Publié par Magali Marc le 20 mars 2016
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Le 22 septembre 2015, le professeur israélien, Emmanuel Navon écrivait :
« Poutine,…comprend que l’administration Obama est tellement déterminée à mettre en œuvre l’accord nucléaire avec l’Iran qu’elle sera tolérante du soutien de l’Iran envers Assad. Quant à l’Europe, Poutine sait qu’elle sera d’accord pour permettre la continuation du régime d’Assad pourvu qu’il se montre capable et désireux de mettre fin à l’afflux de réfugiés syriens. Poutine est un tacticien rusé qui est devenu un expert à se jouer des peurs, des incohérences et de la duplicité occidentales, en les tournant à son avantage.»
De son côté, Hélios d’Alexandrie écrivait pour le site Poste de Veille, à propos du leader russe, en décembre passé :
«Les États Unis sont au moins quatre fois plus puissants militairement que la Russie et leur armement est de loin plus sophistiqué et plus performant, mais il leur manque des éléments irremplaçables, soit une vision claire de la réalité, la capacité d’anticiper correctement l’avenir, des objectifs réalistes et une stratégie cohérente, en somme tout ce qu’un vrai chef d’État doit être en mesure d’offrir. En l’absence de ces éléments Obama a essuyé des échecs récurrents, sous sa gouverne l’Amérique est apparue faible, confuse et irrésolue; loin de faire preuve d’initiative il a été à la traîne des événements et constamment en réaction.
Poutine n’a pas perdu de temps à saisir les points faibles d’Obama, loin de s’en réjouir il s’en est inquiété, car il est risqué et même dangereux de s’allier avec un partenaire sur qui on ne peut vraiment compter. La même conclusion s’applique à l’Europe occidentale, laquelle est largement dépendante militairement des États Unis et par conséquent tenue de suivre leur ligne et respecter leurs priorités en politique étrangère. Mieux vaut dans ce cas faire cavalier seul et s’en tenir à la défense des intérêts de la Russie en attendant des jours meilleurs.
… Ce ne sont pas tant les tentacules économiques ou militaires des Américains et des Européens de l’Ouest qui ont suscité sa méfiance, mais plutôt lescourants idéologiques décadents tels que la rectitude politique, le relativisme culturel, le multiculturalisme, la haine du christianisme, l’aveuglement face à l’islam, bref tout ce qui a trait à la bien-pensance occidentale, laquelle réduit au silence et à l’impuissance la majorité des peuples d’Occident.
Poutine a identifié son ennemi, c’est l’islam sunnite fondamentaliste incarné par l’organisation multinationale des Frères Musulmans et par le courant wahhabite financé par l’Arabie Saoudite.
Mais Poutine se garde bien de prendre ouvertement parti, il ne met pas en péril ses relations avec les arabes bien au contraire, car en prenant part au conflit syrien il se positionne comme un acteur incontournable et un intermédiaire crédible dans un éventuel règlement politique du conflit.
…en tant que joueur de poker Poutine se garde de laisser deviner son jeu et il n’abat jamais ses cartes au vu et au su de tout le monde.
… Bien malin qui pourrait prévoir son prochain coup, car il est sans doute en train de le préparer. Son équipée en Syrie n’a pas seulement pour but de maintenir Assad au pouvoir et d’assurer la présence des forces navales russes en méditerranée. Il s’agit également du premier avertissement à l’adresse de l’Arabie Saoudite et du Qatar à l’effet qu’il ne les laissera pas islamiser impunément le monde.
Poutine verrait sans doute d’un bon œil s’aggraver et s’étendre le conflit entre les forces chiites et les forces sunnites.
… Que fera-t-il pour que les principaux protagonistes, à savoir l’Arabie Saoudite et la République islamique d’Iran, dépassent le stade de la guerre par procuration et en viennent directement aux mains? Il y a fort à parier qu’il vendra à la République islamique d’Iran toutes les armes que les mollahs désirent se procurer, incluant des systèmes avancés qui lui assureront également une supériorité qualitative. Tôt ou tard le choc aura lieu entre ces deux pôles du fanatisme islamique, occupés à s’entre-déchirer ils oublieront pour un temps le djihad contre les mécréants.
Poutine comprend très bien la mentalité islamique, il n’a que faire des élucubrations des «experts» qui voient dans chaque terroriste musulman une victime qui se rebelle contre son oppresseur. Il sait que les musulmans en général et les terroristes en particulier sont mentalement intoxiqués par les versets du coran, lesquels déshumanisent et couvrent de mépris les incroyants, tout en élevant les musulmans à un rang infiniment supérieur.
…Il convient donc de rabaisser leur caquet, les obliger à fuir et à se terrer pour échapper à la mort qui leur tombe du ciel. Les bombardements systématiques de leur infrastructure militaire et économique, de leurs camps d’entraînement, de leurs postes de communication et de commandement ont pour but principal de dissiper en fumée leur rêve de califat universel.
Poutine ne fait certes pas dans la dentelle, toute guerre est sale et celle-là ne fait pas exception; de toutes façons les médias sont absents du champ de bataille et les foules en Occident, depuis l’avènement d’Obama, ont remisé le slogan «No blood for oil».
Elles avaient copieusement dénoncé la «busherie» par le passé, plus maintenant. Obama a beau lancer des bombes et Poutine a beau écraser quartier par quartier Raqua la capitale du califat, du moment qu’il ne s’agit ni de Bush ni des Israéliens, nul ne se donnera la peine de dénoncer qui que ce soit, même pas dans les médias sociaux.
Poutine a donc les mains libres et il en profite pleinement pour le grand malheur des djihadistes et des populations qu’ils tiennent sous leur joug. Mais les tapis de bombes que l’aviation de Poutine lance sur les villes tenues par les djihadistes, portent un message autrement plus éloquent à l’adresse de la oumma islamique. C’est le même message que les bombardiers alliés portaient à l’Allemagne nazie lors de la seconde guerre mondiale: «quand tout sera fini vous n’aurez plus le goût de vous battre et encore moins de cracher votre haine, vous serez guéris et pour longtemps de votre prétention à dominer le monde! »
Le retrait partiel des troupes de Poutine signifie t-il que c’est « mission accomplie » ou s’agit-il d’une autre finasserie de Poutine pour pousser Assad à négocier son remplacement et la fin de l’exode des réfugiés syriens?
Qui vivra verra…
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