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OBWALDFLÜELI-RANFT

Ici, Nicolas de Flue nous guide

2017 marque le 600e anniversaire de la naissance de Nicolas de Flue, homme de paix et célèbre mystique, qui marqua l’histoire de la Suisse. Autour de Flüeli et du Ranft, suivons les pas du «père de la patrie».

C’est au centre du demi-canton d’Obwald, à quelques kilomètres du centre géographique de la Suisse, que commence notre périple sur les traces de Nicolas de Flue. L’église baroque de Sachseln, commune blottie au cœur des Préalpes de Suisse centrale, abrite les reliques du saint homme ainsi que deux mosaïques évoquant sa vie d’ermite au Ranft. Cette première halte achevée, on s’éloigne alors des bords du lac de Sarnen en direction de Flüeli, village natal du saint patron de la Suisse. On emprunte le chemin des pèlerins, passant devant plusieurs chapelles parfaitement entretenues. Nous ne sommes qu’à 600 mètres d’altitude, mais la neige recouvre à nouveau les prés. Le bétail est resté sagement au chaud et l’on ne croisera, dans la froidure du petit matin, que quelques pèlerins de Compostelle lourdement chargés.
Après une petite heure de marche, nous atteignons un promontoire rocheux dominé par l’immense hôtel Paxmontana érigé à la fin du XIXe siècle à l’avènement du tourisme alpin. Le petit village de Flüeli vit au rythme des autocars de pèlerins venus de toute la Suisse découvrir les deux maisons – natale et d’habitation – de Nicolas, dés­ormais transformées en musées. Son souvenir y est pieusement cultivé. Nos pas nous conduisent alors au bord d’un ravin. Un sentier nous permet de dévaler la pente jusqu’au fameux Ranft. C’est là, au bord des eaux tumultueuses de la Melchaa, que Nicolas, paysan, politicien, juge et père de dix enfants, vécut en ermite pendant près de vingt ans. «Le mot Ranft vient de Rand, qui signifie bordure», précise l’abbé Jacques Rime, qui s’intéresse depuis longtemps à la figure de l’ermite obwaldien. Il voit un lien évident entre la situation de l’ermitage et l’expérience mystique de Nicolas de Flue: «Il n’a pas vécu caché au fond des bois, mais en bordure du monde, à quelques centaines de mètres de sa famille. C’était un solitaire, mais pas un homme sauvage, il a d’ailleurs reçu énormément de personnes venues chercher conseil auprès de lui.» L’ermitage n’a pas changé en six siècles. Quelques mètres carrés d’obscurité, sans meuble ni confort, à peine un petit poêle pour lutter contre l’humidité et les rigueurs du climat: la simplicité est incontestablement la marque de fabrique de cet homme de paix.
Sur le chemin des visions
Nous traversons ensuite la Melchaa et empruntons un chemin qui grimpe dans les pâturages en direction du village de Sankt-Niklausen, avant de rejoindre la chapelle du même nom, dont l’immense clocher appelé la «tour des Romains» est visible loin à la ronde. À 850 mètres d’altitude, nous voici au point culminant de notre itinéraire. L’occasion de profiter d’un magnifique panorama sur les Alpes obwaldiennes. La descente via la chapelle du Mösli est ensuite abrupte et glissante. Mieux vaut ne pas se laisser distraire par la vue impressionnante sur la vallée de la Melchaa. Nous passons une nouvelle fois par le Ranft, avant de rejoindre Flüeli et sa chapelle Saint-Charles, au pied de laquelle se déroulent les grands rassemblements de pèlerins. Il est temps de rejoindre Sachseln en suivant le chemin des visions. «Nicolas était un homme d’une grande profondeur intérieure et il eut à plusieurs reprises, au cours de sa vie, des visions», relève l’abbé Rime. Entre corps de ferme et bosquets d’arbres, la descente à flanc de coteau est parsemée de six œuvres modernes réalisées par le sculpteur obwaldien André Bucher. «Le milieu de Nicolas de Flue dit finalement beaucoup sur lui, conclut ce passionné de marche et d’histoire. Visiter les lieux où il a vécu, découvrir les paysages qu’il a contemplés permet de mieux appréhender l’homme de paix, symbole de centralité, qui fédère les Suisses au-delà des confessions, qu’il était.»
TEXTE(S): CLAIRE MULLER
PHOTO(S): CLAIRE MULLER/INFOGRAPHIE PASCAL ERARD

INFOS PRATIQUES

Y ALLER
En transports publics
Sachseln se situe sur la ligne de train reliant Lucerne à Interlaken.
En voiture
On accède à Sachseln depuis Berne en suivant l’A8 via Thoune et Interlaken ou l’A2 via Lucerne. On recommande – pour le plaisir! – de franchir, soit à l’aller soit au retour, le col du Brunig, qui sépare les cantons de Berne et d’Obwald. À Sachseln, parking payant à côté de l’église.
LE PARCOURS
En s’arrêtant dans les chapelles et en comptant une bonne pause de midi, il faut cinq heures de marche pour effectuer les 10,6 km et 540 mètres de dénivelé. Le parcours est bien balisé mais nécessite des souliers de marche.
SE RESTAURER
Le Restaurant Tschiferli, au centre de Flüeli, sert une cuisine traditionnelle (röstis, salades, etc.), tél. 041 660 48 38, www.tschiferli.ch
SE RENSEIGNER
La Fondation Bruder Klaus, à Sachseln, regorge d’informations et de documents pour découvrir la vie de Nicolas de Flue. www.bruderklaus.ch
NOTRE GUIDE
L’abbé Jacques Rime, curé de la paroisse de Grolley (FR), est passionné d’histoire et de randonnée pédestre. Son guide de randonnées Nicolas de Flue ou l’âme d’un pays – Quinze itinéraires au cœur d’un pays est indispensable pour découvrir Nicolas de Flue par la marche.
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