"Rendez dons  à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" / monnaie de l'empereur Claude

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“Rendez dons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu” / monnaie de l’empereur Claude

La magie de la monnaie : entre idée et réalité


Alors que les espèces monétaires sont sur le point de disparaître dans le gouffre de la digitalisation, et qu’il est question à tort et à travers des “monnaies virtuelles” le mystère de la monnaie se rappelle au bon souvenir de chacun d’entre nous.
En effet, il y a bien longtemps que le matériau a perdu de l’importance dans l’objet monétaire en mettant, en même temps, sur un piédestal sa dimension immatérielle et abstraite. Ainsi la monnaie est plus une institution qu’un objet. Les pièces de collection, même si elles sont en or, ont perdu leur caractère monétaire parce que l’institution et le contexte social qui leur correspondaient, ont disparu. C’est en eux que la monnaie – qu’elle soit matérielle ou digitalisée – puise sa force mystérieuse, celle du pouvoir d’achat.
“Le mystère de la monnaie se rappelle au bon souvenir de chacun d’entre nous”
Le philosophe de la monnaie Georg Simmel (1858-1918) opposait déjà, avec une grande perspicacité, la substance – le matériau accidentel de la monnaie – à son essence qu’il définissait comme la relation d’”échangeabilité” qui s’établit, grâce à la monnaie, entre les biens et services marchands. Dans ce contexte, le légendaire “pouvoir” d’achat que la détention de la monnaie confère, se traduit par sa potentialité à déclencher n’importe quelle acquisition. Toutefois, ce pouvoir (ou son illusion !) – comme celui de la baguette magique – ne dure aussi longtemps qu’il n’est pas utilisé. Il s’évanouit – ou plus précisément change de mains – dès qu’il est dépensé et qu’un bien réel prend sa place.
“Le pouvoir d’achat comme celui de la baguette magique ne dure aussi longtemps qu’il n’est pas utilisé puis il s’évanouit”
La particularité de l’argent – ou de la monnaie – tient à sa force évocatrice et aux potentialités qu’il véhicule. Tantôt virtualité, tantôt réalité, ces deux aspects restent en lui indissolublement liés. Il serait dès lors dangereux de ne retenir que son essence idéelle. Si l’homme, cet inépuisable créateur d’espèces, a imaginé la monnaie – et sa dérivée moderne la finance – pour faciliter les échanges, il importe de ne pas la réduire à une pure idée, car, comme le relève le pape François, “l’idée déconnectée de la réalité est à l’origine des idéalismes et des nominalismes inefficaces, qui, au mieux, classifient et définissent, mais n’impliquent pas” (La Joie de l’Evangile, n° 232)
“Entre faux maître et vrai objet, il est dangereux de ne retenir que l’essence idéelle de la monnaie”
La séduction dont l’argent est porteur, qui se traduit aujourd’hui par la réduction du monde au chiffre,  nous porte ainsi à oublier qu’il ne s’agit que d’une abstraction qui doit s’effacer devant la réalité. Entre faux maître et vrai objet, le Saint-Père nous recommande justement de prier, en ce mois d’avril, pour que “les penseurs et acteurs de l’économie mondiale trouvent le courage de dire non à une économie de l’exclusion, tout en ouvrant de nouveaux chemins”.
11.04.18 / Paul H. Dembinski & Pascal Ortelli
« La réalité est supérieure à l’idée ». Dans son prochain atelier transversal, le 19 avril 2018, à Lausanne,  la Plateforme Dignité et Développement questionne ce principe d’action mis en avant par le pape François dans la Joie de l’Evangile (n° 231-233). Comment peut-on penser la monnaie à la lumière de cette affirmation ?
Invitation

De la réalité à l’idée : quels chemins d’incarnation ?

3e atelier transversal de la Plateforme Dignité et Développement
Ouvert à tous les intéressés, participation gratuite
L’atelier débutera par la deuxième assemblée générale ordinaire
de l’association Plateforme Dignité et Développement
Jeudi 19 avril 2018, 18h00 – 21h00
Lausanne, salle paroissiale du Sacré-Coeur (ch. de Beau-Rivage 3)
Document préparatoire
« La réalité est plus importante que l’idée ». Que peut signifier dans le concret des flux continus d’informations, vraies ou fausses, ce principe énoncé par le Pape François dans La Joie de l’Evangile ?
Entre le poids du réel et la force des idées, ce 3e atelier transversal cherchera à discerner, à la lumière de la pensée sociale chrétienne, ce qui nous permet de coupler les choses aux mots, autrement dit de passer des élaborations conceptuelles à la réalité et vice-versa.
Pour ce faire, deux témoins du monde des médias et de la communication viendront partager leur expérience : Geneviève Auroi-Jaggi (spécialiste de la communication et du transfert des savoirs via les technologies de l’information) et Patrice Favre (journaliste et rédacteur en chef de l’Echo Magazine).
Les échanges avec eux et entre les participants permettront de s’interroger sur les outils à même d’articuler réalité et idées / conception et réalisation. A terme, le but est d’arriver à dégager quelques critères aptes à distinguer les constructions intellectuelles qui aident à comprendre le réel de celles qui, au contraire, le rendent opaque, sèment la confusion et l’erreur.
Quelques lectures pour approfondir ce thème
  • ” La réalité est plus importante que l’idée”: Pape François, Evangelii Gaudium. Exhortation apostolique sur l’annonce de l’Evangile dans le monde d’aujourd’hui ( 24 novembre 2013), n° 231-233.
  • La globalisation du paradigme technocratique et les conséquences de l’anthropocentrisme moderne : Pape François, Laudato Sí. Encyclique sur la sauvegarde de la maison commune (24 mai 2015), n° 106-107, 115, 122-123.
  • Les valeurs et les principes moraux à promouvoir dans le secteur des communications sociales : Conseil pontifical Justice et Paix, Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, la communauté politique au service de la société civile, n° 416.
  • Idéologies et liberté humaine: Paul VI, Octogesima adveniens. Lettre apostolique au cardinal Maurice Roy à l’occasion du 80e anniversaire de l’encyclique Rerum novarum (14 mai 1971), n°27-29, en particulier 27.
  • Les statistiques, un outils indispensable pour lire le réel, corollaire des sociétés modernes : Olivier Roy, Quand le monde s’est fait nombre, Paris, Stock, 2017.
  • Quand les idées tournent à vide au pays de cocagne… : Rutger Bregman, Utopies réalistes, Paris, Seuil, 2017.
  • Une approche philosophique du concept d’idée : Bernard Collette-Ducic et Bruno Leclercq (éd.), L’idée de l’idée. Eléments de l’histoire d’un concept, Louvain-Paris, Editions Peeters, 2012.
  • Idéel et virtuel: comment s’y retrouver ou qu’est-ce “réellement” que le virtuel? : Marcello Vitali-Rosati, S’orienter dans le virtuel, Paris, Herman, 2012.
  • Les enjeux de la transformation digitale : Gilles Babinet, Transformation digitale : l’avènement des plateformes. Histoire de licornes, de data et de nouveaux barbares, Paris, Le Passeur, 2017.
Monnaie-pleine, un cas pratique d’incarnation du bien commun

Une idée, affiches avec un espace “plumes ouvertes” pour des commentaires libres des passants, qui ont un espace, petit ou grand, sur l’affiche, et peuvent y écrire leurs slogans à la main, en toute liberté   .
Les meilleurs seront photographiés et diffusés…
On pourrait même faire des affiches personnalisées avec les portraits de “donateurs” ou “militants” ou “inconnus” qui sont prêts à voir leur portrait dans leur magasin, leur maison ou leur jardin, etc…

Projets de Stéphane Napoléone, que nous remercions .-)

https://docs.google.com/document/d/1yT8IWKou7ja8keJ02_m4W6z51fg2AR4v84kIsCOQNFY/edit?usp=sharing

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