaux, et même des membres du public profane
qui ont personnellement eu affaire à la psychopathie.
De l’autre
côté de la controverse, on trouve un mouvement « néo-kraepelinien »
(d’après Emil KRAEPELIN, psychiatre allemand,1856-1926, considéré comme
le fondateur de la psychiatrie scientifique moderne. — NdT) dans le
psychodiagnostic, mouvement étroitement associé aux recherches menées
par l’université de Washington, à St Louis, dans le Missouri. Ce dernier
point de vue est très étroitement aligné sur le critère de diagnostic
du manuel psychiatrique américain connu sous les noms de DSM-III,
DSM-III-R, et DSM-IV (DSM : Diagnostic and Statistical Manual of Mental
Disorders (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) —
NdT). L’approche fondamentale de cette école est que l’évaluation d’un
psychopathe repose presque entièrement sur des comportements connus ou
observables en public, ce qui va directement à l’encontre de ce que l’on
sait concrètement au sujet des psychopathes : leur capacité à
dissimuler leur véritable nature. L’argument avancé est qu’un clinicien
est incapable d’évaluer avec fiabilité des caractéristiques
interpersonnelles ou affectives. Une autre supposition est que la
délinquance précoce est un symptôme capital d’ASPD (Antisocial
Personality Disorder : trouble de la personnalité antisociale — NdT).
Cela tend à mettre lourdement l’accent sur le comportement délinquant ou
antisocial, c’est-à-dire des comportements publiquement observables qui
n’ont peut-être aucun rapport avec la structure interne de l’individu.
Quoiqu’il
en soit, le DSM-III a établi que les psychopathes appartenaient à la
classification « Troubles de la personnalité antisociale ».
Les
critères du DSM-III pour l’ASPD ont été établis par un comité
appartenant au groupe de travail sur le DSM-III de l’Association
américaine de psychiatrie, et ont été légèrement modifiés par un autre
comité pour le DSM-III-R. Les critères du DSM-IV ont aussi été établis
par un comité, en faisant peu de cas de la recherche empirique. Ces
critères se focalisent moins sur le comportement, et donc, ils
ressemblent quelque peu aux critères établis pour d’autres troubles
DSM-IV de la personnalité.
En raison des problèmes posés par le
diagnostic DSM-III et DSM-III-R d’ASPD, l’Association américaine de
psychiatrie a effectué un essai multi-sites pour collecter des données
en préparation du DSM-IV. Les essais sur le terrain étaient destinés à
déterminer si les traits de personnalité pouvaient être inclus dans les
critères pour l’ASPD — qui ne reposent que sur les comportements
publiquement observables — sans en réduire la fiabilité. L’intention des
cliniciens qui firent pression en faveur de cette étude était de
ré-aligner l’ASPD sur la tradition clinique et de mettre fin à la
confusion entre ASPD et psychopathie.
Les résultats des observations
sur le terrain démontrèrent que la plupart des traits de personnalité
reflétant les symptômes de la psychopathie étaient aussi fiables que les
modèles spécifiques de comportement du DSM-III-R, invalidant ainsi
l’hypothèse originelle proposant d’exclure la personnalité du diagnostic
d’ASPD / psychopathie.
Mieux, les résultats démontrèrent que le
PCL-R de Hare mesurait concrètement la tendance latente à la
psychopathie sous toutes ses formes ! Des analyses similaires des
données rassemblées lors des essais sur le terrain montrèrent que les
critères d’ASPD distinguaient moins bien le caractère psychopathique,
particulièrement lorsqu’il atteignait des niveaux élevés ! Autrement
dit, le critère d’ASPD établi par le DSM-III-R fut conçu —
intentionnellement ou non — pour exclure les psychopathes les plus
psychopathiques !
Malgré le fait que cette étude, ait permis
d’établir une base empirique pour ajouter dans le DSM-IV des critères
d’ASPD liés au contenu, cela ne fut pas pris en compte ; les critères
adoptés pour le DSM-IV ne furent même pas évalués dans les essais sur le
terrain.
La description textuelle de l’ASPD présente dans le DSM-IV
(qui nous dit que l’ASPD est « aussi connu sous le nom de
psychopathie ») contient des références aux caractéristiques
traditionnelles de la psychopathie, mais sur de nombreux points, elle
n’est pas conforme aux critères de diagnostic formels.
Une des
conséquences de l’ambiguïté inhérente aux critères d’ASPD/psychopathie
du DSM-IV est qu’elle laisse la porte ouverte à des procès au cours
desquels un clinicien peut dire que l’accusé satisfait à la définition
d’ASPD présente dans le DSM-IV, et un autre clinicien peut dire le
contraire, et les deux peuvent avoir raison ! Le premier clinicien peut
exclusivement utiliser les critères de diagnostic formels, tandis que le
second clinicien peut dire « oui, l’accusé satisfait peut-être aux
critères formels, mais il ou elle ne possède pas les traits de
personnalité décrits dans la section « Caractéristiques associées » du
texte du DSM-IV ». Autrement dit, un bon psychopathe avec un bon avocat
peut commettre n’importe quel crime et s’en tirer à bon compte. Cet
échec du DSM-IV à différencier entre psychopathie et ASPD peut avoir (et
aura sans aucun doute) de très graves conséquences pour la société.

[6]
ERP : Event Related Potential, Potentiel Évoqué en français (PE). En
électroencéphalographie, un potentiel évoqué désigne le signal
électrique produit par le système nerveux en réponse à une stimulation
externe (son, lumière) ou interne (prise de décision, préparation
motrice). Ce signal étant en général très faible, il est nécessaire de
répéter l’enregistrement un grand nombre de fois de façon à moyenner
toutes ces mesures et à obtenir une caractérisation du potentiel évoqué
qui soit fiable. Source : Wikipédia — NdT

[7]
La tâche de décision lexicale est une expérience comportementale,
c’est-à-dire une expérience visant l’exploration psychologique d’un
comportement. Elle consiste à présenter des mots ou des pseudomots
(chaînes de caractères qui respectent les règles phonotactiques de la
langue, comme cateau). On demande alors aux sujets de répondre le plus
rapidement et le plus précisément possible si c’est un mot ou un
pseudomot. Cette tâche peut être visuelle ou auditive. Source :
Wikipédia — NdT

[8] On ne peut guérir ce que l’on ne connaît pas — Ndt

http://desiebenthal.blogspot.ch/2013/10/le-financement-par-la-creation-monetaire.html

Un Kerviel = 5 milliards

Kerviel a vu le Pape à Rome et décide de rentrer à Paris à pied, soit un périple d’environ 1400 kilomètres.


Le pape François: «Non à une monnaie qui règne, au lieu de servir»

Dans son encyclique «Evangeliigaudium», le
pape François fustige le règne de la monnaie et fournit ainsi une bonne
justification pour l’initiative de la monnaie pleine.…plus loin
http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9r%C3%B4me_Kerviel

L’affaire Kerviel : annulation de la condamnation civile

La Cour de cassation a confirmé, dans un arrêt du 19 mars 2014, la
condamnation de l’ex-trader de la Société générale à une peine
de trois ans de prison pour abus de confiance, faux et usage de faux
et introduction frauduleuse de données dans un système informatique. (…)

L’affaire Kerviel : annulation de la condamnation civile


La Cour de cassation a confirmé, dans un arrêt
du 19 mars 2014, la condamnation de l’ex-trader de la Société générale à
une peine de trois ans de prison pour abus de confiance, faux et usage
de faux et introduction frauduleuse de données dans un système
informatique. Elle a en revanche cassé la condamnation civile de 4,9
milliards d’euros de dommages et intérêts dus à la banque. La Cour a, en
effet, estimé que la cour d’appel n’avait pas respecté le principe
selon lequel « lorsque plusieurs fautes ont concouru à la production
du dommage, la responsabilité de leurs auteurs se trouve engagée dans
une mesure dont l’appréciation appartient souverainement aux juges du
fond ».

La cour d’appel de Paris avait condamné l’ex-salarié de la Société
générale à verser des dommages-intérêts correspondant à l’intégralité du
préjudice financier, celui-ci ayant été considéré comme l’unique
concepteur et réalisateur de la fraude ayant provoqué le dommage. Or,
elle avait pourtant constaté l’existence et la persistance d’un défaut
hiérarchique, ayant permis la réalisation de la fraude et concouru à la
production du dommage ainsi que l’absence de profit personnel de
l’ex-trader. La Cour de cassation reproche donc aux juges d’appel de ne
pas avoir pris en considération la faute de la banque dans l’évaluation
du dommage à réparer.
Dans son communiqué, la Cour de cassation explique que « la chambre
criminelle fait ainsi application de la jurisprudence de la chambre
mixte du 28 janvier 1972, de la jurisprudence des chambres civiles et de
sa propre jurisprudence relative aux infractions volontaires et
involontaires contre les personnes, selon lesquelles, lorsque plusieurs
fautes ont concouru au dommage, la responsabilité de leurs auteurs se
trouve engagée dans une mesure qu’il appartient aux juges du fond de
déterminer. Ainsi, quelle que soit la nature des infractions commises,
les juridictions pénales qui constatent l’existence d’une faute de la
victime ayant concouru au dommage sont amenées à en tirer les
conséquences sur l’évaluation du montant de l’indemnité due à cette
dernière par le prévenu. ».

L’arrêt du 24 octobre 2014 de la cour d’appel de Paris est donc annulé
en ses seules dispositions relatives à l’action civile et l’affaire est
renvoyée devant la cour de Versailles.

M. Jérôme X…, L’association Halte à la corruption, à la censure, au despotisme et à l’arbitraire / Ministère public

Cour de cassation, Chambre criminelle Arrêt du 19 mars 2014

fraude informatique

abus de confiance

traitement automatisé de données

introduction frauduleuse

faux

usage de faux

Statuant sur les pourvois formés par M. Jérôme X…,
l’association Halte à la corruption, à la censure, au despotisme et à
l’arbitraire, partie civile, contre l’arrêt de la cour d’appel de Paris,
chambre 5-12, en date du 24 octobre 2012, qui, pour abus de confiance,
introduction frauduleuse de données dans un système de traitement
automatisé, faux et usage, a condamné le premier à cinq ans
d’emprisonnement, dont deux ans avec sursis, et a prononcé sur les
intérêts civils ;

DISCUSSION

Joignant les pourvois en raison de la connexité ;
Sur le pourvoi de l’association Halte à la corruption, à la censure, au despotisme et à l’arbitraire (HCCDA)
Attendu qu’aucun moyen n’est produit ;
Sur le pourvoi de M. X.
Vu les mémoires en demande, en défense et les observations complémentaires produits ;
Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 6
§ 1 de la Convention européenne des droits de l’homme, préliminaire,
513, 591 et 593 du code de procédure pénale ;
“en ce qu’il résulte des mentions de l’arrêt que le rapport de
l’affaire a été fait par la présidente de la cour d’appel lors des
audiences du 4 juin au 13 juin, en plusieurs temps, à chaque fois
entrecoupé de l’audition du prévenu et des parties civiles ;
“alors que le rapport, qui a pour objet de faire connaître aux juges
d’appel les éléments de la cause sur laquelle ils auront à se prononcer,
est une formalité substantielle dont l’accomplissement constitue un
préliminaire indispensable à tout débat équitable et impartial ; qu’en
l’espèce, en ne présentant pas son rapport dans sa totalité, d’un seul
tenant avant tout débat, mais au fur et à mesure des audiences, en cinq
parties distinctes, la présidente a imposé au pré venu de limiter pour
chacune de ces audiences sa défense aux éléments du rapport que ce
magistrat avait discrétionnairement choisis sauf à imposer aux membres
de la cour d’entendre le prévenu et ses avocats s’exprimer sur des
points qui n’avaient pas été encore abordés ; que méconnaît les textes
conventionnels et internes visés une telle pratique qui aboutit à
contraindre la défense du prévenu en lui imposant un cadre qui résulte
du tronçonnement arbitraire des éléments de faits choisis par le
président dans une affaire particulièrement complexe” ;
Attendu que les énonciations de l’arrêt mettent la Cour de cassation
en mesure de s’assurer que la formalité du rapport, à laquelle il a
commencé d’être procédé dès ta première audience du 4 juin 2012, a
précédé le débat au fond, conformément aux prescriptions de l’article
513, alinéa 1er, du code de procédure pénale ; qu’il n’importe que le
rapport sur les faits ait été accompli en plusieurs fois, en fonction du
déroulement des débats ;
D’où il suit que le moyen doit être écarté ;
Sur le deuxième moyen de cassation, pris de la violation des articles
314-1 du code pénal, L. 511-40 et L. 511-41 du code monétaire et
financier, 5, 7-1, 9, 13 c, 14 a, 32, 32-1, 34, 5 a, 40, 44 du règlement
n 97-02 du 21 février 1997 relatif au contrôle interne des
établissements de crédit et des entreprises d’investissement, 365 c de
l’arrêté du 20 février 2007 relatif aux exigences de fonds propres
applicables aux établissements de crédit et aux entreprises
d’investissement, 591 et 593 du code de procédure pénale ;
“en ce que la cour d’appel a déclaré M. X… coupable d’abus de confiance ;
“aux motifs que M. X… est poursuivi pour :
“avoir à Paris et à la Défense, au cours des années 2005, 2006, 2007
et jusqu’au 19 janvier 2008, en tout cas sur le territoire national et
depuis temps non prescrit, détourné au préjudice de la Société générale,
des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui avaient été remis
et qu’il avait acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou
d’en faire un usage déterminé, au mépris des prérogatives qui lui
étaient confiées et au-delà de la limite autorisée, fixée à 125 millions
d’euros pour le “desk” Delta One, en utilisant des moyens remis par la
banque aux fins d’opérations à haut risque dépourvues de toute
couverture alors qu’ils devaient être employés exclusivement dans le
cadre d’opérations d‘animation (market making) et de couverture en
risque des produits dérivés, d’arbitrage pour compte propre sur les
turbos warrants émis par les établissements concurrents et de prise de
positions directionnelles “ab initio” encadrées en Intraday” ; qu’il est
constant que M. X… a été affecté en qualité de trader junior à
compter de janvier 2005 au sein du desk “Delta One” de GEDS, dont
l’activité était l’arbitrage ; qu’il s’était vu ainsi attribuer par la
banque un ensemble de matériel de trading (poste informatique, matériels
de communication, accès au système informatique Eliot) lui donnant
pouvoir de conclure en son nom des opérations financières – passage
d’ordres par l’intermédiaire d’un automate, soit directement soit au
contact d’interlocuteurs extérieurs au desk par l’intermédiaire de
moyens de communication équipant son poste de travail – et d’engager des
fonds au fins den faire un usage déterminé sur le marché ; qu’il est
tout aussi constant, ainsi qu’il a été développé supra, que les
activités qui lui avaient été confiées au sein du desk “Delta One”
consistaient à l’origine en un mandat d’animation de marché
(market-making) et de couverture des risques des turbos warrants émis
par la Société générale, étendues à partir de janvier 2007 à un mandat
d’arbitragiste pour compte de la banque sur les turbos warrants émis par
les établissements financiers concurrents ; activités qui ne
présentaient que peu de risque pour son employeur dans la mesure où
elles impliquaient que toute position prise soit couverte par une
position de sens inverse ; que si, certes, ces deux activités pouvaient
le conduire, par le jeu de la désactivation de certains warrants, à se
trouver en position ouverte sur les marché, il devait assurer la
couverture de ses positions dans les meilleurs délais, et en tout cas
dans un délai qui ne pouvait excéder quelques heures, dans la même
journée ; que cette obligation lui avait été rappelée, dans le “cahier
des procédures trading – DEAl”, en ces termes : “les intérêts de la
Société générale doivent être défendus, en particulier, nos opérations
doivent être couvertes. La meilleure ligne de conduite est de se trouver
en situation de pouvoir justifier sa position a posteriori (être de
bonne foi) et de montrer une intention d’être professionnel ce qui
implique de ne pas chercher à gagner de l’argent en faisant décaler le
marché. Il est indispensable de prévenir le compliance officer avant une
opération d’envergure. Dans le cas des produits spécifiques (options à
barrière, reverse convertible) il convient de valider avec son
responsable hiérarchique les modalités de couverture” ; qu’il est non
contesté par ce dernier, qu’il s’était engagé aux termes d’une
déclaration écrite de janvier 2006 à respecter les règles contenues dans
ce document ; que, dès lors, M. X… ne peut se retrancher derrière le
fait qu’il ne l’avait pas lu pour s’en extraire, ce qui démontre en
l’occurrence sa désinvolture vis à vis des consignes édictées par son
employeur ; que comme les premiers juges l’ont pertinemment relevé,
l’absence de mandat écrit ne saurait faire présumer l’absence de
délimitation au domaine d’intervention de M. X…, la Commission
bancaire pour l’a voir regretté ayant cependant noté “les attentes de sa
hiérarchie et les objectifs financiers fixés au trader étaient
néanmoins explicitement énoncés dans les fiches d’évaluation de fin
d’année 2006 et 2007 “ ; qu’en effet, ainsi qu’il a été exposé
ci-dessus, que dans ses évaluations de 2005, 2006 et 2007, auxquelles il
participait, était rappelé sans ambiguïté “gestion et développement de
la gamme des produits listés Delta One en particulier de la gamme des
turbos – migration et fiabilisation des process de gestion des turbos,
développement business Allemagne, Finlande UK….arbitrage turbos
concurrence – spécification et mise en place gestionnaire globale des
turbos” ; qu’il n’était nulle part évoqué une activité de trading
directionnel “ab intio” ; qu’il convient d’ailleurs de souligner, que
M. X…, tant dans ses conclusions que lors de ses auditions, se réfère à
chaque fois à son mandat initial de “market-maker” et de “trader” sur
les turbos warrants de la concurrence pour justifier la connaissance par
sa hiérarchie de ses positions frauduleuses à raison de son résultat de
55 millions d’euros, et des écarts passerelles qui avaient trait à des
milliers de contrats à chaque fois qui étaient sans rapport avec le dit
mandat à raison de leur importance ; qu’il s’en déduit à l’évidence que
ce dernier n’avait aucun doute quant à la délimitation de ses activités
qui lui avaient été attribuées par son employeur et ne peut dès lors
arguer du caractère flou du mandat qui lui avait été confié, ce dernier y
faisant constamment référence ; qu’il est constant que son mandat
excluait toute prise de position directionnelle “ab initio” à
l’exception des positions directionnelles liées à la couvertures ou à la
désactivation des turbos warrants de la Société générale ou de la
concurrence et ce pendant un temps très court, quelques heures au
maximum dans la même journée ; qu’également M. X… était astreint,
comme tout trader, au respect des limites de risque de marché arrêtées
par la direction GEDS et le service “Risque de marché”, qui en
l’occurrence pour le desk “Delta One” étaient fixées collectivement à 75
millions d’euros puis à 125 millions d’euros, à compter de janvier
2007 ; qu’il est indéniable que cette limite qui s’appliquait
collectivement à l’ensemble du desk, a fortiori, s‘imposait à chaque
trader individuellement ; que d’ailleurs “le cahier des procédures de
trading -Deal”- attirait l’attention du trader sur l’importance de
prendre en compte le risque de marché en ces termes “le risque principal
que gère le trader est le risque de marché. Chaque trader doit avoir
connaissance des limites de risque de marché qui lui sont octroyées par
son risk manager et être capable d’exhiber un document reprenant les
limites de risque de l’activité à laquelle il appartient” ; qu’il est
établi que cette limite de 125 millions s’appliquait impérativement aux
traders pour les positions “extrada y” et, que journellement, tout
dépassement de cette limite était notifié au “risk manager” et aux
traders composant le desk aux fins de couvrir ou annuler les positions
ayant exposé la banque au risque signalé ; qu’il est incontestable que
M. X… connaissait cette limite pour avoir reçu les dits mails et y
avoir répondu ainsi qu’il a été développé ci-dessus ; que ce dernier a
d’ailleurs reconnu tout au long de l’instruction l’existence de cette
limite pour avoir déclaré : “il ne fallait pas dépasser la limite
globale de 125 millions d’euros pour le desk” et, pour avoir, à la
question du magistrat instructeur ‘en quoi le fait de masquer les
positions réelles vous permettait-il de garder vos positions le plus
longtemps possible’, répondu, “pour respecter la pseudo-limite des 125
millions. Si je na vais pas masqué, on m’aurait probablement fait couper
ma positon” ; que devant les premiers juges il indiquait : “on recevait
un mail tous les matins.., toute l’équipe, toute la hiérarchie y
compris moi avions connaissance des mails” ; qu’au demeurant, ainsi
qu’il a été développé infra l’ensemble de sa hiérarchie, a soutenu que
l’équipe “Delta One” ne pouvait porter un risque directionnel en fin de
journée supérieur à 125 millions d’euros ; que de même cette limite
était admise par les traders, de ce desk, tel M. Y…” : une limite
globale de 125 millions d’euros est accordée pour l’ensemble du desk, à
cet effet à chaque dépassement constaté nous recevons un mail des
risques à l’échelle du desk” et par l’assistant trader M. Z… : ‘ce
sont les cellules de risques qui tirent la sonnette d’alarme si la
limite de 125 millions d’euros est dépassée ; que devant les premiers
juges M. X… a concédé qu’il n’entrait pas dans sa mission de prendre
des positions spéculatives sur plusieurs jours ajoutant cependant ‘je
l’ai fait car je gagnais de l’argent au vu et au su de tout le monde
(page 45 note d’audience) et a admis qu’il était “allé trop loin dans
son mandat”, bien qu’il l’estimait flou ; qu’il est constant que
s’agissant des positions ouvertes, en fin de journée la limite
collective de 125 millions d’euros s’imposait à M. X… comme à tous lés
autres traders, qui devaient immédiatement couvrir leur position ou
l’abandonner quand bien même ils agissaient dans le cadre de leur
mandat ; qu’il a été admis par la hiérarchie de M. X…, notamment par
MM. A.. que bien qu’il n ‘entrait pas dans les attributions de celui-ci
de prendre des positions directionnelles “ab initio”, il existait une
tolérance s’agissant des positions prises et débouclées dans la journée
qui faisaient courir un risque limité à la banque ; qu’ainsi, M. B… a
reconnu avoir vu le prévenu prendre sur l’automate de M. Y…, pour la
formation de ce dernier, des positions “intraday” qui duraient quelques
heures et dégageaient un résultat de plusieurs centaines de milliers
d’euros, ce que confirmait M. Y…, qui déclarait avoir constaté que
M. X… en présence de M. H…, avait pris sur son automate des
positions débouclées dans la journée en “intraday” portant sur 200 ou
300 contrats ; que M. C… indiquant quant à lui l’avoir vu “spielé en
intraday” au su du management avec un maximum de l’ordre de 30 à 50
millions d’euros ; que dans ce cadre, M. D… (N+1 du prévenu courant
2005/2006) avait souligné : “Jérôme avait le droit de prendre des
positions directionnelles limitées à 1 million d’euros sur la journée..,
un mois après (affaire Allianz) ses limites ont été augmentées à 5
millions d’euros. 1 million c’est une limite junior, la limite standard
est à 5 millions ; limites connues de M. X. qui a reconnu “ma limite a
été augmentée de I à 5 millions euros de mémoire” ; qu’il est apparu que
cette limite avait suivi l’évolution des volumes d’activité du desk qui
avait progressé en 2007, mais devait rester cependant marginale et
encadrée ; qu’à ce titre seront rappelées les déclarations du pré venu
qui a précisé que s’il ne se cachait pas de sa hiérarchie pour prendre
des positions “intraday” pour 400 ou 500 futures (30 à 50 millions
environ), s’agissant de la vingtaine de positions pour un maximum de 6
000 ou 7 000 futures (600 millions au minimum) il n’en avait parlé à
personne ; qu’il s’en déduit que s’il existait une tolérance de la
hiérarchie de M. X… à savoir de son N+1, s’agissant de la prise de
positions directionnelles en “intraday”, celle-ci se limitait à 300 à
500 contrats ; qu’à ce titre seront rappelées la déposition de M. E…
(N+7) devant les premiers juges :
“les limites s‘appliquaient tout autant aux positions in traday et extra
day, pour Delta One c’était 125 millions, s’il y avait une tolérance
c’est une erreur. Les traders ne jouent pas ils travaillent” ; que
M. X… ne peut tirer argument de cette tolérance pour justifier la
prise de positions directionnelles “ab initio”, en dehors de son mandat,
et de la limite des 125 millions en “extraday” sur plusieurs jours,
plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour des montants de plusieurs
milliards, ce qui faisait courir un risque considérable à son
employeur, qualifié de “létal” par le président de la Société générale
M. F…, positions qu’il avait au demeurant dissimulées par des
transactions fictives ; que, comme les premiers juges l’ont à juste
titre relevé, la carence de la Société générale dans la fixation de
limites en nominal, considérée par la commission bancaire comme un
manquement à ses obligations découlant de l’article 14 du règlement n
97.02, ne saurait exonérer le prévenu de son devoir de transparence à
l’égard de son employeur ; que le défaut de vigilance de la banque dans
le suivi des seules limites existantes, fonctionnant comme des
indicateurs d’alerte, ne dispensait nullement M. X… du devoir
d’informer sa hiérarchie de la réalité de ses dépassements ou de revenir
dans les limites imparties au desk ; qu’il convient de rappeler les
termes du “cahiers des procédure de trading.”
“En cas de perte ou de gain pour, un risque opérationnel supérieur à
50 000 euros, le trader devra remplir le formulaire standard dans les
deux jours qui suivent. Le document devra être validé par le responsable
hiérarchique direct (…). Il est indispensable de prévenir le
compliance officer avant une opération d’envergure” ; que M. X… ne
peut sérieusement prétendre que l’attitude de sa hiérarchie en 2005, qui
lui avait infligé un avertissement oral lors de la découverte de sa
position directionnelle sur le titre Allianz à hauteur de 15 millions
d’euros, l’aurait incité à s’affranchir de ses limites ; qu’en effet, il
convient de relever que le résultat lié à cette Opération (500 000
euros) avait été exclu du calcul de son bonus ; que MM. D. et G.. outre
l’avertissement oral, l’avaient avisé que s’il recommençait ce genre de
chose il “pouvait se faire virer de la banque” ; que surtout, il
convient de souligner que M. X… leur avait caché avoir masqué ses
positions Allianz par une couverture fictive, ce qui faisait dire à
M. G…, que s ‘il en avait été avisé il l’aurait licencié sans
ménagement ; qu’il est établi par la procédure, ainsi qu’il a été
développé ci-dessus, que M. X… a délibérément pris des positions
directionnelles “ab intio”, hors de son mandat, lesquelles subsistaient
au delà de la journée, voir sur plusieurs semaines ou mois ; que ces
premiers agissements portant sur des actions ont été révélés en 2005, se
poursuivant au cours de l’année 2006 ; qu’il a persisté dans cette voie
au cours des années 2007 et 2008, en construisant une position
directionnelle portant sur des actions de 2,5 milliards en
janvier/février 2007, et à trois reprises des positions directionnelles
sur des futures sur indices boursiers européens ‘essentiellement. Dax,
Eurostoxx 50 et Footsee pour des montants globaux de 30 milliards
d’euros à deux reprises en 2007 (juin/juillet et novembre) et de 50
milliards d’euros dans les dix-huit premiers jours de janvier 2008 ; que
ces faits, mis à jour par les services de contrôle interne et
l’inspection de la banque, puis confirmés par la mission d’inspection de
la Commission bancaire, ont été finalement reconnus par M. X…, au
cours de sa garde à vue, de l’information, à la barre du tribunal et de
la cour ; que devant le tribunal il a concédé qu’il n’entrait pas dans
sa mission de prendre des positions spéculatives, pouvant durer
plusieurs jours, ajoutant “je l’ai fait car je faisais de l’argent, au
vu et au su de tout le monde”, admettant “qu’il était allé trop loin
dans son mandat” ; que dans ses conclusions devant la cour il reconnaît
le caractère excessif des positions prises en nominal, “perdant tout
sens de la réalité” ; que la défense de M. X… soutient également que
non seulement l’ensemble de sa hiérarchie et des services de contrôle
savaient mais ravalent laissé faire à raison notamment de leur inertie
face aux différents indicateurs d’alertes internes ou extérieures,
développant ainsi :
que l’ensemble de ses positions et leur nominal étaient visibles « en
trois clics » dans la base Eliot et qu’elles avaient été passées au vu
et su dé tout le mondé et notamment dé M. H… :
que si, certes, la hiérarchie de M. X…, en l’occurrence M. H… avait
accès à la base Eliot, sera rappelé que la supervision des traders
s’opérait sur la base de “reporting” et de synthèses générées
automatiquement à partir de cette base, qui portaient sur l’exposition
au risque et le résultat, deux indicateurs parfaitement masqués par les
opérations fictives saisies à dessein par M. X…, qui a d’ailleurs
déclaré en cours d’instruction “Je masquais l’exposition, la Société
générale ne connaissait donc pas mes positions (D62). Il est exact que
j’ai saisi, je dirais des centaines, de multiples deals fictifs dans le
système Eliot afin de masquer mes positions et mes résultats ; qu’à ce
titre, M. Z…, qui travaillait au quotidien pour M. X… a toujours
affirmé avoir tout ignoré de ses positions directionnelles non couvertes
“Engager des milliards d’euros cela ne me paraît pas concevable” ; que
M. I… trader, au desk Delta One a déclaré “je ne sais pas si c’est le
rôle du manager de décortiquer les opérations de chaque trader sur une
journée, et s’il le faisait il lui faudrait beaucoup de temps pour voir
telle opération” ; que M. Y…, également trader a déclaré “dans notre
“report” ce que l’on voit c’est la position nette ; que, dès lors, si
les positions de M. X… sont totalement couvertes on ne peut rien
détecter sauf à analyser en détail chaque opération, bien que même à se
pencher en détail sur les opérations de couverture, la fîctivité de
celles-ci ne peut se voir en un coup d’oeil” ; que devant les premiers
juges M. H… a reconnu que s’il avait effectivement accès au système
Eliot il ne s’en servait pas, notamment pour vérifier les transactions
“car il ne savait pas s’en servir, ayant eu une formation de deux heures
surie système Eliot…. admettant “l’étais un peu perdu dans le maquis
informatique et le vocabulaire, je maîtrisais les concepts, mais je ne
connaissais pas l’outil informatique…le plus important en arrivant
c’était de me former sur Delta One, les traders seniors connaissaient
bien cet outil” (notes d’audience page 257) ; que devant la cour il a
précisé : “en 2007 j’étais en formation, c’était une phase
d’apprentissage. En 2008 je devais être responsable du desk à part
entière. Je l’ai accepté car il y avait des traders sur qui je pouvais
compter” ; qu’à ce titre, M. J…, devant les premiers juges a admis “li
manquait à M. H… l’expérience du trading…, M. X… n’a pas épaulé
son manager. Il lui a tiré une balle dans le pied” (notes d’audience
page 281) ; qu’en conséquence, dès lors que les reportings ne faisaient
apparaître aucune anomalie au niveau de l’exposition au risque et du
résultat, le manager qui les validait journellement n’était donc pas
spécialement enclin à décortiquer l’ensemble des opérations passées par
M. X… dans le système Eliot ; qu’ainsi. M. Z… a indiqué “en pratique
ce que l’on regarde c’est la position nette et si elle génère une
interrogation de notre part le détail des opérations sera étudié, il n’y
a aucun état journalier systématique des opérations effectuée parle
trader en dehors d’anomalies détectées” ; que Mme K… devant les
premiers juges a expliqué” sur la capacité des manal… à identifier les
opérations frauduleuses encore fallait-il qu’on les cherche” …au
quotidien, il est difficile de regarder deal à deal. Dans le book de
M. X…, il y avait bien 500 000 opérations” ; que ces déclarations
étaient confirmées devant le tribunal par M. L…, responsable adjoint
des services d’information de la Société générale, qui précisait que sur
le périmètre du prévenu avaient été dénombrées sur l’année 2007 :
100 000 transactions sur futures, soit 800 par jour, admettant
toutefois “l’ensemble des transactions est dans Eliot. Si on sait ce que
l’on cherche, on peut faire des requêtes. Sinon c’est impossible en
trois clics, si on ne sait pas ce que l’on recherche … on peut tout
retrouver mais si on sait ce qu’on cherche” ; que si certes, M. H… et
les traders du desk Delta One ont vu M. X… passer des opérations sur
son automate ou sur celui de M. Y…, tous, ont indiqué que pour eux il
s’agissait de deals intraday, et qu’ils ignoraient tout de ses positions
directionnelles “extrada y” :

  • M. Y… : je l’ai vu utiliser mon automate à deux
    ou trois reprises lorsqu’il venait il prenait des positions qu’il
    débouclait dans la journée, il achetait ou vendait une certaine quantité
    et quelques heures plus tard prenait une position en sens inverse… les
    opérations saisies par M. X… étaient des opérations sur futures Dax
    pour des positions de 200 ou 300 contrats à chaque fois… M. H… a été
    témoin une fois”.
  • M. M… “je pense que la hiérarchie savait
    qu’il faisait du directionnel (…) Pour molle directionnel c’est de
    l’intraday…. à ma connaissance personne n’était au courant de ses
    agissements”.

*2 – que ces opérations qualifiées de frauduleuses, avaient des
conséquences apparentes dans le cadre du suivi de sa trésorerie (appels
de marge, déposits, résultat) : que si certes, ainsi qu’il a été
développé, la trésorerie de M. X… a présenté des soldes anormaux
excédentaires ou déficitaires, qui pouvaient être sans rapport avec son
mandat , il sera rappelé que M. N…, qui assurait la gestion de la
trésorerie et du suivi de ses limites, avait certes identifié, courant
juillet 2007, deux pics de trésorerie sur le centre opératoire de
M. X… de l’ordre de 6 à 8 milliards, qui avaient été régularisés dans
les trois jours par ce dernier faisant état d’une erreur de saisie, il
avait cependant constaté que le solde de trésorerie de M. X…, était
similaire à celui d’autres centres opératoires de Delta One dont la
fourchette se situait entre moins 2 milliards et plus 2 milliards et
largement inférieur à d’autres centre de “GEDS” ; que, dès lors, le
solde de 1,4 milliard était passé inaperçu, ainsi que la souligné
Mme O.., en charge du rapprochement de la trésorerie front office et de
la trésorerie comptable back office : “ce solde de 1,4 milliard de
décembre 2007 n’avait pas amené de commentaire de la part du middle
office, car il faut voir le montage financier dans sa globalité(
produits plus couverture) pour que les chiffres soient parlant, ce dont
je ne disposais pas” ; qu’il convient, en effet, de rappeler, que la
trésorerie d’un trader agrégeait des flux très nombreux et de multiples
natures qui parfois se compensaient, et reflétait l’encourt des
liquidités découlant de l’activité du trader, de sorte qu’à la vue d’un
solde de trésorerie, il n’était pas possible de connaître la nature des
flux qui la composait, notamment de déduire l’importance des volumes
traités et encore moins le résultat réalisé correspondant au montant des
gains ou pertes générés par les positions prises sur le marché ; qu’à
ce titre la “Commission Green”, qui comme la commission bancaire a
déploré que M. H… -, qui disposait tous les matins de la balance
trésorerie de chaque groupe opératoire n’ait pu identifier l’activité
frauduleuse de M. X…, ont noté cependant “Il est vrai que la
trésorerie cash du front office n’est pas un indicateur facile à
interpréter et l’information disponible nécessitait une bonne
connaissance de ses mécanismes pour détecter la fraude” ; que M. H…
qui a concédé, “ne pas vérifier journellement” le reporting de
trésorerie “Safe” a expliqué avoir constaté l’excédent de trésorerie de
1,4 milliard aux alentours du 10/15 janvier 2008 et demandé à M. X… de
prêter cette somme, mais sans lui en demander l’origine, ne pouvant se
douter qu’il s’agissait du “PNL” ; ce que le prévenu confirmait devant
le magistrat instructeur :
Eric m’a dit “ C’est bien tu n‘es pas short sans me poser de question
sur l’origine de la trésorerie et j’en ai déduit qu’il savait que
c’était du PNL réalisé… » que cette conversation qui se situait dans
le mois de janvier 2008, époque où M. X… n’ignorait pas que la banque
enquêtait sur ses opérations “Baader”, il paraît invraisemblable que ce
dernier n‘ait pas ouvertement parlé de l’origine et de la nature de
cette somme avec son supérieur qui l’interrogeait et, qui selon lui,
était parfaitement informé qu’il s’agissait de son résultat ; gain dont
il n’avouera l’existence que le 18 janvier lorsque sa hiérarchie aura
découvert le caractère fictif des deals “baader” ; qu’aux titres des
dépôt de garantie, sera rappelé que le N+1 et le N+2 de M. X…, qui
seuls auraient pu s’apercevoir des montants anormalement élevés des
sommes versées au titre de son activité, n’étaient pas destinataires de
l’état détaillé du coût de cette garantie par compte de trader ; qu’en
outre, si les contrôles réalisés parles services du back office et du
middle office portaient sur la globalité des déposits versés par
l’entité “GEDS”, il n’entrait pas dans leur mission d’analyser leurs
montants cumulés par compte de trader ; qu’enfin, le back office qui
n’avait pas vocation à réaliser un contrôle de cohérence sur les
montants payés, effectuait un paiement global incluant, outre le
versement du déposit, les appels de marge, les commissions et les
intérêts ; que de même, au titre des appels de marge réglés à Fimat,
sera à nouveau souligné qu’ils étaient traités globalement pour
l’ensemble des activités de marché, le back office dédié aux appels de
marge étant chargé de les payer globalement ; qu’ainsi les positions
prises par M. X… étaient donc diluées dans la masse des appels de
marge découlant de l’ensemble de l’activité de trading de la banque ;
qu’en outre il n’appartenait pas au back office dédié de procéder à
l’analyse de son évolution ou du montant détaillé payé pour chacun des
centres opératoires ;
*3 – que son résultat déclaré de 55 millions n’était pas cohérent
avec son mandat initial et au regard des limites imposées de 125
millions d’euros, ce qui n’a pu échapper à sa hiérarchie que si, certes,
la “Mission Green”, après une analyse approfondie du résultat de 55
millions d’euros ( en réalité 42 millions )déclaré par M. X… à sa
hiérarchie lors de son entretien d’évaluation de fin novembre 2007, a
identifié que partie de ce résultat ne pouvait que provenir de ses
positions directionnelles frauduleuses, sans pouvoir en fixer le montant
exact, ce dernier lui avait assuré qu’il provenait de son activité dans
les limites de son mandat à savoir 25 millions d’euros au titre de
l’arbitrage des turbos de la concurrence et 17,6 millions au titre du
market-making ; (12 millions d’euros correspondant à la marge
commerciale sur l’activité market-metking) ; qu’ainsi, M. H…, qui
avait été chargé par M. J… d’analyser le montant de 25 millions
d’euros qui lui avait paru important, et qui en retour n’avait fait
aucune remarque, a expliqué :
“M. X… jouait sur des produits à barrière désactivante qui sont
particulièrement rémunérateurs en cas d’ouverture du marché en gap et de
forte volatilité” ajoutant “cela arrive fréquemment qu’un membre d’une
équipe dégage 50 % du résultat. J’ai constaté cela dans une expérience
précédente. Ce résultat est lié à la croissance de l’activité, du
business d’arbitrage des turbos de la concurrence qui a généré du
résultat et aussi aux arbitrages intraday que réalise Jérôme’ qu’il
apparaît dès lors, qu’à raison de la présentation fallacieuse de son
résultat, ses supérieures hiérarchiques, qui considéraient M. X… comme
un trader sérieux et talentueux dans ses fonctions, et qui avaient
constaté un accroissement exponentielle de son activité, ont ainsi
validé son résultat sans s’interroger plus avant ; que M. H… lors
d’une confrontation avec M. X… puis encore devant la cour a déclaré :
J’ai perdu mon travail, j’en ai marre d’avoir un menteur en face de moi.
Je souhaite lui poser la question suivante : te rappelles-tu lors d’un
pot organisé par le desk tu m’as demandé combien il fallait de valo pour
avoir un bonus de 500 000 euros. Comme je ne répondais pas directement
tu m’as demandé 50 millions de valo, c’était quelque chose de bien, je
t’ai répondu, cela ne me paraît pas stupide. Je dis cela car j’en ai
marre que tu dises que tu es une victime, un fusible” ce à quoi M. X… a
prétendu devant le magistrat instructeur ne plus se souvenir, puis que
c’était faux ; que sera à nouveau rappelé que M. X… s’était bien gardé
de déclarer la totalité de son résultat, de 1,4 milliard qu’il avait
dissimulé par divers artifices, ce qui paraît incohérent si sa
hiérarchie comme il le soutient en avait une parfaite connaissance ; que
surtout il convient de souligner, que lors de son entretien
d’évaluation M. X… avait sollicité un bonus de 600 000 euros qui ne
devait lui être accordé qu’à hauteur de 300 000 euros, ce qui tend
encore à démonter que sa hiérarchie ignorait son gain de 1,4 milliard,
sauf à être bien ingrate envers un trader ayant réalisé un gain égal à
celui de l’ensemble des desk de GEDS ; qu’à ce titre, M. P.., relation
de travail du prévenu a déclaré : “La seule fois où il m’a fait part de
son mécontentement (Jérôme), c’est à l’issue de son entretien
d’évaluation de fin novembre, début décembre 2007. Il n’était pas
content de son bonus estimé” ;
* 4- que les deux courriers d’Eurex ne pouvaient qu’attirer
l’attention de ses supérieurs sur l’importance de ses positions sans
rapport avec son mandat ; que si, certes, une lecture complète des deux
courriers de la société Eurex, dont plus particulièrement celui du 26
novembre qui faisait état pour la journée du 19 octobre de l’achat de 6
000 contrats futures Dax en deux heures, aurait dû attirer l’attention
de sa hiérarchie, en l’occurrence de M. H…, sur l’importance de la
transaction au regard de son mandat, il convient de relever :

  • d’une part, crue ces deux demandes qui portaient
    surtout sur la compréhension du mode opératoire du trader et sur la
    stratégie sous-tendant ses transactions réalisées par l’intermédiaire de
    Fimat, ne constituaient pas au sens propre une alerte, et en outre n
    ‘étaient pas formulées en termes alarmistes, la première faisant état de
    positions importantes en sens inverse (longues Eurostoxx et courtes
    Dax), donc couvertes et porteuses de risques minimes et la seconde
    portant plus particulièrement sur la non compréhension des termes
    utilisés dans la réponse ;
  • d’autre part, que le service
    déontologie, destinataire de ces deux courriers, s’était adressé
    directement à M. X.., qui lui avait fourni des éléments de réponse très
    techniques destinés à opacifier ses pratiques, et n’hésitant pas à
    rattacher ses opérations à sa stratégie de couverture des warrants
    Société générale ou de la concurrence, mention qui ne pouvait que
    rassurer et, surtout, à produire à l’appui de ses explications pour leur
    donner force un état récapitulatif reprenant le détail des soi-disant
    positions couvertes par les contrats Dax négociés le 19 octobre, qui se
    révélera être un faux, M. X… ayant d’ailleurs reconnu avoir inventé
    les données et notamment la quantité de warrants ; que M. H… qui avait
    eu connaissance de l’existence de la première lettre, sans en connaître
    le contenu mais avait participé à sa réponse, et qui a toujours
    affirmé, sous serment, tant au cours de l’instruction, que devant les
    premiers juges et encore devant la cour, n’avoir pas lu la seconde
    lettre, ni sa réponse ni avoir participé à sa rédaction, a soutenu qu’à
    aucun moment M. X… n’avait évoqué devant lui le nombre de contrats de
    “futures” cités dans les deux lettres d’Eurex, ce que confirmait le
    prévenu indiquant ne pas lui avoir parlé du nombre des contrats, de ses
    positions ouvertes “non il ne m’a jamais posé de question à ce sujet” ;
    qu’il paraît ainsi tout à fait inconcevable, alors que M. X… prétend
    que M. H… était parfaitement avisé de ses positions directionnelles,
    qu’il ne lui ait pas spontanément fait part de ses positions réelles, ou
    que son supérieur ne les ait évoquées à cette occasion ; qu’en
    revanche, que si sa hiérarchie n’avait pas compris le sens, la portée et
    le danger des questions posées par Eurex, M. X… l’avait bien compris,
    ainsi qu’en témoignent les messages échangés avec M. Q… :
    le 19 novembre : “je suis dans la merde” ;
    le 28 novembre “je n’ai pas envie qu’ils me sortent ma pose à 250 000 (contrats) ;
    le 7 décembre “pas encore fini la réponse d‘Eurex, ça me stresse ; le 13
    décembre “la suggestion de prendre des vacances il répondait à son ami
    oui en taule” ;

*5. – que les écarts passerelles identifiés, lors des arrêtés de
compte de mars et avril 2007 pour 94 millions et 1428 millions d’euros
ainsi que les écarts de méthode de plusieurs millions d’euros identifiés
à plusieurs reprises (août, novembre )et dont ses supérieurs
hiérarchiques avaient été informés, ne pouvaient tromper personne à
raison de l’invraisemblance des in formations données, de l’importance
des corrections à apporter et des tailles des produits en cause “3 fois
20 millions de warrants à racheter” : que si, certes, les explications
fournies par M. X.,., sont apparues a posteriori comme incohérentes, et
aurait dû alerter les organes de contrôle et surtout sa hiérarchie “, il
sera rappelé que lors des passerelles (mars, avril,) le véritable enjeu
de M. X… était d’obtenir de la part de PNL/REC le passage en
comptabilité des résultats issus de ses opérations fictives (notamment
deals fictifs face à une contrepartie technique “pending” ne passant pas
en comptabilité”) ; que pour ce faire, il a inventé un problème de
modélisation lié à la désactivation de warrants en fin de mois,
explication qui a paru plausible au service de contrôle, Mme R…, en
charge de la production du document mensuel passerelle ayant déclaré
“les explications tenaient la route, des éléments externes attestaient
les explications, il n‘y avait pas de raison de douter. ..si j’ai validé
ces écarts c’est parce que les explications apportées me paraissaient
vraisemblables…il m’aurait été impossible de signer des écritures que
je ne comprenais pas” je me suis dit qu’il ne faisait vraiment pas
attention et qu’il était négligent sur le booking de ses opérations,
mais à aucun moment je n’ai imaginé qu’il y avait quoique que ce soit
derrière tout cela” ; qu’à ce titre, il convient de relever que M. X…
avait su instiller un climat de confiance avec les personnels en charge
des contrôles au middle office allant jus qu’a promettre une bouteille
de champagne à Mme R… : “ce qui est surprenant à l’époque, M. X… m’a
dit qu’il était inquiet sur ses écarts. Il m’a dit qu’il allait sauter
si ce n’était pas résolu, si on y arrivait il m’a dit qu’il m’offrirait
le champagne” (note d’audience tribunal de grande instance page 234) ;
que Mme O…, chargé de middlé office attestait quant à elle” celui-ci
était très disponible et prenait toujours le temps de répondre aux
questions, alors que la plupart des traders se contentaient de
transmettre les demandes à leur assistant traders… de manière générale
il était très attentif aux problématiques rencontrées avec les équipes
PNL il était disponible et à J’écoute, toujours arrangeant, cherchant à
trouver des solutions, de manière à ne pas “compliquer les arriérés
mensuels” ; qu’il apparaît ainsi comme l’a souligné la Commission
bancaire, que les divers organismes de contrôle qui avaient pour mission
d’identifier les écarts et de les corriger, et qui recherchaient
systématiquement l’erreur avant de rechercher la faute, et qui n’avaient
pas la culture de la fraude, à raison du chinai de confiance qui
s’était instauré avec le trader, se sont contentés de ses explications
sans les approfondir ; que les supérieurs hiérarchiques de M. X… qui
ont admis qu’a posteriori, le détail des calculs était aberrant, ont
expliqué qu‘ils n ‘avaient réagi que sur la partie technique qui posait
un problème à savoir la désactivation des warrants en fin de mois,
problème qui devait être résolu dans le temps très court des arrêtés de
comptes ; qu’à ce titre, il convient de relever comme les premiers
juges, que les mails visés par la défense, l’un du 16 avril 2007 adressé
par Mme R… à M. S… et M. J… (qui était à New York) portant en
objet : “lmportant écarts sur futures et fwd du 2A et l’autre du 16 mai
adressé par M. T… à M. S… et M. J…, transmis en copie à M. H…
(en poste depuis le 1er avril) et portant en objet “warrants knockés 2A
-ARM 0407” mettaient l’accent, pour le premier message, suries
explications fournies par M. X… lors des contrôles comptables et sur
l’attente de ce dernier d’éléments d’information dont il sera établi
plus tard qu’ils étaient mensongers, et pour le second “sous la rubrique
EDM”, sur l’écart de méthode plutôt que sur les volumes concernés ; que
dans cette logique, les écarts n’étaient pas en eux-mêmes évocateurs
d’anomalies, leur mention paraissant destinée plutôt à fournir les
éléments devant permettre d’aboutir au traitement comptable et à la
valorisation d’une opération ; qu’ainsi, que les arrêtés de comptes de
mars et avril 2007 ont donné lieu à un échange important de mails entre
les différents services de contrôle et la hiérarchie de M. X.. – aux
fins d’expliquer et corriger les écarts constatés, qui s’avérait bien
inutile, si l’on s’en tient à la thèse du prévenu, selon laquelle une
machination avait été ourdie à son encontre impliquant non seulement
toute sa hiérarchie au plus haut niveau, mais également l’ensemble des
services de contrôle ; que surtout il convient de rappeler, ainsi qu’il a
été longuement développé ci-dessus, que M. X… pour donner force à ses
fausses explications et les valider, tant auprès des services de
contrôles que de sa hiérarchie, n’a pas hésité tout au long de l’année
2007 et encore en janvier 2008 à leur fournir des faux documents et
allant jusqu’à modifier les caractéristiques des produits saisis dans la
base Eliot/Front office afin qu’ils coïncident avec ses explications ;
qu’à ce titre M. U…, en charge du commissariat aux comptes, a déclaré
“une fausse écriture suivie d’un faux document ou d’une fausse
explication ne peuvent que casser le dispositif de contrôle interne” ;
que sera enfin souligné, que M. X…, qui ne s’était pas contenté au gré
des contrôles d’apporter des réponses mensongères appuyées de documents
tout aussi mensongers, avait mis en place, fort de son expérience au
middle office et comme assistant trader, un système frauduleux, par le
recours à des contreparties techniques “pending” ou interne telle “Click
Options, à des achats de titres à valeur décalée, par le changement de
contreparties ou de produits forwarcis à la place des futures,) ;
batterie de techniques qu’il utilisait successivement au vu des
questions qui lui étaient posées par les services de contrôle ; qu’ainsi
aux opérations fictives annulées étaient substituées de nouvelles
opérations tout aussi fictives (voir opérations juin, novembre) afin de
passer les différents contrôles ; que la cour relève que M. X…, tout
au long de la procédure a évolué clans ses moyens de défense ; qu’ainsi,
au départ il a reconnu que la banque ne savait rien de ses positions,
puis à laisser entendre qu’elle ne pouvait ignorer, mettant en cause
MM. H…, J… et S… puis, ensuite, qu’ils savaient et l’ont laissé
faire, pour enfin pour la première fois affirmer devant la cour, que
toute la hiérarchie de la banque au plus au niveau et les services de
contrôle savaient et qu’en définitive, dès 2006, il avait été victime
d’une machination qui avait pour but d’occulter les pertes occasionnées
par la crise dite “subprimes” et de les lui faire supporter ; que dans
sa version, “ils ne pouvaient ignorer et ils savaient”, M. X… avait
ainsi soutenu que sa hiérarchie l’avait laissé faire car il gagnait de
l’argent ; que confronté devant le fait qu’il avait commencé par perdre
beaucoup d’argent entre mars et juin 2007 à savoir 2,5 milliards, il
affirmait alors que sa hiérarchie avait intérêt à ne rien dire car “elle
aurait comme moi perdu son “job” et son salaire, si mes engagements
étaient décelés” ; que cette affirmation est totalement inconcevable, la
banque ne pouvant laisser un de ses salariés rengager à hauteur de 30
milliards, représentant la totalité de ses fonds propres, et engendrant
une perte de 2,5 milliards d’euros soit deux fois le résultat de GEDS,
c’est-à-dire le travail de 1400 personnes (déclaration M. V… D 557) ;
qu’il est tout aussi inconcevable qu’il ait laissé prendre en janvier
2008 une position directionnelle de 50 milliards d’euros qui engageait
une fois et demi les fonds propres de la banque et faisait “exploser son
ratio cook” ; que sera souligné, que la fraude de M. X… a été
découverte à la suite de divers contrôles portant sur ses opérations
“Baader” dont le but était la dissimulation de son gain de 1,4 milliard,
donc alors qu’il avait gagné beaucoup d’argent ; qu’à ce propos,
M. H… a déclaré « j’arrive en avril, si j’avais connaissance de pertes
latentes de l’ordre de 88 millions à cette époque, je ne vois pas mon
intérêt à prendre ce poste. Le raisonnement de Jérôme est absurde. Les
pertes ont augmenté jusqu’à -moins deux milliards. Il est absurde de
dire que si j’étais au courant j’aurais eu le moindre intérêt à ne pas
parler. » ; que s’agissant de sa thèse de la “machination”, la défense
de M. X… fait valoir, que la banque anticipant ses pertes sur les
“subprimes” aurait eu, depuis l’origine (2006), connaissance de ses
prises de positions massives hors mandat et l’aurait laisser faire, y
trouvant un intérêt, allant jusqu’à affirmer que ses positions étaient
couvertes par un autre “desk”, ne faisant ainsi courir aucun risque à la
banque, et ceci afin de lui faire endosser en 2008 les pertes liées au
“subprimes” ; que la cour relève que cette théorie n’est envisageable
que dans le cas où les positions de M. X… étaient perdantes, ce qui
était aléatoire ; qu’ainsi, cette machination aurait “avorté”, si comme
pour les fois précédentes, le marché s’était inversé et ses positions
étaient devenues gagnantes ou ses pertes égales à zéro, à la suite de
leur débouclement ; que pour soutenir cette théorie, la défense s’est
appuyée principalement sur le témoignage et la note établie par M. W…,
salarié chez Fimat, lequel s’est fondé sur un examen des comptes de la
Société générale chez Fimat entre le 21 et le 25 janvier 2008
‘déboucIage pour en déduire une hypothèse selon laquelle : un desk
intervenait de manière symétrique aux positions de M. X… durant la
semaine du 21 janvier 2008 qui pouvait être lié à des opérations sur les
subprimes ; que la Société générale dans une note en réponse, avec
pièces à l’appui, a démontré que les positions “très importantes
symétriques” à celles de M. X… correspondaient aux opérations de
débouclage de la position de ce dernier, assurées par M. XX… sous son
numéro de compte chez Fimat “SF 615”, et qu’il était donc parfaitement
logique que le compte Fimat SF 615 de M. Khan ait sur les journées du 21
et du 25 janvier construit une position symétrique de celle du compte
SF 581 attribué à M. X… ; qu’à ce titre, M. W… a admis devant la
cour qu’il ignorait que le compte SF 615 était celui de M. XX…,
ajoutant “vous avez fait les choses compliquées alors qu’elles auraient
pu être simples” ; que Mme K…, représentant la Société générale, a
expliqué à l’audience que M. W…, du côté de Fimat, qui était le
compensateur, ne voyait qu’un mouvement des comptes, qu’il manquait dès
lors à ce dernier une partie du processus opéré par la Société générale,
à savoir les opérations transférées par des forwards qui ne passaient
pas par la chambre de compensation ; que M. W… admis qu’il ne voyait
dans ces opérations qu’une jambe de l’arbitrage ; que, s’agissant de la
théorie sur les “subprimes” il a déclaré “il est clair et c‘était ce
guise disait. Mais je ne suis pas analyste de marché. Ce n’est qu’une
opinion” ;
qu’il est invraisemblable que selon la théorie de la défense, la Société
Générale visualisait au furet à mesure les positions de M. X…, sans
en avoir la maîtrise, aux fins de les couvrir ; qu’en conclusion qu’il
résulte de l’ensemble de la procédure qu’à aucun moment la hiérarchie de
M. X… n’a été in formée ou n’a eu connaissance, de ses positions
directionnelles “ab initio” hors mandat de courant 2005 à janvier 2008,
ni de ses pertes de 2,5 milliards en juin 2007, pas plus que de son gain
de 1,4 milliard en novembre 2007 ; que M. X… a, bien au contraire,
avec obstination et persistance toujours fait en sorte de les masquer
ainsi que cela résulte de l’ensemble de ses déclarations :
“Il est exact que j’ai saisi je dirai des centaines de multiples deals
fictifs dans le système afin de masquer mes positions”
“C’est un résultat très soudain (gain de 28 millions février 2007)
qui arrivait fin février, je ne voulais pas faire apparaître le fait que
j’avais pris des positions aussi importantes”
“En mars comme en avril les positions prises avaient généré des
pertes, mon souci était de ne pas les faire apparaître, ni les
expositions liées à ces positions, ni les pertes…. ;
“Si je n’avais pas masqué on m’aurait fait couper ma position…un
manager aurait peut-être pensé que cette position était extravagante” ;
“il fallait donc que je trouve une autre solution pour dissimuler le 1,4
milliard et j’ai donc décidé de saisir les forwards face à Baader
(D186/4) “Oui ces explications n’avaient rien à voir avec la réalité des
opérations. Ces achats-ventes de titres étaient fictifs et dégageaient
une perte de 1.4 milliard d’euros destiné à masquer le gain réel de 1,4
milliards d’euros (D 353) ; “J’en ai parlé à personne, qu’il s’agisse de
MM. H…, J… ou S… (stratégie de janvier anticipant un retournement
du marché à la hausse) ; que, d’ailleurs, il avait une parfaite
conscience de la gravité de ses actes comme en atteste les “chat” avec
M. Q…” ;
17 janvier : bon chui foutu 18 janvier au matin : pe ma dernière
heure ici ; qu’enfin, il convient de rappeler, qu’encore le 18 janvier
2008, M. X…, afin de masquer son résultat de 1,4 milliard de décembre
2007, il fournira de fausses explications à M. Y’ ?…, allant jusqu’à
fabriquer à l’appui de ses mensonges, deux faux courriels de
pré-confirmation émanant de “Baader” et de la “Deutsche Bank” et
qu’entre le 2 janvier et le 18 janvier il masquera par des opérations
fictives sa position directionnelle de 50 milliards ; que, dès lors que
l’ensemble des éléments vainement invoqués par la défense ne permettent
pas de déduire que la Société générale ait eu connaissance des activités
frauduleuses de M. X…, ni même qu’elle ait pu les suspecter, les
déclarations des participants à la cellule de crise mise en place les
18,19 et 20janvier démontrant leur stupeur au fur et à mesure de la
découverte des positions prises par M. X… ; M. ZZ… “c’est un
véritable choc, un tsunami, cela est inconcevable” ;
que M. AA… : je suis profondément choqué. Un choc en plusieurs
étapes : le premier quand samedi M. X… nous dit que son mail est faux,
que le 1,4 milliard se trouve sur les comptes. Premier choc car je ne
pouvais imaginer cela. Deuxième choc au moment où nous voyons
l’historique des ses positions sur 2007. Troisième choc quand il dit
avoir tout reperdu en 2008 quatrième choc quand je prends connaissance
du SMS de Mme K… (50 milliards en positions perte de 2,5 milliards).
Cela ressemble à un tremblement de terre et j’imagine assez vite les
conséquences à savoir l’obligation de déboucler dans les meilleurs
délais cette position” ; qu’en conséquence, M. X…, en passant,
sciemment et à l’insu de son employeur sur les marchés des ordres d’un
montant exorbitant, dépourvus de toutes couvertures faisant courir pour
son employeur des risques considérables, qui n’entraient pas dans son
mandat, à savoir de market-making, de couverture en risque des produits
dérivés et d’arbitrage des turbos-warrants émis par la concurrence, ni
dans la limite autorisée de 125 millions d’euros pour les positions
“extraday” ou dans la limite encadrée pour les positions directionnelles
“ab initio” en intraday”, a détourné les moyens techniques mis à sa
disposition en les utilisant à d’autres fins que celles qui lui avaient
été assignées ; que, dès lors, le délit d’abus de confiance est établi à
l’encontre de M. X…, peu important que M. X… ne se soit approprié
la chose confiée, ou qu’il en ait tiré un profit personnel ; que sera
cependant rappelé qu’il avait sollicité un bonus de 600 000 euros lors
de son entretien de novembre 2007, se basant sur son résultat de 55
millions dont partie s’avérera ultérieurement résulter de ses opérations
frauduleuses ; qu’en conséquence le jugement déféré sera confirmé de ce
chef de prévention ;
“alors que s’est contredite, en ne tirant pas les conséquences
légales de ses propres constatations, la cour d’appel qui e relevé, à
plusieurs reprises, que la Société générale avait été alertée des
dysfonctionnements de l’activité de M. X… mais a considéré que la
banque n’avait pu avoir connaissance de ses agissements frauduleux en
considération des manœuvres de ce denier ; que les dispositions
prudentielles légales et réglementaires en vigueur, telles qu’elles
avaient été rappelées par la Commission bancaire dans un rapport cité
par les conclusions du prévenu et produit aux débats, imposaient à
l’établissement de crédit de mettre en place un dispositif de contrôle
permanent efficient et d’assurer la sécurité du système d’information ;
que ces outils, en dépit des explications et justifications d’un trader
junior que les juges du fond qualifiaient eux-mêmes d’extravagantes,
auraient dû permettre à la Banque d’être alertée de la prise de
positions directionnelles allant jusqu’à 50 milliards d’euros
lesquelles, selon la cour, « engageait une fois et demi ses fonds
propres » et faisaient « exploser son ratio cook » ; que les manquements
de la Société générale à ses obligations étaient de nature à interdire
que soit établi, au sens de l’article 314-1 du code pénal, tout
détournement, lequel ne peut être caractérisé quand celui qui s’en
prétend victime en connaissait ou aurait dû en connaître l’existence et,
partant, par son inaction, a contribué à la réalisation de
l’infraction” ;
Attendu que M. X…, salarié de la Société générale, est poursuivi du
chef d’abus de confiance pour avoir, de 2005 au 19 janvier 2008, dans
ses fonctions d’opérateur de marché, dit ‘trader”, détourné des fonds en
prenant des positions spéculatives qui ont porté sur plusieurs dizaines
de milliards d’euros, en utilisant, au mépris de son mandat et au-delà
de la limite autorisée, les moyens techniques qui lui étaient confiés ;
Attendu que, pour retenir la culpabilité du prévenu et écarter
l’argumentation selon laquelle la banque avait eu connaissance des
activités frauduleuses de son salarié ou aurait dû en connaître
l‘existence, ce qui ferait obstacle à la caractérisation du délit,
l’arrêt prononce parles motifs repris au moyen ;
Attendu qu’en l’état de ces énonciations, procédant de l’appréciation
souveraine, parles juges du fond, des éléments de preuve qui leur
étaient soumis, et dont il résulte que la Société générale n’a pas eu
connaissance des activités de son salarié, qui les lui a dissimulées, la
cour d’appel a justifié sa décision ;
Que le moyen ne saurait, dès lors, être accueilli ;
Sur le troisième moyen de cassation, pris de la violation des
articles 7 de la Convention européenne des droits de l’homme, 111-2,
111-3, 111-4 du code pénal et 323-3 du code pénal, L. 511-40 et L.
511-41 du code monétaire et financier, du règlement n° 97-02 du 21
février 1997, 591 et 593 du code de procédure pénale ;
“en ce que la cour d’appel a déclaré M. X. coupable d’introduction
frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé ;
“aux motifs qu‘il est reproché à M. X… d’avoir introduit frauduleusement des données dans un système automatisé par :
“la saisie puis l’annulation d’opérations fictives destinées à
dissimuler tant les risques de marché que les résultats latents des
positions directionnelles non autorisées,
* la saisie de couple de transactions fictives d’achat/vente pour des
quantités identiques sur un même produit mais à un prix différent dans
le but de dégager un résultat fictif compensant le résultat réellement
dégagé et portant ainsi la position nette à zéro,
* la saisie de provisions en cours de mois permettant ainsi d’annuler et
donc de dissimuler sur cette période, un résultat précédemment dégagé ;
que l’élément matériel de l’infraction définie par l’article 323-3 du
code pénal repose sur l’introduction, la modification ou la suppression
de données dans un système de traitement automatisé ; que l’introduction
suppose l’incorporation de caractères informatiques nouveaux sur un
support du système et la suppression une atteinte physique à l’intégrité
des données ;
que sur l’inconventionnalité de l’article 323-3 du code pénal, à ce
titre la défense soulève l’absence de définition dans l’article 323-3 du
code pénal de la notion de “système de traitement automatisé de données
“, essentielle à l’application et à la compréhension de l’incrimination
du droit pénal ; que dès lors cet article est contraire au principe de
légalité des délits et des peines, consacré par l’article 7 paragraphe
1er de la Convention européenne des droits de l’homme ; que la cour
relève que ce moyen n’avait pas été soulevé devant les premiers juges ;
que la notion de “système de traitement automatisé”, a été définie lors
des travaux parlementaires par le rapporteur du Sénat dans les termes
suivants :
“tout ensemble composé d’une ou plusieurs unités de traitement, de
mémoire, de logiciel, de données, d’organe, entrée et sortie, et de
liaison qui concourent à un résultat déterminé, et ensemble étant
protégé par des dispositifs de sécurité” ; que la doctrine précise que
la notion même de système suppose que ces éléments soient unis dans le
but de produire un résultat déterminé : le traitement automatisé de
données ; qu’en outre, la notion de données doit être considérée dans
son acception la plus étendue comme la représentation d’une information,
la forme et non la substance d’un élément de connaissance quelconque ;
qu’il s’en déduit que les termes qui définissent la notion de “système
de traitement automatisé de données” sont immédiatement intelligibles et
n’ont d’ailleurs donné lieu à aucune difficulté d’interprétation par
les tribunaux, la seule interrogation portant en jurisprudence sur la
nature de l’élément intentionnel ; qu’en conséquence, ce moyen doit être
rejeté ;
* que sur l’absence de précision relative au système de traitement
automatisé de données dont il est question, la défense soulève également
que l’ordonnance de renvoi du magistrat instructeur ne fait pas mention
avec précision du système de traitement automatisé de données dont il
est question, dans la prévention ; que 54 certes, la prévention ne fait
pas état du système Eliot, l’ordonnance de renvoi du magistrat
instructeur qui saisit la cour dans son ensemble et dont notification a
été faite au prévenu, se réfère à de nombreuses reprises aux saisies
dans le système Eliot, notamment en sa page 25 sous le titre “le masque
des opérations fictives” : Pour dissimuler ses positions et ses
résultats, M. X… saisissait ou faisait saisir par son assistant trader
des opérations fictives dans la base de données Eliot”, faits qui ont
d’ailleurs été reconnus par M. X…, ainsi qu’il sera développé
ci-dessous ; que la cour note au demeurant que la défense de M. X… a
très longuement conclu sur ce point, ce qui démontre sa parfaite
compréhension des faits reprochés, étant rappelé que ce moyen n’a pas
été soulevé devant les premiers juges ; que, dès lors, ce moyen doit
être rejeté ;
Qu’il est indéniable que le système informatique Eliot mis à la
disposition de M. X…, pour passer ses ordres, lesquels ensuite étaient
déversés dans les diverse bases de données de la banque, est bien un
système de traitement automatisé de données au sens de l’article 323-3
du code pénal ; que M. X… a reconnu avoir saisi personnellement ou
fait saisir par son assistant trader des opérations fictives dans la
base Eliot
“II est exact que j’ai saisi je dirai des centaines, de multiples deals
fictifs dans le système afin de masquer mes positions et résultats… au
final j’annulais systématiquement ces opérations, le plus souvent dans
les trois semaines.. je pouvais les laisser un ou deux mois, lorsque je
les annulais elles étaient effacées dans les différentes bases.. je me
contentais de les effacer dans la base Eliot” ;
qu’il a été dénombré 589 opérations fictives annulant des positions
et résultats latents induits par les positons frauduleuses ; quelles ont
ainsi consisté en la saisie de :
* 55 forwards et 18 options face à des contreparties internes(Click
Options) , notamment pour masquer les positions ouvertes de 30 milliards
constituées en 2007, opérations qui tombaient dans le système Thétys ou
Thémis du back office et donc en comptabilité, celles-ci présentant
ainsi l’avantage à ne donner lieu à aucune confirmation et d’échapper au
contrôle passerelle ; lesdites opérations ayant, selon les propres
aveux du prévenu, servi à masquer les positions ouvertes, prises hors
mandat, et le résultat latent qui en découlait.
* 54 opérations sur actions traitées en OTC face à la contrepartie
interne echupo”, pour couvrir en 2005 ses opérations directionnelles
surie titre “Alliant”, 126 face à la contrepartie “Click Options” et
enfin 66 face à la contrepartie “pending” opérations sur titres qui ne
donnaient lieu à aucune confirmation, aucun appel de marge et ont été
annulées quelques jours avant leur date d’échéance, avant que le
contrôle du back office” n’intervienne ;
* 262 achats ou ventes de futures ou de forwards face à la
contrepartie ‘pending ‘ également pour masquer ses positions
directionnelles de 30 milliards de 2007 et de 50 milliards en janvier
2008, opérations qui étaient mécaniquement déversées dans la base
tampon, permettant d’échapper aux éventuels contrôles quotidiens de la
cellule du middle office chargée de l’intégration des transactions ainsi
qu’à la comptabilité back office et notamment aux appels de marge ;
opérations dont la matérialité était reconnue par M. X… :
“Très souvent, et de façon régulière, de mémoire dès mars-avril 2007, je
demandais à mon assistant, Thomas Z…, de saisir des opérations
fictives à savoir des pending et des transactions face à Click Options
comme contrepartie (forwards ou achat/veules d’actions). Si les pending
sont de pratique courante afin de matérialiser des opérations en
attente, les transactions fictives avec Click Options n’étaient pas des
opérations normales, il n’a pas pu échapper à Thomas il/1011GA RD que
ces dernières opérations étaient destinées à masquer des opérations
ouvertes, li agissait que sur mes instructions ;
“Je ne pouvais pas déclarer le PNL de 1,4 milliard car il était caché
par la saisie d’opérations fictives même s’il était visible dans la
trésorerie. Au 31 décembre j’ai annulé le PNL de 1,4 milliard d’euros en
saisissant des achats-ventes de forwards fictifs, dégageant une perte
de 1,4 milliard d’euros. Il s’agissait d’une perte fictive qui n’a pas
d’autre finalité que de ne pas faire apparaître le PNL de 1,4 milliard
d’euros effectivement réalisé à celte date” ; qu’également pour masquer
du résultat figé réel, obtenu lors du débouclage de ses positions
directionnelles frauduleuses M. X… a saisi :
* 115 couples d’opérations .en sens-contraire cf achats/ventes
portant sur des titres (notamment actions Solarworld et Porsche) à date
de valeur décalée (pour masquer le gain réalisé au mois d’août) ou sur
des dérivés face aux contreparties “Click Options” au “pending” (pour
masquer le gain de novembre 2007) ;
* 4 achats et 4 ventes de forwards face la contrepartie “Baader ‘
transformés en 4 achats et 4 ventes de forwards : face à la contrepartie
“Deutsche Bank” pour masquer le gain de 1,4 milliard réalisé en
novembre 2007 ;
qu’enfin, M. X… a saisi des flux de provision dans le but de
dissimuler ses résultats engendrés en 2007 ; qu’ainsi neuf opérations
ont été enregistrées à une époque où il réalisait les gains les plus
importants ; que ces neufs flux en négatifs dont les montants ont
oscillé entre 63 millions d’euros le 23 juillet 2007 et 1 485 700 000
euros le 10 janvier étaient annulés le lendemain de la saisie ou dans
les jours suivants, alors que de tels flux n’étaient soumis à aucun
contrôle en cours de mois ; qu’a ce titre, M. Z.., assistant trader, qui
a passé le flux de provision de 1 485 700 000 euros à la demande de
M. X… a expliqué :
“surtout en fin de mois, Jérôme vendait un produit qui générait un gain,
le même jour il passait une provision du même montant qui mettait sa
situation à zéro, le lendemain il faisait une reprise de cette même
provision, qui annulait la provision de la veille et reportait de
nouveau son gain, pour masquer ce gain il passait un achat/vente fictif
en l’occurrence sur Porsche qui générait une perte du même montant et
annulait donc son gain d’où un résultat de Zéro” ; que, comme les
premiers juges, la cour relève qu’il est incontestable que ces
opérations fictives, qui ne reposaient sur aucune réalité économique,
ont eu pour effet de fausser le niveau de risque de marché atteint par
les positions frauduleuses prises par M. X… et son résultat tel que
produit par les données du système Eliot alimentant les systèmes
d’information et comptable de la banque ;qu’il convient de rappeler qu’à
raison de la saisie des opérations fictives, qui faisaient apparaître
des écarts de valorisation ou de méthode, les services du middle office
les avaient corrigés en comptabilité ; que, pour tenter de s’exonérer de
toute responsabilité M. X… soutient que la Société générale avait
connaissance du caractère fictif de ses opérations, qu’il suffisait pour
cela de se reporter aux déclarations de Mme R… j’ai écrit noir sur
blanc qu’il s’agissait d’opérations fictives bookées pour équilibrer le
2A en valo et en analyse de risques ces opérations n’avaient pas de
réalité économique, mais un intérêt économique… en fait PNL et ACFI
savaient qu’il s’agissait d’opérations fictives” ; que si, certes,
s’agissant des opérations fictives passées par M. X… en mars 2007
(futures contrepartie pending et forwards face à Click Options) et en
avril 2007 (futures contreparties pending a été évoqué le terme
d’opérations fictives par Mme R…, notamment dans son courriel adressé
le 16 avril à MM. S… et J… “ses futures/forwards sont des opérations
fictives bookées à l’atteinte de la barrière sur les warrants knockés
pour équilibrer le pff en valo et en AR tant que la constatation du spot
ne permet pas dévaluer la valeur de rachat du warrant”, il convient de
rappeler que le prévenu avait réussi à être suffisamment convaincant
pour faire croire, par de fausses explications, par une manipulation
informatique dans le système Eliot visant à changer les caractéristiques
des warrants soi-disant knockés et enfin par la remise de faux mails
pour justifier de la réalité des warrants, que ces deals fictifs
venaient corriger une faille du système Eliot/front office qui n’était
pas à même de gérer correctement les warrants lorsque la barrière
désactivante était atteinte en fin de mois et que le prix de
remboursement du warrant était déterminé au début du mois suivant ;
qu’il se déduisait ainsi des explications de M.. X.., admises certes à
tort par les services de contrôle, que ses opérations avaient pour
finalité d’ajuster au plan comptable une réalité économique que le
système front office n’aurait pas été en mesure de traduire fidèlement,
ce que traduisaient les termes du courriel du 16 avril émanant de
Mme R… ; que M. H…, a expliqué devant la cour, que le mot fictif
était mal choisi, qu’il s’agissait en réalité “d’une correction pour
faire coller à la réalité’ Mme R… précisant qu’il fallait en effet
palier certains défauts de modélisation par plusieurs opérations de
modélisation venant matérialiser la réalité économique du produit ;
qu’en l’espèce, les opérations passées par M. X… n ‘avaient ni
réalité, ni justification économique ; que la défense expose que la
Société générale lors du débouclement des positions en 2008 a eu recours
à des opérations fictives de même nature que celles saisies par
M. X… ; que la Société générale fait valoir à cet effet, qu’ayant fait
le choix de conserver une confidentialité totale lors du débouclage de
la position frauduleuse de 50 milliards d’euros initiée par M. X… afin
de ne pas exposer la banque à un risque de spéculation massive du
marché contre elle pouvant entraîner une crise systémique, en parfaite
conformité avec les règlements de I’AMF, la banque avait opté pour le
maintien des opérations fictives de M. X… pendant la durée de la
liquidation, soit entre le 21 et 23 janvier 2008 que dès lors :
*M. XX…, en charge du débouclement, qui cependant ne connaissait ni
l’origine ni la taille de la position qu’il devait liquider, procédait
progressivement à la liquidation de 50 milliards d’euros, dans les
limites autorisées par la marché ( 10%) ; * un membre de l’équipe
d’initiés” escadrille “, (qui comprenait un nombre restreint de
personnes ayant connaissance de la fraude) passait en fin de journée une
opération compensant fictivement, dans les systèmes de la banque les
cessions réalisées surie marché par M. XX…. afin de les neutraliser au
vu des personnes non initiées jusqu’à la fin du débouclement – cette
procédure revenait en effet à annuler, via une opération de sens
inverse, les opérations fictives enregistrées par M. X…, au fur e à
mesure de la cession effective sur les marché de ses positions
frauduleuses – ;
* à l’issue des opérations de cession, le 23 janvier l’ensemble des
opérations fictives était supprimé des bases de gestion, la
neutralisation des positions massives de M. X… étant devenue sans
objet ; que la défense de M. X…, ne peut tirer argument de cette
procédure, tout à fait exceptionnelle, pour les motifs précités, pour
soutenir que la Société générale avait habituellement recours à des
opérations fictives ; que la défense fait encore valoir que les
opérations fictives saisies par M. X… pour des montants très
importants, à savoir des “forward face à la contrepartie “Click
Options”, que cette entité n’avait pas mandat de traiter, et des futures
en contrepartie upendingI qui se déversaient et restaient bloqués en
base tampon, entre 6 et 27 jours dans l’attente de renseignement du nom
de la contrepartie, ne pouvaient manquer d’attirer l’attention des
services de contrôle et que correspondre à des deals fictifs ; que sera
brièvement rappelé que le magistrat instructeur lors d’un transport dans
les locaux de la Société générale, (22 décembre 2008) avait constaté –
s’agissant des futures pending : que 1305 deals étaient bloqués dans la
base tampon, que le bock office n’était pas en mesure de détecter la
cause du rejet, seul le service DM1, middle office en charge du suivi de
la “base tampon” pouvant détecter les erreurs et qu’il apparaissait que
le rapprochement des positions avec les données du marché ne pouvait
révéler l’existence des “futures pending” versés dans la “base tampon” ;
que le middle office DML traitait en priorité les opérations “attendues
dans le marché” ce qui n’était pas le cas des opérations “futures
pending” qui n’existaient pas dans le marché ; que les deals “futures
pending” apparaissaient dans la base tampon en statut “erreur’’ et que
le champ du “broker” dans Eliot n ‘était pas renseigné ;

  • s’agissant des forwards face à “Click Options” que
    ces deals se déversaient directement en base Thétys du back office et
    apparaissaient à l’écran et, qu’en outre, les contrôles par le back
    office s’effectuaient prioritairement suries contreparties externes et
    non sur les contreparties intra-groupe telle que face à “Click Options
    “ ; que sera souligné, que les contrôles ne portaient que sur le prix
    unitaire et non pas sur l’ensemble de la position et que les opérations
    déversées dans la “base tampon” représentaient plusieurs milliers de
    milliards d’euros ; que sera encore rappelé, contrairement à ce que
    laisse entendre la défense du prévenu, que la base Eliot n’était en
    aucun cas conçue ni destinée à déceler un système frauduleux ; que cet
    outil informatique, mis à la disposition du front office avait vocation à
    recevoir toutes les opérations traitées par le trader ; qu’à ce titre,
    M. Z… a déclaré “il est vrai qu’au niveau du système Eliot II n’existe
    aucun contrôle qui serait de nature à alerter sur une saisie
    incohérente dans la mesure où les champs obligatoires sont renseignés” ;
    que les reportings journaliers, dont disposait le manager, ne faisaient
    apparaître que l’exposition nette et, dès lors que les positions
    directionnelles de M. X… étaient totalement couvertes par les
    positions fictives ne faisant ressortir aucune exposition aux risques,
    le manager était peu motivé à décortiquer l’ensemble des opérations de
    son trader ; qu’il convient encore de relever que sur le périmètre du
    prévenu avaient été dénombrées sur l’année 2007, 100 000 transactions
    futures, soit 800 par jour ; que la défense fait encore valoir que la
    pratique consistant à introduire des opérations fictives dans la base
    E1107 pour masquer du résultat était une pratique classique et
    habituelle à la Société générale ; qu’ainsi, que l’ont relevé
    pertinemment les premiers juges, le fait que M. C… et M. BB…, aient
    participé à deux transferts de résultats initiés par M. X…, en
    décembre 2007, ne permet pas de considérer que ces pratiques étaient
    “courantes et connues” de la Société générale, d’autant qu’elles se sont
    traduites par le licenciement des deux trader, assorti d’un protocole
    transactionnel ; qu’il apparaît au vu de ces développements, que M. X…
    a sciemment introduit dans le système Eliot, des données fictives, à
    savoir des ordres de bourses fictifs, sans aucune réalité économique,
    qu’il a par la suite annulées, les dites données ayant notamment pour
    but de faire disparaître son exposition aux risques de marché et de
    masquer ses engagements hors mandat et hors limite ; que, dès lors, le
    délit visé à la prévention est établi en tous ses éléments l’égard du
    prévenu ; qu’en conséquence le jugement déféré sera confirmé de ce
    chef ;
    “alors que toute infraction doit être définie en des termes suffisamment
    clairs et précis pour exclure l’arbitraire et permettre au prévenu de
    connaître exactement la nature et la cause de l’accusation portée contre
    lui ; que ni la notion de « système de traitement automatisé de
    données » visée à l’article 323-3 du code pénal, ni la finalité de
    l’atteinte frauduleuse audit système ne sont définies par ce texte ;
    qu’ainsi, la cour d’appel ne pouvait, sans violer le principe de
    légalité, entrer en voie de condamnation sur le fondement de ces
    dispositions qui ne définissant ni la condition préalable de
    l’infraction, ni un de ses éléments constitutifs, méconnaissent
    l’obligation fondamentale de clarté et de précision des textes
    d’incrimination garantie tant par les textes internes que par la
    Convention européenne des droits de l’homme et ne peuvent dès lors
    servir de base légale à une condamnation” ;

Attendu que, pour déclarer le prévenu coupable du délit prévu par
l’article 323-3 du code pénal et écarter l’exception prise de la non-
conformité de ce texte au principe de légalité des délits et des peines
énoncé par l’article 7 de la Convention européenne des droits de
l’homme, l’arrêt prononce par les motifs repris au moyen ;
Attendu qu’en statuant ainsi, et dès lors que l’article 323-3 précité
est rédigé en des termes suffisamment clairs et précis pour permettre
que son interprétation se fasse sans risque d’arbitraire, l’arrêt
n’encourt pas les griefs allégués au moyen, lequel doit être écarté ;
Sur le quatrième moyen de cassation, pris de la violation des
articles 441-1 du code pénal, L. 511-40 et L. 511-41 du code monétaire
et financier, du règlement n°97-02 du 21 février 1997, 591 et 593 du
code de procédure pénale ;
“en ce que la cour d’appel a déclaré M. X… coupable de faux et
usage de faux ;
“aux motifs qu’il est reproché à M. X… d’avoir altéré frauduleusement
la vérité, altération de nature à causer un préjudice à la Société
générale, et accompli par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou
tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui
peut avoir comme effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant
des conséquences juridiques, en l’espèce par la création de sept
courriers électroniques qui engageaient comptablement, financièrement et
juridiquement la banque (…) et d’avoir fait usage au préjudice de la
Société générale des dits faux ; que M. X… a reconnu avoir été
l’auteur de l’ensemble des sept courriels transférés aux organes de
contrôle interne de la banque, visés à la prévention, en les
confectionnant à partir de précédents courriers électroniques
effectivement reçus des mêmes correspondants et à l’insu de ces derniers
“je ne conteste pas avoir fait de faux e-mails, avoir utilisé l’entête
de correspondants, pour ce faire j ‘ai utilisé des précédents malts de
ces correspondants en conservant l’entête et en changeant le texte (…)
J’ai eu recours à ces mails pour justifier des opérations, fictives
conclues avec des tiers” ; que les faux courriels établis par M. X…,
sous l’en-tête de Mme Constanza CC…, portant les dates des 11 avril à
18 h et 12 avril 2007 à 131-111 étaient transférés par ce dernier à
M. DD…, le 11 mai 2007, dans le cadre de l’arrêté des comptes d’avril
2007, aux fins de justifier deux achats fictifs de warrant sur le Dax à
un prix déterminé, qui selon ses explications mensongères n’avaient pas
été saisis dans Eliot entraînant un écart passerelle de 13,9 millions
(augmentant artificiellement son résuItat) ; que lesdits courriels
avaient pour objet d’obtenir un ajustement comptable de ce montant ; que
toujours dans le cadre de l’arrêté des comptes d’avril 2007, M. X…,
pour étayer ses fausses explications selon lesquelles – à raison d’une
erreur de saisie dans le prix de deux warrants désactivés Clearstream,
son résultat était à tort sous-évalué à hauteur de 156,8 millions, et
qu’il se battait avec la bourse italienne pour obtenir les bonnes dates
de valeur – a confectionné un faux mail sous l’entête Lorenzo EE.. de la
BNP Paribas à Milan, daté du 30 avril 2007, faisant état – d’un délai
de retard pour l’enregistrement de cinq produits stockés dont le booking
devait avoir lieu fin mai, report de saisie dû à un dysfonctionnement
technique imputable A 13N Paribas – puis a transmis ce faux mail à
M. DD… le 16 mai 2007 ; que sa mauvaise foi est particulièrement
établie par les termes du courriel d’explication envoyé à M. DD… “la
date de valeur sera fin mai. Cela fait un mois que je me bats avec eux
sur le sujet (…), Le deal a été deleté hier parce que les personnes de
la bourse m’ont appelé pour me dire que cela se fera le 28 mai. Je vais
le rebooker aujourd’hui parce que j’attends la bonne date de trade. Je
leur demande me confirmation de leur part s’il vous la faut ; que, dans
le cadre, de l’arrêté des comptes de juin 2007, M. X… a transféré, le 6
juillet 2007, à M. DO…, sous l’entête de Christophe FF… de la
Deutsche Bank un faux courriel daté du 15 juin 2007, intitulé “trade
détails Dax Forward Roi ! Over’ destiné à justifier auprès des services
comptables un changement de contrepartie d’un forward initialement saisi
face à la contrepartie “Click CLT- bloqué au back office dans l’attente
de l’identification du client, puis face à “Click Options “générant
alors un écart de passerelle lors de la réconciliation intra-groupe,
puis enfin face à la contrepartie Deutsche Bank faisant disparaître
ainsi l’écart passerelle au niveau de la réconciliation intra-groupe et
permettant à M. DD… de procéder à la validation des ajustements
comptables infra-groupe ; que cependant, dès le 9 juillet, M. X…,
après avoir été interrogé par l’équipe de collatéralisation du back
office, la banque allemande n’ayant pas reconnu l’opération, leur a
adressé un fax leur indiquant que la décision avait été prise “de
remodéliser ce deal en listé dans la journée’, ce qui n’était pas fait,
puisque l’opération était fictive depuis l’origine, ce dernier Payant
annulée purement et simplement dans le système Eliot le 19 juillet,
après avoir ainsi réussi à passer tous les contrôles qui étaient clos le
18 juillet ; que ce deal face à Deutsche Bank, qui entraînait un risque
de contrepartie, avait attiré l’attention de
M. GG…, en charge du risque de contrepartie, qui en avisait M. X…,
lequel lui transférait le 1 juillet 2007, un mail sous l’entête de
M. FF., daté du 15 juin 2007 et intitulé “trade détails Dax future Roi !
avers” qui confirmait le “cross sur des futures Dax et expliquait
l’autre erreur de booking ; que le courriel d’explication joint était
ainsi libellé “c’est un cross de listés mal bookés dans Eliot. La
contrepartie se présentait en OTC la modif a été faite de notre côté
pour être finalement confirmée en listé comme initialement traité. Mon
middle a fait une modif sur le deal pour le rebooker à tort en OTC
dernièrement c’est corrigé ce soir” ; qu’en définitive M. X. ne
saisissait pas ce nouveau deal, puisque dès le début ces opérations
étaient fictives ; que cependant ces faux courriels lui ont permis de
faire valider, pendant le temps nécessaire des contrôles, les
changements de contreparties, avant de les annuler, puis d’en saisir de
nouveaux ; que toujours dans le cadre de l’arrêté des comptes du mois de
juin 2007, était identifié un écart de résultat lors de la
réconciliation inter-groupe à raison de deux forwards et cinq options
face à Click Options que cette dernière ne reconnaissait pas ; que pour
corriger cet écart à la suite de plusieurs relances des services de
contrôles qui le pressaient, M. X…, prétendant qu’il s’agissait d’une
erreur de booking, a transféré, le 12 juillet 2007, à Sébastien DD…,
un faux courriel daté du 28 juin, sous l’entête d’Amanda HH… de la
banque JP Morgan (confirmant l’opération) auquel était joint un mail
d’explication de M. X… en ces termes “je te confirme que les OTC en
écart sont face à Deutsche Bank et JP Morgan. Voilà déjà le détail sur
les 3 trades je te reforwardes la conf DBK dans la foulée” ; que, dès
lors, les équipes de consolidation infra -groupe avaient exclu de leurs
contrôles les dites opérations et transféré le résultat dans les comptes
de contreparties externes ; que, cependant M. X.., s’abstenait de
saisir les “tical face à Deutsche Bank et JP Morgan ; que fin décembre
2007,
M. X., qui à raison de ses positions directionnelles prises entre
septembre et novembre 2007, avait engrangé un gain de 1,4 milliard le
masquait par des opérations fictives générant une perte équivalente, à
savoir par des achats/ventes de titres Porsche à date de valeur décalée
générant un écart de méthode identifié parles équipes passerelle, qui
seront alors annulés et remplacés par des forwards face à “Click
options”, eux-mêmes remplacés le 3 janvier par des forwards face à la
contrepartie “Baader” qui généraient un risque de contrepartie très
important ,alertant l’ensemble des équipes de contrôle et la direction
des risques, qui interrogeaient M. X…, lequel dans un premier temps
annulait les deal ; face à “Baader” le 9 janvier, puis les remplaçait le
18 janvier à 11h58 dans le système Eliot par des forwards face à la
contrepartie Deutsche Bank, ce qui diminuait considérablement le risque
de contrepartie, à raison d’un accord de collatéralisation existant
entre les deux banques, lesdits forwards face Deutsche Bank ayant été
saisis après l’annulation d’un flux de provision de 1,4 milliard et se
substituant aux précédents face à Baader ; que, pour justifier de cette
opération auprès des équipes de contrôle, M. X… a transféré deux faux
mails le 18 janvier 2008 à 12 H 50, à M. YY…,, l’un sous l’entête
Beader daté du 17 janvier 2008 et l’autre sous l’entête de Christophe
FF., daté du 18 janvier à 12h14, qui avaient Fun et l’autre pour objet
de matérialiser la confirmation de la substitution de la contrepartie
“Deutsche Bank” à la contrepartie “Baader” et les achats-ventes de
forwards fictifs, destinés à masquer le résultats de 1,4 milliard ;
qu’il s’était agi en l’espèce pour M. X… d’accréditer l’idée de
l’authenticité de ces opérations auprès de M. YY qui l’avait interrogé
sur leur réalité et avait souhaité disposer d’un justificatif ; qu’il
est incontestable que M. X… a confectionné des faux matériels, en
supprimant le texte d’un document pour ne conserver que l’entête et la
signature et en y substituant un nouveau texte, engageant par la même le
tiers dans des opérations auxquelles il n’avait pas participé ; que
n’est pas pertinent l’argument selon lequel les courriels avaient pour
vocation non de tromper les services de contrôles mais de répondre aux
exigences de forme afin que ces derniers puissent transmettre ces
opérations qu’ils savaient fictives, aux services comptables ;que force
est de constater, comme lés premiers juges, que ces courriels avaient
pour vocation clé répondre précisément aux attentes des services de
contrôle qui le questionnaient et d’échapper à leur sagacité tout en
impliquant dans ses réponses des tiers totalement étrani… à ses
malversations, dont il usurpait la signature sans le moindre scrupule ;
que la cour reprenant les motifs pertinents des premiers juges constate
que la défense n’est pas fondée à soutenir que les documents argués de
faux devaient être confirmés puis contrôlés avant d’être passés en
écriture comptable afin d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait
juridique ; qu’en effet, cette succession de transferts de messages ne
répondait qu’à un seul souci : masquer la réalité tout en donnant à ses
affirmations des accents d’authenticité et aux opérations qu’il savait
fictives, une apparence trompeuse de réalité afin de tromper la Société
générale et de masquer ses positions et résultats occultes ; que ses
manœuvres engageaient les services comptables et les ont conduit à
valider les ajustements proposés et à admettre la fausse réalité des
opérations concernées ; que, dès lors, les messages étaient en cela
destinés à établir existence de faits ayant des conséquences juridiques
et causant un préjudice à la Société générale, ayant servi de supports
et de justificatifs à l’enregistrement de fausses écritures dans la
comptabilité de cette dernière ; que l’intention frauduleuse de M. X…
s’illustre dans son ingéniosité et sa réactivité à confectionner les
faux au fur et à mesure des interrogations des services de contrôles aux
fins de cacher ses positions directionnelles frauduleuses, par des
positions fictives qu’il justifiait grâce à ses faux mails ; qu’en
conséquence, les délits de faux et usage de faux sont caractérisés en
tous leurs éléments à l’égard du prévenu ; qu’en conséquence, le
jugement déféré sera confirmé de ce chef de prévention ;
“1) alors que, les faux pour lesquels le prévenu a été condamné ayant
été réalisés en vue de justifier les positions fictives qui auraient eu
pour but, selon la cour d’appel, de masquer les détournements
constitutifs de l’abus de confiance poursuivi, la cassation du chef du
dispositif relatif à cette in fraction entraînera, par voie de
conséquence, celle sur le faux qui ne saurait être constitué sans abus
de confiance, faute de préjudice pour la victime ;
“2) alors qu’en tout état de cause, les écrits comportant des
énonciations inexactes et qui sont soumis à discussion et à vérification
ne constituent pas des titres susceptibles d’entrer dans les prévisions
de l’article 441-1 du code pénal ; que les courriels litigieux, dont il
est constant qu’ils étaient destinés à être adressés aux organes de
contrôle et aux services comptables de la Société générale, étaient de
ce fait soumis à vérification ; qu’en se bornant à affirmer que les faux
avaient vocation à répondre aux attentes des services de contrôle,
lorsque cette circonstance n’exclut pas le fait que les faux étaient
ainsi soumis à vérification, en dépit de l’absence de vérification
effective des organes de contrôle, la cour d’appel a méconnu le sens et
la portée de l’article 441-1 du code pénal” ;
Attendu que le prévenu est également poursuivi des chefs de faux et
usage pour avoir, au cours de l’année 2007 et jusqu’au 19 janvier 2008,
établi sept courriers électroniques fictifs qui engageaient la banque du
point de vue comptable, financier et juridique, puis d’en avoir fait
usage auprès de cette dernière ;
Attendu que, pour déclarer le prévenu coupable de ces délits, l’arrêt prononce par les motifs repris au moyen ;
Attendu qu’en l’état de ces énonciations, dont il résulte que ces
courriers électroniques, censés émaner de tiers et destinés à figurer
dans la comptabilité de la Société générale, avaient des conséquences
juridiques et étaient de nature à causer un préjudice à la banque, la
cour d’appel a caractérisé, sans insuffisance, les délits dont elle a
reconnu le prévenu coupable ;
D’où il suit que le moyen doit être écarté ;
Mais sur le cinquième moyen de cassation, pris de la violation des
articles 6§1 de la Convention européenne des droits de l’homme, article
1er du premier protocole additionnel à la Convention européenne des
droits de l’homme, L. 511-40 et L. 511-41 du code monétaire et
financier, du règlement n°97-02 du 21 février 1997, préliminaire, 2, 591
et 593 du code de procédure pénale ;
“en ce que la cour d’appel a condamné M. X… à payer à la Société
générale la somme de 4915610154 euros en réparation de son préjudice ;
“aux motifs que la Société générale, qui sollicite la confirmation du
jugement déféré au plan civil, à savoir l’allocation à titre de
dommages-intérêts en réparation de son préjudice financier de la somme
de 4 915 610 154 euros, soutient :

  • que ce préjudice résulte de la perte occasionnée
    par le de bouclage impératif des positions frauduleuses constituées
    entre, le 5 janvier et le 18 janvier 2005, par M. x… à hauteur de 52
    257 062 380 euros sous forme de “futures” ; qu’il est certain dans son
    quantum, ayant été établi en cours d’instruction à la demande des
    magistrats instructeurs, à partir d’un fichier détaillant chacune des
    positions prises hors mandat par le prévenu sur les futures ;
  • qu’au 18 janvier, sur la base du cours de clôture, la position susvisée
    avait une valeur de marché de 49 777 420 919 suros et par voie de
    conséquence la perte latente était déjà à cette date de 2 779 631 464
    euros ;
  • que le fichier susvisé faisait également apparaître :
    les prix de clôture sur la période de cession, une estimation du prix de
    revient moyen pondéré et enfin le calcul de la moins-value de cession
    réalisée s’élevant à la somme de 6 445 696 815 euros (perte réalisée du
    18 janvier au 23 janvier), outre une position résiduelle de 58 510 888
    euros, au 23 janvier ;
  • qu’en conséquence à la date du 23
    janvier la perte s’établit, déduction faite du gain réalisé au 31
    décembre 2007, à hauteur de 1 471 275 773 curas, à la somme de 4 915 610
    154 euros, montants repris par les commissaires aux comptes de la
    Société générale et par la Commission bancaire et publiés en annexe aux
    états financiers de la Société générale pour l’année 2008 ;
  • que M. X…, à qui a été présenté ces fichiers, ne les a jamais
    contestés ayant toujours reconnu avoir, entre le 5 janvier et le 18
    janvier 2008, pris ces positions sur les futures, puis les avoir
    couvertes fictivement par des saisies de futures et forwards “pending” ;
    qu’il n’a jamais contesté que ses positions directionnelles ont atteint
    50 milliards ; qu’elle fait encore valoir que M. X… n’a pu prendre
    les positions aberrantes suries futures Dax, Eurostoxx et l’USE qu’en
    commettant l’ensemble dès infractions qui lui sont reprochées ; que la
    volonté de tromper la banque pour tenter d’échapper à la découverte de
    la globalité des infractions s’est poursuivie jusqu’au 18 janvier au
    soir et que ce n’est que le 20 janvier au matin que le prévenu a fini
    par avouer l’existence des positions colossales qu’il avait prises ; que
    la liquidation sans délai des positions frauduleuses et la perte qui en
    est résulté, ont été la conséquence mécanique de leur constitution par
    ces moyens frauduleux ; que du fait de ces agissements, qui ne
    respectaient plus les ratios prudentiels prévus à l’article 511-41 du
    CMF et le règlement 90-02 du 23 janvier 1990, relatif aux fonds propres,
    le règlement 91-05 du 15 février 1991 relatif aux ratios de
    solvabilité, et le règlement 95-02 du 21 juillet 1995 relatif à la
    surveillance prudentielle des risques de marché (notamment les articles
    2, 5, 6 et 7 du titre du dit texte), la banque n ‘avait pas le choix, au
    regard de la réglementation bancaire, que de liquider sans délai les
    positions de M. X…, la révélation des positions prises par le prévenu
    entraînant un besoin supplémentaire de fonds propres de l’ordre de 20
    milliards d’euros, les fonds propres de la Société générale s’élevant au
    31 décembre 2007 à la somme de 31, 275 milliards d’euros – que la
    Société générale a été immanquablement conduite à déboucler ses
    positions sans délai afin de se conformer au Règlement général de
    l’Autorité des marchés financiers et particulièrement à l’article 223-2
    de ce texte, relatif à la communication aux marchés “dès que possible”
    des in formations privilégiées détenues par des émetteurs d’instruments
    financiers cotés, eu égard à l’influence évidente que cette in formation
    était susceptible d’avoir sur le cours de la Société générale si elle
    était venue à être connue du public ;
  • que le contexte
    financier et boursier dans lequel le débouclage a eu lieu ne permet pas
    d’affirmer que celui-ci serait la cause de la dynamique très négative et
    volatile des marchés financiers entre le 21 et le 23 janvier 2008 ;
  • que le lancement des opérations, dès le lundi 21 janvier, en l’absence
    des investisseurs américains en raison d’un jour férié aux Etats-Unis
    n’a pas été de nature à créer un écart dans les volumes traités ;
  • qu’ainsi une étude, effectuée sur l’éventualité d’un report des
    opérations de débouclage sur une période s’étendant du 21 janvier au 8
    octobre 2008, faisait ressortir une perte moyenne de 9 milliards
    d’euros, avec un maximum atteint en octobre 2008 totalisant 18 milliards
    d’euros ;
  • que quelques jour avant l’ouverture des débats
    devant la cour, le nouveau conseil de M. X… a pris l’initiative de
    déposer une plainte pour escroquerie au jugement, au motif que la
    Société générale aurait sollicité des “demandes indemnitaires qu’elle
    savait mensongères” à savoir d’une part, qu’elle aurait dû prendre en
    compte le montant de la déduction fiscale qu’elle aurait obtenue du fait
    des pertes consécutives à la fraude et, d’autre part, qu’elle aurait
    omis d’indiquer qu’elle avait eu recours, au moment du débouclement des
    positions de M. X…, à des “deals, fictifs pour corriger l’exposition
    et l’impact en PNL ‘ opérations qui auraient eu pour conséquence de
    “modifier artificiellement le montant présenté commue une perte” ;
  • que ses accusations sont parfaitement artificielles et mensongères, le
    scellé “SG 13 contenant un document établi par la banque pour relater
    les conditions du débouclement des positions fait état du passage de
    “deals fictifs” ; ledit document ayant été précisément rédigé par la
    Société générale le 24 janvier 2008 à l’issue des opérations de
    débouclement des positions frauduleuses, pour exposer et retracer en
    toute transparence le processus suivi par l’équipe “Escadrille” dans le
    cadre de ce débouclement ;
  • qu’ayant fait le choix conserver
    une confidentialité totale lors du débouclage de la position frauduleuse
    de 50 milliards d’euros initiée par M. X… afin de ne pas exposer la
    banque à un risque de spéculation massive du marché contre elle pouvant
    entraîner une crise systémique, en parfaite conformité avec les
    règlements de l’AMI, la banque avait opté pour le maintien des
    opérations fictives pendant la durée de la liquidation soit entre le 21
    et 23 janvier 2008 que dès lors :

*M. XX…, en charge du débouclement, qui cependant ne connaissait,
ni l’origine ni la taille de la position qu’il devait liquider,
procédait progressivement à la liquidation de 50 milliards d’euros, dans
les limites autorisées par la marché (- 10%) * un membre de l’équipe
d’initiés “Escadrille”, (qui comprenait un nombre restreint de personnes
ayant connaissance de là fraude) passait en fin de journée une
opération compensant fictivement, dans les systèmes de la banque les
cessions réalisées sur le marché par M. XX.., afin de les neutraliser au
vu des personnes non initiées, jusqu’à la fin du débouclement – cette
procédure revenait en effet à annuler, via une opération de sens
inverse, les opérations fictives enregistrées par M. X… au fur et à
mesure de la cession effective sur les marché de ses positions
frauduleuses – ;
* à l’issue des opérations de cessions, le 23 janvier l’ensemble des
opérations fictives était supprimé des bases de gestion, la
neutralisation des positions massives de M. X… étant devenue sans
objet ; que cette exigence de confidentialité et ses modalités n’ont eu
strictement aucune conséquence sur le montant final de la perte causée
par les opérations frauduleuses passées par M. X… validée dans son
montant par la commission bancaire ; que, par cette plainte et ses
déclarations médiatiques avant l’ouverture du procès, le prévenu a de
nouveau tenté d’utiliser les mêmes procédés en amalgamant, d‘une part,
les opérations fictives frauduleuses qu’il a enregistrées pendant des
mois dans le seul but de fausser les contrôles et de masquer ses
activités illégales et, d’autre part, les opérations saisies par la
Société générale du 21 au 23 janvier 2008, alors qu’elle était
contrainte de liquider une position massive frauduleuse, dans un
contexte réglementé et particulièrement exposé ; que, s’agissant du
traitement fiscal de la perte issue de la fraude commise par le prévenu,
les accusations de la défense sont tout aussi mensongères et dépourvues
de portée à savoir :
*la Société générale a établi en toute transparence le quantum de son
préjudice dont elle demande réparation et, qu’en droit, il est constant
que l’auteur d’une ou plusieurs infractions doit à la victime, personne
morale, réparation de l’intégralité de son préjudice dont le montant est
évalué hors traitement fiscal de la perte subie et qu’il serait
totalement absurde de procéder autrement dans la mesure où, s ‘il est
fait droit aux demandes de réparation de la partie civile, cette
dernière sera dans l’obligation d’intégrer dans son résultat fiscal les
sommes obtenues en paiement de l’auteur de l’infraction ; de la sorte
l’application de ce mécanisme assure une réparation intégrale du
préjudice tout autant qu’elle préserve des risques d’une double
indemnisation ;
* la décision de la déduction fiscale de la perte de 6,3 milliards
d’euros a été prise par la banque après analyse des règles de
déductibilité des charges en matière d’impôt sur les sociétés au regard
de la théorie de l’acte anormal de gestion ; que cette théorie permet à
l’administration de refuser une telle déduction ; que cette décision a
été ainsi prise dans le strict respect des règles fiscales applicables ;
* que par souci d’exhaustivité est précisé que la banque a bénéficié
en 2009 du remboursement par le Trésor public d’une créance dite de
“carry-back” d’un montant de 1,147 milliard d’euros et non pas de 1,690
milliard comme invoqué par M. X… ; que la défense de M. X… fait
valoir :

  • qu’il existe une incertitude sur le quantum du
    préjudice ; que la perte alléguée par la Société générale est purement
    déclaratoire et n’est étayée d’aucune pièce justificative ; qu’il faut
    déplorer à cet égard le refus des demandes d’expertises notamment
    comptable et fiscale sollicitées lors de l’instruction ; qu’il n’est pas
    vain de démontrer qu’une erreur de calcul affecte le résultat donné par
    la Société générale, dès lors qu’il devrait être au seul plan
    arithmétique de 4 915 607 154 82 euros et que cette erreur est
    reproduite à l’identique dans le jugement de première instance ;
  • que la faute commise par la Société générale exclut tout droit à
    réparation ; que cette faute doit être appréciée “in abstracto” ; que,
    selon la jurisprudence de la cour de cassation toute faute, même légère
    de la victime est retenue dès lors qu’elle a contribué à causer son
    propre préjudice ; que, dès lors, si la cour devait reconnaître M. X…
    coupable des in fractions reprochées, elle devra tenir compte de la
    faute intentionnelle de la Société générale qui a consisté à laisser
    prendre sciemment toute latitude à M. X… pour engager des positions
    directionnelles, de sorte que la responsabilité de la banque aurait pu
    être engagée ; que les défaillances des systèmes de contrôles de la
    Société générale doivent être analysées a minima comme des imprudences
    fautives et la cour doit faire application de l’adage “on ne fait tort à
    qui consent “ ; que, dès lors, la banque en acceptant de se soumettre à
    certains risques sans s’assurer parallèlement de la sécurité nécessaire
    qui s’impose a commis une faute si grave que cette dernière est de
    nature à exclure son droit à réparation ; que la déduction fiscale de
    1,7 milliard d’euros a bénéficié à la Société générale, laquelle
    déduction a été accordée avec une précocité surprenante dès février
    2008, et alors qu’aucune décision sur la culpabilité de M. X… n ‘était
    intervenue et qu’une telle déduction ne peut être octroyée selon une
    jurisprudence du Conseil d’Etat que si la perte financière délictueuse a
    été commise à l’insu des dirigeants, et que les dirigeants ne doivent
    pas, par leur comportement délibéré ou leur carence manifeste dans
    l’organisation des dispositifs de contrôle de la société et la mise en
    œuvre de ceux-ci, être à l’origine, directement ou indirectement, de la
    perte en cause ; qu’en l’espèce, cette dernière condition n’était
    manifestement pas remplie à la lumière de la décision de la commission
    bancaire qui a mis en évidence une défaillance certaine du système de
    contrôle de la Société générale et prononcé à l’encontre de cette
    dernière une amende de 4 millions d’euros ;
  • qu’il résulte du
    document de référence, produit aux actionnaires et au marché en 2008
    concernant l’année 2007, que la Société générale disposait d’une
    couverture au titre de la police vol/fraude, ladite police, inclue dans
    la police globale de la banque, assurait l’ensemble des activités banque
    dans le monde entier ; qu’une demande d’acte à ce titre avait été faite
    au juge d’instruction qui restait sans réponse ;
  • que le
    “dossier escadrille” (scellé SG 13) qui décrit le mode opératoire du
    débouclement fait expressément référence à la menton du ‘passage de
    deals fictifs pour corriger l’exposition et l’impact en PNL” ; qu’il
    paraît dès lors surprenant, que Mme K…, interrogée sur le fait de
    savoir si à sa connaissance M. X… était le seul a avoir eu recours à des
    “opérations fictives”, ait répondu “à ma connaissance oui” ;
  • qu’il est, dès lors, certain que la Société générale ne pouvait ignorer
    que le passage de tels “deals fictifs” par ses soins, dont le mobile est
    indifférent, altère considérablement le résultat final de la perte
    déclarée par la Société générale et donc un éventuel droit à
    réparation ; que cette réticence d’information, qui a consisté pour la
    Société générale à dissimuler sciemment la nature et la portée de ses
    “opérations fictives “, a nécessairement trompé la juridiction
    répressive de première instance ; que les éléments nouveaux portés à la
    connaissance de la cour démontrent que les opérations de débouclement ne
    se sont guère produites et que l’affaire “X… “a servi à renommer des
    pertes subies sur les produits dérivés liés à l’immobilier résidentiel
    américain (Subprimes) ; que M. XX… lui-même à la barre de la cour a
    indiqué “la Société Générale avait une exposition significative aux
    Subprimes, je pensais couvrir les Subprimes” ; qu’il résulte des
    développements ci-dessus, que M. X… s’est rendu coupable des délits
    d’abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse
    de données dans un système de traitement automatisé ; qu’il est
    incontestable que les délits d’abus de confiance et d’introduction
    frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé sont des
    délits intentionnels contre les biens ou d’atteinte aux biens
    d’autrui ; qu’il est patent que la Société générale a été victime de ces
    infractions dont M. X… a été l’unique concepteur, initiateur et
    réalisateur du système de fraude ayant provoqué les dommages causés à
    celle-ci, ainsi que l’ont très justement relevé les premiers juges ; que
    si certes la Commission bancaire dans son rapport du 28 mai 2008
    relevait une défaillance certaine des systèmes de contrôle de la Société
    générale et prononçait à son encontre une amende de 4 millions d’euros,
    aucune disposition de la loi ne permet de réduire à raison d’une faute
    de la victime le montant des réparations dues à celle-ci par l’auteur
    d’une infraction intentionnelle contre les biens ; que M. X… n’a
    jamais con testé avoir pris une position directionnelle de 50 milliards
    d’euros ayant ainsi admis devant le magistrat instructeur “qu’il ne
    contestait pas les positions telles que détaillées dans la note de la
    Commission bancaire(..) ; qu’il s’était fixé une limite de 50 milliards
    d’euros” ; qu’il n’a pas plus contesté que le 18 janvier à midi “j’ai
    perdu mon matelas de 1,4 milliard et mon résultat est à zéro net, ce
    n’est que l’après midi que je passe dans le rouge” ; qu’il est patent
    que le préjudice causé à la Société générale trouve son origine dans la
    prise de positions directionnelles hors mandat pour un montant de 50
    milliards, dissimulé par des positions fictives du même montant ; qu’il
    s’ensuit que la Société générale est en droit d’obtenir la réparation de
    l’intégralité du préjudice financier résultant du débouclage de cette
    position ; que la défense ne peut reprocher à la partie civile d’avoir,
    sans délai, liquidé ses positions frauduleuses qui entraînaient un
    besoin supplémentaire de 20 milliards de fonds propres, lesquels
    s’élevaient au 31 décembre 2007 à la somme de 31,275 milliards, ce qui
    la mettait en infraction à la réglementation bancaire relative notamment
    aux ratios de solvabilité et la plaçait au titre du ratio prudentiel en
    dessous du niveau minimal fixé par le régulateur ; que de même la
    découverte des dîtes positions, qui constituaient à l’évidence à raison
    de leur importance et des conséquences sur les fonds propres de la
    banque, une in formation privilégiée devait, aux termes de l’article
    223-2 du règlement général de l’autorité des marchés financiers être
    divulguée aux marchés “dès que possible”, sauf à la différer sous sa
    propre responsabilité, afin de ne pas porter atteinte à ses intérêts
    légitimes ; qu’il s’en déduit sans équivoque que la banque n’avait
    d’autre choix que de liquider sans délai les positions frauduleuses du
    prévenu ; que la commission bancaire note dans son rapport que :

“la Société générale par souci de respecter l’intégrité des marchés
s’était imposée de rester sur chacun des marchés concernés dans la
limite de volume quotidien de 10% autolimitation qu’elle a bien
respectée” ;
“Le rapport Lagarde”, du 4 février indique qu’Eurex et le Liffe,
gestionnaires des marchés concernés, auraient confirmé à I’AMF ne pas
avoir de critiques à formuler sur les opérations de la banque pendant
les trois journées du 21 au 23 janvier. Eurex a de plus indiqué à I’AMF
qu’au regard de leur taille particulière les positions ont été
débouclées de façon très professionnelle” ; que la cour relève que si,
certes, le débouclage des positions est intervenu dans un contexte
boursier très défavorable, le marché était dans une tendance baissière
depuis le début du mois de janvier, ce qui a, d’ailleurs, occasionné los
pertes du prévenu, qui entre le 5 janvier et le 18 janvier, en dépit de
cette tendance défavorable, n’avait pas hésité à se positionner à la
hausse pour 50 milliards ; qu’au surplus, sera relevé, que l’analyse
théorique sur les mois suivants et jusqu’au mois d’octobre 2008 a
démontré que les pertes auraient pu atteindre en moyenne 8 milliards
d’euros entre le 21 janvier et le 8 octobre 2008, voire 15 milliards en
septembre et plus de 18 milliards en octobre ; que l’argument de la
défense selon lequel la Société générale aurait dissimulé à la
juridiction du premier degré l’utilisation de “deals fictifs” lors du
débouclement des positions ce qui aurait eu pour effet de fausser
l’évaluation du préjudice n’est pas pertinent ; que le document intitulé
“Dossier la Escadrille – monitoring du débouclement de ici position du 2
1/01108 au 23/01/08, qui relate les conditions de débouclement des
positions frauduleuses et fait référence au “passage de deals fictifs”, a
été rédigé par la Société Générale le 24 janvier 2008 pour exposer et
retracer le processus suivi par l’équipe “Escadrille” ; que ce document,
placé sous scellé “SGI 3” par les enquêteurs de police au cours de
leurs investigations, et qui constitue une pièce de la procédure, était
donc à disposition du magistrat instructeur, des premiers juges et de la
défense ; qu’il ne peut donc être soutenu avec pertinence que la banque
a dissimulé sciemment la nature et la portée de ses opérations fictives
et ainsi trompé la juridiction répressive du premier degré ; que sera
rappelé, que dans le cadre de cette procédure de débouclement, tout a
fait exceptionnelle pour la banque, le recours aux “deals fictifs.”
était motivé par le souci de conserver une totale confidentialité
pendant les trois jours du débouclage, ce qui l’avait amené à opter pour
le maintien des opérations fictives prises par M. X… en couverture de
ses positions directionnelles, qui au fur et à mesure qu’elles étaient
cédées étaient compensées fictivement dans les systèmes de la banque par
une opération en sens inverse en fin de journée ; qu’à l’issue du
débouclage le 23 janvier l’ensemble de ces deals fictifs était annulé,
le souci de confidentialité ayant disparu, l’affaire ayant été portée à
la connaissance du public le 24 janvier 2008 avant l’ouverture des
marchés ; qu’il apparaît, dès lors, que le recours à cette procédure n’a
eu aucune incidence sur le montant des pertes résultant du débouclage
des positions frauduleuses du prévenu, laquelle influence n’a d’ailleurs
pas été démontrée par la défense qui se contente de simples
affirmations ; que l’argument, développé pour la première fois devant la
cour, selon lequel l’affaire “X…” a servi “à renommer” des pertes
subies sur les produits dérivés liés à l’immobilier résidentiel
américain Subprimes”, est totalement fantaisiste ainsi qu’il a été
développé ci-dessus, la note de M. W… n’étant pas pertinente, car
construite à partir de documents parcellaires, pas plus que les autres
pièces fournies par la défense consistant en des articles de presse
trouvés sur internet, des commentaires ou des déclarations anonymes, des
articles tirés du site internet Wikipédia, documents faisant état de
rumeur, de sentiments, d’opinions, non étayés ; qu’à ce titre que si,
certes, M. XX.., chargé du débouclement des positions frauduleuses du
prévenu, a pu déclarer “ qu’il avait pensé couvrir les Subprimes” il
convient de replacer cette phrase dans son véritable contexte ; qu’en
effet, par souci de confidentialité et de rigueur, la direction de
“GEDS” n’avait pas informé M. XX… sur le montant globale positions à
déboucler, ni sur le motif exact de l’opération, dont il sera avisé
uniquement le jeudi matin ; qu’il avait ainsi pensé compte tenu de
l’énormité des positions à déboucler qu’elles étaient liées aux
“subprimes” ; qu’en revanche ce dernier a déclaré, devant le magistrat
instructeur, qu’une fois découvert le jeudi matin qu’il s’agissait du
débouclage des positions de M. X…, “J’étais dévasté comme les 130 000
collaborateurs de la Société générale dont cette fraude a changé la vie
pour longtemps” ; que, s ‘agissant des opérations de débouclement il a
précisé qu’il avait reçu instructions de vendre des futures Dax,
Eurostoxx et Moisie (…) ; que n’ayant pas réussi à vendre tous le Dax
avant le mercredi soir du fait de la contrainte lié au respect des
volumes (10% du marché total) M. AA…, avait décidé de couvrir le 1,5
milliard de Dax restant à déboucler par 1,5 milliard d’Eurostoxx, indice
plus liquide, ladite position dite de spread ayant été débouclée jeudi
et vendredi dans des contraintes de volumes plus fortes, que plus de 99%
du risque avait été débouclé en trois jours du lundi au mercredi” ;
qu’il convient de rappeler que la position de 50 milliards prise par
M. X… portait sur l’achat de futures Dax, Eurostoxx et Foctsie ; qu’au
vu de l’ensemble de ces éléments il ne fait aucun doute que c’est bien
la position frauduleuse de M. X…, qui a été débouclée entre le 21 et
le 23 janvier dans sa quasi globalité à l’exception de la position
résiduelle de 1,5 milliard d’euros surie Dax ; que, dès lors que le
quantum des pertes totales occasionnées par le débouclage des positions
frauduleuse de M. X… s’élève bien à la somme globale de 6 445 696 815
euros, somme validée tant par les commissaires aux comptes de la banque,
que par la commission bancaire et qui figure aux états financiers de la
banque pour l’année 2008 ; qu’en conséquence, déduction faite du gain
réalisé au 31 décembre par M. X… sur ses positions du dernier
trimestre 2007 soit 1 471 275 773 euros et du reliquat de positions
résiduelles subsistant le 23 janvier 2008 à hauteur de 58 810 0888
euros, le préjudice de la Société générale consécutif aux prises de
positions frauduleuses du prévenu s’élève à la somme de 4 915 610 154
euros ; que, s’agissant de la déduction fiscale de 1,147 milliard dont a
bénéficié la Société générale en 2009, celle-ci ne saurait bénéficier
au prévenu pour venir en déduction de sa dette née des in fractions qui
lui sont reprochées et pour lesquelles la courra déclaré coupable ; qu’a
ce titre la cour relève que si la partie civile, se voyait rembourser
le montant de son préjudice subi elle serait dans l’obligation
d’intégrer à son résultat fiscal les sommes obtenues en paiement de
M. X ; qu’il n’appartient pas à la cour de juger de la pertinence de
cette déduction octroyée par l’administration fiscale ; que l’éventuelle
indemnisation de la victime par son assureur, dont il n’est pas
justifié en l’espèce, ne dispense pas l’auteur de l’infraction de
réparer le préjudice qui découle des faits qu‘il a commis ; qu’en
conséquence M. X… sera condamné à payer à la Société générale la somme
de 4 915 610 154 euros en réparation de son préjudice direct et certain
résultant des infractions intentionnelles contre les biens commises par
ce dernier ; que le jugement déféré sera donc confirmé ;
“1) alors que la dérogation au principe de réduction de l’indemnité
due à la victime en cas de faute de celle-ci a pour fondement que
l’auteur d’une in fraction ne puisse conserver une partie du bénéfice
qu’il en aurait retiré ; qu’aussi, si aucune disposition de la loi ne
permet de réduire, en raison d’une imprudence de la victime, le montant
des réparations civiles dues à celle-ci par l’auteur d’une in fraction
intentionnelle contre lesbiens, c’est à la condition que ce dernier en
ait tiré un profit personnel ; qu’en l’espèce la cour d’appel ne
pouvait, sans contradiction, refuser de prendre en considération les
manquements de la victime à ses obligations prudentielles, qu’elle
constatait expressément, tout en relevant, dans le même temps, que le
prévenu n’avait dégagé aucun profit des faits qui lui étaient
reprochés ;
“2) alors qu’au demeurant, la faute volontaire de la victime d’une in
fraction intentionnelle contre les biens qui a conduit à la réalisation
du dommage est de nature à exonérer de sa responsabilité civile
l’auteur de l’infraction ; que la cour d’appel a refusé de tirer les
conséquences légales des manquements intentionnels de la Société
générale qu’elle relevait et qui avaient contribué à la réalisation de
son dommage, qu’il s’agisse de la défaillance de ses systèmes de
contrôle comme des choix faits par elle lors du dé bouclage des
positions litigieuses, en particulier en recourant à des opérations
fictives et illicites qui étaient de même nature que celles qui avaient
été reprochées au prévenu et avaient justifié sa condamnation ;
“3) alors qu’est indirect au sens de l’article 2 du code de procédure
pénale le préjudice qui, résultant d’un événement autre que
l’infraction poursuivie, ne prend pas directement sa source dans les
faits reprochés ; que le préjudice invoqué par la Société générale a été
réalisé par les opérations de débouclage qu’elle a effectuées
postérieurement à la fraude, les prises de position hors mandat
constitutives des in fractions reprochées n’entraînant, en elles même,
aucun dommage tant qu’elles n’étaient pas liquidées ; que s’il résulte
des constatations des juges d’appel que la Société générale n’avait pas
d’autre choix que de liquider ces positions, ce choix, critiqué par la
Commission bancaire, s’est traduit par une perte substantielle
additionnelle de 3,6 milliards d’euros, le résultat latent des prises de
positions de M. X…, une semaine avant la liquidation, correspondant à
une perte de « seulement » 2,7 milliards d’euros ; que dès lors qu’il
résultait de ses propres constatations qu’une partie du préjudice
allégué trouvait sa source, non dans les in fractions reprochées, mais
dans les agissements postérieurs de la victime, la cour d’appel ne
pouvait, sans rechercher le montant de cette part, mettre à la charge du
prévenu la totalité des pertes invoquées par la partie civile ;
“4) alors qu’en tout état de cause, il résulte des dispositions
conventionnelles que la sanction ne doit pas être disproportionnée au
regard du manquement commis mais doit au contraire respecter un juste
équilibre, le principe de la réparation intégrale du préjudice ne
pouvant faire obstacle à cette règle lorsque, par son montant
exceptionnel, la condamnation civile s’apparente à la peine de
confiscation générale sur tous les biens du condamné, y compris futurs ;
qu’en imposant à M. X… de payer à la Société générale une somme de
près de 5 milliards d’euros, condamnant de fait une personne physique à
une peine de confiscation générale portant sur l’intégralité de son
patrimoine présent et à venir, la cour d’appel, qui a prononcé une
condamnation disproportionnée au regard du manquement commis ne
respectant pas un juste équilibre, a méconnu le principe visé au moyen
et l’article 1er du premier protocole additionnel à la Convention
européenne des droits de l’homme ;
“5) alors que le droit à l’exécution des décisions judiciaires, qui
fait partie intégrante du droit au procès équitable, implique que leur
mise en œuvre soit possible et opérante pour chacune des parties ; qu’en
condamnant M. X… à payer à la Société générale une somme de près de 5
milliards d’euros en réparation de son préjudice, somme qui, par son
montant exceptionnel, constitue un obstacle insurmontable à l’exécution
de la réparation, la cour d’appel a rendu une décision ne permettant pas
à la partie condamnée d’acquitter ses obligations, en méconnaissance du
droit au procès équitable garanti par l’article 6§1 de la Convention
européenne de sauvegarde des droits de l’homme et l’article 1er du
premier protocole additionnel à la Convention européenne des droits de
l’homme” ;
Vu l’article 2 du code de procédure pénale, ensemble l’article 1382 du code civil ;
Attendu que lorsque plusieurs fautes ont concouru à la production du
dommage, la responsabilité de leurs auteurs se trouve engagée dans une
mesure dont l‘appréciation appartient souverainement aux juges du fond ;
Attendu que, pour condamner M. X… à verser à son employeur, la
Société générale, à titre de dommages-intérêts, la somme de 4,9
milliards d’euros correspondant à l’intégralité du préjudice financier,
l’arrêt énonce que le prévenu a été l’unique concepteur, initiateur et
réalisateur du système de fraude ayant provoqué le dommage, lequel
trouve son origine dans la prise de positions directionnelles, pour un
montant de 50 milliards d’euros, dissimulées par des positions fictives,
en sens inverse, du même montant, et que la banque n’a pas eu d’autre
choix que de liquider sans délai les positions frauduleuses du prévenu ;
que les juges, après avoir constaté l’existence et la persistance,
pendant plus d’un an, d’un défaut de contre le hiérarchique, négligence
qui a permis la réalisation de la fraude et concouru à la production du
dommage, et l’absence d’un quelconque profit retiré par le prévenu des
infractions commises, relèvent que si cette défaillance certaine des
systèmes de contrat de la Société générale a été constatée et
sanctionnée par la Commission bancaire, aucune disposition de la loi ne
permet de réduire, en raison d’une faute de la victime, le montant des
réparations dues à celle-ci par l’auteur d’une infraction intentionnelle
contre lés biens ;
Mais attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’elle relevait l’existence
de fautes commises par la Société générale, ayant concouru au
développement de la fraude et à ses conséquences financières, la cour
d’appel a méconnu le principe ci-dessus rappelé ;
D’où il suit que la cassation est encourue de ce chef ;

DÉCISION

Par ces motifs :

Sur le pourvoi de la HCCDA ;

Le rejette ;

Sur le pourvoi de M. X…

. Casse et annule l’arrêt susvisé de la cour d’appel de Paris, en
date du 24 octobre 2012, mais en ses seules dispositions relatives à
l’action civile, toutes autres dispositions étant expressément
maintenues ;

Et pour qu’il soit à nouveau statué, conformément à la loi, dans les limites de la cassation ainsi prononcée ;

. Renvoie la cause et les parties devant la cour d’appel de
Versailles, à ce désignée par délibération spéciale prise en chambre du
conseil ;

. Ordonne l’impression du présent arrêt, sa
transcription sur les registres du greffe de la cour d’appel de Paris et
sa mention en marge de l’arrêt partiellement annulé ;

La Cour : M. Louvel (président), Mme Ract-Madoux
(conseiller rapporteur), Mme Nocquet, M. Foulquié, Mmc Guirimand,
MM. Beauvais, Guérin, Moignard, Straehli, Finidori, Monfort, Castel,
Buisson, Pers, Fossier, Raybaud, Mmes Mirguet, Caron, MM. Moreau,
Sollard, Mmes Vannier, de la Lance, Chaubon, M. Germain, Mme Drai, M
Sadot,Mme Duval-Arnotid (conseillers de la chambre), Mmes Labrousse,
Harel-Dutirou, M. Laurent, Mmes Moreau, Carbonaro, MM. Barbier,
Talabardon, Azema, Beghin (conseillers référendaires)
Avocats : Me Spinosi, SCP Celice, Blancpain et Soltner
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* Nous portons
l’attention de nos lecteurs sur les possibilités d’homonymies
particuliérement lorsque les décisions ne comportent pas le prénom des
personnes.

… Pour en savoir plus : http://www.legalis.net/spip.php?page=breves-article&id_article=4070

Dividende universel suisse, un appui des autorités à la paix.

http://www.admin.ch/ch/f/pore/vi/vis423t.html


Lutte contre le chômage, l’austérité, la rigueur et les crises, on n’a pas tout essayé. Mettons à contribution les robots et les machines.



Initiative populaire fédérale suisse ‘Pour un revenu de base inconditionnel’

La Constitution est modifiée comme suit:
Art. 110a (nouveau) Revenu
de base inconditionnel

1 La Confédération veille
à l’instauration d’un revenu de base inconditionnel.

2
Le revenu de base doit permettre à l’ensemble de la population de mener une existence
digne et de participer à la vie publique.

3
La loi règle notamment le financement et le montant du revenu de base.



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