Avertissement: On parle de francs suisses au mot monnaie ci-dessous. Mais le projet monnaie-pleine ( ou mieux monnaies-pleines ) respecte les autres monnaies privées, plus de cent en Suisse, dont le franc wir, ou les sels, ou le Léman, Farinet, Grue etc… https://www.facebook.com/events/910606752450456/

2540 – Il faut aller en Suisse pour parler sérieusement de la monnaie.

suisse - Rüschlikon_GDI_Aussenansicht-9_Eventlocation_au Gottlier Duttweiler Institute de Zurich_Seminarraum_hotelbooker  Gottlier Duttweiler Institute de Zurich,

« Our Money, Our Banks, Our Country »

tel est le titre du colloque qui s’est tenu ce  5 février 2018 au Gottlier Duttweiler Institute de Zurich, un Think Tank  aussi libéral que notre Institut Montaigne.

Rappelons que le peuple suisse se prononcera sur un référendum concernant l’organisation monétaire du Pays.

La  création monétaire  serait désormais le monopole de la Banque Nationale de Suisse. C’est dire que « l’argent – dette », à savoir la création de monnaie à partir d’un crédit serait désormais interdit à toutes les banques*.

Il s’agit d’un projet  révolutionnaire. Le référendum se déroulera le 10 juin prochain

Pour  avoir participé au colloque, nous présentons ci-dessous un très bref résumé de cette journée de réflexion, une réflexion hélas interdite en France.
Le titre retenu évoque immédiatement la culture du pays : une forte tradition démocratique, un goût particulier pour le débat, un respect des points de vue de chacun, et la volonté de débattre en profondeur des grands défis qui concernent le pays.
La journée de présentation du projet de monnaie pleine en vue de son adoption soumise au référendum du 10 juin prochain a rassemblé 230 participants dont 170 suisses, 19 américains, quelques britanniques, quelques allemands et seulement 4 français. Parmi les intervenants on notera, outre le représentant du GDI, 7 universitaires (2 américains, 1 britannique, 1 allemand, 3 suisses), un représentant de la Banque des Règlements Internationaux, 2 représentants de la presse économique dont Martin Wolf du Financial Times et un conseiller des États ( Chambre haute de la confédération Suisse).
La conférence fut bien introduite en rappelant les enjeux de la digitalisation et ses conséquences sociétales :une confiance qui s’éloigne des institutions traditionnelles pour se rapprocher de la technologie et au final un respect plus grand pour le « code numérique » que pour la « loi ».
C’est dans ce contexte qu’est abordée la critique du fonctionnement du système financier et de l’émission monétaire telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Et devant l’excessive liberté du système, les régulateurs, malgré leur nombre, malgré la quantité de règles émises sont très largement impuissants.
  • Propos très pessimistes concernant les échecs réguliers des accords de Bâle,
  • l’impossible réglementation des comportements,
  • l’impossible pondération correcte des risques,
  • l’invisible frontière avec le Shadow Banking,
  • l’impossible limitation du gigantisme financier
  • et ses effets de rente sur l’économie réelle (comparaison avec le pessimisme ricardien du début du 19ièmesiècle),
  • la chute de la croissance,
  • la mauvaise allocation des investissements,
  • le déclassement de l’euro zone, etc.
Au final l’échec de la régulation serait aussi provoqué par les nouvelles technologies qui autorisent le développement d’un brouillard épais dans des bilans connectés en temps réel et à cheval sur les juridictions multiples engendrées par la mondialisation.
SUISSE CONFÉRENCE INTERNATIONALE MONNAIE PLEINE Mindful-Leadership-Symposium_GDI
La présentation par les intervenants du dispositif législatif nouveau est peu détaillée et commentée malgré son importance dans la hiérarchie des normes.

On notera que le référendum concerne un article de la Constitution fédérale, c’est dire son importance.

Peu de développements et peu de démonstrations concernant le contrôle du stock de monnaie (base monétaire). Quelques développements concernant le maintien d’un authentique libéralisme (le monopole de la Banque centrale ne met pas fin à un libéralisme qui fait complètement consensus), également affirmation selon laquelle la régulation pourra largement disparaitre et avec elle la spéculation. Quelques développements plus idéologiques concernant le caractère aliénant de « l’argent dette » et ses conséquences sur la nécessaire croissance et ses menaces sur l’environnement. Pas d’analyse approfondie sur la croissance de la dette et ses déterminants macroéconomiques[1].

La dernière partie de la rencontre fut consacrée à la présentation des arguments du vote négatif au référendum du 10 juin 2018.

Arguments intéressants concernant la substitution du champ réglementaire par un autre tout aussi lourd. Réflexions sur les conséquences du passage à la monnaie pleine dans un seul pays :
  • quel impact sur le taux de change, sachant que le maintien de la libre circulation des capitaux fera se rencontrer des mouvements opposés entre non-résidents désirant profiter de la sécurité monétaire et banques résidentes cherchant à échapper à la contrainte nouvelle ?
  • Quel impact sur le Shadow Banking ?
  • Comment lutter contre  la création monétaire  illicite ?
Reprise des arguments en faveur d’un Glass-Steagal Act nouveau.  Quelques confusions concernant une fin probable du libéralisme avec contrôle clientéliste des opérations de crédit, l’impossible politique monétaire, la difficulté de la phase de transition ou le désastre d’un « helicopter money ».
Au final le mode choisi, c’est-à-dire une présentation grand public, n’a pas autorisé les approfondissements souhaités. En particulier on aimerait une étude relativement exhaustive –  certes très difficile – privilégiant une analyse coûts/avantage du projet de passage à la monnaie pleine.
On terminera par un salut envers la confiance démocratique des habitants de la confédération. Les participants ont été invités à se prononcer sur le projet en début de matinée et en fin de journée après les débats. Le vote oui l’a emporté à 52% le matin et à 58% le soir, ce qui peut signifier que les partisans de la monnaie pleine ont été convaincants.
On reste au final impressionné par un « Think-Tank » (le GDI) à priori aussi libéral que notre Institut Montaigne, qui pour autant, ose aborder des questions frappées d’un interdit radical en France, interdit scrupuleusement respecté par tous les médias[2]. Nous souhaitons vivement qu’un groupe de réflexion franchisse le Rubicon et se propose d’organiser un débat en France avant le 10 juin prochain.
SUISSE CONFÉRENCE INTERNATIONALE MONNAIE PLEINE csm_GDI-Tagung_541af0a3ea
*Nous avons déjà eu l’occasion d’aborder cette question sur le blog: http://www.lacrisedesannees2010.com/2017/10/la-monnaie-pleine-une-voie-inexploree-pour-sauver-l-euro.html
[1] On pourra obtenir davantage d’informations sur le site : www.monnaie-pleine.ch et www.voogeld.ch/fr/
En particulier on pourra se procurer le livret écrit par Joseph Huber « Réforme Monnaie pleine ». « Une réforme de la création monétaire par la transformation de la monnaie scripturale en monnaie pleine et la création d’une banque centrale étatique indépendante ».

https://sansapriori.net/2018/02/10/2540-il-faut-aller-en-suisse-pour-parler-serieusement-de-la-monnaie/

Par Sam Gerrans – Le 27 décembre 2015 – Source Russia Today

Swiss franc coins are seen in a cash drawer © Thomas HodePièces et francs suisses dans un tiroir-caisse © Thomas Hode

Josiah Stamp a dit une fois : «Si vous voulez continuer d’être les esclaves des banques et de payer le coût de votre propre esclavage, laissez les banquiers continuer à créer de l’argent et à contrôler le crédit
Stamp savait de quoi il parlait. Parmi ses réussites, il a été nommé directeur de la Banque d’Angleterre en 1928.
Tous les pays civilisés, dits modernes, sont sous la botte de ce mécanisme très bien décrit par Stamp. Très peu de pays ont réussi à mettre en place des sociétés développées sans lui, parmi eux la Libye, l’Irak et la Syrie.
Ces pays ont tous autre chose en communQu’est-ce que cela que peut bien être ?
Cependant, d’autres pays qui ne sont pas encore devenus des cibles pour un génocide sans provocation de la part des agences américaines se réveillent et sentent venir la tyrannie en costume rayé.

La Suisse, par exemple : forcément un endroit traditionnellement associé avec des fanatiques aux yeux hagards, la Suisse doit se prononcer sur l’interdiction faite aux banques de créer de l’argent.

© Dado RuvicLa Suisse organisera un référendum pour interdire la création de l’argent aux banques privées © Dado Ruvic

Les Anglais jouent au football, boivent de la bière et se battent les uns avec les autres le soir dans les centres urbains. Les Français font la moue, haussent les épaules puis font des choses simples qui prennent beaucoup de temps et coûtent très cher. Les Suisses fournissent de quoi sauvegarder l’argent et même si c’est un métier très ennuyeux, ils garantissent que rien de dramatique ne se produira, de sorte qu’il puisse ensuite être transmis à la prochaine génération de gens riches, de préférence dans une quantité supérieure à celle reçue de la génération actuelle des gens riches.

Donc l’argent est au cœur de ce que fait la Suisse.

La Suisse est également le foyer de la Banque des règlements internationaux, qui est, en fait, l’araignée au centre de l’ensemble de la toile financière, même si tout cela semble aussi excitant qu’une comptabilité à double entrée.
Dans un article intitulé La Suisse va voter sur l’interdiction faite  aux banques de créer de l’argent, le Telegraph rapporte :
La Suisse tiendra un référendum pour décider d’interdire aux banques commerciales la création de l’argent.
Le gouvernement fédéral suisse a confirmé jeudi qu’il tiendrait un plébiscite, après que plus de 110 000 personnes ont signé une pétition appelant à donner à  la banque centrale la compétence exclusive pour créer de l’argent dans le système financier.
La campagne, menée par le mouvement suisse Monnaie souveraine et connue comme l’initiative Monnaie pleine, est conçue pour limiter la spéculation financière en obligeant les banques privées à détenir des réserves de 100% en contrepartie de leurs dépôts.

Cela semble incroyablement ennuyeux, non ? Mais l’idée derrière est de celles qui font les révolutions.

L’article poursuit : «Les banques ne seront plus en mesure de créer de l’argent pour elles-mêmes, elles seront seulement en mesure de prêter de l’argent qu’elles ont reçu en dépôt des épargnants ou d’autres banques», a déclaré le mouvement en campagne.

Je le répète encore : elles seront seulement en mesure de prêter de l’argent qu’elles ont reçu des épargnants ou d’autres banques.

Voilà sans doute ce que vous pensez que les banques font : elles prêtent de l’argent qu’elles acquièrent des épargnants ou d’autres banques.
Mais non ! Elles sont occupées à créer de l’argent (bien que par une voie détournée [Le crédit, Ndt]) ; c’est ainsi, elles sont occupées à faire apparaître cette chose pour laquelle le reste d’entre nous passons nos vies à travailler si dur pour l’obtenir, l’argent. Elles le font par le biais de la création d’une chose imaginaire appelée la detteNous nous engageons donc à payer cette fiction totale, et à le faire avec des intérêts.
Non seulement c’est une fraude pure et simple et du vol contre les pauvres nigauds qui ont signé le contrat de crédit à l’origine, mais cela avilit aussi la valeur de chaque unité de la monnaie dans laquelle la transaction a lieu.
Traduisez cela en termes de business, c’est l’équivalent de l’impression de plusieurs actions.
Chaque fois que le conseil d’administration d’une entreprise choisit de le faire, la valeur des actions existantes est diluée, à moins d’une augmentation équivalente de la valeur de la société, ce qui n’est pas le cas pour le type de dettes que les banques créent, qui sont de nature à la fois usuraire et scripturale.
L’article continue:
La BNS (Banque nationale suisse) a été créée en 1891 avec le pouvoir exclusif de battre monnaie et d’émettre des billets de banque suisses.
Cependant, plus de 90% de l’argent en circulation en Suisse existe maintenant sous la forme de liquidités électroniques créées par les banques privées, plutôt que par la banque centrale.
En raison de l’émergence de transactions de paiement électroniques, les banques ont retrouvé la possibilité de créer leur propre argent, dit la campagne de Monnaie souveraine Suisse.
La décision prise par le peuple en 1891 est tombée dans l’oubli.

The Swiss National Bank SNB logo is seen on a fence outside the construction site of the SNB building at the Federal square next to the Swiss Parliament in Bern, Switzerland September 16, 2015. © Ruben SprichLe logo de la Banque nationale suisse BNS, vu sur une clôture à l’extérieur du site en construction du bâtiment de la BNS sur la place fédérale, à côté du Parlement suisse à Berne, Suisse 16 Septembre 2015. © Ruben Sprich

C’est correct : si nous avions accès aux mêmes terminaux informatiques que les banques, nous pourrions faire apparaître par magie tous les trucs imaginaires que nous sommes conditionnés à voir comme importants, l’argent, dans les quantités souhaitées.
Voilà comment cela fonctionne : quand ils impriment beaucoup de ce genre de choses, il y a un boom [économique, NdT]. Quand ils en impriment trop, il y a de l’inflation (en fait, l’impression de l’argent, c’est de l’inflation). Quand ils arrêtent l’impression ou simplement se retiennent d’en créer, il y a une dépression.
Tant que les gens continuent à trimer et laissent les banquiers leur donner des morceaux de papier ou des équivalents électroniques sur un écran d’ordinateur, en échange de leur sang, de leur sueur et de leurs larmes, tout va bien [pour les banquiers, NdT].
Mais si une nation commence à se réveiller, à prendre conscience et se met à pousser à contre-courant, elle est visitée par une révolution de couleur, une invasion culturelle ou tout simplement renvoyée de nouveau vers l’âge de pierre.

C’est tout. Vous comprenez maintenant l’économie.

Nous sommes formés depuis la naissance à penser que nous avons besoin des banques et de leurs fictions de papier parce que les mêmes personnes qui possèdent les banques dirigent également nos systèmes centralisés d’éducation, aussi bien qu’elles possèdent les médias de l’information et du divertissement.
Mais nous n’avons pas besoin d’eux. Tout peut être utilisé comme moyen d’échange. La Grande-Bretagne est devenue une puissance mondiale fondée sur une économie dans laquelle les impôts étaient payés à l’aide de morceaux de bois.
Au niveau macro-économique, la devise américaine est essentiellement sans valeur ; une fois que le pétrole sera largement négocié dans une monnaie autre que le dollar, l’économie américaine va s’effondrer car il n’y aura plus aucune raison pour le reste du monde d’acheter ses dollars.
Au niveau micro-économique, un changement dans la mentalité des peuples se produit alors que de plus en plus de gens comprennent que les vrais amis avec un jardin potager en activité valent plus qu’une valise pleine d’argent fictif, ou qu’un emploi que vous détestez et que vous pourriez perdre à tout moment.

Le troc est aujourd’hui en plein essor en Grèce, un pays aspiré dans l’oubli financier par les faiseurs d’argent chez Goldman Sachs.

Maintenant, revenons à la perspective du plébiscite en Suisse.

Je suis sceptique que ce canard puisse prendre l’air sans être abattu. La démocratie que les Suisses pensent avoir est une fiction assez agréable, mais je suis sûr qu’elle ne sera jamais autorisée à interférer avec le business.
Et si nous lisons attentivement l’article, il est dit que la banque centrale devrait se voir accorder le droit exclusif de créer de l’argent. Il s’agirait essentiellement de laisser la création de l’argent dans les mêmes mains de ceux qui contrôlent la Réserve fédérale ou la Banque d’Angleterre plutôt que de leur permettre de laisser le processus en gérance. Mais au moins, cela montre que les gens commencent à se réveiller quant au lieu où se trouve le vrai pouvoir.
Dans le cas peu probable où ce mouvement populaire en Suisse suivrait son chemin et où son projet de loi serait adopté, et que cela commence ensuite à se transformer en quelque chose qui menace vraiment l’élite bancaire, nous ne devrions pas être surpris si on découvre que la Suisse abrite des armes de destruction massive, ou qu’elle ait orchestré le 9/11, ou financé État islamique.
Oui, nous aurons besoin d’être tonifiés pour être éduqués par des médias occidentaux unanimes, soulignant les liens entre la production de montres de précision, les trottoirs si propres que vous pourriez y manger votre déjeuner dessus et une diabolique haine irrationnelle de la liberté, une haine qui prend racine dans une culture qui soutient tacitement le djihad contre tous les non-mangeurs de confiseries hors de prix.

La liberté. Vous aurez à l’aimer!

Sam Gerrans est un écrivain anglais, traducteur, conseiller de soutien et activiste. Il dispose également d’une expérience professionnelle dans les médias, les communications stratégiques et de la technologie. Il est entraîné par un engagement à sens ultime, et axé sur des approches authentiques à la révélation et la realpolitik. Il est le fondateur de Quranite.com – où le Coran est exploré sur la base de la raison plutôt que la tradition – et offre à la fois une formation linguistique individuelle, un soutien personnel et des conseils en ligne via SkypeTalking.com.
Traduit par Hervé, relu par Diane pour le Saker Francophone
Liens:
Traduction »